Juin 1940 - L'exode. Sur les routes, voitures, piétons, charrettes fuient pêle-mêle. Les avions allemands mitraillent. Une petite fille, Paulette, voit ses parents et son chien tués à côté d'elle. Terrifiée, elle abandonne la colonne des réfugiés. Un petit paysan, Michel Dolle, la découvre au bord d'un ruisseau, serrant contre elle le cadavre de son chien et l'emmène à la ferme de ses parents. Ceux-ci acceptent de la garder afin que les Gouard, leurs voisins et ennemis ne puissent tirer bénéfice de cette adoption. Tandis que Georges, le frère aîné de Michel agonise lentement et que Berthe Dolle et Francis Gouard se retrouvent dans les champs malgré la haine de leurs parents, Paulette et Michel vont vivre une tendre et pure histoire d'amour. Pour consoler la petite fille, Michel enterre le chien dans un vieux moulin et, afin qu'il ne s'ennuie pas tout seul, ils vont créer un véritable cimetière d'animaux orné de croix volées un peu partout. Ils iront même jusqu'à dérober celle qui se dresse sur la tombe de Georges, mort quelques jours plus tôt. Le dimanche suivant lorsque Dolle découvre le délit, il accuse son voisin. Seule l'intervention du curé mettra fin à la lutte des deux hommes car il connaît le coupable: Michel. Le lendemain matin, après une sévère correction et contre la promesse que Paulette restera à la ferme, Michel finit par avouer à son père le lieu de "leur" cimetière. Mais son père n'interviendra pas lorsque les gendarmes viendront chercher la fillette pour la remettre à la Croix-Rouge.
Dans un premier temps, René Clément se lance dans l'adaptation du bref roman de François Boyer pour en faire un moyen-métrage « Croix en bois, croix en fer » qui devait s’intégrer avec d'autres dans un film à sketches sur le thème « les enfants et la guerre ». Devant l'intérêt qu'il découvre dans le résultat une fois le tournage bouclé et sur les conseils de Jacques Tati, il décide de compléter le scénario et tourne de nouvelles séquences pour réaliser un long métrage indépendant au succès immédiat. Oscar du meilleur film étranger et Lion d'or à la Mostra de Venise 1952. Le succès du film est tel que Brigitte Fossey est présentée à la reine Élisabeth II du Royaume-Uni en février 1953.
La bande originale du film est choisie et interprétée par le guitariste Narciso Yepes qui a fait un léger arrangement de diverses partitions. La mélodie la plus célèbre, Jeux interdits, est depuis devenue un classique de l'apprentissage de la guitare. Narciso Yepes l'a initialement présenté comme un arrangement d'une « romance anonyme » du folklore, puis a prétendu l'avoir composé à 7 ans en 1934 en cadeau pour sa mère, mais il s'agissait bien plus vraisemblablement juste d'un arrangement car on a depuis retrouvé la trace de manuscrits antérieurs à sa naissance, avec comme titre Romance de Sor, ce qui suggère que l'auteur pourrait être Fernando Sor. La mélodie originale, Romance anonyme, se trouvait déjà dans le film de Rouben Mamoulian Arènes sanglantes, onze ans avant le film de René Clément.