La folie des grandeurs

1971

D'après Ruys Blas de Victor Hugo. Avec : Louis de Funès (Don Salluste de Bazan), Yves Montand (Blaze), Alice Sapritch (Dona Juana), Karin Schubert (la Reine), Alberto De Mendoza (le Roi), Don Jaime de Mora y Aragon (Priego, un Grand d'Espagne). 1h53.

Don Salluste de Bazan est ministre du roi d'Espagne Charles II. C'est un être fourbe, hypocrite et cupide qui collecte lui-même les impôts, qu'il détourne en partie à son profit. Il est détesté par la population qu'il opprime.

Accusé par la reine Marie-Anne de Neubourg, une belle princesse bavaroise, d'avoir fait un enfant illégitime à une de ses dames d'honneur, il est déchu de ses fonctions et condamné à se retirer dans un monastère. Décidé à se venger, il entre en contact avec son séduisant neveu, César, devenu brigand, mais ce dernier refusant d'entrer dans sa machination, il le fait capturer par ses sbires et l'envoie comme esclave aux Barbaresques. Il décide alors d'utiliser pour sa vengeance Blaze, son valet récemment congédié et dont il a découvert les sentiments pour la reine : il le fera passer pour César et l'aidera à séduire la reine.
Le jour même de sa présentation à la cour, Blaze déjoue un attentat ourdi contre le roi par les Grands d'Espagne. Il s'attire ainsi les faveurs du couple royal et devient rapidement ministre. Suivant de loin l'évolution de la situation, Salluste découvre que les Grands ont décidé de se venger de Blaze après qu'il eût décidé avec le roi de taxer les nobles et non plus les pauvres. Ce qui risque de faire capoter la machination de Salluste.

De son côté, Blaze s'apprête à déclarer sa flamme à la reine, mais cette dernière fuit pour éviter la duègne qui prend sa place et croit recevoir les compliments de Blaze pour elle, alors que lui ne s'est pas rendu compte de ce transfert. L'appétence sexuelle de Doña Juana est ainsi attisée. Blaze, forcé de partir après l'arrivée d'un baron qui le cherchait, la laisse seule exprimer ses sentiments réciproques, non pas à lui, mais simplement au chien du roi qui a remplacé Blaze un court instant après son départ.

Blaze est sauvé de justesse du complot qui le visait par Salluste, qui découvrira que son gâteau d'anniversaire est empoisonné. Mais, prenant son sauvetage pour une simple faveur de son ancien maître, Blaze est fait prisonnier par Salluste, sans comprendre qu'il vise à travers lui un complot d'une envergure encore plus grande.

Salluste va commettre lui aussi une énorme bourde quand, au lieu de prévenir la reine par l’intermédiaire d'un perroquet que Blaze l'aime et souhaite la voir, il envoie l'animal accidentellement dans la chambre de Doña Juana. Une fois encore elle aura droit à diverses confidences qui ne lui étaient pas destinées. Heureusement Salluste réussira tout de même à prévenir la reine de l'invitation de Blaze dans une petite auberge.

La situation se complique encore avec le retour du vrai César, échappé des Barbaresques, qui délivre Blaze. Ainsi que l'arrivée de Doña Juana dans l'auberge qui se livrera à un mémorable strip-tease à l'attention de Blaze, qu'elle croit toujours fou amoureux d'elle. Bien qu'elle ne demande rien de mieux que de lui faire l'amour, ce dernier repoussera ses avances grâce à la boisson dans laquelle Salluste a versé un puissant somnifère. Et, avec César, il déjouera tous les plans de Salluste sous les yeux du roi, qui croira que Blaze a définitivement conquis les faveurs de la duègne. Au dernier moment, c'est le vrai César qui part avec la Reine, cachés sur le toit d'un carrosse, sous les yeux émus de Blaze qui voit ainsi un autre profiter de son amour.

Finalement le roi enverra Salluste et Blaze aux Barbaresques, le premier à cause de son complot, le second pour ne pas avoir voulu épouser Doña Juana. Mais cette dernière poursuivra Blaze jusque dans le désert.

L'idée d'adapter Ruys Blas le drame romantique de Victor Hugo en film comique vient à Gérard Oury en 1960, lorsqu'il joue la pièce à la Comédie-Française. Dix-ans plus tard, après l'énorme succès des films Le corniaud (1965) et La grande vadrouille (1966), il se lance dans l'adaptation de la pièce, prévoyant le duo Bourvil / Louis de Funès respectivement dans les rôles du valet Blaze et de son maître Don Salluste. Malheureusement, Bourvil meurt le 23 septembre 1970 et le projet risque alors de ne pas voir le jour. Sur suggestion de Simone Signoret, Oury propose le rôle à Yves Montand, qui accepte, et adapte alors le rôle de Blaze à sa personnalité et à sa façon de jouer.

Le duo qu’il forme avec Louis de Funès, est devenu l’un des plus cultes de l’histoire de la comédie, avec des scènes aussi marquantes que "Il est l’or, monseignor", ou encore celle du bain de Don Salluste ou bien de la déclaration à la reine, remplacée par la duègne qui prend pour un baiser... la langue du chien sur sa main.

Le scénario prend soin de ses acteurs et leur offre des rôle à la mesure de leur talent. Le personnage de Blaze est une sorte de Scapin, qui n’hésite pas à utiliser son talent pour séduire la reine et se jouer de son maître. Quand à celui de Don Salluste, il sert à merveille les qualités comiques de Louis De Funès en lui offrant des gags à foison avec un personnage d’avare et de fourbe incroyablement cynique et perfide qui tente par tous les moyens, même les plus odieux de récupérer sa fortune, un homme qui n’hésite pas à opprimer le peuple pour son propre intérêt.

Le tournage se déroule en Espagne et en France d'avril à août 1971. Fruit d'une co-production entre Gaumont et des sociétés de productions italienne, espagnole et ouest-allemande, le film est doté d'un budget de 1,8 milliards d'anciens francs et bénéficie ainsi de somptueux décors extérieurs (tels que l'Alhambra, l'Escurial, Vaux-le-Vicomte ...), d'une distribution internationale et d'une bande originale composée par Michel Polnareff.