Le jardin des
Finzi-Contini est un immense parc privé qui entoure le plus majestueux
des manoirs. La famille qui l'habite appartient à une dynastie aristocratique
et israélite de la ville de Ferrare.
Nous sommes en 1938. L'idéologie fasciste imprègne insidieusement
les murs italiennes. Les mesures anti-juives se multiplient. Entre autres
brimades, les clubs sportifs sont interdits aux membres non aryens. Cette
situation favorise le rapprochement de classes sociales naguère cloisonnées.
Les Finzi-Contini accueillent désormais sur leurs courts de tennis
des jeunes gens appartenant à la petite bourgeoisie.
Giorgio, le narrateur, peut ainsi rencontrer la farouche et mystérieuse Micol, une Finzi Contini, qu'il aime depuis l'enfance. Mais Micol est une princesse lointaine qui mène une vie personnelle et sentimentale compliquée entre son frère Alberto et Malnate, jeune marxiste qui finit par devenir son amant.
Les années passent lentement. Les persécutions à l'égard des Juifs s'intensifient. Giorgio est contraint de se cacher pour éviter l'arrestation et la déportation. Son père a déjà été emmené vers les camps.
La noblesse n'est pas épargnée. Alberto meurt d'une maladie pulmonaire, tandis que les autres Finzi-Contini s'acheminent vers l'extermination. Giorgio sera le seul survivant du drame.
Le générique, qui alterne images de soleil et splendeur du jardin, indique l'ambition de De Sica de faire du jardin le creuset qui rendra compte du cycle de la vie tout comme de l'évolution du fascisme entre 1938-1943.
Le jardin est utilisé comme symbole de la montée du fascisme : la famille l'ouvre aux classes bourgeoises parce que ces classes bourgeoises, contaminées par le fascisme, ne veulent plus d'eux au dehors. Il deviendra ainsi progressivement leur tombeau. Alberto, jeune homme pourtant plein d'allant, meurt de consomption dans la splendide demeure de ce jardin. Son destin préfigure celui de la famille entière des Finzi Contini. Helmut Berger n'y joue pas, comme il le ferait chez Visconti, un personnage torturé par une homosexualité inavouée ou un désir incestueux pour sa soeur. Sa mort, inexpliquée médicalement ou psychologiquement, est de nature symbolique : il étouffe de ne pouvoir sortir du jardin.
Le jardin est aussi le lieu des amours enfantines de Giorgio et Micol. Le premier flash-back rappelle la proximité des adolescents. Le second, décisif, dans la carriole après l'orage se situe dans la synagogue. Le rappel du pur amour des adolescents exclue toute sensualité et Micol se dérobe au désir de Giorgio.
C'est tout pareillement dans la remise du jardin que Giorgio découvrira la liaison entre Malnate et Micol. Celle-ci l'ayant aperçu lui signifiera son refus définitif de toute relation amoureuse.
C'est probablement cette exclusion qui sauve Giorgio. Il avait déjà eu la révélation des crimes nazis lors de son voyage en France et la rencontre avec un rescapé des camps. Mais plus marquant encore pour lui est cette possibilité de fuir avec ce qui reste de sa famille une fois tout lien rompu avec Ferrare et le jardin des Finzi Contini.
Jean-Luc Lacuve le 14/09/2009.