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1- Vive l'amour au Ciné-club, ce jeudi 23 février au Café des Images
2 - Les films en salle
3 - A la télévision cette semaine
1 - Ciné-club, ce jeudi 23 février
Le Lion d'or à Venise pour Vive l'amour en 1994 a placé Tsai Ming-liang dans la cour des cinéastes remarqués, et confirmé surtout la dense élégance du dispositif mis en place par le cinéaste. Une fois de plus, dans ce film important, mais de manière plus structurée, ce sont les corps des acteurs qui racontent l'histoire. Ceux des trois personnages principaux : une femme qui vit seule et a désespérément besoin d'être aimée, un jeune homosexuel qui a envie de tomber amoureux et un jeune homme libre comme l'air qui ne recherche ni l'un, ni l'autre.
Durant plus de trente ans, de Tous les coins du monde (1989) à Autumn days (2022), Lee Kang-sheng incarne différentes variations autour d'un même personnage, Hsiao-kang. Acteur principal de 18 des 19 films tournés par Tsai Ming-liang durant cette période. Lee Kang-sheng est d'abord un jeune révolté nonchalant dans Les rebelles du Dieu néon (1992) ou Vive l'amour (1994) puis père de famille (Les chiens errants, 2013), moine bouddhiste (Voyage en occident, 2014) avant d'aborder la vieillesse solitaire (Days, 2020). Lee Kang-sheng, muse et alter ego du cinéaste, lui permet ainsi d'explorer son rapport au monde qui passe d'abord par les sensations.
La complicité de l'acteur et du réalisateur dépasse ainsi celle de François Truffaut avec Jean-Pierre Léaud (7 films en 20 ans, de 1959 à 1979). Celui-ci fait une apparition dans Et là-bas, quelle heure est-il ? (2001) dans une séquence parisienne alors que, parallèlement, Lee Kang-sheng regarde un extrait des 400 coups en vidéo. Et, alors que Jean-Pierre Léaud connaît une vieillesse difficile, Tsai Ming-liang lui offre un rôle conséquent dans Visage (2009) permettant à l'acteur de connaître un second souffle. Dans La rivière (1994), Tsai Ming-liang confie le rôle de la cinéaste à Ann Hui, figure majeure de la nouvelle vague Hong-kongaise, de dix son aînée et ayant alors douze films à son actif.
Tsai Ming-liang vient en effet après la génération de la Nouvelle vague taïwanaise (Hou Hsiao-hsien, Edward Yang, Wan Jen) et, dans de longues scènes maniéristes, il est surtout attentif à la saisie des bruits (les plans durent rarement moins de 30 secondes, commencent souvent vidés de personnage mais, en revanche, ou serait-ce en conséquence, on plonge illico dans un environnement incroyablement sonore qui va du ronron indifférent et agaçant de la ville, d'un cinéma ou d'un appartement jusqu'au grincement de chaussures) des gestes (ouverture des robinets) ou des signes (un poil, une cigarette, un gâteau...).
Tsai Ming-liang pousse à l'extrême le cinéma moderne de l'exploration de sa propre intimité qui ne va pas sans une certaine difficulté à communiquer pleinement avec les autres. Les moments de fusion en sont d'autant plus troublants (d'un échange de caresses aux rapports sexuels les plus crus), alors que son cinéma plein d'une sagesse toute orientale exploite le thème de l'eau qui coule associée à la vie qui va.
Ressorti en décembre 2022, ce film a bénéficié d’une restauration 4K.
La rencontre sera animée par Milann Baupin et Nino Nativelle.
Après la projection et la discussion, moment convivial autour d’un verre offert.
Au plaisir de vous retrouver jeudi 23 février
2 - Les films en salle
Par ordre de préférence depuis la précédente newsletter :
La romancière, le film et le heureux hasard de Hong Sang-soo . . Dans cette ronde de rencontres, cinq des personnages principaux s'expriment sur leur métier de créateurs et la recherche d'un équilibre entre création et vie heureuse; entre sincérité et détour par les moyens de la création. Jun-hee, la romancière, est en panne d'inspiration ; Jaewon, son amie libraire, a abandonné l'écriture ; Kil-soo, l'actrice célèbre, s'est mise en retrait du cinéma ; Park Hyo-jin dit ne plus vouloir sauver sa vie en se consacrant entièrement au cinéma ; Man-soo, le poète n'écrit plus que très peu. Les dispositifs adoptés par Hong Sang-soo semblent d’une grande évidence : des plans très longs se terminant par un zoom-avant, resserrant le cadre sur les protagonistes de la discussion où est banni tout champ-contrechamp. Ils recèlent pourtant toujours une part d’incertitudes, d'inquiétudes qui permet au film d'échapper à un supposé discours de la méthode. L'ultime séquence est un chef-d'œuvre d'apparente simplicité pour des significations multiples qui se renforcent toutes pour....
Aftersun de Charlotte Wells. . Le film est à la fois le portrait délicat d’une entrée dans l’adolescence d'une enfant de onze ans et celui d'un père qui sait que ce sont ses dernières vacances avec sa fille et qui lui cache alors son angoisse. Sa fille ne peut comprendre cette angoisse que rétrospectivement, en regardant avec des yeux d'adulte la vidéo laissée comme un testament par son père qu'elle comble des images manquantes.
Babi Yar. Contexte Sergei Loznitsa. . Les 29 et 30 septembre 1941, le Sonderkommando 4a du Einsatzgruppe C, avec l’aide de deux bataillons du Régiment de Police Sud et de la Police auxiliaire ukrainienne, a abattu, sans la moindre résistance de la part de la population locale, 33 771 Juifs dans le ravin de Babi Yar, situé au nord-ouest de Kiev. Ce lieu devient le symbole de l’extermination des juifs en Ukraine durant ce que les historiens nomment la « Shoah par balles ». Loznitsa voulait réaliser un film de fiction sur la tragédie mais la qualité des documents, images d'amateurs des occupants allemands ou images de propagandes allemande ou soviétique, trouvées au Mémorial pour ses recherches, pour la plupart inédites, l'a conduit à repousser ce projet. Avec Babi Yar. Concept, il produit un film de montage dépourvu de commentaire et d’entretiens, illustrant par de brefs cartons la chrono-géographie. La bande-son est étalonnée pour produire un impact plus naturel qu'une succession de documents disparates.
Tár de Todd Field . . Le film est l'histoire de la chute d'une femme, Lydia Tár, pas loin de se prendre pour Dieu, régissant tout à la fois le temps et les humains. Avec son générique de fin au début puis une image mystérieuse avant l'apparition de Tár, Todd Field instaure un style de mise en scène bien plus interactif avec ses spectateurs auxquels il demande peut-être d'accepter la rédemption de son son anti-héroïne.
La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov. . mise en scène d'une passion qui dévore la vie de son héroïne pour lui donner une puissance que son statut de femme intelligente, indépendante, autonome financièrement n'aurait pu lui donner dans une société violemment patriarcale. En ce sens, Serebrennikov adopte un point de vue plus proche de celui de L'histoire d'Adèle H que de Music lovers - La Symphonie pathétique (Ken Russell, 1971), dont l'interprétation fiévreuse du Concerto pour piano n° 1 marquait le remords que le compositeur entretenait avec sa sexualité. Rien de cela ici. Tchaïkovski est réduit à un corps d'une parfaite prestance, mondain et distant dont Nina tombe amoureuse au premier regard, sans même connaître sa gloire. Elle va vivre alors un enfer de frustration, d’humiliation, d’aveuglement, de déni qui seront la grandeur tragique de son existence,
Sois belle et tais-toi de Delphine Seyrig . . Filmé en 1975 et 1976 mais sorti en salle en 1981, avant d'être restauré en février 2023, le film emprunte son titre au film du même nom réalisé par Marc Allégret en 1958, faisant ainsi référence à la place que les comédiennes interviewées déclarent devoir tenir dans leur vie professionnelle. Il relève du même esprit que le célèbre article de Laura Mulvey, écrit en Angleterre en 1975. Ces interviews intimistes de consoeurs et amies sont réalisées avec une vidéo portable et des moyens de production limités. Le film, restauré, ressort le 15 février 2023.
Nos soleils de Carla Simon . . Alcarràs est un tout petit village au fin fond de la Catalogne où la famille de la réalisatrice cultive des pêchers. À travers ce film, est rendu hommage, avec nostalgie mais sans mièvrerie, aux dernières familles d’agriculteurs qui résistent et s’accrochent envers et contre tout à leurs traditions. Nos Soleils est aussi un film sur la famille, sur les tensions intergénérationnelles et sur l’importance de l’unité en temps de crise. Les membres de la famille Solé cherchent leur place, alors qu’ils sont sur le point de perdre leur identité commune.
3 - A la télévision cette semaine :
de Anthony Minghella,dimanche 19 février, 13h30, Arte | ||
de Roman Polanski, dimanche 19 février, 20h55, Arte | ||
de Wolfgang Becker, lundi 20 février, 20h50, Arte | ||
de Christopher Nolan, lundi 20 février, 21h00, TF1SF | ||
de Joe Johnston, lundi 20 février, 21h15, TMC | ||
de Christopher Nolan, lundi 20 février, 23h35, TF1SF | ||
de Philippe Garrel, lundi 20 février, 23h40, Arte | ||
de Howard Hawks, mardi 21 février, 21h20, C8 | ||
de Howard Hawks, mardi 21 février, 23h45, C8 | ||
de Cédric Kahn, mercredi 22 février, 20h55, Arte | ||
de Maïmouna Doucouré, jeudi 23 février, 21h10, F4 | ||
de Paul Verhoeven, jeudi 23 février, 23h35, Arte | ||
de Rob Reiner, vendredi 24 février, 21h00, F5 |
Jean-Luc Lacuve, le 19 février 2023
La précédente newsletter : 15 janvier