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1- Coma au Ciné-club du 24 novembre au Café des Images
2 - Les films en salle
3 - A la télévision cette semaine
4 - Le festival des trois continents de Nantes
1 - Ciné-club, le jeudi 24 novembre
Le jeudi 8 septembre pour Les petites marguerites (Věra Chytilová, 1966), nous étions 44 spectateurs et 28, le jeudi 6 octobre, pour la soirée hommage à Jean-Luc Godard avec Soigne ta droite (1987). Pour le jeudi 24 novembre, je vous propose Coma, le dernier film de Bertrand Bonello qui sortira en salle le 16 novembre.
Alors qu'il fait 61° à Nice et que la population vit calfeutrée, le destin d’une adolescente qui a la faculté de vous inviter dans ses rêves et dans ses cauchemars. Vivant recluse, son seul rapport au monde extérieur est virtuel, et elle navigue ainsi entre fiction et réalité́, guidée par une youtubeuse inquiétante et mystérieuse, baptisée Patricia Coma.
2 - Les films en salle
Par ordre de préférence des films vus en salles ou sur Netflix depuis le 1er octobre :
Juste sous vos yeux . . Comme habituellement chez Hong Sang-soo, Juste sous vos yeux accorde une grande importance aux rêves. C’est une alternative possible au réel, celui-ci pouvant bifurquer en empruntant plusieurs chemins. La beauté des films de Hong est en effet de nous faire percevoir que la réalité aurait pu être riche de plusieurs autres possibles. Cette fois-ci cependant, le film se présente de manière plus simple ; c’est la journée de Sangok qu’elle vit comme un rêve, portée par l’espoir d'un dernier film et la mise à distance du passé. Le mantra qu'elle se répète inlassablement est continuellement remis en cause par les révélations successives sur sa vie. C’est ainsi bien davantage que de voir « Juste sous vos yeux » auquel convie Hong sang-soo.
Butterfly vision . . Le premier long-métrage de l’Ukrainien Maksym Nakonechnyi, 31 ans, est achevé fin février 2022, la veille de l’invasion de son pays par l’armée russe. Trois mois plus tard, Butterfly Vision est présenté à Cannes. En 2018, Maksym Nakonechny était monteur sur le documentaire d’Iryna Tsilyk, The Earth is Blue as an Orange, sur les femmes ukrainiennes engagées dans le combat. Les témoignages recueillis dans le film créent le déclic, inspirent l’idée d’un long-métrage. C’est ainsi que Butterfly Vision retrace la libération et le retour à Kiev d’une soldate, après une captivité de deux mois dans les prisons du Donbass.
R.M.N. de Christian Mungiu. . R.M.N. est l'acronyme formé par les initiales de "Rezonanta Magnetica Nucleara" soit, en français : "Imagerie par Résonance Magnétique", I.R.M. Christian Mungiu ausculte ainsi en profondeur la maladie qui ronge son pays. Et le diagnostic est terrible. A grande échelle, celle d'un village admirablement ausculté, socialement, intimement, politiquement, historiquement et géographiquement, Christian Mungiu fait un constat plus désespérant encore des laissés pour compte de la mondialisation que Rodrigo Sorogoyen dans As bestas (2022).
L'innocent de Louis Garrel . . Belle histoire d'amour entre Michel et Sylvie qui se projettent sincèrement dans leur projet de magasin de fleurs plutôt que de se replier dans le passé. Michel fait ce qu’il peut pour s’intéresser au langage des fleurs et Sylvie pour s'enthousiasmer. Le magasin n’est pas naturaliste et a presque un côté comédie musicale, comme dans la scène d’inauguration. Dans la musique du film, il y a de la variété, Herbert Léonard, Pour le plaisir, Nuit magique de Catherine Lara, Une autre histoire de Gérard Blanc où il est question de démarrer une autre histoire et I Maschi de Gianni Nannini qui sont l’univers musical du personnage de la mère
EO de Jerzy Skolimowski . . Avec un âne, EO (ou Hi-Han en français) comme personnage principal, c'est à une explosion et surenchère permanente de sensations, sons, couleurs et mouvements que nous convie Skolimowski. Il est en cela bien loin du regard neutre de l'âne d’Au hasard Balthazar (Robert Bresson, 1966) et presque plus proche des animaux de L'incroyable voyage (Duwayne Dunham, 1993).
Sans filtre de Ruben Östlund . . Tous nos comportements peuvent être examinés à l'aune de notre position dans les classes sociales. L'incarnation de ce pouvoir social s'incarne de manière de plus en plus large au gré des trois parties. La première décrit les aléas d’un couple de mannequins qui ne cesse de se chamailler pour des histoires d’argent. Carl est moins célèbre, donc moins rémunéré que Yaya, mais c'est elle qui peut le manipuler pour qu'il paie sans protester. Dans le Yacht, les riches sont tout puissants et ne se rendent pas compte, ou trop tard, de leur pouvoir de nuisance. La troisième partie montre que le renversement des valeurs, basées cette fois sur le travail et le matriarcat, conduit aussi à des situations de pouvoir, par nature contestables et fragiles.
Un beau matin de Mia Hansen-Love. . Le film débute avec une porte fermée, celle de Georg qui ne sait où trouver ses clés, pourtant sur la serrure, tant il a du mal à s'orienter et à voir. Le film se termine par l'indication que donne Clément à Linn, la fille de Sandra des hauteurs du Sacré-Coeur: "Ta maison est droit devant toi". Ainsi le chemin du film va d'une disparition annoncée à une renaissance; le second mouvement prenant progressivement le dessus sur le premier. L'histoire d'amour de Sandra avec Clément le un cosmo-chimiste, vient combler le vide laissé par la disparition du père.
Athéna de Romain Gavras. . Un bon quart du film consiste à suivre les marches aussi rapides que buttées de Karim puis Abdel haranguant leur troupe comme si, sans chef, la résistance s’effondrerait. Si Romain Gavras semble exalter la jeunesse et ses rodéos spectaculaires, il montre paradoxalement que sans chef, cette communauté s’écroule. Non seulement elle est docile à l’autorité quand elle est incarnée par l’un des siens mais encore se fait-elle berner par l’extrême-droite. L’épilogue qui désigne l’extrême-droite comme responsable, exonère la police du doute d'une bavure. Tout juste la police dans quelques scènes vues en hauteur piège des innocents, dont Abdel, pour les asperger de gaz lacrymogène et les menotter pour une garde à vue. Le seul enjeu du film est de monter le gâchis de la violence qui culmine avec la destruction d'une tour par Simon. Celui-ci incarne le djiadiste dormant, qui s'occupe des fleurs mais est toujours prêt aux attentats si on lui en donne l‘occasion.
Blonde d'Andrew Dominik . . Adapté du best-seller de Joyce Carol Oates, ce biopic fictif, bavard et maniéré dépeint Marilyn Monroe en une petite fille perdue, qui appelle à plusieurs reprises ses amants "papa" et se désespère d'avoir avorté une première fois puis perdu son enfant conçu avec Arthur Miller. Si le film brouille la frontière entre réalité et fiction, il n'explore pas, comme le prétend le dossier de presse, l’écart de plus en plus important entre sa personnalité publique et la personne qu’elle était dans l’intimité. Elle est en effet dans les deux cas réduite à un rôle de victime. Ana de Armas réagit à presque chaque nouveau revers avec la même moue d'ingénue tremblante de larmes. L'alternance de noir et blanc et couleur a pour seul but de réveiller un peu le spectateur endormi par les bavardages des personnages et les afféteries formelles du cinéaste (cadre débullé, ralenti, flou..).
3 - A la télévision cette semaine :
de Alfred Hitchcock, dimanche 30 octobre, 20h55, Arte | ||
de James Gunn, dimanche 30 octobre, 21h10, TF1 | ||
de Brian de Palma, dimanche 30 octobre, 23h20, F2 | ||
de A. et J. Russo, dimanche 30 octobre, 23h25, TF1 | ||
de Kleber Mendonça Filho, lundi 31 octobre, 22h25, Arte | ||
de Jon Favreau, lundi 31 octobre, 21h05, W9 | ||
de Richard Lester, mardi 1er novembre, 13h40, Arte | ||
de David Lean, mardi 1er novembre, 21h15, C8 | ||
de Woody Allen, mercredi 2 novembre, 10h55, Arte | ||
de Arnaud Desplechin, vendredi 4 novembre, 13h35, Arte | ||
de Todd Haynes, vendredi 4 novembre, 20h55, Arte |
4 - Retour sur le Festival Lumière du 15 au 23 octobre
Depuis 2009, Lyon, ville natale du Cinématographe Lumière rassemble les amoureux du cinéma « classique » dans son festival Lumière d'octobre. Un festival sans compétition avec pour seul but de faire partager l'amour du cinéma. Des critiques, des réalisateurs et des acteurs d'aujourd'hui viennent présenter des films d'hier. Durant une semaine, le temps ne compte pas : le cinéma, son présent et son histoire ne forment qu’un seul et même monde, irrésistible, indivisible.
Huit cents bénévoles offrent leur temps et leur énergie pour contribuer à l'organisation du festival. La ville, la métropole et la région ainsi que quatre-vingts entreprises locales, nationales et internationales soutiennent avec fidélité sa mise en œuvre. Le festival a su créer, au fil des ans sur la métropole un public cinéphile pour des projections mais aussi des expositions, des rencontres et des concerts dans 60 lieux répartis dans 24 communes de la métropole de Lyon dont 36 salles de cinémas, la halle Tony Garnier et ses 17 000 places ou le grand auditorium de l'orchestre de Lyon avec ses 2 000 places.
Cette année étaient proposées des rétrospectives : Louis Malle, Sidney Lumet des invitations à James Gray, Marlène Jobert, Lee Chang-dong, Nicole Garcia, Alejandro Gonzales Inarritu, Jerzy Skolimowski, Guillermo del Toro, Monica Belluci, Nicolas Winding Refn, Claude Lelouch, Vincent Lindon, des évènements : Eastwood Symphonic à l’Auditorium de Lyon, 40 ans de Reds, Souvenirs de Bertrand Tavernier, Terre !, Centenaire Gérard Philipe, Dalida et le cinéma...Tous les films sont présentés en copie restaurée.
Je ne manquerai pas de vous proposer pour les ciné-clubs à venir au moins l'un des films suivants : Go and Get It (Marshall Neilan et Henry Robert Symonds, 1920), Les Noces de Toprin (André de Toth, 1939), Les filles (Mai Zetterling, 1968).
Bon automne à chacune, chacun
Jean-Luc Lacuve, le 30 octobre 2022
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