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1 - Les films en salle

2 - A la télévision cette semaine

3 - Festival les Filmeurs

1 - Les films en salle

Le dernière newsletter datant du 15 mai, voici les onze films vus depuis au cinéma :

Les passagers de la nuit
Evolution
Coupez !
Les crimes du futur
Frère et soeur
Don Juan
Incroyable mais vrai
La maman et la putain
Ventura. Cavalo Dinheiro
Elvis
Decision to leave

Les passagers de la nuit de Mikhaël Hers . . En situant son film en 1984, avec un prologue en 1981 et un épilogue en 1988, Mikhaël Hers ne place pas le temps qui passe sous le signe du regret mais comme constituant de petites touches impressionnistes, des petits cailloux, des points lumineux, qui permettent l'identité d'aujourd'hui. D'abord celles d'Elisabeth et de son fils Matthias dont l'éducation sentimentale s'effectue en parallèle : ils (re)découvrent l’amour, ils aiment écrire… Même leurs scènes d’amour se font écho. Mais si Les Passagers de la nuit est d'abord un film à deux têtes, avec une éducation sentimentale à des âges différents, il n'oublie pas ses autres personnages, tous finement dessinés : Talulah qui porte en elle le souvenir de Pascale Ogier; Judith, la sœur qui s'émancipe, gage d'un avenir politique sincère; Vanda Dorval, pleine de mystères ou Jean, le grand-père bienveillant, qui glisse vers la vieillesse. Ces parcours individuels s'inscrivent dans l'histoire politique, sociale et même architecturale de leur époque.

Evolution de Kornél Mundruczo . . D’un souvenir fantasmé de la Seconde Guerre Mondiale au Berlin contemporain, Evolution suit trois générations d’une famille marquée par l'Histoire. La douleur d’Eva, l’enfant miraculée des camps, se transmet à sa fille Lena, puis à son petit-fils, Jonas. Jusqu’à ce que celui-ci brise, d’un geste d’amour, la mécanique du traumatisme. Jonas est passé outre la sourde malédiction familiale et est sorti vivant du ventre de la baleine. Ce parcours symbolique est filmé en trois plans-séquences (avec raccords invisibles) pour mieux mettre en valeur l'héritage du traumatisme initial que le courageux Jonas va rompre.

Coupez ! de Michel Hazanavicius. . Le film se joue en trois parties. Un plan-séquence d'une demi-heure où se succèdent toute une série d'accrocs dans la représentation du filmage d’un film de zombi perturbé par l'apparition de vrais zombis; un flash-back reprend les conditions catastrophiques de cette production fauchée ; puis le filmage du filmage du film de zombi. Michel Hazanavicius, adepte du pastiche et du détournement depuis le triomphe de The Artist , des deux OSS117 puis du Redoutable, trouve ainsi un terrain de jeu à sa mesure.

Les crimes du futur de David Cronenberg. . Le film reprend le titre du deuxième long-métrage, Crimes of the future, du réalisteur. Le film de 1970 évoquait la fin de l'humanité par la disparition des femmes en âge d'enfanter et le lamentable échec du docteur Tripod, prêt à faire muter des fillettes. Le film de 2022, tout en se situant dans un contexte de désastre climatique, est une réflexion sur la souffrance de l'artiste, témoin adulé d'un monde en mutation. Néanmoins cette place privilégiée pourrait disparaître avec l'avènement d'un monde nouveau où le corps se sera adapté aux nécessité de la technologie. Les crimes du futur reprend nombre d'obsessions du réalisateur mais la rigueur de la mise en scène, alliée à un humour plutôt inhabituel, en fait probablement son œuvre testamentaire.

Frère et soeur de Arnaud Desplechin. . Le cinéma de Desplechin est intimement lié à la psychanalyse puisque ses films décrivent toujours le processus complexe qui consiste à renaître à soi-même quand on a connu une blessure de l'âme. L'exploration de l'inconscient est abordée parfois de front, au travers d'une psychothérapie comme dans Jimmy P. mais se révèle bien plus souvent dans les heurts familiaux. Frère et sœur est ainsi une nouvelle variation sur la famille Dedalus-Vuillard, la sixième sur quinze films.

Don Juan de Serge Bozon . . Laurent, bien loin des belles certitudes de Don Juan, est un homme abandonné par une femme à laquelle il trouve toutes les qualités. Il ne peut  que la substituer à toutes les autres femmes : quand elle n'est plus là, il la voit partout.  Bozon créée ainsi un  Don Juan qui ne collectionne pas les femmes mais qui est  obsédé par une seule, incarnation de l’amour absolu. Dans un remarquable effet de miroir, c’est ici la tragédie de l’acteur qui est mise en scène par le fait que la femme qu’il aime ne peut se détacher de la vision classique du personnage qu’il interprète. Ainsi, ce qui se présente longtemps comme une comédie du remariage, s’oriente vers un mélodrame, chansons bouleversantes comprises.

Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux. . La mise en scène discrète et relâchée de Dupieux est en adéquation avec sa satire sociale sur la vacuité de la lutte à tombeau ouvert contre le temps pour préserver un corps performant. Le mythe de la fontaine de jouvence s'incarne ici, plus prosaïquement, plus vulgairement, plus psychanalytiquement enfin, par un trou béant et une verge artificielle. La boucle temporelle ne peut mener qu'à la folie. Le gain de temps au corps qu’il promet est amputé des douze heures perdues à attendre le raccord avec le temps des autres. Dès lors, l'une s'enfonce dans la pourriture intérieure et l'autre fonce vers la mort aux grès de nouveaux accessoires virils : fusil et voitures puissantes.

La maman et la putain de Jean Eustache .. Loin d'entonner une ode soixante-huitarde à la gloire de la liberté sexuelle, le sujet principal de La maman et la putain est la mise en scène du tourment et de la souffrance amoureuse. Ceux-ci sont éternels mais ils sont aussi générateurs de plus de vérité humaine que tout discours idéologique. Le film constitue une éducation sentimentale et humaine très proche de celle racontée dans La Recherche du temps perdu. La référence au roman de Proust est explicite : la couverture du roman, et seulement celle-là, figure dans le film ; le premier amour d'Alexandre, comme celui du narrateur de La Recherche, se prénomme Gilberte ; l'étude du microcosme qui sert de recherche à la capture de l'universel se situe dans le milieu de Saint-Germain-des-Prés et enfin la durée, 3h40, est aussi inhabituelle et démesurée que le nombre de pages du roman. Mais, au delà de ces ressemblances superficielles, on trouve la même inhabituelle hiérarchie des valeurs que celle analysée par Deleuze dans Proust et les signes : la vérité ne s'apprend pas par les lectures philosophiques ou les discussions amicales mais s'impose à nous par les signes que nous percevons dans la douleur de la passion amoureuse ou dans les impressions mystérieuses données par les oeuvres d'art.

Ventura. Cavalo Dinheiro de Pedro Costa. . Chef-d’œuvre de clair-obscur, récompensé du Léopard d’or à Locarno, Ventura. Cavalo Dinheiro (2014), sort en salle en France, le 15 juin 2022, huit ans après sa sélection à Locarno et trois ans après Vitalina Varela (2019) avec lequel il forme un éblouissant diptyque.

Elvis de Baz Luhrmann . . La vie et l'œuvre musicale d'Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le colonel Tom Parker. Le film explore leurs relations sur une vingtaine d'années, de l'ascension du chanteur à son statut de star inégalé, sur fond de bouleversements culturels et de la découverte par l'Amérique de la fin de l'innocence.

Decision to leave de Park Chan-wook. . Avec ce film, Park Chan-wook se révèle plus que jamais un grand cinéaste maniériste ou, pour réemployer les analyses de Gilles Deleuze, un cinéaste majeur de la crise de l’image action. Decision to leave doit en effet beaucoup au Vertigo d’Hitchcock et à In the mood for love de Wong Kar-wai et, plus superficiellement, à Basic Instinct et au Faucon maltais. Ce tissage de références n’empêche pas Park de creuser son sillon personnel. Extrêmement attentif à ce qui fait la singularité des êtres, son cinéma, tout aussi singulier, met en scène des intrigues à tiroirs avec une seule clé : comment en dépit des manipulations, des tentatives de domination, l'amour surgit entre deux êtres fragiles émus par leur proximité physique et morale..

 

2 - A la télévision cette semaine :

     
de Kirill Serebrennikov, samedi 9 juillet, 22h40, Arte
de Sam Wood, dimanche 10 juillet, 13h25, Arte
de Steven Soderbergh, dimanche 10 juillet, 20h55, Arte
de Henri Verneuil, dimanche 10 juillet, 21h05, C8
de Olivier Assayas, dimanche 10 juillet, 21h10, F2
de Steven Spielberg, dimanche 10 juillet, 23h20, F2
de Vittorio De Sica, lundi 11 juillet, 15h20, Arte
de William Wyler, lundi 11 juillet, 20h50, Arte
de Luis Bunuel, lundi 11 juillet, 23h35, Arte
de Pierre Granier-Deferre, mardi 12 juillet, 13h35, Arte
de Luca Guadagnino, mardi 12 juillet, 1h45, Arte
de Raoul Ruiz, mercredi 13 juillet, 20h55, Arte

 

3 - Festival les Filmeurs

9e édition de ce formidable festival cinéphile : festif, convivial, écologique...

FESTIVAL LES FILMEURS , 301 chemin de la grande chaussée - 27210 Conteville
du 7 au 10 juillet 2022

site officiel

Bonne semaine et bonnes vacances

Jean-Luc, le 10 juillet 2022

Les précédentes newsletters : 2 janvier , 30 janvier , 27 février , 20 mars , 10 avril , 15 mai