Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

Les vacances de monsieur Hulot

1953

Avec : Jacques Tati (Monsieur Hulot), Nathalie Pascaud (Martine), Michèle Rolla (la tante), Valentine Camax (l'Anglaise).1h36.

Monsieur Hulot va passer quelques semaines de vacances à l'Hôtel de la Plage dans une petite station de la côte bretonne. A l'écart de la foule, du bruit des gares et des trains, il arrive seul dans sa petite teuf-teuf d'un autre âge.

Il observe les touristes de l'hôtel et essaie de se mêler à eux. Il y a ce vieux couple de promeneurs (le mari marchant toujours à deux mètres derrière sa femme), cette jeune fille qui vit avec sa tante dans la villa d'en face et qu'il tentera vainement d'emmener avec lui en promenade à cheval (plus tard, il dansera avec elle, déguisé en pirate lors d'un bal masqué) cet homme d'affaire qui ne s'éloigne jamais beaucoup de son téléphone, cette vieille anglaise qui semble la seule à apprécier la fantaisie d'Hulot et en particulier son étrange service qui lui fait gagner tous les matches de tennis.

Le plus burlesque des films français et le plus français des films burlesques. Dans un style limpide, élégant et très élaboré, Tati enchaîne une incalculable collection de gags sur une trame qui exprime la monotonie et la langueur d'une station estivale. On a rarement vu autant d'invention livrée sur un rythme aussi calme et nonchalant.

Alliance unique aussi, dans le style de Tati, entre l'acuité du réalisme social et ce qu'il faut bien appeler une indéfinissable poésie, faite d'une certaine mélancolie extérieure et d 'une profonde jubilation intérieure. Au milieu d'un petit monde étriqué vivant de conventions et de routines, le personnage de Hulot apparaît comme un étranger poli, un modeste perturbateur et surtout un révélateur. Il est le dernier dépositaire d'une sorte d'enfance et d'une sorte de légèreté de l'être qui ne seront bientôt plus de ce monde.

Tati, on le sait manifeste aussi peu de goût pour les dialogues que le Chaplin des Temps modernes. Aux paroles, il préfère les bruits, et souvent les plus inutiles d'entre eux. Le premier gag du film est basé sur une dérision du texte avec ces haut-parleurs de la gare délivrant un message incompréhensible qui fait errer les voyageurs entre les voies à la recherche de leur train.

Jacques Lourcelles : Dictionnaire des films

Retour