Les regrets

2009

Avec : Yvan Attal (Mathieu Lievin), Valeria Bruni Tedeschi (Maya), Arly Jover (Lisa Lievin), Philippe Katerine (Franck), François Négret (Antoine). 1h45.

Mathieu Lievin, 40 ans, architecte parisien, prend la route pour rejoindre la petite ville de son enfance où sa mère vient d'être hospitalisée en urgence. Dans la rue, il croise Maya, son amour de jeunesse, qu'il n'a pas revue depuis quinze années. Accompagnée d'un homme et d'une petite fille, elle ne lui adresse pas la parole. Deux heures plus tard, le téléphone sonne dans la maison familiale : c'est Maya qui l'invite à venir la retrouver chez elle. Il hésite un court instant puis accepte. Ils deviennent amants avant que Frank, l'étrange compagnon de Maya ne débarque.

La passion submerge à nouveau les amants qui, malgré les difficultés décident de fuir à Barcelone pour se reconstruire une vie à deux. Maya y renonce pourtant et plus rien ne la fera changer d'avis...

A nouveau, le thème de la perte de contrôle pour Cédric Kahn. Cette fois celle d'un quadragénaire qui regrette soudainement d'avoir interrompu, des années plus tôt, une histoire d'amour.

Les pulsions du désir sont figurées par les courses à pied, en vélo et en voiture que Mathieu n'hésite pas à entreprendre quelles que soient les circonstances pour rejoindre Maya. D'une façon peut-être un peu trop systématique, les textos échangés entre les deux amants qui s'affichent à l'écran figurent aussi cette passion sans cesse ravivée.

Belle définition du personnage de Maya qui finit par renoncer à la passion qui l'enveloppe pour fuir. Loin d'être hystérique, le jeu lumineux de Valeria Bruni Tedeschi exprime bien cette peur du flot de la passion qui emporte son amant et dont elle craint, apeurée, les conséquences sur son équilibre.

A cet égard la fuite de Mathieu vers la campagne alors qu'il est attendu par sa femme pour le concours d'architecture, est fort bien réussie. Après sa folle embarquée, Mathieu ne découvre qu'une maison calme avec pour seul drame l'arrivé de Frank et sa tronçonneuse (hilarante performance de Philippe Katerine les deux fois où il intervient).Tout aussi normale est Maya dans la pharmacie qui poursuivie pourtant par Mathieu finit par s'écrouler, évanouie.

La mise en scène fait de nombreuse fois référence à La femme d'à côté de Truffaut (la perspective sur la longue ligne droite de la route de campagne, l'évanouissement, l'amour sur l'escalier qui renvoie sans doute à la première apparition de Mathilde). Si l'ombre de Truffaut plane sur le film, le sujet est pourtant un peu différent. Il s'agit moins d'une passion archaïque et destructrice que de la dérobade d'une femme reprise par la passion et qui craint pour son équilibre.

A cet égard, la dernière séquence qui, trois ans après, remet les pendules à l'heure de la réalité, est particulièrement cruelle.

Jean-Luc Lacuve le 10/09/2009