Lorrenzaccio
1978 : Mise en scène de Simon Eine
On ne badine pas avec l'amour
1983 : Maurice Pialat. A nos amours avec Sandrine Bonnaire

Alfred de Musset (1810-1857) est un poète et dramaturge français de la période romantique.

Lycéen brillant, Alfred de Musset abandonne vite ses études supérieures pour se consacrer à la littérature à partir de 1828-1829. Dès l'âge de 17 ans, il fréquente les poètes du Cénacle de Charles Nodier et publie en 1829, à 19 ans, Contes d'Espagne et d'Italie, son premier recueil poétique qui révèle son talent brillant. Il commence alors à mener une vie de « dandy débauché ». En décembre 1830, sa première comédie La Nuit Vénitienne est un échec accablant qui le fait renoncer à la scène pour longtemps. Il choisit dès lors de publier des pièces dans La Revue des Deux Mondes, avant de les regrouper en volume sous le titre explicite Un Spectacle dans un fauteuil. Il publie ainsi une comédie, À quoi rêvent les jeunes filles ? en 1832, puis Les Caprices de Marianne en 1833. Il écrit ensuite son chef-d'œuvre, un drame romantique, Lorenzaccio en 1834 (la pièce ne sera représentée qu'en 1896) après sa liaison houleuse avec George Sand et donne la même année Fantasio et On ne badine pas avec l'amour. Il publie parallèlement des poèmes tourmentés comme la Nuit de Mai et la Nuit de Décembre en 1835, puis La Nuit d'août (1836) La Nuit d'octobre (1837), et un roman autobiographique La Confession d'un enfant du siècle en 1836.

Dépressif et alcoolique, au-delà de 30 ans, il écrit de moins en moins : on peut cependant relever les poèmes Tristesse, Une soirée perdue (1840), Souvenir en 1845 et diverses nouvelles (Histoire d'un merle blanc, 1842). Il reçoit la Légion d'honneur en 1845 et est élu à l'Académie française en 1852. Sa santé se dégrade gravement avec son alcoolisme et Alfred de Musset meurt à 46 ans, le 2 mai 1857, à peu près oublié : il est enterré dans la discrétion au Cimetière du Père-Lachaise.

Redécouvert au XXe siècle, Alfred de Musset est désormais considéré comme un des grands écrivains romantiques français, dont le théâtre et la poésie lyrique montrent une sensibilité extrême, une interrogation sur la pureté et la débauche, une exaltation de l'amour et une expression sincère de la douleur. Sincérité qui renvoie à sa vie tumultueuse qu'illustre emblématiquement sa relation avec George Sand.



Les oeuvres d'Alfred de Musset et leurs adaptations

1826 : À Mademoiselle Zoé le Douairin
1828 : Un rêve, L'Anglais mangeur d'opium
1830 : Contes d'Espagne et d'Italie, La Quittance du diable, Une nuit vénitienne 1831 : La Coupe et les lèvres, Namouna
1832 : Spectacle dans un fauteuil, À quoi rêvent les jeunes filles.
1833 : Les caprices de Marianne, Rolla, André del Sarto, Gamiani ou deux nuits d'excès.
1834 : Fantasio, On ne badine pas avec l'amour, Perdican, Camille et Perdican, Lorenzaccio
1835 : La Quenouille de Barberine, La Nuit de mai, La Nuit de décembre, Le Chandelier
1836 : Il ne faut jurer de rien, Lettre à M. de Lamartine, Faire sans dire, La Nuit d'août, Chanson de Barberine, La Confession d'un enfant du siècle
1837 : Un caprice, La Nuit d'octobre, À la Malibran, Emmeline, Lettres à Dupuis et Cotonet
1838 : Le Fils du Titien, Frédéric et Bernerette, L'Espoir en Dieu. La nuit d'Avril, Dupont et Durand. Margot
1839 : Croisilles
1840 : Les Deux Maîtresses, Tristesse, Une soirée perdue
1841 : Souvenir, Nouvelles (Emmeline, Le fils du Titien, Croisilles, Margot ).
1842 : Le voyage où il vous plaira, Sur la paresse, Histoire d'un merle blanc, Après une lecture
1844 : Pierre et Camille, Le secret de Javotte, Les frères Van Buck
1845 : Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée, Mademoiselle Mimi Pinson.
1848 : Nouvelles (Pierre et Camille, Le secret de Javotte).
1849 : Louison, L'Habit vert, On ne saurait penser à tout
1850 : Poésies nouvelles, Carmosine
1851 : Bettine, Faustine
1853 : La Mouche.
1854 : Contes.4
1855 : L'Âne et le Ruisseau.
Les Filles de Loth (date inconnue)


Les caprices de Marianne
1833
analogie dans La règle du jeu (Jean Renoir, 1939)
analogie dans Les deux amis (Louis Garrel, 2015)

Pièce en deux actes publiée le 15 mai 1833 dans la Revue des deux Mondes avant d'être créée à la Comédie-Française le 14 juin 1851.

Naples, Célio, un jeune homme amoureux qui rêve de conquérir Marianne, épouse du juge Claudio. N'osant l'aborder, il tente d'abord d'utiliser l'entremise de la vieille Ciuta, qui n'obtient rien de la jeune femme que l'affirmation de sa fidélité conjugale. Célio fait alors en dernier recours appel à son ami Octave, viveur et libertin, cousin du mari de Marianne. Celle-ci continue de refuser ses avances mais elle tombe peu à peu amoureuse du messager : par caprice, elle lui offre même un rendez-vous où elle lui annonce sa décision de prendre un amant, mais surtout lui avoue à demi-mot son amour.

Octave, après une phase d'indécision et un échange de répliques ambiguës, décide de ne pas profiter de cette chance, jouant loyalement le jeu de son ami Célio qu'il envoie au rendez vous obtenu. Cependant Claudio, l'époux de Marianne soupçonne sa femme d'adultère. Il décide d'employer des spadassins pour abattre l'amant dès qu'il approchera de la maison. Célio tombe dans le guet-apens et, avant de mourir assassiné, peut croire à la trahison de son ami en entendant Marianne trompée par l'obscurité l'accueillir du nom d'Octave.

Après la mort tragique de Célio, et devant la tombe de son ami, Octave , accablé, renonce à sa vie de plaisirs et repousse sèchement l'amour que lui déclare alors Marianne : "Je ne vous aime pas, Marianne. C'était Célio qui vous aimait."

 


On ne badine pas avec l'amour
1834
On ne badine pas avec l'amour
1983 : Maurice Pialat. A nos amours avec Sandrine Bonnaire

Pièce en trois actes, publiée en 1834 dans La Revue des Deux Mondes et représentée le 18 novembre 1861 à la Comédie-Française. Cette pièce s'apparente au drame romantique.

La pièce se déroule au château du Baron et a pour principaux personnages, Camille, sa nièce, une jeune fille de 18 ans qui sort du couvent, et son fils de 22 ans, Perdican, récemment titulaire d'un doctorat. Les deux jeunes gens se retrouvent après dix ans de séparation dans ce château si cher à leurs cœurs, où ils ont grandi, joué, et où ils se sont aimés. Le Baron projette de marier les deux cousins.

Perdican et Camille s'aiment depuis toujours, mais cette dernière, endoctrinée par les sœurs du couvent toutes victimes d'amours malheureuses, a appri à ne pas avoir confiance en les hommes. Elle a donc pris la décision d’y retourner et de vouer sa vie à Dieu. Perdican, furieux, dresse alors une critique de l'éducation religieuse et des nonnes, généralement là à cause de maris indignes (mais qu’elles ne pourraient s’empêcher de suivre s’ils revenaient), qui ont selon lui profité de l’ignorance de Camille pour emplir son esprit de leurs espoirs déçus afin de l'écarter de l'amour.

Perdican, en bonne conscience, tâche de la raisonner et de lui ouvrir les yeux, et lui dit : « Lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus infirmes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se dit : "J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui". »

Camille continue malgré tout de cacher ses sentiments pour Perdican, par pur orgueil. Elle envoie donc une lettre à Louise, une religieuse de son couvent qui l'a fortement influencée en utilisant ses propres malheurs pour la dissuader de ne pas quitter ce lieu où elle « est en sécurité », dans laquelle elle explique qu'elle a tout fait pour se faire détester de Perdican, et y affirme que ce dernier est au désespoir à cause de son refus de mariage.

Au cours d’une bagarre entre Dame Pluche et Maître Blazius (l'une, gouvernante de Camille, devant poster la lettre, et l’autre, gouverneur de Perdican, chassé du château à cause de son ivrognerie ce qui profite à Maître Bridaine, son rival, qui cherche à prouver au Baron la correspondance secrète de sa nièce avec un paysan), Perdican tombe sur cette lettre. Touché dans son amour-propre, il laisse l'orgueil et la vanité le dominer et décide de la détromper en séduisant Rosette, une jeune paysanne, sœur de lait de Camille, espérant ainsi rendre sa cousine jalouse, en lui donnant rendez-vous afin qu'elle assiste à la scène.

Mais Camille apprend par Dame Pluche que Perdican avait lu sa lettre, et comprend ainsi son comportement. Par vengeance, elle affirme à Rosette que Perdican se moque d'elle et le lui prouve en convaincant Perdican de lui avouer ses sentiments. Rosette, alors cachée, s’aperçoit de la méprise et perd connaissance. Camille demande à Perdican de prendre ses responsabilités et le défi de l'épouser, pensant qu'il n'aura pas le courage d'aller jusqu'au bout. Le voyant persister, même contre la volonté de son père et leurs différences de rangs sociaux, Camille est submergée par ses sentiments. Ils s'avouent finalement leur amour dans la dernière scène, mais Rosette, qui les observait en cachette, ne supporte pas cette désillusion et se suicide : « Elle est morte. Adieu, Perdican », conclut Camille. Ils se quittent à jamais.

1959 : Jean Vilar au TNP, Palais de Chaillot (Paris)
1978 : Mise en scène de Simon Eine captée par Roger Kahane à la Comédie Française
1983 : Maurice Pialat. A nos amours. Avec : Sandrine Bonnaire (Suzanne/Camille).
2003 : Ladislas Chollat au Théâtre Le Ranelagh (Paris)
2007 : Philippe Faure au Théâtre de la Croix-Rousse (Lyon)
2009 : Boris Van Overtveldt au Théâtre des Artisans (Paris)
2009 : Michel Bouttier au Théâtre Espace Marais (Paris)


Lorenzaccio
1834
Lorrenzaccio
1978 : Mise en scène de Simon Eine

L'action se passe à Florence en janvier 1537. Le patricien florentin Lorenzino de Médicis, âgé de dix-neuf ans, jeune homme studieux, admirateur des héros de l'Antiquité latine et grecque, se voue à la restauration de la République. Tâche difficile : son lointain cousin, le duc Alexandre de Médicis (1510-1537), règne sur Florence en tyran avec l'appui de l'empereur d'Allemagne et du pape ; une garnison allemande assure sa protection ; le cardinal Cibo, qui défend à la fois les intérêts de Charles Quint et ceux du pontife romain, est son plus ferme soutien.

Lorenzo devient fidèle serviteur du duc, son familier ainsi que son compagnon de débauche, afin de pouvoir libérer Florence de ce tyran. Les raisons du meurtre restent floues et rien ne semble le légitimer réellement : une part de surnaturel plane dans la démarche de Lorenzo qui semble par la même occasion vouloir mettre les grandes familles républicaines face à leur devoir.

Les républicains ne réussiront pas à prendre le pouvoir après la mort du Duc. L'échec de l'acte de Lorenzo semblait prédestiné : en effet Lorenzo agit seul et personne n'a le courage de le croire et de se servir de son acte comme d'un tremplin pour instaurer une République. Il sera assassiné par un homme quelques temps seulement après avoir tué le Duc car sa tête avait été mise à prix.

Lorenzaccio n'a pas été mis en scène immédiatement. On sait même que ses cinq actes n'ont jamais été joués intégralement ; leurs trente-six scènes exigeraient trois soirées, une soixantaine de décors, plus de quatre cents interprètes. Ils ne furent d'ailleurs pas portés à la scène du vivant de Musset. En 1863, son frère Paul arrangea un texte pour le Théâtre de l'Odéon. La censure impériale le refusa, attendu que « la discussion du droit d'assassiner un souverain dont les crimes et les iniquités crient vengeance, le meurtre même du prince par un de ses parents, type de dégradation et d'abrutissement, paraissent un spectacle dangereux à montrer au public ».

1896 : première représentation du drame, au Théâtre de la Renaissance, dans une adaptation qui redistribue l'action en trois actes. Lorenzaccio y est incarné par Sarah Bernhardt. Par la suite, le rôle fut repris par d'autres actrices.

1952 : Lorenzaccio est interprété pour la première fois par un homme en 1952, au festival d'Avignon, par Gérard Philipe dans une mise en scène mémorable de Jean Vilar.

Jean-Pierre Vincent à Nanterre , Stéphane Gildas au théâtre le Trianon à Paris.
1978 : Mise en scène de Simon Eine avec Francis Huster (Lorenzaccio).

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