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El Dorado

1967

Voir : photogrammes
Genre : Western

Avec : John Wayne (Cole Thornton), Robert Mitchum (shérif Jimmy Harrah), James Caan (Mississippi), Arthur Hunnicutt (Bugle), Charlene Holt (Maud), Edward Asner (Bart Jason), Christopher Gorge (Nelse McLeod), Michele Carey (Joey MacDonald), R.G. Armstrong (Kevin MacDonald). 2h06.

El Dorado, Le shérif Jimmy Harrah se renseigne sur les intentions de Cole Thornton, mercenaire venu aider Bart Jason. Cole renonce quand le shérif l'informe que Jason a acheté des terres immenses au Texas après la guerre civile et qu'il a besoin d'hommes de main pour chasser d'un point d'eau son légitime propriétaire, Kevin MacDonald. Cole et Jimmy, amis depuis la guerre qu'ils ont faite ensemble, voient alors surgir Maud, la tenancière de l'hôtel, que Cole a recueilli autrefois. Jimmy comprend qu'il n'a plus qu'à s'effacer devant "le champion".

En revenant de chez Bart Jason, Cole blesse à mort Luke MacDonald qui lui avait tiré dessus pour prévenir son père. Luc ne supportant pas la douleur se suicide. Cole ramène le corps de Luc dans sa famille qui comprend encore trois fils et une fille, Joey. Celle-ci, désobéissant à son père qui reconnaît être responsable de la mort de son fils en lui ayant confié une mission au-dessus de son âge, tire sur Cole et le blesse dans le dos.

Cole ne remet mal, aussi bien physiquement (la balle est restée coincée près de sa colonne vertébrale et le paralyse par intermittence) que moralement : il part d'El Dorado ne pouvant rester dans la proximité de la famille MacDonald.

Sept mois plus tard, dans un bar, il sauve doublement un jeune garçon, Mississippi, après son duel au couteau et d'un traquenard derrière la porte. Nelse MacLeod, un mercenaire, lui apprend que la guerre a repris à El Dorado et que Jimmy est devenu alcoolique. Cole revient alors à El Dorado aussi bien pour aider son ami que pour solder sa dette morale envers les MacDonald. Il prend Mississippi sous son aile.

Alors que Mississippi prépare une potion anti alcool pour Jimmy, les MacDonald, descendus en ville voient l'un de leurs fils blessé. Humilié, le shérif décide de ne plus boire et conduit la chasse à l'homme qui les conduit dans une église, une étable puis dans la taverne de Jason où le dernier tueur est abattu par Jimmy derrière un piano. Conduit en prison, Jason offre mille dollars à Macleod pour le sortir de là….

El Dorado loin de n'être qu'une variation de Rio Bravo en présente une version plus dense sur le plan humain aussi bien que sur celui de la conduite du récit ou de l'humour. Certes moins pur que Rio Bravo, produit d'un genre pourtant déjà sur le déclin, El Dorado représente la synthèse magnifique et bouleversante du cinéma de Hawks à la fois approfondissement du western depuis La rivière rouge jusqu'à Rio Bravo, et apport de la comédie (les dialogues rappellent parfois ceux de L'impossible M. Bébé).

Jamais sans doute un film ne s'est à ce point présenté comme le décalque d'un autre. Un même quintette de héros : un justicier interprété par John Wayne (John T Chance et Cole Thornton), un ami alcoolique suite à une déception amoureuse (Dean Martin jouant Dude puis Robert Mitchum jouant Jimmy), un vieillard velléitaire mais physiquement amoindri (Walter Brennan jouant Stumpy puis Arthur Hunnicutt jouant Bugle), un jeune homme intelligent et déterminé (Ricky Nelson jouant Colorado puis James Caan jouant Mississippi) et une femme amoureuse, veuve d'un joueur de poker (Angie Dickinson jouant Faethers puis Charlene Holt jouant Maud).

Le personnage du méchant est également assez semblable : Nathan Burdette et Bart Jason sont des grands propriétaires terriens du Texas employant des mercenaires.

Le décor central est une même prison qu'il faut défendre de l'attaque du frère dans le premier cas, et défendre des hommes de main du propriétaire dans le second.

Enfin, les deux scènes de suspens principales sont décalquées : la chasse à l'homme dans le bar avec un tueur caché dans la mezzanine et trahi par les gouttes de sang dans le verre pour le premier et un tueur caché derrière le piano et trahi par les fausse notes du pianiste dans le second. Dans les deux films, le dénouement se joue autour d'un échange de prisonniers auquel est contraint l'adjoint et qui se termine par une attaque à la dynamite du repère des brigands. On y trouve également une même chasse à l'homme des deux côtés d'une rue et un méchant blessé par contrecoup sur une enseigne. Haks reprendra une ultime fois cette configuration pour son dernier western et dernier film, Rio Lobo

 
El Dorado
John Wayne John T Chance Cole Thornton McNally
adulte faible Dude (Dean Martin) Jimmy Harrah (Robert Mitchum) le lieutenant Forsythe
jeune homme Ricky Nelson (Colorado) James Caan (Mississippi) Jorge Rivero ( Pierre Cordona)
vieillard Walter Brennan (Stumpy) Arthur Hunnicutt (Bugle) Jack Elam (Phillips)
femme Angie Dickinson (Feathers) Charlene Holt (Maud) Jennifer O'Neill (Shasta Delaney)
méchant John Russell (Nathan Burdette) Edward Asner (Bart Jason) Victor French (Ketcham)
durée 2h21 2h06 1h54
année 1959 1967 1970

Hawks apporte pourtant deux dimensions supplémentaires dans El Dorado

L'humour y est plus accentué. Quelques dialogues sont à la limite du mot d'auteur:

Mais surtout, les personnages ont nettement plus d'épaisseur. Car si l'optimisme demeure, un échec radical des vies de chacun plane sur eux avec insistance. Wayne, vieillissant, n'est qu'un mercenaire et non un shérif arrivé. MacLeod le lui rappellera : "- Il faut se faire des politesses entre collègues". Il est de plus victime d'un traumatisme qui l'a conduit à tuer, certes sans le vouloir et en légitime défense, un jeune homme innocent Luke, le fils de Kevin Macdonald.

Mississippi est aussi victime d'un traumatisme : celui de l'assassinat de son père adoptif, Johny Damond à Nachez sur le Mississipi il y a deux ans. Lié à ce lieu par son nom, il rappelle le destin des vengeurs monomaniaque d'Anthony Mann.

Cette présence de traumatisme inscrit dans la mémoire des personnages produit cette structure narrative en deux parties comme cela était déjà le cas dans La rivière rouge (ellipse nettement plus brève toutefois : sept mois contre quatorze ans.)

Le titre provient du poème d'Edgar Poe que déclame Mississippi chevauchant en compagnie de Cole Thornton :

Eldorado

Gaily bedight,
A gallant knight,
In sunshine and in shadow,
Had journeyed long,
Singing a song,
In search of Eldorado.

But he grew old -
This knight so bold -
And o'er his heart a shadow
Fell as he found
No spot of ground
That looked like Eldorado.

And, as his strength
Failed him at length,
He met a pilgrim shadow -
'Shadow,' said he,
'Where can it be -
This land of Eldorado ?'

'Over the Mountains
Of the Moon,
Down the Valley of the Shadow,
Ride, boldly ride,'
The shade replied, -
'If you seek for Eldorado.'

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