Des diplomates français du quai d'Orsay parlent d’un certain Ivan Dedalus, dont personne ne semble savoir ce qu’il est devenu. Jeune homme brillant, surgi de nulle part un beau jour, il a enchaîné les postes diplomatiques dans les régions les plus troubles de la planète, disparaissant et réapparaissant régulièrement, sans crier gare sous la tutelle de son mentor, Claverie. Celui-ci lui avait fait passer son premier entretien au Quai d'Orsay et avait été fasciné par ce jeune homme, autodidacte, passionné de langues qu'il avait appris seul à Roubaix où son père tenait une teinturerie. Il avait la curiosité du monde et quand il l'avait interrogé sur son récent retrait à Roubaix, Ivan avait répliqué simplement : "J'étais fatigué".
"J'étais fatigué", c'est ce qu'écrit Ismaël Vuillard qui rédige son scénario à trois heures du matin en éclusant sa bouteille de Whisky. Il est alors appelé au téléphone par Henri Bloom, en pleine crise d'angoisse, chez lequel il se rend immédiatement. "J'ai rêve que Carlotta était morte" lui dit celui-ci en l'accueillant. Bloom, grand cinéaste juif, est le père de Carlotta qui fut la femme d'Ismaël avant de disparaitre il y a vingt-trois ans sans laisser de traces. Dix ans après, elle avait été déclaré administrativement décédée, ce qui les avait anéanti. Ismaël réconforte Bloom, se complaisant dans la vision de vieilles diapositives de sa fille. Bloom, apaisé, l'invite à l'accompagner à Tel-Aviv le mois prochain pour la rétrospective de ses films. En sortant de chez lui au petit matin, Ismaël appelle Sylvia, sa nouvelle compagne, au téléphone et la rejoint chez elle.
Deux ans plus tôt, ils s'étaient rencontrés chez des amis communs. Dans un café, elle avait déclarée être astrophysicienne et ne sortir qu'avec des hommes mariés refusant d'avoir des enfants pour se garder pour son jeune frère, Pierre, déficient mental, pour qui elle était devenue la mère. Ismaël avait forcé sa porte pour voir où elle habitait.
Quelques temps plus tard, Ismaël et Silvia passent des vacances sur l'ile de Noirmoutier où Ismaël tente de finir son scénario. Il écrit une scène où il doit lui dessiner un profil. "Lui dessiner un profil" c'est ce que ne parviennent pas à faire les diplomates qui discutent et évoquent une nuit passé dans un aéroport à la suite d'un déplacement à l'étranger. Ivan avait expliqué à une jeune femme qu'il était victime du syndrome d'Elseneur, torturé par des cauchemars dès qu'il s'endormait. Lui-même en proie à des cauchemars violents, Ismaël se bourre d’alcool et de médicaments pour échapper au sommeil. Un matin, alors que Sylvia prend le soleil sur la plage, elle voit venir vers elle une jeune femme qui se présente comme étant Carlotta, la femme disparue d'Ismaël et souhaite le revoir. Sylvia, profondément troublée, vient annoncer cette visite à Ismaël. Celui-ci reproche amèrement à Carlotta de l'avoir abandonné durant vingt ans. Carlotta ne sait pas où dormir. Sylvia lui propose de rester chez eux.
La nuit, Carlotta est prise d'un violent cauchemar. Sylvia redoute que ce soit un piège pour attirer Ismaël dans sa chambre. Carlotta explique à celui-ci qu'elle a fui un jour sans savoir pourquoi, a vécu six ans dans une ferme dans le Sud puis a voyagé en Inde où elle a épousé un homme qui a divorcé pour elle. Lorsqu'il est mort, trois semaines plus tôt, elle est revenue en France. Ismaël lui reproche amèrement son abandon. Elle tente de le séduire avec les vers de la Berceuse de Rilke: "Un jour, quand je te perdrai. Pourras-tu dormir, sans qu’au-dessus de toi je bruisse Comme couronne de tilleuls?" Il la quitte fâché.
Le lendemain matin, très tôt, Sylvia rejoint Ismaël dans le cimetière marin où il médite sur la tombe qu'il na jamais pu creuser pour sa femme. Dans la matinée les deux femmes nagent et se promènent pendant qu'Ismaël tente d'écrire : Ivan, depuis six mois secrétaire aux affaires européennes, a suivi Arielle, la jeune femme de l'aéroport, dans les archives où il lui fait involontairement peur. Il lui demande maladroitement de sortir avec lui; ce qu'elle accepte de bonne grâce. Plus tard, chez lui à Roubaix, il dit à son père qu'il en a fini avec sa vie de vieux garçon et qu'il est amoureux. A Paris, Arielle annonce à Ivan qu'il est nommé pour 3 ans à Douchanbé au Tadjikistan. S'il veut qu'elle l'accompagne, il n'a qu'à l'épouser; ce quil fait. Les diplomates pensent que c'est une erreur ; qu'il sera le suicide d'Arielle.
Revenue à la maison, Carlotta improvise une danse sur "It Ain’t Me, Babe" de Bob Dylan devant Sylvia. Bientôt Sylvia demande à Carlotta ce qu'elle est venue faire. Elle lui raconte sa vie avec son mari indien, Alexandre, puis lui déclare qu'elle est venue reprendre son mari.
Le soir, au coucher du soleil, Sylvia interroge Ismaël sur son amour pour Carlotta. Elle est désespérée, jalouse, considère qu'il l'a rencontré trop tard. Elle décide de partir. Le lendemain matin tres tôt prend un bus. Lorsque Carlotta se lève et apprend que Sylvia est partie s'offre nue à Ismaël. Ils font l'amour mais Ismaël affirme ne plus vouloir la revoir et encore moins vivre avec elle. Il la supplie de retourner voir son père qui souffre si cruellement de son absence. Il ferme la maison.
Ismaël revient vers Paris en empruntant le passage du Gois. Il téléphone à Sylvia, la suppliant de revenir vers lui : "J'en ai fini avec Carlotta, je dois me réinventer. Tu es ma patrie".
Deux ans plus tôt, il était venu chez elle, la suppliant de ne pas le rater. Elle avait ensuite assisté au tournage de son film sur lequel il était très énervé. Elle était rentrée avec lui dans son appartement. Il lui avait montré le tableau de Carlotta avec qui il avait vécu trois ans. Elle n'avait pas jugé nécessaire qu'il l'enlève. Pour la première fois, ils avaient fait l'amour.
Ismaël prend l'avion avec Bloom. Il l'accompagne à Tel-Aviv pour une rétrospective de son œuvre. Bloom tient absolument à ouvrir une bouteille de champagne dans l'avion au mépris du règlement. Son discours face à l'hôtesse puis au comandant de bord, qui reconnait en lui le grand cinéaste, n'empêche pas les deux hommes d'être internés un bref moment à leur arrivée.
Ismaël n'arrive toujours pas à avouer à Bloom que sa fille est revenue. Pendant ce temps, celle-ci retrouve officiellement son identité en se rendant au palais de justice qui va annuler son avis de disparition. Son mariage est néanmoins irrémédiablement dissous.
Dans le train qui l'amène vers Roubaix, ville qui l'a vu naitre, entouré d'un canal, devenu source d'eau croupie, Ismaël, déstabilisé et délirant, admet quil fuit mais veut revenir dans la maison de sa grande tante. Dans le canapé où il dort, il sort d'un violant cauchemar.
Zwy, le producteur, arrive sur le lieu de tournage où les acteurs qui jouent Les diplomates français du quai d'Orsay sont inquiets. Ils attendent l'arrivée de leur metteur en scène, Ismaël, inexplicablement absent sur le tournage. Zwy interroge Faunia, l'actrice principale qui interprète Arielle, la femme d'Ivan Dedalus et qui, dans la réalité, est l'une des maitresses d'Ismaël. Faunia a quitté Ismaël au petit matin mais ne sait pas pourquoi il est absent.
Ismaël, dégage le grenier de vieilles caisses qui l'encombrent. Il enregistre le rythme de son cœur avec un électrocardiogramme. Il demande ensuite vainement au médecin de lui enlever l'hypothalamus, source des rêves et cauchemars. Celui-ci a fait ses études avec Ivan. Ivan visite un camp de prisonniers au Tadjikistan. Au retour à Douchanbé, il rencontre son responsable de la sécurité qui lui demande d'être prudent avec la drogue qu'il devrait se faire envoyé par la valise diplomatique depuis Roubaix. Chez eux, Arielle l'avertit de la présence de micros. Elle s'effraie dune mise en scène de pendus destinée à leur faire peur. Le responsable de la sécurité trouve des micros très sophistiqués. Sans soute Ivan est-il très surveillé depuis sa rencontre avec l'imam Fariaz, héros de la 1ere guerre d'Afghanistan, désormais lié au terrorisme, qu'il a rencontré sans savoir qui il était dans le camp d prisonniers. "Combien de vies avez-vous ?" l'interroge le responsable de la sécurité
C'est aussi ce que se demande Ismaël, un verre de vin à la main dans son jardin de Roubaix. Sylvia est dans son observatoire sur la montagne. Elle repense à ce qu'elle disait à Ismaël : "Je t'arracherai ton masque et je ferai de toi un héros"
Dans l'immédiat, Ismaël est dans un parc, le visage couvert de terre et fait peur aux promeneurs. Là, surgit le fantôme de Faunia, sa première actrice qui ne tarda pas à être sa maitresse. Elle lui reproche sa façon d'être trop envahissant. Il lui rappelle sa devise "J'avance masqué" elle n'y croit pas : il est partout.
Au matin, Ismaël aperçoit devant chez lui, Zwy, qui a retrouvé sa trace grâce à ses retraits de carte bancaire. Il tente vainement de le convaincre de reprendre le tournage quitte à l'enfermer dans un coffre. Ismaël qui cherchait les œufs de ses poules refuse avec détermination, sortant même un revolver de sa poche. Ismaël tente de le convaincre que tout le mal du monde vient d'une différence de perspective entre le Nord et le Sud comme le prouve la comparaison de deux tableaux du XVe, L'annonciation (Fra Angelico, 1437 ou 1442) avec Le mariage Arnolfini (Jan van Eyck, 1434). S'il réconcilie les perspectives, il anéantira toute haine. Ismaël affirme toutefois à Zwy qu'il ne peut continuer son film car son frère est mort depuis cinq ans en Ethiopie alors quil était en poste à l'ambassade d'Egypte. Il est en panne d'inspiration. Zwy, refusant de dormir dans la maison de la grande tante, trop en désordre, rejoint son hôtel et promet de revenir le lendemain.
Ismaël rêve qu'il est avec Sylvia à regarder les étoiles et à se parjurer. Zwy tente de joindre l'ambassade d'Egypte. Il a la surprise d'apprendre qu'Ivan est bien vivant. Contacté par Skype, celui-ci refuse pourtant de parler à son frère, las de ses incartades. Ismaël sort de son rêve avec Sylvia et voit surgir le fantôme de lui-même, sur lequel il tire a coup d revolver avant de s'effondrer sur les débris de la glace qu'il a brisé.
A Paris, Carlotta suit son père qui fait des courses et qui, l'apercevant, s'effraie de sa présence et veut la chasser.
Zwy fracture un carreau avec l'aide de voisins pour pénétrer chez Ismaël qu'il découvre effondré sur le sol. Dans le grenier, Ismaël lui explique aussi le sens des rushes qui ont été tournés; ce qui va advenir des personnages :
Ivan est nommé à Prague où il est accueilli par Claverie. Ivan apprend le Rom avec une mendiante et déplait à son agent de sécurité car il n'a pas de téléphone portable. Au cours d'une soirée exceptionnelle consacrée au vernissage de l'exposition Pollock, Ivan se laisse approcher par Igor, un russe passionné de peinture. Ivan s'amuse à déclarer que Jackson Pollock est un peintre figuratif, et à considérer son tableau, Lavender mist, comme une réinterprétation des Demoiselles d'Avignon. Par la suite, le Russe lui fait cadeau de 100 000 euros en prétendant qu'il s'agit de la moitié de ce que lui avait rapporté la publication d'un article à Moscou où il avait repris sa théorie. Soupçonnant une tentative de corruption, Ivan en fait part à son agent de sécurité qui tente d'intercepter Igor. Celui-ci, se sentant suivi, se saisit d'un téléphone qui lui explose au visage, le tuant sur le coup. Ivan doit avouer à ses supérieurs, sans les convaincre, qu'il ne sait pas d'où vient cette tentative de corruption. Même Arielle se demande s'il n'est pas un espion.
Exalté, Ismaël tire une balle dans le bras de Zwy. Ce qui les conduit tout deux chez le médecin de Roubaix. Celui-ci et Zwy ramènent de force Ismaël à Paris, enfermé dans le coffre de la voiture.
Pendant ce temps, Bloom, terrorisé par la vision de sa fille en bas de chez lui, téléphone à Sylvia qui lui conseille d'affronter sa fille et d'assumer son rôle de père. C'est en trop pour Bloom qui s'effondre victime d'une crise cardiaque.
Ismaël se réveille dans sa maison de Noirmoutier attaché à son lit. Zwy, le bras en écharpe, veut qu'il termine son scénario, les assurances ayant couvert le sinistre de son absence durant quinze jours. Il lui annonce la venue imminente de Sylvia qui elle non plus ne veut pas autre chose que de le garder amoureusement prisonnier.
A l'hôpital, Carlotta vient rendre visite à son père qui la reconnait mais désire mourir.
Sylvia annonce, face caméra que Bloom est mort paisiblement et que Carlotta a quitté la France. Ismaël et elle sont heureux; ils attendent un enfant. Pierre, son frère, en a été affecté mais a compris ce changement. La vie est redonnée à Ismaël et Sylvia conclut celle-ci dans un sourire.
Elle rejoint Ismaël qui écrit. "Tu travailles encore" remarque-t-elle. "Encore, encore, encore... " disent-ils en s'enlaçant sur le sol.
Mathieu Amalric reprend pour la cinquième fois, le personnage de Dedalus-Vuillard, sorte d'alter ego, chaque fois ni tout à fait le même ni tout à fait un autre, d'Arnaud Desplechin. Il semble bien toutefois, ici, qu'un cap a été franchi. Dans Trois souvenirs de ma jeunesse, le personnage de Paul Dedalus restait encore fixé sur ses premières amours, jamais reniées et vues rétrospectivement au travers du lyrisme et de l'exaltation de la jeunesse. Ismaël a dorénavant près de cinquante ans et se débouille comme il le peut avec ses cauchemars et sa nouvelle vie. Non seulement sa femme revient mais il doit aussi faire avec les souvenirs d'un frère qui ne fut pas aussi formidable que dans la fiction qu'il lui consacre et faire face, aussi, aux difficultés de son métier et à une situation géopolitique bien plus embrouillée qu'il y a vingt ans.
Antoine, Henri, Ismaël, Paul et les autres
Arnaud Desplechin reprend sous une autre perspective les personnages qui hantent son cinéma ; ceux de maitres admirés, Truffaut et Hitchcock ou les siens propres. La surimpression, une image sur une autre, devient ici la figure secrète de son film qui sera ressenti, sans doute avec d'autant plus d'émotion que l'on connait déjà son œuvre. Il s'agit d'une nouvelle variation, comme vingt ans auparavant, sur la possibilité de panser le monde dans un volontarisme épuisant et masochiste consistant à le voir sous une perspective trop idéale.
Mathieu Amalric reprend pour la cinquième fois, le personnage de Dedalus-Vuillard. Dans Comment je me suis disputé - ma vie sexuelle (1997), Paul Dédalus, presque trente ans, végète comme assistant de philosophie à la faculté de Nanterre. Il n'arrive ni à terminer sa thèse, ni à quitter Esther, qui partage sa vie depuis dix ans. Dans Rois et reine (2004), Ismaël Vuillard est un violoniste dont les parents habitent Roubaix. Il s'est séparé de Nora et est amoureux d'Arielle. Dans Un conte de Noel (2008), Henri Vuillard a pour jeune frère, Ivan (Melvil Poupaud) et pour neveu Paul Dedalus (Emile Berling). Dans Trois souvenirs de ma jeunesse (2015), Paul Dedalus a pour frère Ivan.
Vingt ans après, le premier opus, Mathieu Amalric joue Ismaël Vuillard dans Les fantômes d'Ismaël (2017). Il est difficile de ne pas voir là un parallèle avec Jean-Pierre Leaud, incarnant cinq fois Antoine Doinel en vingt ans avec Les 400 coups (1959), Antoine et Colette (1962), Baisers volés (1968), Domicile conjugal (1970) et L'amour en fuite (1979).
Autre référence majeure, le Vertigo d'Hitchcock. Carlotta renvoie par son prénom à la femme au destin tragique qui hantait Madeleine, le personnage mensonger joué par Kim Novak que Scottie retrouvait enfin sous les traits de Judy. Il la traquait jusqu'à la faire involontairement tomber du haut du clocher. En fuyant son père trop encombrant et son mari trop faible, Carlotta a pris le nom d'Esther, comme l’amoureuse de Dedalus dans Comment je me suis disputé - ma vie sexuelle et Trois souvenirs de ma jeunesse. Le tableau que Sylvia contemple chez Ismaël pourrait aussi évoquer celui de Carlotta que contemple Madeleine au musée de San Francisco ou celui de la première et si intimidante Mme de Winter que regarde Rebecca dans la maison de son mari.
Existe-t-il une perspective heureuse ?
Ivan Vuillard se nomme Ivan Dedalus dans la fiction qu'Ismaël Vuillard tourne sur son frère en l'envisageant sous une perspective bien plus attrayante que dans la réalité. La seule vision réelle que nous avons d'Ivan se fait au travers d'un échange sur Skype avec Zwy. Ivan se montre décidé et sans état d'âme, bien loin du personnage fantasque, génial et maladroit dont Ismaël dresse le portrait ; en fait un idéal de lui-même, diplomate surdoué, tel que l'incarnait Paul Dédalus dans Trois souvenirs de ma jeunesse.
Alors que sa femme a déchiré sa vie, Ismaël cherche au travers de sa fiction à se réconcilier avec son frère. Roubaix, retour aux sources familiales, se fait sans perspective : cadre débullé dans le compartiment d'un train. Ismaël en proie au délire a la vision d'une ville bâtie sur des marais et de l'eau croupie. Au rez-de-chaussée de la maison, c'est à peine mieux. Il règne le plus grand désordre dans ce lieu des délires (électrocardiogramme administré par lui-même, alcool, cauchemars, apparition de son propre fantôme). Ce n'est qu'au grenier que la sublimation peut avoir lieu. Là Ismaël confronte L'annonciation (Fra Angelico, 1437 ou 1442) avec Le mariage Arnolfini (Jan van Eyck, 1434) dans l'espoir de réconcilier les perspectives du Sud et du Nord. Là, il explique et anticipe sur les scènes de son film.
Il y aura notamment cette fameuse première exposition Pollock dans un pays de l'Est. Ivan pourra y faire des Demoiselles d'Avignon une source d'inspiration au Lavender mist de Pollock.
Les hommes finissent éreintés. Bloom meurt sur son lit d'hôpital et la dernière image d'Ismaël le montre attaché sur son lit. Pourtant la fin est lumineuse. La vie est redonnée à Ismaël et Sylvia. Ils attendent un enfant. Les fantômes du passé les laisseront cette fois sans doute en paix. Quelque chose a en effet bien changé pour les personnages de Desplechin : lorsque Sylvia s'adresse à la caméra, ce n'est plus comme un fantôme venant torturer les morts, comme dans Rois et reine, mais pour offrir une nouvelle liberté.
Jean-Luc Lacuve le 19/05/2017
En ouverture du festival de Cannes, mercredi 17 mai, Thierry Frémaux a choisi de montrer Les fantômes d’Ismaël dans une version que son auteur, Arnaud Desplechin, qualifie de "française". D’une durée d’une heure cinquante, c’est celle que le distributeur du film, Le Pacte, présente dans la grande majorité des salles de l’Hexagone. Une autre version existe, plus longue de vingt minutes, que Desplechin nomme "version originale", ou "director’s cut". C'est celle-ci qui est analysée ici.