Pour qui sonne le glas

1943

(For whom the bell tolls). D'après le roman d'Ernst Hemingway. Avec : Gary Cooper (Robert Jordan), Ingrid Bergman (María), Akim Tamiroff (Pablo), Arturo de Cordova (Agustín), Vladimir Sokoloff (Anselmo), Mikhail Rasumny (Rafael), Fortunio Bonanova (Fernando), Katina Paxinou (Pilar). 2h50.

Robert Jordan, jeune professeur américain, s'est engagé dans les Brigades internationales. Il est envoyé en Castille par le général Golz dans les jours qui précèdent l'offensive de Ségovie pour faire sauter un pont. L'offensive républicaine étant imminente, ce pont doit être détruit dès le déclenchement de l'attaque, mais ni avant ni après, pour couper la route aux troupes de renforts franquistes.

Pour y arriver, Robert Jordan rejoint un groupe de partisans antifascistes derrière les lignes, cachés dans les montagnes. Pendant 3 jours, Robert Jordan prépare son attaque, qui semble désespérée, et partage le quotidien de ces guérilleros.

Le chef des partisans, Pablo, démoralisé après des mois de combat, comprenant les conséquences de ce projet, lui fait des difficultés. Néanmoins, il est aidé par les autres résistants qui deviendront ses amis, et notamment Maria dont Robert Jordan tombe éperdument amoureux au premier regard, et réciproquement.

Cette jeune fille a été recueillie par le groupe de résistants républicains lors de l'attaque d'un train dans lequel elle était prisonnière. Maria a été détenue, violée et tondue par les nationalistes à cause des opinions politiques républicaines de son père.

Maria, sous la tutelle de Pilar, la matrone du groupe, qui lui a redonné le goût de vivre, est confiée à Robert Jordan. Celui-ci parfaitement conscient de l'issue probable de sa mission veut vivre cette passion réciproque en 72 heures comme si c'était leur vie entière.

La veille de l'attaque, une troupe voisine de résistants, celle commandée par El Sordo, qui devait les aider, se fait repérer alors qu'elle volait les chevaux nécessaires à l'opération. Une tempête de neige impromptue et qui se termine trop tôt pour effacer les traces permet aux franquistes de les suivre à la trace et de les débusquer sans que la troupe de Robert Jordan, trop faible et se camouflant pour ne pas donner l'alerte, puisse leur porter secours.

Voyant les mouvements de troupes nationalistes, Robert Jordan envoie un message au général Golz pour l'avertir qu'il n'y aura pas l'effet de surprise escompté, mais que si l'attaque n'est pas ajournée, il se tiendra prêt à détruire le pont au premier coup de canon entendu. Mais ce message arrivera trop tard.

Dans la nuit précédant l'attaque, Pablo le chef des partisans, déserte après avoir débusqué les détonateurs qu'il jette à l'eau. Puis, pris de remords, il revient avec des renforts.

À l'aube, entendant les bombardiers républicains larguer leurs bombes, la troupe de Robert Jordan lance l'attaque du pont, le détruit et se replie avec de lourdes pertes.

En pleine retraite, Robert Jordan est blessé. Intransportable, il reste en arrière pour couvrir ses amis après leur avoir fait ses adieux.

Le titre du roman d'Ernst Hemingway est une référence au poète et métaphysicien anglais John Donne, et à son poème "Aucun homme n'est une île" cité en introduction : "N’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : il sonne pour toi". Son adaptation au cinéma trois ans après sa publication connaît un grand succès du fait de la notoriété des stars, Gary Cooper (familier de Hemingway depuis la mythique adaptation de L'adieu aux armes par Borzage en 1932) et Ingrid Bergman.

Tout le récit filmique s'articule cependant autour de la seule destruction d'un pont permettant une offensive décisive des républicains. Le scénario de Dudley Nichols en voulant dépeindre le caractère pittoresque des espagnols est caricatural alors que le tournage quasi intégralement en studio est déjà très artificiel. On retiendra le flash-back montrant la barbarie des républicains et rendant le récit plus universel en montrant la guerre comme une somme d'atrocités quel que soit son camp.