La newsletter du Ciné-club de Caen du 30 décembre

1- Seule sur la plage la nuit (2017, 1h32) de Hong Sang-soo, au ciné-club du vendredi 19 janvier, à 20h00 au Café des Images.

Younghee a tout laissé derrière elle : son travail d'actrice, ses amis et son histoire d’amour avec un homme marié. Seule sur la plage, elle pense à lui : elle se demande s’il la rejoindra. Son coeur divague : elle se demande combien l’amour peut compter dans une vie.

Remarqué à Berlin en 2017, le film a permis à la comédienne Kim Minhee de recevoir le Prix d’interprétation féminine.

2- Sorties en salle récentes et un peu plus anciennes

• Un homme intègre Les ellipses laissent hors champ le déroulement principal de l'action pour mieux marquer, d'une part la décision qui s'exprime dans le regard de Reza puis sa façon de supporter une humiliation qui nous est épargnée. Face à la corruption généralisée, comme souvent dans les films iraniens, la voiture arrêtée est l’endroit où les personnages peuvent se livrer à des transactions ou discuter sans crainte d’être espionnés. Rasoulof utilise aussi le repli sur l'intime, la source d'eau chaude et la maison avec la douche... et le lait sur le feu, métaphore du désir sexuel au moins depuis Quai des orfèvres. L'ellipse est ici très belle : amorcée par le bruit de l'eau et la simple sortie du champ de Hadis.

• Makala : Walemba, un petit village dans la région du Katanga, tout au sud de la République Démocratique du Congo, à 50 kilomètres de Kolwezi. Kabwita, un jeune villageois d'à peine trente ans est parti tôt dans la brousse. Il arrive enfin près d'un arbre immense et, de sa hache rudimentaire, frappe le tronc solide. Après quelques heures d'un labeur dur et régulier, l'arbre s'écroule enfin...

• Thelma : Joaquim Trier s'essaie au genre fantastique avec les crises psychogènes non épileptiques qui servent de prétexte à jouer entre fantasme et réalité d'une façon assez proche de Take shelter (Jeff Nichols, 2011). Le salmigondis religieux des parents génère chez Thelma une angoisse devant une sexualité qu'elle refoule avant de comprendre qu'elle doit s'en libérer. Le vent, l'eau de la mer ou de la piscine, les oiseaux et les serpents seront autant d'épreuves initiatiques

• Battle of the sexes. 1972. La championne de tennis Billie Jean King vient de remporter trois titres du Grand Chelem. Âgée de 28 ans, elle est classée numéro 1 mondiale. Sur l'année précédente, elle est la première athlète féminine, tous sports confondus, à avoir gagné plus de 100 000 $ en une seule saison. Elle savoure son succès avec son mari, lorsque son assistante, Gladys Heldman, lui apprend que Jack Kramer, à la tête de la Fédération de tennis des États-Unis, ne propose qu'une prime huit fois moins importante que celle versée aux hommes pour les prochains tournois...

• Le sens de la fête : Il est évidemment futile de critiquer l'un des plus gros succès commerciaux de l'année. A quoi bon puisque le public sort heureux de ce film ayant passé un bon moment à rire ? On peut néanmoins s'interroger sur ce qui le fait rire aujourd'hui. La réponse est pourtant facile : Jean-Pierre Bacri.

3 - Top20 2017 et bilan annuel

La grande forme américaine n'est pas morte. Elle produit un cinéma toujours surprenant au montage inattendu avec les grands moyens du film de genre : c'est le film de guerre avec Dunkerque (Christopher Nolan), le biopic avec Jackie (Pablo Larrain), ou même la comédie musicale avec La La Land (Damien Chazelle). Moins réussis nous ont semblé être Split (M. Night Shyamalan), The lost city of Z (James Gray) et Ghost in the shell (Rupert Sanders), et pire encore Le silence (Martin Scorsese), Detroit (Kathryn Bigelow), Le musée des merveilles (Todd Haynes) desquels on pouvait beaucoup attendre.

Le cinéma américain indépendant produit de son côté de grandes réussites avec Certaines femmes (Kelly Reichardt) et Good time (Joshua et Ben Safdie).

L'Asie est moins présente que d'habitude. Certes La Corée du Sud occupe la première place mais grâce au seul toujours subtil, prolixe et surprenant Hong Sang-soo, auteur de quatre films en 2017 dont notre première place Yourself and yours et le un peu plus mécanique Le jour d'après. Signalons que le premier film présenté au Ciné-club en 2018, sera son troisième film de 2017 qui sort le 11 janvier : Seule sur la plage la nuit. Le Japon reste une valeur sure avec Après la tempête (Kore-Eda Hirokazu), Sayônara (Kōji Fukada) et Creepy (Kiyoshi Kurosawa). En revanche Wang Bing avec son Argent amer ou Huang Wenhai avec We the workers ne permet pas à la Chine d'intégrer notre top20.

L'Afrique est représentée par deux pays, La République Démocratique du Congo où sont tournés trois films : Maman Colonelle (Dieudo Hamadi), Makala (Emmanuel Gras) et Félicité (Alain Gomis) et l'Egypte Les derniers jours d'une ville (Tamer El Saïd) et Le Caire Confidentiel (Tarik Saleh).

En France, déception du Desplechin Les fantômes d’Ismaël mais il fait école avec Mathieu Amalric, Barbara (Mathieu Amalric), meilleur film français de l'année. On préfère l'humour désespéré du Redoutable (Michel Hazanavicius), à celui du seul Jean-Pierre Bacri dans Le sens de la fête (Nakache et Toledano). Les documentaires sociaux : Visages Villages (Agnès Varda), Le vénérable W. (Barbet Schroeder), Retour à Forbach (Régis Sauder), L'Assemblée (Mariana Otero), Douze jours (Raymond Depardon) voisinent avec le fantastique: L'amant double (François Ozon), Grave (Julia Ducourneau).

Pour le reste de l'Europe, trois films anglais de bonne facture mais, comme souvent, trop explicites : A beautiful day (Lynne Ramsay), La passion Van Gogh (D.Kobiela, H Welchman), Emily Dickinson, a quiet passion (Terence Davies). Remarquable, le tir groupé des pays du Nord : La Suède avec The square (Ruben Östlund); la Finlande avec L'autre côté de l'espoir, (Aki Kaurismäki), Le Danemark avec Borg / McEnroe (Janus Metz Pedersen), La Norvège avec Thelma (Joaquim Trier).

Dans l’intense maintenant (João Moreira Salles) nous donne des nouvelles du Brésil, Faute d'amour (Andrei Zvyagintsev) de la Russie, Un homme intègre (Mohammad Rasoulof) de l'Iran, La femme qui est partie (Lav Diaz) des Philippines... Elles ne sont pas bonnes.

4 - Top ten 2017, Cinéma et séries

Merci à ceux qui ont bien voulu commenter, sur facebook ou directement auprès de moi l'article Les séries télévisées ne sont pas du cinéma (en général)

On remarquera l'écart de jugement entre Les Cahiers du cinéma qui élisent Twin peaks the return meilleur film de l'année et Télérama qui ne le cite même pas dans son Top10 des séries.

Top Ten des Cahiers du cinéma : 1. Twin Peaks the return de David Lynch 2. Jeannette de Bruno Dumont 3. Certaines femmes de Kelly Reichardt 4. Get Out de Jordan Peele 5. Le Jour d’après de Hong Sang-soo 6. L’Amant d’un jour de Philippe Garrel 7. Good Time de Josh & Benny Safdie 8. Split de M. Night Shyamalan 9. Jackie de Pablo Larraín 10. Un jour dans la vie de Billy Lynn d’Ang Lee

Top ten des séries de Télérama : 1. The Handmaid’s Tale 2. Mindhunter 3. Le Bureau des légendes. 4. The Leftovers 5. The Deuce 6. Engrenages 7. Legion 8. Flowers 9. Stranger Things 10. Fleabag et Godless

 

5- A la télévision cette semaine

Je vous souhaite la meilleure fin d'année possible et tout plein d'énergie cinéphile pour 2018.

Jean-Luc Lacuve, le 30 décembre 2017

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