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Makala

2017

Semaine de la critique, festival de Cannes 2017 Avec : Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo (Eux-mêmes). 1h36.

Walemba, un petit village dans la région du Katanga, tout au sud de la République Démocratique du Congo, à 50 kilomètres de Kolwezi. Kabwita, un jeune villageois d'à peine trente ans est parti tôt dans la brousse. Il arrive enfin près d'un arbre immense et, de sa hache rudimentaire, frappe le tronc solide. Après quelques heures d'un labeur dur et régulier, l'arbre s'écroule enfin.

Pendant ce temps, Lydie, la femme de Kabwita, fait griller un rat qu'elle partagera avec son bébé et Séfora, sa petite fille de 3 ans. Puis Lydie rejoint son mari. Kabwita a débité, l'arbre en gros et petits rondins qu'il a rassemblé. Avec sa bêche, il a extrait des grosses mottes de terre qu'il pose sur l'amas de bois afin de constitue un four à charbon de bois.

Les jours suivants, le four ayant accompli son office, Lydie et Kabwita ramassent el charbon de bois et le ramène au village. Kabwita n'est pas le propriétaire de sa case. Il a décidé de construire sa maison et a, pour cela, besoin de tôles métalliques. Il a pour projet d'en ramener de Kolwezi où il ira vendre son charbon de bois. Avec l'aide de voisins, Kabwita charge sur son vélo une douzaine de gros sacs de charbon de bois.

Tôt dans la nuit Kabwita quitte le village. et emprunte une route de terre battue. Dans le nuit, les phares de quelles voitures ou camions l'éclairent. Quand le jour se lève il pousse toujours son vélo. Dans l'après-midi, c'est une cote en pente qui semble un obstacle insurmontable. Deux trois essais, un moment de repos puis un nouvel effort et la petite cote est grimpée. Kabwita coupe à travers champs puis descend vers un village où on le reconnait. Il dort près d'une maison dehors en ayant rassemblé de quoi faire un feu de camp.

Kabwita repart le lendemain. Sur la route, il rencontre d'autres jeunes hommes poussant comme lui des vélos remplis de charbon de bois. Le soir il s'arrête chez sa belle sœur. Il ne voudra pas y rester la nuit car il ne veut pas voir sa fille, Divine, six ans pour si peu de temps; ils ne feraient que pleurer tous les deux. Il lui a acheté une paire de jolies chaussures, du 29, juste à sa taille. La nuit, il doit affronter une route poussiéreuse pleine de camions et de voitures. ll se repose sur le bas-côté et s'endort jusqu'au matin. Mais, soudain, il a la mauvaise surprise de voir son vélo renversé par un camion. Deux sacs sont éventrés mais avec l'aide de quelques personnes; Il réussit à remettre son vélo sur roues.. à plat.

Et ainsi pour le troisième jour, Kabwita reprend la route. Il aimerait suivre la roue de quelqu'uns des autres vendeurs de charbons mais chacun ne peut avancer qu'à son rythme et c'est solitaire que Kabwita arrive eux environs de Kolwezi. Mais là, sur le bord de la route, il est arrêt par un homme qui exige de l'argent pour le laisser passer. Kabwita négocie mais doit laisser deux sacs de charbons. Il arrive néanmoins sur le marché de Kolwezi. Il propose chacun de ses sacs à 3500 francs. Une jeune femme lui en propose 2000. Il réussit à lui en vendre deux pour 4500. Kabwita achète des médicaments pour la diarrhée de ses filles et trouve une quincaillerie qui vend les tôles dont il rêve. Le prix unitaire de 11500 francs le décourage. Ainsi il reprend son chargement au travers du marché, il refuse de négocier en dessous de 3000 mais palus la journée passe moins il trouve de propositions à son prix. Après plusieurs refus à 2 500, il accepte de livrer la totalité restante des marchandises pour 2 000 francs le sac. Qu'il doit encore conduire à plusieurs kilomètres.

S'étant remis en pantalon et veste propre, Kabwita rentre dans une église catholique et chante et prie jusque tard dans la nuit avec les gens qui sont là. Au matin, il repart avec à pied avec son vélo des chants plein la tête.

Makala a été tourné en République démocratique du Congo, une région assez sèche, qui comporte d’immenses mines à ciel ouvert. En swahili, Makala signifie charbon. C'est en effet autour du travail de charbonnier de Kabwita que se construit le film, du début où il traverse la brousse pour couper l’arbre immense, jusqu’à la vente du charbon de bois en ville après trois jours.

L'image superbe accompagne Kabwita et magnifie son courage de chaque instant, son obstination à avancer, son visage impassible acceptant l'effort sans jamais se décourager. Le violoncelle de Gaspar Claus, ni faussement ethnique, ni complaisant participe aussi d'un travail commun exaltant la beauté du monde en dépit des coups portés par l'inconscience des hommes.

A cause de la culture au brulis, des feux de brousse, et des arbres qui sont coupés pour faire du charbon de bois, la nature est dévastée. Les mammifères fuient, restent pour les villageois qui ne sont pas assez riches pour élever poules ou cochons que des rongeurs et des oiseaux. Les rats sont donc chassés pour se nourrir.

Le courage de Kabwita est non seulement physique mais moral. Il préfère ne pas voir sa petite fille de six ans l'espace de quelques heures pour ne pas générer entre eux deux seulement des crises de larmes. Frustré dans son désir d'achats de tôles, il se contente avec les médicaments pour ses enfants. Il sait repartir le cœur heureux. Il a en effet déchargé sa peine lors d’une veillée de prières catholiques avec prêches transes et chants. Ceux-ci résonneront en lui sur le chemin du retour.

Jean-Luc, le 27 décembre 2017

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