L'urbanisme concerne ici principalement la grande ville. La ville magnifiée : New York par Woody Allen, le golden gate de San Francisco par Hitchcock ou Los Angeles par David Lynch. Quelques pages spéciales sont aussi consacrées à Berlin, Caen et Venise.
L'urbanisme a toutefois pour sujet principal les mutations urbaines, le remplacement des anciens lieux de vie par des espaces plus modernes. Le sujet est abordé dès Mon oncle (Jacques Tati, 1957) où la petite ville de Saint Maur dans le Val de Marne s'apprête à se transformer en cité ultra moderne.
Dans La notte (Antonioni,1961), l'édification des batiments modernes de Milan se fait au détriment de la mémoire des anciens quartiers ce qui n'est pas sans conséquence sur la psychologie des personnages.
Les dégâts dus aux mutations sociologiques avec l'exclusion des classes pauvres chassées au profit de la bourgeoisie est narré dans En construction (José Luis Guerin, 2001). Le Barrio Chino, quartier populaire de Barcelone, s'est paupérisé et est devenu sans réaction face à l'édification d'un nouvel immeuble qui va définitivement faire perdre son ancienne identité au quartier. En avant, jeunesse ! (Pedro Costa, 2006) filme le relogement de 9 000 habitants du quartier déshérité et cap-verdien de Fontainhas, dans la banlieue de Lisbonne, dans de nouveaux immeubles, plus au nord de la ville.
Dans Brasilia : contradictions d'une ville (1968) Joaquim Pedro de Andrade se penche sur la ville de Brasilia, six ans après sa création. La vie comme ça (Jean-Claude Brisseau, 1980) décrit l'enfer de la ville nouvelle de Bagnolet. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça (Pedro Almodovar, 1984) est un réquisitoire contre l'uranisme franquiste à destination du prolétariat, en particulier le quartier de la Concepción à Madrid.
Les dégâts causés par la mafia en Italie sont traités avec une froide colère par Matteo Garrone dans Gomorra (2008) et par Sabina Guzzanti dans Draquila - L'Italie qui tremble (2010). Rien ne semble avoir changé depuis Main basse sur la ville (Francesco Rosi, 1963). L'abandon des plus pauvres dans des cités insalubres et dangereuses favorise les combats entre petits gangs qui mobilisent l'énergie, la colère et la vie des jeunes et les détourne de l'action politique. Le pouvoir politique recycle l'argent de la mafia dans des programmes immobiliers couteux et affreusement vulgaires. La propagande éhontée du pouvoir abuse les victimes du tremblement de terre et transforme le magnifique village historique de l'Aquila en barres de HLM édifiées autour de centres commerciaux.
Urbanisme et mutations sociologiques
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Aquarius | Kleber Mendonça Filho | Brésil | 2016 |
In Jackson Heights | Frederick Wiseman | U.S.A. | 2015 |
Mercuriales | Virgil Vernier | France | 2014 |
Les bruits de Recife | Kleber Mendonça Filho | Brésil | 2013 |
Mafrouza | Emmanuelle Demoris | France | 2011 |
Draquila - L'Italie qui tremble | Sabina Guzzanti | Italie | 2010 |
La République Marseille | Denis Gheerbrant | France | 2009 |
Gomorra | Matteo Garrone | Italie | 2008 |
I don't want to sleep alone | Tsai Ming-liang | Malaisie | 2007 |
En avant, jeunesse ! | Pedro Costa | Portugal | 2006 |
En construction | José Luis Guerin | Espagne | 2001 |
Dans la chambre de Vanda | Pedro Costa | Portugal | 2000 |
Question d'identité | Denis Gheerbrant | France | 1986 |
Amour rue de Lappe | Denis Gheerbrant | France | 1984 |
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça | Pedro Almodovar | Espagne | 1984 |
La vie comme ça | Jean-Claude Brisseau | France | 1980 |
Manhattan | Woody Allen | USA | 1979 |
Touche pas à la femme blanche | Marco Ferreri | Italie | 1973 |
Brasilia : contradictions d'une ville | Joaquim Pedro de Andrade | Brésil | 1968 |
Main basse sur la ville | Francesco Rosi | Italie | 1963 |
La notte | Michelangelo Antoniono | Italie | 1961 |
Mon oncle | Jacques Tati | France | 1957 |
Le rebelle | King Vidor | U.S.A. | 1949 |
L'urbanisme, par définition, ne concerne pas la campagne mais peut englober la petite ville de province, française ou américaine, abondamment décrite au cinéma.