Abdel est rappelé du front à la suite de la mort de son plus jeune frère, un gamin de douze ans. La vidéo qui circule sur les réseaux sociaux met en cause une intervention de police. Devant le commissariat, Abdel appelle au calme. Son jeune frère, Karim, ne l'entend pas ainsi et lance immédiatement l'attaque contre le commissariat. Après l'avoir mis à sac, Karim et ses amis reviennent triomphants avec un camion de police volé dans leur base, la dalle de la cité Athéna.
La dalle, construite au-dessus d’une route, regroupe plusieurs barres HLM. Karim organise l'insurrection avec des fumigènes et des projectiles de toutes sortes. Il croise l'aîné des quatre frères, Moktar qui fait depuis longtemps régner la violence dans la cité et qui veut protéger son trafic de drogues et d'armes en s’éloignant de la cité.
Abdel revient chez sa mère pour les prières dues à son frère décédé. Avec les autres musulmans, ils décident d'évacuer les familles de la cité avant l'assaut de la police. Alors que les TV parlent qu'un groupuscule d'extrême droite est vraisemblablement l'auteur du meurtre de son jeune frère, Karim parvient à repousser une première attaque. Mais il a une autre idée : faire prisonnier un policier pour exiger que les coupables de la police lui soient livrés en échange.
C'est Jérôme, un CRS un peu perdu, qui se retrouve piégé et pris en otage. Abdel cherche à le libérer mais Karim exige qu'il lui soit livré menaçant d'enflammer le local où ils se sont refugiés. Il est abattu par une brigade d'intervention. En rage, Abdel cogne à mort Moktar et menace de tuer l'otage. Se sachant perdu, il se laisse exploser avec les bombes artisanales de Sébastien.
Un épilogue revient sur la vidéo virale qui a enflammé la cité. Sont montrés ensuite les filmeurs : c'est bien un groupe d’extrême-droite, avec de faux habits de policiers, qui a tué le gamin de douze ans.
Un bon quart du film consiste à suivre les marches aussi rapides que buttées de Karim puis Abdel haranguant leur troupe comme si, sans chef, la résistance s’effondrerait. La communauté musulmane joue, comme Abdel, le jeu de l’intégration et, responsable, fait évacuer la cité. De ce fait, elle est rapidement mise hors jeu. Si Romain Gavras semble exalter la jeunesse et ses rodéos spectaculaires, il montre paradoxalement que sans chef, cette communauté s’écroule. Non seulement elle est docile à l’autorité quand elle est incarnée par l’un des siens mais encore se fait-elle berner par l’extrême-droite. L’épilogue qui désigne l’extrême-droite comme responsable, exonère la police du doute d'une bavure. Tout juste la police dans quelques scènes vues en hauteur piège des innocents, dont Abdel, pour les asperger de gaz lacrymogène et les menotter pour une garde à vue. Avec son commissaire noir et Jérôme, le CRS craintif, la police est ainsi montrée comme responsable. Le seul enjeu du film est de monter le gâchis de la violence qui culmine avec la destruction d'une tour par Simon. Celui-ci incarne le djiadiste dormant, qui s'occupe des fleurs mais est toujours prêt aux attentats si on lui en donne l‘occasion.
Le point de vue politique est ainsi celui d'une droite bien tranquille qui aspire au calme et déteste la jeunesse qui détruit sans construire. Formellement le film est plus intéressant. Le destin des quatre frères pourrait incarner la distribution d'une pièce classique avec pour enjeu le contrôle de la cité. La dalle bétonnée en hauteur du Parc aux lièvres, quartier d’Evry-Courcouronnes (Essonne) ressemble parfois à un château fort assiégé avec ses défenseurs aux remparts et les assaillants grimpant aux échelles. Le film pourrait aussi être un western moderne avec Indiens et cow-boys comme l’évoque la ronde des jeunes autour des flics regroupés au centre de la dalle ou, dominant la cavalerie des hauteurs de leurs canyons.
Jean-Luc Lacuve, le 20 octobre 2022.