Histoires du cinéma
Pulp fiction (Quentin Tarantino, 1994)
Titanic (James Cameron, 1997)

Les années 80 avaient été celles du retour à l'ordre, du mauvais goût et de la superficialité. Avec Pulp fiction en 1994, Quentin Tarantino amorce un virage vers le recyclage de la culture fut-elle celle de la cuisine et des séries Z alors que James Caméron aborde plus nettement une confrontation avec la peinture dans Titanic (1997). Les films post 11 septembre 2001 ne feront qu'amplifier l'interrogation que l'Amérique se pose sur sa propre culture.

De nouveaux blockbusters

La recherche du blockbuster n'est pas abandonnée dans les années 1990. Pulp fiction, film qui a rendu Tarantino célèbre en 1994 a bouleversé le paysage du cinéma indépendant américain. 100 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis pour un budget de 8 millions, un record qui a lancé ses producteurs, Miramax, dans la cour des grands.

De son côté, James Cameron réalise Titanic en 1997 qui semble être le énième record de recettes ré-enclenchant la série des Parrain, Exorcist, Dents de la mer (1975) et autre Star Wars (1977). Celui-ci tient pourtant encore aujourd'hui et surtout change du ton des précédents. Caméron ose à nouveau un mélodrame qui se termine mal. Cameron introduit aussi dans ce grand film populaire des références à la psychanalyse et à la peinture. La correspondance entre peinture et cinéma n'est certes pas le sujet majeur de ce mélodrame mais concourt à cette réconciliation entre cinéma et culture qui semblait avoir été abandonné dans les films destinés aux adolescents. Rose a ramené plusieurs tableaux de son voyage à Paris dont cinq sont vus plusieurs fois au cours du film. Il s'agit bien évidemment de tableaux fictifs qui seront perdus dans le naufrage mais qui auraient fort bien pu être achetés à cette époque : un Etang aux nymphéas de Monet, des Danseuses de Degas, une nature morte de Cézanne et deux Picasso : un Portrait d'Ambroise Vollard et une étude pour Les demoiselles d'Avignon.

Rose, qui a ainsi fait preuve d'un goût très sûr et très moderne, les expose dans sa chambre sur le bateau comme une provocation envers Cal. L'amusante passe d'armes se transforme presque en note d'intention esthétique lorsque Rose, s'apprêtant à être dessinée nue par Jack, se présente entre le Monet et le Picasso, mettant ainsi en évidence l'attention à la couleur et le fractionnement des points de vue qui seront les piliers de la mise en scène de Cameron. Enfin, au moment du naufrage, on verra le Monet et le Degas emportés par les eaux alors qu'une mère endort ses enfants avec un conte sur le retour au Pays de la beauté.

Anciennes et nouvelles générations

Stanley Kubrick réalise son oeuvre testamentaire Eyes wide shut (1997), Terence Malick Le nouveau monde (2005). Clint Eastwood continue d'aligner les chefs-d'oeuvre sur un rythme de plus en plus soutenu : Sur la route de Madison (1995), Les pleins pouvoirs (1997), Mystic river (2003) Million dollar baby (2004),Mémoires de nos pères (2006). Woody Allen réalise aussi encore quelques films qui sortent du lot d'une production sans doute trop abondante : Le sortilège du scorpion de jade (2001) Mélinda et Mélinda (2005) et Match Point. Martin Scorsese avec Casino (1995) A tombeau ouvert (1999) et Gangs of New York (2002) ainsi que David Lynch Lost highway (1996), Mulholland drive (2001) et Inland Empire (2006) prouvent la permanence de leur créativité.

Steven Shainberg (né en 1963) avec La secrétaire (2002), Lodge H. Kerrigan (né en 1964) avec Kean (2004) Paul Thomas Anderson (né en 1970) avec There will be blood (2007) Sofia Coppola (née en 1971) avec Virgin suicides (1999),Lost in translation (2003) sont les principales personnalités apparues depuis le début de la décennie.

 

Majors et indépendants

Les majors continuent de dominer le marché mondial : Buena Vista International (The Walt Disney Company), Columbia TriStar Film Distributors International , Metro-Goldwyn-Mayer (MGM), Paramount Pictures Corporation, Twentieth Century Fox International Corporation, Universal International Films et Warner Bros (International Theatrical Distribution). Ces sept majors sont représentées par la Motion Picture Association of America (MPAA) à l'intérieur des Etats-Unis, et par la Motion Picture Association (MPA) à l'étranger.

Avec leurs nouvelles filiales, Miramax pour Disney, ou New Line pour la Warner, les majors dominent incontestablement les studios indépendants. Car même si les films produits par ces derniers sont plus nombreux, leur part de marché est beaucoup plus faible au niveau intérieur et international. Ainsi, si le plus important distributeur indépendant du pays, USA Films, a sorti 15 films en 2000, il n’a pu engranger que 1% des recettes du box-office national.

vers : le cinéma américain des années 80
Retour