L'ancien régime et la révolution française

La Marseillaise, Jean Renoir (1937

Les adieux à la reine , Benoît Jacquot (2012)

1 - Typologie

La majorité des films qui évoquent l'ancien régime laissent transparaitre de façon évidente ou non, les conditions difficiles du peuple et l'étouffement des valeurs bourgeosies qui conduiront à la révolution. On regroupera ainsi commodément la plupart des films en costume, se situant en France aux XVIIIe sous ce thème alors que ceux se situant au XVIe et XVIIe ont été regroupés sous le thème des guerres de religion.

• Les spoliations sous l'ancien régime : Fanfan la tulipe (Christian-Jacque 1951), Cartouche (Philippe de Broca, 1962), La Tulipe noire (Christian-Jacque, 1964), Gaspard le bandit (Benoît Jacquot, 2006), Les chants de Mandrin (Rabah Ameur-Zaïmeche, 2011)

• La vie à la cour : Si Versailles m'était conté (Sacha Guitry, 1953). La prise de pouvoir par Louis XIV (Roberto Rossellini, 1966). Que la fête commence (Bertrand Tavernier, 1974), Vatel (Roland Joffé, 2000), Marie-Antoinette ( Sophia Coppola, 2006), Les adieux à la reine (Benoît Jacquot, 2012), L'échange des princesses (Marc Dugain, 2017).

• La révolution : Madame du Barry (Ernst Lubitsch, 1919), Les deux orphelines (D. W. Griffith, 1922), Napoléon (Abel Gance, 1927), La Marseillaise (Jean Renoir, 1937), L'Anglaise et le duc (Eric Rohmer, 2000), Sade (Benoît Jacquot, 2000), Un peuple et son roi (2018).

Une vingtaine de film couvrent en partie la période 1780-1800 et concernent donc directement la révolution française. Néanmoins, on perçoit dans une dizaine d'autres, situés dans les années précédentes du XVIIIe, les déséquilibres moraux et économiques qui conduiront directement à cette révolution. Les aventures de Cartouche en 1725, de Gaspard le bandit ou de Mandrin et, dans une moindre mesure, de Fanfan la tulipe disent le besoin de justice du peuple face aux accapareurs. L'échange des princesses, Que la fête commence disent le délitement de l'aristocratie.

Seules quelques adaptions littéraires rendent compte du raffinement de cette aristocratie même dans ses roueries amoureuses (La fausse suivante). Rares sont les films qui magnifient le pouvoir royal. La prise de pouvoir par Louis XIV (Rossellini) ou Vatel font exception. Paradoxalement le roi ou la reine deviennent plus sympathique lorsqu'ils sont décrits comme victimes des évènements tel Louis XVI en roi débonnaire, préoccupé horlogeries dans La Marseillaise ou Marie-Antoinette, délaissée et abandonnée dans le film de Sofia Coppola.

En 1922, dans Les deux orphelines, Griffith assimile dans ses intertitres les révolutionnaires français aux bolcheviques. En 1971, Rappenau dépose un tas de pavés, souvenirs de 68, que les révolutionnaires Nantais des Mariés de l'an deuxlancent contre l’hôtel de ville. Dans 1789, Mnouchkine rend grâce à la beauté du geste et de la parole théâtrale qui se démultiplie par des acteurs dispersés dans le public avec le même texte révolutionnaire. Avec le sens de la fête et de la rue, elle convoque différentes formes d’arts (marionnettes, comédiens, circassiens). En 2018, le terrorisme et la baisse d’influence de la France en Europe et dans le monde empêchent toute adhésion aux exécutions et rendent peu crédible notre croyance à une France porte drapeau des idées de justice sociale et de progrès. D'où sans doute l'échec d'Un peuple et son roi.

Les idées, les idéaux de la révolution sont dévalorisé alors que les crimes commis en leurs noms apparaissent inexcusables. C'est bien plutôt du coté des femmes, parce que souvent victimes que se focalise le récit dans L'Anglaise et le duc les massacres de septembre et tomber la tête de la duchesse de Lamballe sous les yeux horrifiés de Grace. Les adieux à la reine se déroulent sur quelques jours à partir du 14 juillet 1989 pourtant la décadence qui règne au château et la terreur qu'inspire une liste d'une centaine de noms à éliminer place, dès l'aube de la révolution sa transformation inéluctable en terreur.