Le quartier cap-verdien de Fontainhas, dans la banlieue de Lisbonne, vit ses derniers jours. La plupart des 9 000 habitants vont être relogés dans de nouveaux immeubles, plus au nord. Clotilde, qui se souvient de la mer du Cap-Vert et des requins qui nageaient à ses côtés, a quitté son mari, Ventura, 75 ans. Mais quand cela a-t-il eut lieu ? Ventura se plaint de ce départ à sa fille Beatriz qui lui répond que sa mère est morte depuis longtemps. Quittant la pièce minable qu'elle habite en bordure de chantier, il s'en va voir son autre fille Vanda, logée au sous-sol d'un immeuble nouvellement construit. Vanda regarde la télévision avec sa petite fille et dit suivre pour elle un programme de désintoxication.
Ventura essaie de convaincre l'agent immobilier en charge du relogement qu'il lui faut un appartement plus grand bien que sa femme ne l'accompagne pas et que ses papiers ne prouve pas qu'il ait des enfants.
Ventura se rend à la fondation Gubelkian, contemple quelques tableaux ... et s'assoit sur le luxueux mobilier de collection du musée. Un jeune compatriote cap-verdien le fait sortir et écoute ses explications. Son arrivée dans les années 70, son travail de maçon bien payé dans la fondation puis l'accident qui le fit tomber un jour d'un échafaudage. Ensuite il but trop et, sans doute, rentrant saoul tous les soirs, Clotilde le quitta-t-elle.
Les enfants, Beatriz, Vanda puis bientôt Gustavo aujourd'hui antiquaire et un jeune mendiant à la jambe malade sont ses enfants d'adoption, ceux de la famille qu'il aimerait reconstruire dans le grand logement qu'il espère. Sa mémoire le ramène aussi au milieu des années 70 après la révolution des illets où un ami perdit femme et enfant dans l'incendie de son minable appartement. Avec lui, il ressasse une lettre écrite pour faire venir leur compagne restée sur leur terre du cap-vert.
Une tonalité de couleurs dominée par le gris et puis des tâches oranges : un bouquet de fleurs, un fauteuil délabré, voir la peau même des personnages. Ces tâches de couleur éclairent d'affection un univers déshumanisé de taudis de sous-sol ou pire encore d'un monde blanc et géométrisé qui semble n'avoir plus besoin de présence humaine.
Le rêve de Ventura, construire cet appartement avec une famille d'adoption est celui d'une nouvelle vie après trop d'années d'errance dans la misère et la solitude. Il réarrange et subvertit le passé pour n'en garder que la puissance poétique (la longue lettre, la promenade au musée, le souvenir de l'ami maçon) capable peut-être encore de lui donner une nouvelle chance.