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1 - Retour sur les séances de ciné-club
2 - Les films en salle
3 - A la télévision cette semaine
1 - Séance de ciné-club en hommage à Denis Lamy
Le jeudi 21 octobre était l'occasion de réunir tous les amis du Café des Images pour se remémorer 30 ans de l'histoire de notre cinéma en rendant hommage à Denis Lamy, décédé en mai dernier et qui, cinéphile et passionné, en fut une figure emblématique. En hommage à Denis Lamy, son compagnon Michel, le Ciné-Club de Caen et le Café des images s’associaitent pour proposer une soirée autour de la projection de Quadrille de Sacha Guitry, l’un des auteurs fétiches de Denis Lamy.
Après l’intervention si sensible et pleine d’humour de Michel en hommage à Denis, ce fut un bonheur d’entendre une salle rire de concert aux mots d’esprit de Guitry en appréciant le grésillement visuel et sonore de la copie 35 mm (voir la vidéo de 40 secondes). La soirée s'est terminée très tard avec le plaisir de rencontrer les amis et parents de Denis, des anciens du café des Images, un cercle large de cinéphiles
Séance du 4 novembre : Projection de La jeune fille et l'araignée (2021, Ramon Zurcher) : Un emménagement dans un appartement, la fête du soir, le lendemain du déménagement. Durant 24 heures, vont se nouer se dénouer et se renouer peut-être les relations amoureuses de cinq femmes (Mara, Lisa, Astrid, Kisten et Nora) et trois hommes (Markus, Jan, Jurek). Les paroles échangées disent bien plus que leur sens littéral et évoquent la séparation de deux amantes, les souffrances d'une relation mère-fille difficile, les occasions ratées de déclarations d'amour. Pour générer le mouvement intime de ses personnages, Zürcher dispose une suite de plans fixes dans un cadre resserré qui, grâce aux hors-champs visuels et sonores, vont créer un temps et un espace élargis. Le montage produit une expérience du regard et de l'écoute intense et inoubliable ; une musique sérielle, sèche et ardue, que l'émotion emporte lors de pauses musicales où cohabitent Voyage voyage, le tube de Desireless, et la valse d'amour d'Eugen Doga.
2 - Les films en salle
Mourir peut attendre de Cary Fukunaga . . Matera, située en Basilicate à l'extrême Sud de l'Italie, est l'une des plus vieilles cités du monde, avec ses habitats troglodytiques. C'est donc un lieu symbolique pour y enterrer le passé pour Bond au début du film, ou le faire redécouvrir pour Mathilde à la fin. On regrette la disparition du fragile Daniel Craig, torturé par son passé, pour interpréter Bond.
Illusions perdues de Xavier Giannoli. . Balzac crée dans Illusions perdues un monde aux multiples personnages et points de vue où Lucien de Rubempré perd ses illusions pour n'avoir ni le caractère ni la volonté assez trempés pour garder un seul cap que ses capacités lui auraient permit d'atteindre. Dans Splendeurs et misères des courtisanes, Lucien, sous la direction de Vautrin, parviendra à se frayer un temps son chemin dans le monde. Giannoli adapte la seule seconde partie d'Illusions perdues. Il condense, rapièce et raccommode d'un fil contemporain la plus longue, partie du roman. Pour donner vie à ce monstre, Giannoli lui insuffle de la musique baroque, des travellings incessants, des comédiens qui excellent en cabotinage et de riches décors. Le monde boursouflé décrit est réduit à la critique du seul journalisme à sensation. Loin d'une vision large et balzacienne de notre époque, il la réduit au monde déjà bien parcouru des fakes news. Tout cet argent pour ça ?
First cow de Kelly Reichardt. . Le plan initial incite fortement à penser le film comme une métaphore du capitalisme. Ce porte-container qui traverse le plan est le symbole du capitalisme d'aujourd’hui. La séquence suivante poursuit la métaphore : le capitalisme américain est construit sur la mort de l'émigré et du prolétaire dont il a épuisé la force de travail. King-Lu l'avait bien compris : jusqu’à présent, il était arrivé en retard par rapport à histoire ; ici, en bout de piste de la conquête de l'Ouest, il est en avance... Mais pour combien de temps ?
Debout les femmes ! de François Ruffin. . François Ruffin réalise un film plein de ferveur militante, de joie à partager le combat avec d’autres, qui se teinte de lucidité face à l’appareil politique verrouillé de toutes parts. Il privilégie ainsi les déplacements dans la région qu’il connait le mieux, le nord de la Normandie et la Picardie avec le plaisir de retrouver Dieppe et Amiens dont il fait partager la beauté à Bonnell. e. Face à des parlementaires ou un ministre de l’éducation nationale robotisés, il met en scène les femmes qui montent à Paris et viennent défendre leur cause devant les médias et à l’assemblée.
Pleasure de Ninja Thyberg. . Il est possible que l'industrie du porno ait connu une heure de gloire, incarnant une forme de réussite liée à la libération des mœurs et un divertissement bourgeois alimenté par les nouvelles du Journal du hard sur Canal+ (1991-2006). Ces temps où les films se réalisaient dans une économie pauvre mais régulée sont bien terminés. La prolifération des sites pornographiques met à disposition une surenchère de thématiques où les femmes n'ont plus aucune chance d'échapper à la domination masculine, veule exécutrice de la machine à broyer du capital. C'est cette expérience terrifiante à laquelle est confrontée Bella. Ce film, dans lequel aucune femme n’est nue (si on excepte la courte douche initiale), ne relève jamais de l’érotisme. C’est bien davantage un film noir dans lequel on craint pour l’héroïne plongée dans un milieu terrifiant ou un drame de l'adolescence avec un parcours initiatique raté ou bien encore, en filigrane mais constamment, un film politique.
La jeune fille et l'araignée de Ramon Zürcher . . Un emménagement dans un appartement, la fête du soir, le lendemain du déménagement. Durant 24 heures, vont se nouer se dénouer et se renouer peut-être les relations amoureuses de cinq femmes (Mara, Lisa, Astrid, Kisten et Nora) et trois hommes (Markus, Jan, Jurek). Les paroles échangées disent bien plus que leur sens littéral et évoquent la séparation de deux amantes, les souffrances d'une relation mère-fille difficile, les occasions ratées de déclarations d'amour. Pour générer le mouvement intime de ses personnages, Zürcher dispose une suite de plans fixes dans un cadre resserré qui, grâce aux hors-champs visuels et sonores, vont créer un temps et un espace élargis. Le montage produit une expérience du regard et de l'écoute intense et inoubliable ; une musique sérielle, sèche et ardue, que l'émotion emporte lors de pauses musicales où cohabitent Voyage voyage, le tube de Desireless, et la valse d'amour d'Eugen Doga.
Compartiment n°6 de Kuosmanen. . Parcours en train attendu et conventionnel entre une intellectuelle, bisexuelle et étrangère et un jeune russe mi-voyou mi-prolétaire, sans culture, enfantin mais débrouillard, aspirant à gagner de l'argent pour développer son commerce. Bien entendu, c'est l'intellectuelle qui va gagner au change, atteignant le but de son voyage grâce à la volonté sans faille et la débrouillardise de son compagnon. De son coté, elle lui apprendra à se valoriser en se rendant utile, à converser sincèrement et les gestes de l'amour.
The french dispatch de Wes Anderson. . La ville d'Ennui-sur-Blasé, tournée à Angoulême, est celle de Paris comme l'indique le métro ou le plan de la ville. Les trois épisodes sont liés aux cultures dont s'enorgueillit la France : l'art, la révolution et la cuisine. Ces clichés sont enserrés dans le petit théâtre de Wes Anderson. On y retrouve le goût pour la composition du plan valorisant la symétrie (jusqu'aux split-screens "avant-après" du début) ; les passages du noir et blanc à la couleur, de décors réels au studio, de prises de vues réelles au dessin animé. Pourtant une force obstinée travaille ces épisodes : la force brute de Moses Rosenthaler, l'amour de la solitaire Lucinda Krementz pour un jeune gauchiste et la surprise d'un nouveau goût pour Nescaffier qui croyait tout connaitre. Au sein d'Ennui, pourtant, la sensation que quelque chose se perd. Même contrôlé par la mise-en-scène, le temps s'échappe et ne revient pas. D'où, peut-être, la structure en trois épisodes successifs.
Cry Macho de Clint Eastwood. . Les silhouettes, ambigüe du père ou en psychopathe vénéneuse de la mère, sont plutôt réussies. Plus difficile à croire que la parfaite Marta, la cinquantaine, tombe amoureuse d'un vieillard de 90 ans. Rafa est enfin bien trop gentil et lisse pour être attachant. Un film donc tout à la gloire de Clint Eastwood, personnage et acteur, sur son thème favori de la transmission.
Tre piani de Nanni Moretti. . Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies et de transmettre enfin sereinement un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu.
3 - A la télévision cette semaine :
de Alfred Hitchcock, dimanche 14 novembre, 20h55, Arte | ||
de Rian Johnson, dimanche 14 novembre, 21h10,F2 | ||
de Philippe de Broca, dimanche 14 novembre, 21h05, Arte | ||
de Juho Kuosmanen, dimanche 14 novembre, 2h55, Arte | ||
de Steven Spielberg, lundi 15 novembre, 20h55, F5 | ||
de Stanley Donen, lundi 15 novembre, 20h55, Arte | ||
de Ang Lee, lundi 15 novembre, 23h30, Arte | ||
de Delmer Daves, mardi 16 novembre, 21h15, C8 | ||
de Roman Polanski, vendredi 19 novembre, 23h00, Chérie25 | ||
de Alan J. Pakula, vendredi 19 novembre, 13h35, Arte | ||
de Spike Lee, vendredi 19 novembre, 23h15, Arte | ||
de Georges Franju, vendredi 19 novembre, 1h30, Arte |
Bonne semaine tout le monde
Jean-Luc, le 14 novembre 2021
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