La newsletter du Ciné-club de Caen du 14 octobre

Dominique Briand rappelle que Pierre Schoeller s'est entouré de nombreux conseillers historiques : Arlette Farge, Sophie Wahnich, Guillaume Mazeau, Haim Burstin ou Timothy Tackett. La dimension pédagogique et symbolique est donc extrêmement forte et solide. Le film fonctionne ainsi très bien auprès d’un public scolaire mais peine peut-être à trouver son public en salles (ce qui n'était pas le cas ce soir de ciné-club dans la grand salle à fleurs). Cette impression est toutefois confirmée par certains spectateurs qui trouvent que le film manque d'incarnation avec des personnages trop beaux pour être vrais. De plus, même si le film est pédagogique, il simplifie. Ainsi du procès du roi, de la fusillade du Champs de Mars et donne plutôt envie d'approfondir avec des livres d'histoire. La dimension symbolique est unanimement appréciée : lumière, enfance, féminité et maîtrise technique des artisans sont des valeurs salvatrices aujourd'hui.

Le débat s'engage ensuite sur les autres films traitant de la révolution. Un peuple et son roi fait exception avec le rôle positif quil donne au peuple révolutionnaire. Il retrouve les accents lyriques de La Marseillaise de Renoir. Il s'inscrit en rupture vis à vis des derniers films sur cette époque historique, extrêmement critiques : L'Anglaise et le Duc, Marie-Antoinette ou Les adieux à la Reine. Une dernière intervention pour rappeler la force de la parole thétrale dans un contexte révolutionnaire. Le ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, programmé à la comédie de Caen l'an dernier, a marqué nombre de spectateurs. Il en a certainement été de même en 1974 avec le 1789 de Mnouchkine.

Fin de soirée conviviale, autour du traditionnel et apprécié pot offert par le Café des images.

 

2 - les sorties en salle

• Un peuple et son roi Surproduction d'une ampleur inhabituelle dans le cinéma français, le film présente une sélection de moments clés de la révolution française. L'incarnation dans des personnages de fiction a du mal à prendre. En revanche, Schoeller en surajoute sur la dimension symbolique : lumière, enfance, féminité et maîtrise technique des artisans sont entrées aux forceps dans une France d’hier. Cette construction ne semble toutefois pas produire un sursaut révolutionnaire dans l’esprit du public. Pour hier comme pour aujourd’hui, Pierre Schoeller échoue à faire du peuple le moteur de l’histoire.

• Climax Gaspar Noé signe un nouveau trip cinématographique halluciné, avec une incroyable troupe de comédiens amateurs, mais danseurs reconnus, de voguing, waacking ou krump notamment. Après une 1ère partie qui fait la part belle aux chorégraphies et aux corps qui exultent, la caméra plonge dans les méandres labyrinthiques d’un lieu de plus en plus inquiétant, scrutant dans de longs plans séquences la folie collective qui s’installe.

• I feel good De bon acteurs, une belle histoire.

 

 

3- A la télévision cette semaine :

Une curiosité cinéphile à la télévision ce soir : Accord final, invisible depuis des décennies, une comédie qui ne doit sa notoriété qu'au fait que la réalisation aurait été supervisée par Douglas Sirk avant d'aller aux Etats-Unis.

Semaine cinéma et peinture : de l'anecdotique Jeune fille à la perle, au documenté Mr Turner, jusqu'au chef-d'oeuvre, le Van Gogh de Maurice Pialat.

 

4 - Festival du film expérimental / Festival Lumière

• 20e Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris Au Grand Action, rue des Ecoles paris. Ce dimanche à 12h00, le palmarès de la compétition internationale reste non dévoilé. Nous reviendrons donc dans notre prochaine newsletter sur ce festival, le plus important consacré au film expérimental. Présenté par le vétéran Raphaël Bassan (né en 1948) toujours aussi applaudi, le festival est suivi par un public très jeune et très motivé par ce que peut recouvrir aujourd'hui le cinéma expérimental.

 

• Festival Lumière, 10e édition : ci après, photos de la soirée d'inauguration à la halle Tony Garnier, le samedi 13 octobre, présentée par Thierry Frémaux, directeur du festival Lumière puis projection d'Itinéraire d'un enfant gâté (Claude Lelouch, 1988)

Je suis à Lyon jusqu'à mercredi, festival à suivre donc ici : Festival Lumière, 10e édition

Jean-Luc Lacuve, le dimanche 14 octobre 2018

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