Carol est sur les traces d'Alma. Toujours dans son sillage. Car Carol aime profondément Alma et voudrait l'arracher à un mari - Andrew - qui la brutalise et la considère comme "sa chose". Mais la situation est encore plus compliquée dans la mesure où Alma et Andrew s'aiment aussi, malgré tout, malgré les disputes, malgré les scènes de violence...
En réalité, Alma est une jeune femme aux désirs incertains, qui se complaît peut-être dans cette espèce de ballottement entre les uns et les autres. Car il y a aussi autour d'elle un autre homme qui l'aime; un homme baptisé "numéro 5" par une toute jeune fille qui accompagne toujours Carol - puisque, effectivement, cet homme est le cinquième personnage de l'histoire...
"Numéro 5" est aussi une sorte de gardien engagé par Andrew pour surveiller sa femme. Et il s'ensuit un véritable ballet tragique, par lequel Andrew rattrape un moment Alma et la reprend en mains, avant de la perdre au profit de Carol, qui la perd à son tour... Mais "Numéro 5" et la jeune fille tirent aussi les ficelles, dans la coulisse, chacun de son côté...
Tout va se jouer et se dénouer lors d'un voyage vers le Nord. Alma et Andrew prennent le bateau à Dunkerque, vers l'Angleterre. Carol, "Numéro 5" et la jeune fille suivent de très près et embarquent eux aussi in extremis.
Sur ce navire froid et désert, l'affreux ballet va reprendre. Les cinq protagonistes continuent à se déchirer. Et Alma est toujours l'enjeu de cette sombre fête. À tel point qu'elle finit par ne plus avoir la volonté de vivre. Mais elle n'a pas non plus le courage de mourir, ou tout au moins de se donner la mort... Ce qu'elle ignore, c'est que la jeune fille qui accompagne Carol porte sur elle un pistolet. Et, à un moment où Alma est encore écartelée entre Andrew, Carol et "Numéro 5", la jeune fille va lui tirer une balle en plein cur, la délivrant ainsi à jamais de ses tourments. C'est peut-être elle, cette adolescente irréelle, surgie on ne sait d'où, qui a le mieux compris Alma...
La pirate se veut un remake du Silence :
"J'admire Ingmar Bergman et, comme lui, je pense qu'il faut davantage fonctionner avec ses nerfs qu'avec sa tête".