Cela s'appelle l'aurore

1956

D'après le roman d'Emmanuel Roblès. Avec : Georges Marchal (Docteur Valerio), Lucia Bosè (Clara), Julien Bertheau (Le commissaire Fasaro), Jean-Jacques Delbo (Gorzone), Simone Paris (Mrs. Gorzone), Giani Esposito (Sandro Galli), Nelly Borgeaud (Angela), Robert Le Fort (Pietro) Pascal Mazzotti (Azzopardi), Gaston Modot(Le remplaçant de Sandro), Brigitte Elloy (Magda). 1h42.

Angela, l'épouse du docteur Valerio, a un léger malaise dans une petite rue d'une ville corse. Elle téléphone à l'usine où son mari soigne un accidenté du travail. Angela se plaint d'être délaissée par un époux qui se dévoue entièrement à sa clientèle pauvre. Sur les conseils de Valerio, elle part se reposer dans sa famille, à Nice.

Le docteur est appelé chez Sandro Galli, un ouvrier dont la femme Magda est gravement malade. Puis il est convoqué par le commissaire de police pour soigner une fillette violée par un vieux sadique. C'est là qu'il rencontre Clara, une très belle jeune femme qui lui propose son aide. Valerio et Clara tombent aussitôt amoureux l'un de l'autre. Gorzone, le directeur de l'usine a décidé d'expulser Sandro de la propriété qui lui a été confiée. Magda meurt au cours du déménagement. Sandro se venge en assassinant Gorzone dans le salon où il donne une grande réception. Le meurtrier parvient à s'enfuir grâce à la complicité de Clara. Valerio accepte d'héberger le fugitif. La cachette de Sandro est découverte par le père d'Angela venu accompagner sa fille. Une chasse à l'homme s'organise. Traqué, Sandro se tire une balle en plein cœur. Valerio refuse de serrer la main du commissaire et s'éloigne avec Clara.

Un poisson mort dévoré par des chats, un muletier qui frappe un âne trop chargé qui refuse d'avancer, des enfants qui se battent à coups de jets de pierre, une petite fille abusée par son grand-père, une malade intransportable sommée de quitter son logis ; le naturalisme de Buñuel ne se perd pas pour son retour en France après son exil mexicain.

Au milieu d'un océan de maltraitances, un îlot de bonté résiste en la personne d'un médecin intègre. Pour donner vie à son amour pour Clara, il doit se montrer à la hauteur de la passion de Sandro pour Magda, condamné par l'égoïsme sans borne des notables. En protégeant Sandro, le docteur Valério n'agit pas tant par altuisme que pour rompre avec la bourgeoisie qui le retenait captif de sa femme. Bunuel, s'il croit en la force de l'amour, n'a en revanche jamais cru que la bonté sauverait le monde. La preuve, d'aurore, il n'y a nulle trace ici : le film se termine par la nuit noire.

Jean-Luc Lacuve, le 14 juillet 2022.

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