Demoiselle de compagnie de la riche Mrs. van Hopper, une jeune anglaise rencontre à Monte-Carlo Max de Winter qui semblait sur le point de se suicider et dont elle s'éprend. Max de Winter est veuf, sa jeune femme ayant péri au cours d'un naufrage. La jeune anglaise et Max se revoient et finissent par se marier.
Le couple regagne l'Angleterre et la jeune mariée est impressionnée par l'atmosphère imposante et sinistre du château de Manderley dans lequel semble vivre partout le souvenir de Rebecca, la première femme de Max de Winter.
La nouvelle Mrs. de Winter comprend vite que Mrs. Danvers, la gouvernante qui adorait Rebecca, éprouve la plus grande antipathie pour elle.
Max, sujet à des accès de colère, est furieux quand il apprend que sa femme a visité le cottage de Rebecca au bord de la mer. Tous les témoignages que la jeune femme recueille sur Rebecca renforcent son sentiment d'infériorité. Alors que Max est à Londres, elle rencontre brièvement le cousin de Rebecca, Jack Favell, qui lui recommande de ne pas parler de lui à son mari.
Au retour de Max, sa femme lui demande d'organiser un grand bal masqué comme autrefois. Elle choisit sur els conseils de Mrs Danvers de porter une robe faite à l'image de celle qu'on voit à une ancêtre de Max sur un des tableaux du salon. Mais quand il la découvre dans cette tenue, Max croyant qu'elle a voulu imiter Rebecca, la repousse durement.
A la suite d'un orage, on retrouve l'épave d'un bateau contenant le cadavre de Rebecca. Dans une longe confession, Max révèle à sa femme médusée qu'il détestait Rebecca après avoir été un moment fasciné par elle. Elle l'avait souvent trompée mais aux yeux du monde ils jouaient la comédie du parfait amour. Un soir, Rebecca avait annoncé à Max qu'elle était enceinte d'un enfant qui n'était pas de lui. Max l'avait giflé et sa tête avait heurté mortellement un objet. Estimant qu'on ne croirait jamais à la thèse de l'accident, Max avait porté le corps de Rebecca dans son bateau dont il avait troué la coque. Plus tard, il avait faussement reconnu le cadavre d'une noyée pour celui de Rebecca.
Une nouvelle enquête commence. Apres avoir vainement tenté de le faire chanter, Favell accuse Max d'assassinat. Il réfute la thèse du suicide de Rebecca car il avait reçu d'elle une lettre lui annonçant sa grossesse. Le docteur que Rebecca consultait secrètement à Londres est contacté. Il révèle que Rebecca n'était pas enceinte mais atteinte d'un cancer. Elle avait laissé entendre qu'elle était décidée à mettre fin à ses jours. Max comprend qu'en le provoquant elle avait voulu se servir de lui pour accomplir son suicide.
L'enquête est close. Favell apprend la nouvelle à Mrs Danvers. Ne pouvant supporter l'idée de voir Max et sa femme heureux à Manderley, elle met le feu au château et reste prisonnière des flammes. Max et sa femme devront essayer de recommencer leur vie à zéro.
Bien que Rebecca soit le premier film qu'il ait tourné en Amérique, Alfred Hitchcock n'en reste pas moins fidèle à son Royaume-Uni natal. En effet, l'histoire, dont les scènes-clé se déroulent dans un manoir de la côte de Cornouailles, est adaptée d'un roman de l'auteure britannique Daphne du Maurier.
Premier film américain, premier triomphe
En 1938, Hitchcock avait déjà adapté une premère fois Daphne du Maurier avec La taverne de la Jamaïque. Il lit avant tout le monde les épreuves de Rebecca et propose à David O. Selznick, pour qui il s'apprête à traverser l'Atlantique, d'en acheter les droits. Selznick est aussi séduit par le projet car le roman est un triomphe.
Mais, les droits acquis, lorsque Selznick informe Daphne du Maurier de son intention de le faire réaliser par Hitchcock, celle-ci refuse car elle estime qu'il a massacré son roman précédent. Le producteur doit la rassurer et lui permettre une adaptation fidèle. La censure empêcha toutefois Hitchcock de travailler davantage la relation obsessionnelle de Mrs Danvers avec son ancienne patronne tout comme elle oblige à transformer la culpabilité réelle de Max (dans le livre) en une sorte de fatalité accidentelle (dans le film).
Rebecca fut un triomphe public et critique. Il remporta les Oscars 1941 du meilleur film, attribué à David O. Selznick, son producteur, et l'Oscar de la meilleure photographie pour George Barnes. En 1960, Hitchcock adaptera une troisième fois la romancière anglaise avec Les oiseaux.
Le sentiment d'infériorité dans l'amour
L'héroïne, privée de nom et de prénom, souffre du sentiment d'infériorité dans l'amour qu'elle éprouve vis à vis de son mari et qui se trouve renforcé par l'atmosphère à la fois impressionnante et déprimante du château encore tout imprégné de la présence de Rebecca, héroïne fantomatique qui donne son titre au roman et au film
Cette infériorité dans l'amour, Hitchcock la développera dans Les amants du Capricorne et Vertigo (personnage de James Stewart puis de Kim Novak dans son deuxième rôle). Cette infériorité est liée au fait que, non seulement l'amante (ou l'amant) se sent indigne de l'objet aimé, mais ne comprend pas du tout la situation réelle où se trouve l'aitre aimé qui, ainsi, lui échappe doublement. Cette énigme donne au film un caractère angoissant et para-fantastique qu'avait toutefois introduit la première phrase du roman et du générique "J'ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley..."
Jean-Luc Lacuve le 25/02/2017
Bibliographie : Jacques Lourcelles, Dictionnaire du cinéma