Au petit matin dans la petite ville de Saint-Maur dans le Val-de-Marne, des chiens font les poubelles. Ils suivent le teckel des Arpel, couvert d'un petit gilet noir et rouge, qui rejoint la toute nouvelle citée résidentielle de ses maîtres. Là, madame Arpel dit au revoir à son mari qui emmène leur fils Gérard à l'école puis rejoint l'usine Plastoc dont il est le directeur. Le chiffonnier de la ville a déposé ses vieux objets dans la décharge de l'usine et s'en revient vers la ville.
M. Hulot fait son marché, rentre chez lui, et laisse la fenêtre ouverte pour faire bénéficier l'oiseau en cage du reflet du soleil. Il s'en va ensuite chercher son neveu à l'école. Les écoliers s'amusent à faire croire aux automobilistes qu'ils ont été emboutis par la voiture qui les suit. Le stratagème fonctionne deux fois avant qu'ils ne soient dénoncés par une automobiliste. Celle-ci se fait ensuite défoncer l'arrière de sa Dauphine sans s'en apercevoir, croyant à une nouvelle plaisanterie des enfants. Elle arrive chez les Arpel où la maitresse de maison lui fait visiter sa demeure "où tout communique".
Hulot ramène Gérard à la maison et prend une collation avec les Arpel non sans casser un verre... qui n'a pas la faculté de rebondir comme le pichet en plastique qui se trouvait à côté. Mme Arpel demande à son mari de bien vouloir recommander son frère au PDG du groupe. Celui-ci ayant accepté, Charles Arpel téléphone alors à son beau-frère dans son QG, le café Chez Margot, au 24 à Saint- Maur afin qu'il se rende immédiatement à l'usine. En arrivant, Hulot marche dans le plâtre. Il nettoie ses chaussures et laisse des traces de pas sur le bureau. En les examinant, la secrétaire croit qu'Hulot est monté sur le bureau pour l'observer se rafraichissant dans les toilettes dont la fenêtre surmonte le bureau. Hulot est éconduit sans qu'il en comprenne la raison.
Charles Arpel est excédé par l'échec d'Hulot mais accepte l'explication de sa femme comme quoi celui-ci manque d'un foyer. Il l'invite ainsi le dimanche suivant avec ses collègues de bureau afin de rencontrer leur voisine célibataire. Hélas, celle-ci est choquée des plaisanteries d'Hulot qui faisaient pourtant rire aux éclats madame Pichard. Hulot plante violemment un porte verre récalcitrant dans le jardin ce qui provoque une fuite dans le tuyau qui alimente le poisson jet d'eau. Monsieur Pichard, le dévoué adjoint de Charles, se démène pour régler le problème pendant que les invités changent sans cesse de place.
Charles s'est décidé en désespoir de cause à embaucher Hulot dans son usine. Hulot est toutefois surpris jouant avec le chien puis se montre incapable d'arrêter la machine lorsque celle-ci fait des bulles dans le tuyau ou des resserrements qui donnent l'impression d'une longue chaîne de saucisses... Ce qui rigoler tous les ouvriers qui cherchent ensuite à cacher ces produits deffectueux.
Charles, qui vient de s'acheter une rutilante et colorée nouvelle voiture pour son anniversaire, renvoie son beau-frère. Hulot a ainsi le temps de s'occuper de Gérard qui le délaisse pourtant afin de s'amuser avec des garnements qui parient sur leur possibilité de faire se cogner les passants contre un réverbère en les sifflant inopinément.
Lorsque les Arpel rentrent le soir, ils voient le désordre provoqué par Hulot rentré tard avec leur fils et décident que "trop c'est trop". Hulot devra quitte Saint-Maur, et la fille de la concierge devenue bien jolie, pour être représentant en province. En le conduisant à l'aéroport, Charles et son fils sifflent Hulot qui a encore dû oublier quelque chose. Le sifflement fait se détourner un passant qui se cogne au réverbère. Gérard est content que son père se déride à cette occasion et se réconcilie avec lui pour leur plus grande joie.
Jour de fête décrivait un pittoresque et harmonieux village, sorte de paradis perdu, et Les vacances de M. Hulot, un temps de vacances, superficiellement égratigné par des bourgeois étriqués. Mon oncle est le film de la transition entre l'univers du rêve et de la flânerie et celui, géométrique et fonctionnel, du monde moderne dont Playtime chantera la poésie paradoxale.
Emblématique de la coexistence de ces deux mondes, le plan, qui revient à plusieurs reprises, marquant la frontière entre le vieux Saint-Maur et la ville nouvelle qui se construit à sa périphérie. Au premier plan, le fragile mur en ruine que Hulot pend soin de ne pas détruire l'oblige à des contournements et l'antique lampadaire. Au second plan, les arêtes droites des nouveaux immeubles et le lampadaire moderne.
Dans l'ancienne ville de saint Maur, chacun prend le temps de vivre et l'harmonie règne. La cliente négocie par gestes le prix des salades avec le marchand attablé au café "Chez Margot". Lorsque Hulot se fait réprimander pour les tomates tombées du cageot par la faute de la fille de la concierge, il ne réprimande ensuite pas celle-ci comme on pourrait d'abord le croire mais lui offre les tomates. Il coince la fenêtre pour éclairer l'oiseau qui, dès lors, se met à chanter. Il accepte la discussion avec le cantonnier, indécrotablement bavard.
Dans la ville moderne, l'inéluctable flèche du progrès a fait son uvre comme l'indique le petit avion de la voiture qui lui sert d'emblème où le marquage des routes qui se termine presque toujours par une flèche. Tout est fonctionnel avec pourtant quelques défauts parfois (la porte du garage, la fuite du jet d'eau). Dans cette société qui a fait de la transparence, de l'évidence et de la communication les valeurs essentielles, Hulot vient apporter ses grains de sable. Il finira par en être lui-même victime ne comprenant pas ce que croit avoir vu la secrétaire ou Charles Arpel quand il est le seul à ne pas faire semblant de travailler lorsqu'apparait le chien du patron.
Les bruits redoublent cette séparation. D'un côté, le chant de l'oiseau, les aboiements des chiens, le trottinement du cheval ; de l'autre, le claquement des portes, les ordres aboyés et le trottinement de la secrétaire sur les dalles.
Oscar du meilleur film étranger en 1958.
Jean-Luc Lacuve le 31/05/2011.