Le Festival de Cannes est fondé en 1946 sur un projet de Jean Zay, ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts du Front populaire. Il se déroule chaque année à Cannes durant douze jours. Il est devenu, au fil des années, le festival de cinéma le plus médiatisé au monde.
Thierry Frémaux, délégué artistique puis délégué général, a, depuis 2001, imprimé sa marque sur la sélection des films en compétition. Le meilleur de la production européenne et parfois américaine d'avril à septembre de chaque année retarde ou accélère la sortie d'un film, s'il est susceptible d'être sélectionné en compétition officielle ou dans une autre sélection, toutes ayant gagné en prestige. Ainsi, si le palmarès du jury ne répond pas toujours au goût de chacun, il est certain que la sélection cannoise présente (parfois au milieu de films académiques) les films d'auteurs les plus intéressants des mois entourant sa médiatisation (voir, plus bas : l'histoire du festival)
Les palmarès et sélections des 15 dernières éditions du Festival de Cannes sont en ligne en cliquant sur les différentes vignettes :
Palme d'or : Anatomie d'une chute de Justine Triet
Grand prix : La zone d'intérêt de Jonathan Glazer
Prix de la mise en scène : La Passion de Dodin Bouffant de Trần Anh Hùng
Prix du jury : Les feuilles mortes d'Aki Kaurismäki
Prix du scénario : Innocence de Kore-eda Hirokazu
Prix d'interprétation masculine : Kōji Yakusho pour Perfect Days de Wim Wenders
Prix d'interprétation féminine : Merve Dizdar pour Les herbes sèches de Nuri Bilge Ceylan
Caméra d'or : L'arbre aux papillons d'or de Pham Thien An
Court métrage : 27
Flóra d'Anna Buda
Prix de la critique internationale - La zone d'intérêt, Les colons et Levante
Palme d’Or : Sans filtre de Ruben Östlund
Grand Prix ex-aequo : Close de Lukas Dhont et Stars at noon de Claire Denis
Prix Spécial 75e édition du Festival de Cannes : Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Tori et Lokita
Prix de la mise en scène : Decision to Leave de Park Chan-wook
Prix du jury ex-aequo : Les huit montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen et Eo de Jerzy Skolimowski
Prix du scénario : Boy from Heaven de Tarik Saleh
Prix d’interprétation masculine : Song Kang-ho pour Les bonnes étoiles de Hirokazu Kore-eda
Prix d’interprétation féminine : Zar Amir Ebrahimi pour Holy Spider d’Ali Abbasi
Caméra d’or : War Pony de Riley Keough et Gina Gammell
mention spéciale de la Caméra d’or : Plan 75 de Hayakawa Chie ;
Palme d’or du court-métrage : The Water Murmurs de Jianying Chen.
Palme d’or : Titane de Julia Ducournau
Grand Prix : Un héros, d’Asghar Farhadi, ex aequo avec Compartiment no 6, de Juho Kuosmanen
Prix du scénario : Ryusuke Hamaguchi et Takamasa Oe, pour Drive My Car
Prix de la mise en scène : Leos Carax pour Annette
Prix d’interprétation masculine : Caleb Landry Jones pour Nitram
Prix d’interprétation féminine : Renate Reinsve pour Julie (en 12 chapitres)
Prix du jury : Le genou d’Ahed de Nadav Lapid ex aequo avec Memoria d’Apichatpong Weerasethakul
Palme d’or d’honneur : Marco Bellocchio
Palme d’or du court métrage : Tous les corbeaux du monde, de Tang Yi
Caméra d’or : Murina d’Antoneta Alamat Kusijanovic.
Palme d'Or : Parasite de Bong Joon-ho
Grand prix du jury : Atlantique de Mati Diop
Prix de la mise en scène : Le jeune Ahmed de Jean Pierre et Luc Dardenne
Prix du scénario : Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma
Prix d'interprétation féminine : Emily Beecham pour Little Joe de Jessica Hausner
Prix d'interprétation masculine : Antonio Banderas pour Douleur et gloire de Pedro Almodovar
Prix du jury : Les Misérables de Ladj Ly et Bacurau de Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles.
Mention spéciale du jury : It must be heaven de Elia Suleiman
Caméra d’or : Nuestras madres de César Díaz
Palme d’or du court métrage : La Distance entre le ciel et nous de Vasilis Kekatos
Palme d'Or : Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda
Palme d'or spéciale : Le Livre d'image pour Jean-Luc Godard
Grand prix du jury : BlacKKKlansman de Spike Lee
Prix de la mise en scène : Cold War de Pablo Pawlikowski
Prix du scénario : Lazzaro Felice d'Alice Rohrwacher et Trois visages de Jafar Panahi
Prix d'interprétation féminine : Samal Yeslyamova pour Ayka de Sergey Dvortsevoy
Prix d'interprétation masculine : Marcello Fonte pour Dogman de Matteo Garrone
Prix du jury : Capharnaüm de Nadine Labaki
Caméra d’or : Girl de Lukas Dhont
Palme d’or du court métrage : All These Creatures de Charles Williams (mention spéciale pour On The Border de Wei Shujun)
Palme d'Or : The Square de Ruben Östlund
Grand prix du jury: 120 battements par minute de Robin Campillo
Prix de la mise en scène : Les proies de Sofia Coppola
Prix du scénario : Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos et A beautiful day de Lynne Ramsay
Prix d'interprétation féminine : Diane Kruger dans In The Fade de Fatih Akin
Prix d'interprétation masculine : Joaquin Phœnix dans A beautiful day
Prix du jury : Faute d'amour d'Andrey Zvyagintsev
Caméra d’or : Jeune Femme de Léonor Serraille
Palme d'or : Moi, Daniel Blake de Ken Loach
Grand Prix : Juste la fin du monde de Xavier Dolan
Prix du jury : American Honey d'Andrea Arnold
Prix d'interprétation masculine : Shahab Hosseini dans Le Client d'Asghar Farhadi
Prix d'interprétation féminine : Jaclun Jose dans Ma'Rosa de Brillante Mendoza
Prix du scénario : Le Client d'Asghar Farhadi
Prix de la mise en scène : ex-aequo pour Baccalauréat de Christian Mungiu et Personal Shopper d'Olivier Assayas
Palme d'or du court métrage : Timecode de Juanjo Gimenez
Caméra d'or : Divines d'Houda Benyamina
Palme d'or : Dheepan de Jacques Audiard
Grand Prix : Le fils de Saul de László Nemes
Prix de la mise en scène : The assassin de Hou Hsiao-Hsien
Prix du scénario : Chronic de Michel Franco
Prix d'interprétation féminine : Emmanuelle Bercot dans Mon roi de Maïwenn et Rooney Mara dans Carol de Todd Haynes
Prix d'interprétation masculine : Vincent Lindon dans La loi du marché de Stéphane Brizé
Prix du Jury : The lobster de Yorgos Lanthimos
Caméra d'or : La tierra y la sombra de César Augusto Acevedo.
Palme d'or : Winter
sleep de Nuri Bilge Ceylan,
Grand Prix : Les merveilles
d'Alice Rohrwacher,
Prix de la mise en scène : Foxcatcher
de Bennett Miller
Prix du scénario :
Léviathan
d'Andrey Zviaguintsev
Prix d'interprétation féminine : Julianne Moore dans Maps
to the stars de David Cronenberg.
Prix d'interprétation masculine : Timothy Spall dans Mr.
Turner de Mike Leigh
Prix du Jury : Adieu au langage
de Jean-Luc Godard et Mommy
de Xavier Dolan.
Caméra d'or : Party girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel
Theis
Palme d'or du court métrage : Leidi de Simón Mesa Soto
Palme d'or : La
vie d'Adèle, chapitres 1 & 2 d'Abdellatif Kechiche
Grand Prix : Inside Llewyn
Davis d'Ethan et Joel Coen
Prix de la mise en scène : Heli de Amat Escalanti.
Prix du scénario : A touch of sin de Jia Zhang-ke.
Prix d'interprétation féminine : Bérénice Béjo
dans Le passé d'Asghar
Farhadi
Prix d'interprétation masculine : Bruce Dern dans Nebraska d'Alexander
Payne
Prix du Jury : Tel père,
tel fils de Kore-Eda Hirokazu
Caméra d'or : Ilo Ilo d'Anthony
Chen .
Palme d'or du court métrage: Safe de par Byoung-Gon Moon
Palme d'or
|
Grand prix
|
Mise en scène
|
Prix du jury
|
Caméra d'or
|
Palme d'Or : Amour
de Michael Haneke
Grand Prix : Reality de Matteo
Garrone
Prix de la mise en scène : Carlos Reygadas pour Post
Tenebras Lux
Prix du scénario : Au-delà
des collines, de Cristian Mungiu
Prix d'interprétation féminine : Cosmina Stratan et Cristina
Flutur dans Au-delà
des collines.
Prix d'interprétation masculine : Mads Mikkelsen dans La
chasse
Prix du jury : La part des anges
de Ken Loach
Caméra d'Or: Les
bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin
Palme d'Or du court métrage : Silencieux de L. Rezan Yesilbas
Palme d'or
|
Grand prix
|
Grand prix
|
Mise en scène
|
Caméra d'or
|
Palme d'Or : The
tree of life de Terrence Malick.
Grand Prix Ex-aequo : Il
était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan et Le
gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Prix de la mise en scène : Nicolas Winding Refn pour Drive
Prix du scénario: Joseph Cedar pour Footnote
Prix d'interprétation féminine : Kirsten Dunst dans Melancholia
de Lars Von Trier.
Prix d'interprétation masculine : Jean Dujardin dans The
artist de Michel Hazanavicius
Prix du Jury : Polisse de Maïwenn
Ccaméra d'or : Les Acacias
de Pablo Giorgelli
Palme d'Or du court métrage : Cross de Maryna Vroda
Prix du Jury du court métrage : Maillot de bain 46 de Wannes
Destoop
Palme d'or
|
Grand prix
|
Prix du jury
|
Mise en scène
|
Caméra d'or
|
Palme d'or : Oncle
Boonmee d'Apichatpong Weerasethakul
Grand Prix : Des
hommes et des dieux de Xavier Beauvois
Prix de la mise en scène : Mathieu Amalric pour Tournée.
Prix du jury :
Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun
Prix d'interprétation féminine : Juliette Binoche pour Copie
conforme d'Abbas Kiarostami
Prix d'interprétation masculine ex aequo : Javier Bardem dans Biutiful
d'Alejandro Gonzalez Inàrritu et Elio Germano dans La Nostra
Vita de Daniele Luchetti.
Prix du scénario : Lee Chang-dong pour Poetry
Caméra d'or : Année
bissextile de Michael Rowe
Palme d'or du court métrage : Chienne d'histoire de Serge Avédikian
Prix du jury du court métrage : Micky Badder de Frida Kempf
Palme d'or
|
Grand prix
|
Prix du jury
|
Prix du jury
|
Mise en scène
|
Palme d'or : Le
Ruban blanc de Michael Haneke (et prix de la Fédération
internationale de la presse cinématographique et de l'éducation
nationale)
Grand Prix : Un prophète
de Jacques Audiard
Prix exceptionnel : Alain Resnais, réalisateur des Herbes
folles
Prix d'interprétation féminine : Charlotte Gainsbourg dans Antichrist
de Lars von Trier.
Prix d'interprétation masculine : Christoph Waltz dans Inglourious
Basterds de Quentin Tarantino.
Prix de la mise en scène : Kinatay
de Brillante Mendoza
Prix du scénario : Nuits
d'ivresse printanière de Lou Ye
Prix du jury. Ex-aequo : Fish
Tank, d'Andrea Arnold et Thirst,
ceci est mon sang de Park Chan-wook.
Caméra d'or : Samson
et Delilah de Warwick Thornton
Histoire du Festival de Cannes
Le 1er festival de Cannes devait être celui de septembre 1939. Sous l'inspiration de Jean Zay, le ministre de l'Education nationale du Front populaire, tout était prêt et le président du jury, tout trouvé : Louis Lumière, l'inventeur du cinéma. Et puis ce fut la guerre... Le 1er Festival de Cannes est ainsi celui de 1946, suivi de celui de 1947. Le festival n'a pas lieu en 1948, ni en 1950 pour des raisons budgétaires mais aussi pour ne pas contrarier la Mostra de Venise, alors toute-puissante.
Après 1946, 1947, et 1949, l'année 1951 est celle du 4e festival de Cannes (ainsi, en enlevant le nombre 1947 au millésime de l'année, on obtient celui du festival : 2017-1947 est ainsi le 70e festival de Cannes)
Au début, comme il s'agit de plaire à toute force, tous les pays participants sont récompensés. Onze Grand Prix en 1946, dont Rome ville ouverte de Roberto Rossellini, Le poison de Billy Wilder et Brève rencontre de David Lean. Et cinq en 1947 dont Ziegfeld Follies et Dumbo de Walt Disney, le seul dessin-animé jamais récompensé. Le premier Grand Prix unique est celui de 1949, décerné au Troisième homme de Carol Reed.
Pour des questions de prestige, ce ne sont pas des cinéastes mais des romanciers qui sont les premiers présidents du jury : Maurice Genevoix, Marcel Pagnol, André Maurois, Marcel Achard et Jean Cocteau. Comme ce sont les pays qui choisissent les films en compétition, Cannes devient le théâtre d'intenses pressions diplomatiques. En 1951, l'URSS menace de claquer la porte si les organisateurs ne retirent pas Quatre dans une Jeep, le film suisse où le salaud est un communiste. En 1956, elle obtient l'éviction de Ciel sans étoiles de Helmut Käutner, là encore pour anticommunisme, ce qui provoque le départ de la délégation allemande. Le gouvernement français évince Jeux interdits de René Clément en 1952 comme "trop antifrançais !". Pire, en 1956, Nuit et brouillard, le documentaire d'Alain Resnais sur les camps nazis, est écarté de la compétition officielle, à la demande de la diplomatie allemande et après que la France ait déjà demandé quelques mois plus tôt à Resnais de gommer le képi d'un gendarme gardant le camp de Pithiviers.
En 1955, le festival consacre d'une Palme d'or le meilleur film. En 1954, la starlette Simone Silva est élue Miss festival. Simone Silva s'affiche seins nus aux cotés de Robert Mitchum pour une photo qui va ruiner sa carrière et entrainer sa mort quelques années plus tard après avoir été chassée des plateaux par les ligues de vertu. Les starlettes des plages vont laisser leur place aux stars sur tapis rouge.
En 1960, L'Osservatore romano menace d'excommunication les spectateurs de La dolce vita de Federico Fellini (palme d'or) alors que L'avventura, copieusement sifflé, est défendu par les critiques. L'année suivante les Espagnols qualifient de "sacrilège et impie" Viridiana de Luis Buñuel.
Avec les Palmes attribuées au Guépard (Luchino Visconti, 1963), Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966), Les Parapluies de Cherbourg (Jacques Demy, 1964), et Blow-up (Michelangelo Antonioni 1967), Cannes, à la fin de la décennie 60, a supplanté Venise. Il est, désormais, le plus grand festival de cinéma du monde.
Face à ce festival plus que jamais soumis à des lobbies, les critiques imaginent dès 1962 une "Semaine" consacrée aux premiers et deuxièmes films. Premières trouvailles : Adieu Philippine (Jacques Rozier), Prima della rivoluzione (Bernardo Bertolucci), Kes (Ken Loach). En 1968, Godard, Truffaut, Lelouch, Malle interrompent le festival. Dès l'année suivante, les réalisateurs créent leur "Quinzaine", un contre-Festival avoué, et révèlent aussitôt Werner Herzog et George Lucas.
Sous l'impulsion de Maurice Bessy, le délégué général, ce ne sont plus les pays qui sélectionnent, désormais, les films en compétition, mais deux comités — l'un pour les français, l'autre pour les internationaux —, et leur décision est sans appel... Un temps, les actrices (Olivia de Havilland, Michèle Morgan, Jeanne Moreau) remplacent les romanciers à la tête du jury. Mais, en 1973, Ingrid Bergman trahit le secret des délibérations en fustigeant la sélection française, pourtant formidable : La grande bouffe (Marco Ferreri) et La Maman et la Putain (Jean Eustache). Les organisateurs se demandent si, en fin de compte, les cinéastes ne seraient pas les meilleurs pour juger leurs pairs. D'où l'arrivée de Joseph Losey (1972), René Clair (1974), Roberto Rossellini (1977). Durant les années 70, on ne jure que par la politique et l'Italie continue d'engranger les succès : prix d'interprétation à Riccardo Cucciolla (Sacco et Vanzetti), à Giancarlo Giannini (Film d'amour et d'anarchie), de la mise en scène à Ettore Scola (Affreux, sales et méchants). Et double Palme d'or 1972 pour L'Affaire Mattei (Francesco Rosi) et La classe ouvrière va au paradis (Elio Petri) et palme d'or encore pour Padre padrone (Paolo et Vittorio Taviani, 1977).
Font scandale Le souffle au cœur (Louis Malle), La grande bouffe (Marco Ferreri), L'empire des sens (Nagisa Oshima). Néanmoins la Palme la plus célèbre est celle d'Apocalypse now (Francis Ford Coppola, 1979). Ce chef d'œuvre, présenté à Cannes dans une copie de travail, arrivée in extremis la veille de la projection, doit néanmoins partager la palme avec Le tambour, après d'âpres négociations entre Robert Favre Le Bret, le délégué général du festival et Françoise Sagan, la présidente du jury qui n'aime ni les gosses productions, ni la guerre et se réfugie dans un film idéologiquement plus clair adapté de Günther Grass.
En 1983 est inauguré le nouveau palais du festival conçu par Druet et Bennett — 35 000 mètres carrés de béton aujourd'hui qui sera surnommé, des années durant, "le bunker". En 1984 Jane Birkin et Jacques Doillon sont sifflés pour La Pirate. Sifflé, lui aussi, en 1987, pour Sous le soleil de Satan, Maurice Pialat réplique à la foule : "Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus..." Paris, Texas (Wim Wenders, 1984) et Sexe, mensonges et vidéo (Steven Soderbergh, 1989, 26 ans, plus jeune lauréat du Festival.
Cannes sait aussi allier le prestige artistique et les nécessaires impératifs économiques du cinéma. Le marché du film est inauguré en 1959 mais à la fin des années 90, ils sont dix mille acheteurs d'une centaine de pays qui visionnent, des films dès 9 heures du matin, rue d'Antibes. En 1993, pour la première fois avec La Leçon de piano, une femme, Jane Campion remporte la Palme d'or. En 1994 c'est Pulp Fiction de Quentin Tarantino.
Au début du 20e siècle, le festival de Cannes est la deuxième manifestation la plus médiatisée au monde, après les jeux Olympiques. Et donc l'objet de sollicitations commerciales. Le pianiste de Roman Polanski (2002) et Elephant de Gus van Sant (2003) reçoivent la palme d'or mais les stars de L'Oréal menacent d'éclipser celles qui sont venues défendre les films sélectionnés. Passer au Grand journal de Canal+ devient plus important, aux yeux de certains, que de monter les marches. En 2013 un déséquilibré tire des coups de feu à l'entrée du plateau de Michel Denisot.
Dans la décennie 2010 c'est Xavier Dolan qui hérite du rôle de troublion. Certes, par deux fois, il rate la Palme d'or. En 2016 pour Juste la fin du monde et deux ans auparavant pour Mommy. Ses discours, sur scène, tandis qu'il reçoit des prix importants, enflamment les foules et font se ruer, dans les salles, des fans aussi jeunes que lui et aussi ardents. Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (Apichatpong Weerasethakul, 2010) et La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche, 2013) sont les palmes les plus remarquables.
Jean-Luc Lacuve le 20/05/2017
Bibliographie :