Les Misérables,
Raymond Bernard, 1933
Le bossu de Notre-Dame,
Wilhelm Dieterle, 1939

Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon, mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, homme politique et intellectul engagé français du XIXè siècle. Il est considéré comme le plus important des écrivains romantiques de langue française.Son œuvre est très diverse : romans, poésie lyrique, drames en vers et en prose, discours politiques à la Chambre des Pairs, correspondance abondante.

La présentation qui suit s'appuie sur Le Victor Hugo des cinéastes, CinémAction n°119, 2006 coordonné par Mireille Gamel et Michel Serceau.

Principales adaptations par ordre chronologique

Les misérables Tom Hooper U.S.A. 2012
Angelo, tyran de Padoue Christophe Honoré France 2009
Le Bossu de Notre-Dame Gary Trousdale U.S.A. 1996
Les misérables Claude Lelouch France 1995
La masure Gorbeau Marcel Bluwal France 1972
La folie des grandeurs Gerard Oury France 1971
Notre-Dame de Paris Jean Delannoy France 1956
L'évadé du bagne Riccardo Freda Italie 1947
Le Tyran de Padoue Max Neufeld Italie 1946
Le bossu de Notre-Dame Wilhelm Dieterle U.S.A. 1939
Lucrèce Borgia Abel Gance France 1936
Les misérables Raymond Bernard France 1933
L'homme qui rit Paul Leni U.S.A 1928
Notre dame de Paris Wallace Worsley U.S.A 1923
Les travailleurs de la mer André Antoine France 1917

Les oeuvres de Victor Hugo sont avec celles d'Alexandre Dumas ou les figures fantastiques de Dracula, Frankenstein ou du docteur Jekyl sans doute celles qui ont été les plus adaptées au cinéma.


Si l'œuvre de Hugo a été tant transposée au cinéma, c'est sans doute parce que celui-ci est le grand art populaire du XXème siècle qui a pris le relais du roman populaire et du mélodrame. Pour en citer qu'un exemple, on compte en France une adaptation des Misérables pour presque chaque décennie du XXeme siècle. Mais il y en a aussi en Italie, en Grande-Bretagne en Russie aux USA au Mexique, au Brésil et jusqu'au Mexique en Inde ou au Japon.

Le cinéma à retenu des thèmes sociologiques, des situations et des structures narratives, qui recoupent et relancent celles du mélodrame, un genre qui, grâce à Hugo et quelques autres, survit dans le cinéma post-classique. Ces thèmes ont indéniablement servi les préoccupations sociales et politiques de ses adaptateurs, leur volonté de témoigner des problèmes de leur temps. Il manque l'art du symbole, qui fait le lien entre les œuvres romanesques, les œuvres théâtrales et les œuvres poétiques trait essentiel d'une écriture que l'on a dit à juste titre visuelle, moteur d'un imaginaire.

Pourtant, force est de convenir qu'aucun grand cinéaste ne s'est jamais attaqué à Hugo, seulement des cinéastes de talent qui se sont emparé de son œuvre. Abel Gance était devenu académique lorsqu'il a fait Lucrèce Borgia et Paul leni à l'inverse n'en était qu'au début d'une trop courte carrière.

Ainsi doit-on provisoirement conclure qu'il n'y a pas de chef d'œuvres reconnus comme tel par les instances de réception (historiens, critiques, spécialistes divers). Plus que le caméléon Albert Lewin adaptant son style à l'œuvre de Maupassant (Bel Ami, 1947) ou d'Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray, 1945), il faudrait un cinéaste dont le style transcende les thèmes comme Ophuls, Hawks (pour Chandler et Hemingway) ou Renoir (pour Stevenson, Zola et Merimée).

 



Les oeuvres de Hugo et leurs adaptations

Romans

1823 : Han d'Islande
1826 : Bug-Jargal
1829 : Le Dernier Jour d'un condamné
1831 : Notre-Dame de Paris
1834 : Claude Gueux
1862 : Les Misérables
1866 : Les Travailleurs de la mer
1869 : L'Homme qui rit
1874 : Quatre-vingt-treize

Théâtre

1827 : Cromwell
1830 : Hernani
1831 : Marion Delorme
1832 : Le Roi s'amuse
1833 : Lucrèce Borgia
1833 : Marie Tudor
1835 : Angelo, tyran de Padoue
1838 : Ruy Blas
1843 : Les Burgraves
1882 : Torquemada
1886 : Théâtre en liberté

Poésie

1822 : Odes et poésies diverses
1824 : Nouvelles Odes
1826 : Odes et Ballades
1829 : Les Orientales
1831 : Les Feuilles d’automne
1835 : Les Chants du crépuscule
1837 : Les Voix intérieures
1840 : Les Rayons et les ombres
1853 : Les Châtiments
1856 : Les Contemplations
1859 : Première série de la Légende des Siècles dont Les pauvres gens
1865 : Les Chansons des rues et des bois
1872 : L'Année terrible
1877 : L'Art d'être grand-père
1877 : Nouvelle série de la Légende des Siècles
1880 : Religions et religion
1881 : Les Quatre Vents de l'esprit
1883 : Série complémentaire de la Légende des Siècles
1886 : La Fin de Satan
1888 : Toute la Lyre
1891 : Dieu
1893 : Nouvelle série de Toute la Lyre
1898 : Les Années funestes
1902 : Dernière Gerbe
1942 : Océan. Tas de pierres

 

Romans


Notre-Dame de Paris
1831

Dans le Paris du XVe siècle, une jeune et superbe gitane appelée Esméralda danse sur le parvis de Notre Dame. Sa beauté bouleverse l’archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qui veut la faire enlever par son sonneur de cloches, le malformé Quasimodo. Esméralda est sauvée par une escouade d’archers, commandée par le capitaine de la garde Phoebus de Châteaupers. Quand Esmeralda retrouve Phoebus plusieurs jours plus tard, elle lui laisse voir l’amour qu’il lui a inspiré. Certes, Phoebus est fiancé à la jeune Fleur-de-Lys, mais il est également séduit par la gitane. Il lui donne rendez-vous dans une maison borgne, mais au moment où il va parvenir à ses fins, Frollo survient et le poignarde.

Accusée de meurtre, la belle Esmeralda ne veut pourtant pas, pour échapper au supplice, accepter de se donner à Frollo. Quand on l’amène devant la cathédrale pour subir sa peine, Quasimodo – qui l’aime aussi – s'empare d'elle et la traîne dans l'église, où le droit d’asile la met à l’abri. Là, il veille sur elle, jaloux et farouche, espérant peut-être la séduire.

Cependant, les truands avec lesquels vivait Esmeralda viennent pour la délivrer. Frollo profite du tumulte pour l’emmener avec lui, et tente à son tour de la séduire. Furieux de son refus, il la livre aux griffes de la vieille recluse du Trou-au-rats. Mais au lieu de déchirer Esmeralda, elle reconnait en elle sa propre fille, enlevée enfant par des bohémiens. Elle ne peut cependant en profiter, car les sergents de ville retrouvent Esmeralda, et la traînent à nouveau au gibet.

Du haut de Notre-Dame, Quasimodo et Frollo assistent à l’exécution. Quasimodo, furieux de désespoir, précipite le prêtre du haut de la tour, et va lui-même se laisser mourir dans le charnier de Montfaucon, tenant embrassé le cadavre d’Esmeralda, enfin unis pour l’éternité.

1906 : Alice Guy, Esmeralda. 0h10. Avec : Henri Vorins (Quasimodo), Denise Becker (Esmeralda).

1911 : Albert Capellani. Notre Dame de Paris. 0h30. Avec : Henry Krauss (Quasimodo), Stacia Napierkowska (Esmeralda), Claude Garry (Frollo).

1917 : James Gordon Edwards. The darling of Paris. 6 bobines. Avec : Gleen White (Quasimodo), Alice Gale (Esmeralda), Wlater Law (Frollo).

1923 : Wallace Worsley. Le bossu de Notre-Dame. Avec : Lon Chaney (Quasimodo), Patsy Ruth Miller (Esmeralda), Norman Kerry (Phoebus de Chateaupers). 1h33.

1939 : Wilhelm Dieterle. Le bossu de Notre-Dame. Avec : Charles Laughton (Quasimodo), Maureen O'Hara (Esmeralda), Sir Cedric Hardwicke (Frollo). 1h50.
 

1956 : Jean Delannoy, Notre-Dame de Paris. 1h40. Avec : Gina Lollobrigida, Anthony Quinn, Jean Danet, Alain Cuny, Philippe Clay.

 

1996 : Gary Trousdale, Le bossu de Notre-Dame. Walt Disney Pictures avec les voix de : Francis Lalane (Quasimodo), Rebecca Dreyfus (Esmeralda, dialogues), Claudia Benamou (Esmeralda, chansons), Jean Piat (Frollo), Emmanuel Jacomy (Phoebus), Bernard Alane (Clopin et La Muraille).1h23.

 

1998 : Patrick Timsit, Quasimodo d'El Paris. 1h40. Avec : Patrick Timsit (Quasimodo), Richard Berry (Frollo), Mélanie Thierry (Agnès/Esmeralda),Vincent Elbaz (Phoebus). Trop laid pour être le fils du gouverneur de la ville d'El Paris, Quasimodo est échangé à l'âge de quatre ans contre une ravissante petite cubaine (Esmeralda), puis enfermé dans une cathédrale immense où l'ignoble Frollo, un sale démon, profite de lui pour nettoyer la ville de ses pires ennemies : les femmes.

Notes :

 


Les misérables
1862

1e époque -Une tempête sous un crâne : Jean Valjean, un ancien forçat, s'est refait une place dans la société sous le nom de M. Madeleine. Il s'intéresse à Fantine, une pauvre malheureuse, et sa fille, la petite Cosette, placée chez un couple d'aubergistes, les Thénardier. Mais un policier inflexible, Javert a l'œil sur lui et veut lui faire payer un vol qu'il a commis autrefois. La vérité sur son passé va-t-elle éclater ?

2e époque - Les Thénardier : Jean Valjean réussit à échapper à Javert. Il arrache Cosette aux ignobles Thénardier, qui la martyrisent et s'installe avec elle à Paris, sous le nom de M.Fauchelevent. Les années passent. Cosette grandit. Un étudiant, Marius Pontmercy, qui professe des idées subversives, tombe amoureux d'elle...

3e époque - Liberté, liberté chérie : brouillé avec son grand-père, le royaliste Gillenormand, Marius est mêlé à une insurrection républicaine. Il est blessé sur une barricade. Cosette, prévenue, supplie Jean Valjean de se porter à son secours. Ce dernier s'y rend et y retrouve son vieil ennemi Javert. C'est le face à face final, qui se terminera par le pardon et le mariage de Cosette et de Marius.

 

1897 : une Vue Lumière propose Victor Hugo et les principaux personnages des Misérables .

1907 : une version de 4 minutes attribuée à Alice Guy et intitulée, Sur la barricade s'inspire librement du personnage de Gavroche. Pris à tord pour un émeutier celui-ci sera miraculeusement sauvé par sa mère au moment où il allait être fusillé par l'armée.

1912 : Albert Cappellani, Les Misérables. 6h18. Avec : Henry Krauss (Jean Valjean), Léon Bernard (Javert), Marie Ventura (Fantine).

1933 : Raymond Bernard, Les Misérables. Avec : Harry Baur (Jean Valjean), Charles Vanel (Javert), Florelle (Fantine), Charles Dullin (Thénardier), Émile Genevoix (Gavroche). 5h05.

1935 : Richard Boleslawski, Les Misérables. 1h49. Avec Fréderick March (Jean Valjean), Charles Laughton (Javert), Rochelle Hudson (Cosette).

1947 : Riccardo Freda, L'évadé du bagne (I Miserabili). Avec : Gino Cervi (Jean Valjean), Valentina Cortese (Fantina/Cosetta), Hans Hinrich (Javert), Luigi Pavese (Thenardier) Jone Romano (La Thenardier).

1952 : Lewis Milestone. La vie de Jean Valjean. 1h45. Avec : Michael Rennie (Jean Valjean), Debra Paget (Cosette), Sylvia Sidney (Fantine), Robert Newton (Javert)

1957 : Jean-Paul Le Chanois, Les Misérables. 3h47. Avec : Jean Gabin (Jean Valjean), Danièle Delorme (Fantine), Bernard Blier (Javert), Serge Reggiani (Enjolras), Bourvil (Thénardier), Béatrice Altariba (Cosette).

1972 : Marcel Bluwal, La masure Gorbeau, L'épopée de la rue Saint Denis. 3h35. Avec : Bernard Fresson (Javert), Micha Bayard (La Thénardier), Georges Géret (Jean Valjean)

1982 : Robert Hossein, Les Misérables. 3h00. Avec : Lino Ventura (Jean Valjean), Michel Bouquet (Javert), Jean Carmet (Thénardier), Evelyne Bouix (Fantine), Christiane Jean (Cosette), Emmanuel Curtil (Gavroche).

1995 : Claude Lelouch, Les Misérables. 2h54. Avec: Jean-Paul Belmondo (Henri Fortin/Jean Valjean), Michel Boujenah (André Ziman), Alessandra Martines (Elise Ziman), Philippe Léotard (Thénardier, 1942), Annie Girardot (La Thénardière, 1942), Clémentine Célarié (Catherine/Fantine), Philippe Korsand (le policier/Javert).

Orphelin, Henri Fortin devient champion de boxe puis se convertit en déménageur. C'est la guerre. Il rencontre une famille juive, les Ziman, et accepte de les conduire à la frontière suisse pour les sauver avec son camion. Le temps passe. Les membres de la famille Ziman, séparés par les nazis, se retrouvent des années plus tard dans une guinguette tenue par un Fortin reconverti depuis peu dans la restauration. Le sommet. Mais ce dernier est rattrapé par son passé de gangster, avant la boxe, et se retrouve accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Ziman va assurer sa défense.


1998 : Bille August, Les Misérables. Avec : Liam Neeson (Jean Valjean), Geoffrey Rush (Javert), Uma Thurman (Fantine), Claire Danes (Cosette). 2h14

2000: Josée Dayan, Les Misérables. Avec : Gérard Depardieu (Jean Valjean), Christian Clavier (Thénardier), John Malkovitch (Javert), Virginie Ledoyen (Cosette).

 


Les Travailleurs de la mer
1866

Le vieil armateur Lethierry est en possession d'un des plus anciens bateaux à vapeur, "La Durande". Le bateau fort convoité effectue le trajet Saint-Malo - Guernesey. Les autres armateurs et marins de la région, jaloux, le considèrent comme un concurrent un peu trop puissant. Un besogneux se charge de provoquer le naufrage de "La Durande". Lethierry reste désarmé devant ce malheur, personne ne voulant l'aider à renflouer le bateau, ce qui serait possible avec un peu de bonne volonté. Il finit par offrir la main de sa nièce Deruchette à celui qui récupèrera les moteurs encore en état de marche. Le sombre Gilliatt, un mystérieux marin mis à l'écart par ses compagnons de travail, est secrètement amoureux de la jeune fille : il décide de mener à bien le sauvetage de l'engin. Seul contre tous, il brave toutes sortes d'obstacles - dont une pieuvre géante - et remplit sa mission. Il devine alors que Deruchette est amoureuse de Ebenezer, un jeune pasteur qu'il a d'ailleurs lui-même sauvé de la noyade.

Gilliatt refuse la récompense qui lui était due et aide le couple à s'enfuir, Lethierry ayant refusé de donné la main de sa fille à un homme d'église. Quittant le rivage en bateau, les amants aperçoivent Gilliatt, seul sur le rocher où il a naguère sauvé Ebenezer : il y attend la mort.

1917 : André Antoine, Les travailleurs de la mer. Avec : Armand Tallier, Marc Gérard, Charles Mosnier, Andrée Brabant, Philippe Garnier, Romuald Joubé.

1953 : Raoul Walsh, La belle espionne. (Sea Devils). Avec : Yvonne De Carlo, Rock Hudson, Maxwell Reed. Il ne reste presque rien du roman : l'époque, la situation géographique et les noms. Pour le reste, le sombre mélodrame est remplacé par un chatoyant film d'aventures et d'espionnage.

 


L'homme qui rit
1869

Ursus, un vagabond qui s’habille de peaux d’ours, est accompagné d’un loup domestique baptisé Homo. Ursus et Homo voyagent à travers l’Angleterre en traînant une cahute, dont Ursus se sert pour haranguer les foules et vendre des potions.

Leur chemin croise, en Janvier 1690, celui de Gwynplaine, un enfant de dix ans vêtu de haillons qui vient d’être abandonné par un groupe d’hommes pressés d’embarquer sur une ourque qui doit les emmener loin de l’île anglaise. Les hommes sont des Comprachicos spécialisés dans le commerce d'enfants, qu'ils achètent ou volent et revendent après les avoir mutilés. Pendant que leur bateau est broyé par les flots et que, voyant la mort venir, les hommes décident de jeter une bouteille dénonçant leur crime à la mer, Gwynplaine, resté sur la berge, doit se battre contre la nuit, la neige et la mort et affronter des rencontres morbides alors qu’il cherche à retourner vers la ville. Il passe ainsi devant un gibet où pend le peu qu’il reste du cadavre d’un condamné et découvre, à quelques pas de là, le corps d’une femme sur le sein de laquelle est accroché un bébé encore en vie. Chargé de ce fardeau supplémentaire, l’enfant reprend le chemin vers Portland.

Pris dans la tempête de neige, Gwynplaine frappe vainement aux portes des habitations avant de trouver finalement refuge dans la roulotte d’Ursus qui prend les deux enfants sous son aile. Ursus ne se rend compte que le lendemain, à la lumière du jour, que ce qu’il pensait être une grimace sur le visage de Gwynplaine est en fait une mutilation qu’il reconnait comme une pratique de défiguration. Il réalise également que le bébé est aveugle.

Quinze ans plus tard en 1705, sous le règne de la reine Anne, Ursus a monté une troupe de théâtre avec Gwynplaine et Déa, nom donné au bébé qui est désormais une belle quoique frêle jeune fille de seize ans. Fortement complémentaires, Gwynplaine – dont la difformité est invisible à Dea qui ne voit que la beauté de son âme – et Dea – dont l’infirmité, loin de rebuter Gwynplaine, le pousse à lui accorder une attention – forment un couple encore chaste mais profondément lié. Ensemble, ils présentent notamment la pièce Chaos Vaincu qui a un grand succès. La vision du visage défiguré de Gwynplaine cause l’hilarité générale. Pendant ce temps, on découvre les relations jalouses de la reine envers sa jeune sœur Josiane, plus belle et plus jeune qu’elle, et promise à David Dirry-Moir, fils illégitime présumé unique héritier de Linnaeus Clancharlie, lord mort en exil en Suisse. Le bonheur, l’insouciance et l’insolence de Josiane n’irritent pas seulement la reine mais aussi Barkilphedro, un homme dont elle est pourtant la bienfaitrice mais qui ne supporte pas le rapport de condescendance qu’elle entretient avec lui. Ayant obtenu d’elle une charge qui le rend responsable des objets trouvés en mer, il entre un jour en possession de la bouteille jetée à la mer par les Comprachicos quinze ans plus tôt. Il y découvre l’objet parfait de sa vengeance : la vérité sur l’identité de Gwynplaine.

C’est à cette même période qu’Ursus décide de présenter son spectacle dans la banlieue de Londres. Le succès est immédiat. Ils font la connaissance d’un homme, apparemment matelot, du nom de Tom-Jim-Jack. Mais leur succès fait des jaloux. Ursus est inquiété par plusieurs docteurs et théologiens concernant ses prêches et ses harangues jugées séditieuses. Il se sort de cette difficulté non sans crainte pour le futur et admoneste Gwynplaine dont les nouveaux discours contre le pouvoir l’inquiètent encore plus. Pour tromper son ennui, Josiane est envoyée par David Dirry-Moir voir Chaos Vaincu qui doit constituer l’ultime distraction. Elle ne rit pourtant pas à la pièce et ne revient jamais à l’auberge mais envoie quelque temps plus tard une lettre à Gwynplaine auquel elle déclare vouloir se donner totalement, elle qui est si belle à lui si hideux. Après une certaine hésitation, Gwynplaine choisit de ne pas répondre au rendez-vous qu’elle lui offre et de rester avec Dea.

C’est à ce moment crucial qu’apparait le personnage du Wapentake, un serviteur de la couronne qui, par le simple toucher, contraint quiconque de le suivre sous peine de mort. Après être intervenu ailleurs, il vient finalement intimer l'ordre à Gwynplaine de le suivre. Ursus, impuissant, ne peut qu'espionner de loin. Constatant la disparition de son protégé et recevant plus tard ses affaires, le vieil homme est persuadé que son élève est mort et, désespéré, se demande comment annoncer la nouvelle à Dea. Pour tromper celle-ci, il se lance donc dans toute une performance de Chaos Vaincu où, avec ses dons incroyables de ventriloque, il simule la présence de toute une assemblée mais en vain car Dea, qui ne voit pas Gwynplaine avec les oreilles mais avec le cœur, a conscience de son absence.

Gwynplaine est emmené dans une prison souterraine où il est confronté à l’un des responsables de son enlèvement qui révèle la terrible vérité : son nom est en fait Fermain Clancharlie, fils naturel et légitime de Linnaeus Clancharlie et véritable héritier de la pairie actuellement concédée à son demi-frère David Dirry-Moir. S’étant évanoui sous le choc, Gwynplaine se réveille en tenue de seigneur dans une immense demeure en présence de Barkilphedro qui lui apprend qu’il est désormais Lord et doit siéger à la chambre des Lords le lendemain. La séance est néanmoins catastrophique. Quand Gwynplaine tente d’apostropher les Lords sur leur indécence et veut se présenter comme « La Misère » qui vient « de l’Abysse », ils rient de sa performance, l’appelant un clown, « l’homme qui rit », un histrion et un bouffon.

Gwynplaine renonce finalement à la pairie et cherche à retourner vivre auprès d’Ursus et de Déa. Mais ceux-ci, entretemps, ont été enjoints de "quitter l’Angleterre avant le lendemain" sous peine d’être emprisonnés et Homo tué, le loup n’étant pas toléré dans Londres. Ils se sont embarqués pour le continent dans un bateau. Désespéré, Gwynplaine pense à se suicider, mais il est retrouvé par Homo qui le guide vers Dea et Ursus. Malheureusement, le coeur fragile de Dea ne résiste pas à toutes ces émotions et celle-ci meurt dans les bras de Gwynplaine. Celui-ci la rejoint dans la mort en se jetant à l'eau.

 

1928 : Paul Leni, The man who laughs. Avec : Conrad Veidt (Gwynplaine), Mary Philbin (Dea), Olga Baclanova (duchesse Josiana), Josephine Crowell (la reine Anne), George Siegmann (Dr Hardquanonne).1h50.

2012 : Jean-Pierre Améris L'homme qui rit. Avec : Marc-André Grondin (Gwynplaine), Christa Theret (Déa), Gérard Depardieu (Ursus), Emmanuelle Seigner (La duchesse Josiane). 1h35.

Deux adaptations seulement mais la célèbre figure mutilée dans le rire permanent de son héros éponyme a fortement inspiré le cinéma. Elle revient sous le masque du Joker dans le Batman de Tim Burton (1989) ou le Batman de Christopher Nolan, du personnage de Georgie dans Le dalhia noir (Brian de Palma, 2006) et de la femme qui rit dans L'Apollonide - Souvenirs de la maison close (Bertrand Bonnello, 2011) ou même du jeune homosexuel balafré de Tom à la ferme (Xavier Dolan, 2013).

 


Quatre-vingt-treize
1874

1921 : André Antoine, Quatre-vingt-treize Avec : Henry Krauss (Cimourdain), Paul Capellani (Gauvain), Philippe Garnier (Le marquis de Lantenac), Charlotte Barbier-Krauss (La Flécharde), Max Charlier (Imanus), Georges Dorival (Radoub).

 

Théâtre


Lucrèce Borgia
1833

1936 : Abel Gance, Lucrèce Borgia. Avec : Edwige Feuillère (Lucrèce Borgia), Gabriel Gabrio (César Borgia), Roger Karl (le pape Alexandre VI), Maurice Esande (Jean, duc de Gandie). 1h35.

1952 : Christian-Jaque, Lucrèce Borgia. Avec : Martine Carol (Lucrèce Borgia), Pedro Armendariz (César Borgia), Massimo Serrato (Alphonse d'Aragon). 2h00.

 


Angelo, tyran de Padoue
1835

2009 : Christophe Honoré, Angelo, tyran de Padoue .2h40. Avec : Clotilde Hesme (La Tisbe), Emmanuelle Devos (Catarina), Hervé Lassïnce, Charles Clichet, Anaïs Demousstier, Marcial di Fonzo Bo, Julien Honoré, Sébastien Pouderoux.

 


Ruy Blas
1838

1948 : Pierre Billon, Ruy Blas. 1h38. Avec : Jean Marais (Ruy Bas, Zafari), Danielle Darieux (la reine Maria de Neubourg), Gabrielle Dorziat (la duchesse d'Albuquerque), Marcel Herrand (Don Salluste).

1971 : Gérard Oury, La Folie des grandeurs. 1h53. Avec : Louis de Funès (Don Salluste), Yves Montand (Blaze), Alberto Mendoza (le roi), Karin Schubert (la reine), Gabriele Tinti (Don Cesar).

2002 : Jacques Weber, Ruy Blas (Téléfilm). Avec : Carole Bouquet, Gérard Depardieu, et Jacques Weber.

 

Poèsie


Les pauvres gens
1859

2011 : Robert Guédiguian, Les neiges du Kilimandjaro. 1h47. Avec : Ariane Ascaride (Marie-Claire), Jean-Pierre Darroussin (Michel). Adaptation analogie.

Guédiguian creuse l'humanité de ses personnages avec la même attention que Victor Hugo décrit le couple de marins. La tourmente que vit le couple ressemble à la nuit pleine de cauchemars de l'homme et de la femme des pauvres gens de Hugo. La belle chute du poème est adaptée avec une telle force qu'il est probablement impossible de la voir sans pleurer.Comme dans les derniers vers de Hugo, le mari propose la solution que la femme a déjà réalisée et l'entrée dans le champ aussi inattendue que nécessaire et simple des deux enfants qui réunit le couple ne peut manquer de faire couler une larme au spectateur.

Source :

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