Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

La vie comme ça

1980

Voir : photogrammes
Genre : Drame social
Thème : Urbanisme

Avec : Lisa Heredia (Agnès Tessier ), Lucien Plazanet (Le concierge), Marie Rivière (Florence), Jacques Serre (Le père de Florence), Jenny Bellay (la mère d'Agnès), Daniel Tarrare (le fou du métro), Bernard Tiphaine (Pineau), Jeanine Souchon (Mme Leblanc), Pascale Ogier (Muriel Pucheu), Luc Ponette (Le délégué), Jean-Claude Ballard (Lambert), Michelle Ernout (la femme qui se trouve bien), Rosette (Véronique), Mina Baiche (la chef des voyous). 1h35.

Agnès a décidé de quitté le lycée dans lequel elle ne peut plus apprendre pour se lancer dans la vie active avec son amie Florence dont le père leur a trouvé un appartement dans la ville nouvelle de Bagnolet. La mère d'Agnès, femme de ménage dans un cinéma, ne voit rien de bon dans cette amitié avec la fille privilégiée d'un haut fonctionnaire international

Agnès et Florence ont un premier contact difficile avec leur nouvel HLM, l'une des locataires s'étant jetée par la fenêtre et étant venue s'écraser sur le seuil dans l'indifférence générale. Heureusement, le concierge se montre très prévenant et le père de Florence a fait repeindre l'appartement et livré les meubles.

Alors que Florence est engagée à l'UNESCO grâce à son père, Agnès travaille comme secrétaire dans les bureaux d'une entreprise chimique dirigée par Lambert, un patron obtus et cassant qui a délégué au mielleux Pineau le soin de régenter son bataillon de secrétaires. On y trouve Véronique, chargée de remplir des formulaires à la chaîne, un jeune homme qui se trouve beau, un employé qui passe sa vie à tamponner des bordereaux, une femme qui se trouve bien mais ne parle à personne et madame Leblanc, plus âgée et plus au fait des relations de pouvoir dans l'entreprise. Il y a aussi Muriel, jeune mariée pas très finaude que Pineau tripote en lui faisant remarquer ses multiples fautes d'orthographes.

Un soir, Pineau tente de violer Muriel aux archives. Agnès apprend d'elle, qu'ayant refusée les avances de son supérieur à deux jours de la fin de sa période d'essai, elle est renvoyée sans autre forme de procès. Agnès s'insurge et, alors que Muriel est repartie en larmes chez elle, demande au délégué du personnel d'intervenir auprès de patron. D'abord un peu réticent, le délégué se rend avec elle dans le bureau de Lambert. celui-ci botterait bien en touche si Agnès n'insistait pas pour que des mesures soient prises. Muriel n'est pas réintégrée mais Pineau est muté. Lassé de l'atmosphère verrouillée de la boîte, le délégué a trouvé du travail ailleurs et a proposé à Agnès de prendre sa place. Agnès se fait élire déléguée du personnel.

La vie a Bagnolet n'est pas rose, une grand-mère meurt assassinée dans la cave pour 800 francs, une bagarre se termine par un meurtre et le concierge qui avait gentiment invité Agnès et Florence à dîner aurait été torturé dans la cave si Agnès ne l'avait courageusement défendu contre trois assaillants. Agnès se laisse séduire par le père de Florence et devient sa maîtresse.

Agnès, intègre, a refusé la bouteille de champagne que Lambert lui a envoyé pour fêter à sa manière habituelle l'élection d'un délégué syndical. Il compte ainsi s'assurer de sa soumission....

Une grande partie des maux dont vont souffrir les protagonistes ont pour origine l'échec scolaire. Le travelling d'ouverture révèle ainsi qu'au lycée, on joue aux cartes, on boit, on fume, on dort, s'enlace alors que ceux qui travaillent subissent un bruit permanent. D'où la décision d'Agnès d'arrêter ses études. Au bureau, Muriel qui ne maîtrise pas l'orthographe, se fait humilier et tripoter par le chef du personnel.

Le film fait le constat du double enfer des villes nouvelles et de la vie de bureau. Dès leur arrivée à Bagnolet, Agnès et Florence seront confrontées à une femme qui se suicide en se défenestrant. "Tiens, si ça continue, il va falloir prendre un parapluie", sera la seule épitaphe. Ce sera ensuite la folie du jeune homme qui frappe contre les barrières et les lampadaires en criant "Je suis jeune, je veux apprendre à vivre" et qui finit abattu d'une balle tirée d'un immeuble. Agnès et Florence verront un meurtre dans la rue après une bagarre avec des policiers qui n'interviennent plus qu'en force car c'est trop dangereux d'intervenir à l'improviste. Dans les caves on tue et on torture; on viole dans les étages. Le concierge après avoir raconté le drame du vieillard solitaire dont le cadavre n'est découvert que quinze jours après la mort changera de lettre sur sa porte tous les jours, un retard signifiant qu'il est mort. Comme le résume florence à son père :"Ici, pas de danse, pas de cinéma, pas de rue avec magasins, juste des supermarchés... Les jeunes s'ennuient, ils boivent, ils se tapent dessus."

Cette accumulation d'horreurs indique un dépassement du cadre réaliste pour atteindre au surnaturel naturaliste. Celui-ci sera renforcé par des détails mordides violents : la cervelle de la défenestrée ou l'indifférence de ceux qui font du vélo ou jouent autour d'elle, la fille qui donne le hachoir, torture le concierge et envoie ses copains violer Agnès. Inverse de cet enfer, l'image du paradis perdu avec Agnès nue, en pleine nature, avec son Adam, le père de Florence.

L'enfer et le paradis sous La vie comme ça

Dans l'entreprise la situation n'est pas meilleure. Il n'y a pas de délégué syndical car le patron n'en veut pas, juste un délégué du personnel. Celui-ci s'achète en général facilement avec une bouteille de champagne. La hiérarchie intermédiaire est servile et hypocrisie avec Pineau en salaud et Chauvel, le responsable de la gestion en Ponce Pilate. L'employée dont on veut se débarrasser subit un terrible harcèlement moral : confinée dans un bureau solitaire et sans fenêtre avec un travail idiot, continuellement harcelée et même diffamée dans sa vie privée.

dans ce tableau sinistre et tragiqueBrisseua utilise l'humour dans les deux séquences face caméra. C'est d'abord l'employée ravie de faire des travaux, même inutiles (6 000 formulaires à trier pour mettre à la poubelle). constatant que "Les filles, elles n'ont pas de culture", elle ne parle que des bébés et de son petit ange à elle. c'est ensuite, le responsable de la gestion qui se propose benoitement de laisser le temps aux femmes d'apprendre pour arriver à un peu de pouvoir.

Analyse du DVD

Editeur : Blaq out, mai 2008. Version française en Dolby Stéréo 2.0. Sous-titres en anglais.

DVD 1 : La vie comme ça. DVD 2 : Céline. DVD 3 : L'ange noir. DVD 4 : Les savates du bon dieu.
Suppléments : Documentaire "L'ange et la femme" (52 mn) et préfaces de Luc Moullet, Philippe Le Guay, Marie-Christine Questerbert et André S. Labarthe.

Retour