Responsable d'une unité spécialisée dans la lutte anti-terroriste, Sean Archer a vu son jeune fils tomber sous les balles du chef de bande Castor Troy.
Ce deuil a altéré ses relations avec son épouse Eve, sa fille aînée Jamie et les membres de son équipe, qui supportent de moins en moins son pessimisme morose et son obsession de vengeance. Enfin, après six ans de traque, Sean parvient à ses fins : le gang est décimé, Castor est dans le coma et son jeune frère Pollux est enfermé dans une prison de haute sécurité. Mais une bombe a été déposée par Castor quelque part dans Los Angeles. Pollux refusant de dire où se trouve l'engin, Sean accepte de se faire greffer le visage de Castor afin de passer pour lui auprès de Pollux. Ni sa famille, ni ses collègues ne doivent être au courant. L'opération est un succès et Sean, incarcéré dans la prison de Pollux, obtient de ce dernier le précieux renseignement. Mais entre-temps, Castor, sorti de son coma, s'est fait greffer le visage de Sean, puis a éliminé tous les témoins. Désormais, Sean n'a plus aucun moyen de prouver sa véritable identité. Castor en profite pour prendre sa place auprès des siens. Tout le monde semble agréablement surpris par son caractère devenu enjoué, extroverti, voire romanesque. Il devient même une gloire nationale en désamorçant sa propre bombe quelques secondes avant qu'elle n'explose. Du coup, personne ne proteste lorsqu'il fait sortir Pollux de prison. De son côté, Sean réussit à s'évader et prend la place de Castor auprès de sa compagne Sasha Hassler et du frère de celle-ci, Dietrich. L'amour sincère que Sasha porte à Castor et au fils qu'elle a eu de lui l'émeut profondément. En revanche, Castor n'a aucun scrupule à envoyer les forces de police chez les Hassler, provoquant un carnage au cours duquel Dietrich et Pollux sont tués. Grâce à une analyse sanguine, Sean prouve à Eve qu'il est bien son mari. L'affrontement final entre les deux hommes fait plusieurs victimes, dont Sasha. Après une poursuite en hors-bord et un ultime duel, Sean l'emporte enfin sur son ennemi. Prélevé sur le cadavre de Castor, le visage de Sean sera restitué à son véritable propriétaire. Après quoi Sean pourra reprendre sa place auprès de sa femme et de sa fille, auxquelles il proposera d'adopter l'enfant orphelin de Sasha et Castor.
Woo résout le traumatisme de la mort de l'enfant par la descente aux enfers et une resurection touvée grâce à l'ennemi.
La bonne volonté, le positivisme, n'auraient pas suffit. Malgré toute sa bonne volonté, le flic et sa femme pleurent toujours leur enfant (voir la scène sur la tombe pour l'anniversaire ; pathétique et misérable).
Le mal provoque d'abord le dépouillement absolu. La scène dans la prison où le flic est au fond de sa prison enchaîné et sans possible secours extérieur est une terrible incarnation contemporaine du malheur s'abattant sur Job.
Woo substitue aux couleurs aigres-douces de la psychologie douloureuse, l'éclairage violent des tragédies baroques. L'ombre ne peut se comprendre sans la lumière et la lumière n'est jamais aussi nécessaire que quand la nuit est là. Car le bien que procure le flic, sa lumière, est bien terne. Le truand ne se fera pas faute de souligner avec humour son habitat triste, sa femme délaissée, son autorité impuissante sur sa fille, son zèle un peu borné au bureau. La fameuse scène de la fusillade dans le miroir. Cette scène scelle simplement que le bien et le mal, bien qu'éminemment contradictoire, sont nécessaires l'un à l'autre. L'échange de personnalité permet surtout à Woo de donner une véritable place aux scènes de repos. Cet échange de personnalité permet de travailler les zones où la lumière éclaire la nuit : ce sont les scènes émouvantes où le flic essaie de reconquérir sa femme et où la nuit éclaire la lumière celles où le truand joue avec humour et brio au flic. Ainsi, le retour à la vie du personnage ne pourra passer que par les leçons du truand.
Le spectateur partage cette marche vers la résurrection. La sensation la plus violente, il l'éprouve dans les scènes d'action. Si le mal s'abat sur le flic, le spectateur est lui-même épuisé par les quatre séquences de l'aéroport, du loft au miroir, de l'église et des hors bords, qu'il croyait être le summum de l'affrontement violent. La sagacité du spectateur est de si nombreuses fois prise à défaut (aurait pu constituer un digne final la mise à mort du truand dans le loft, le réglement de compte dans l'église ou la poursuite en hors-bord) qu'il demande proprement grâce et peut accepter cette grosse ficelle qu'est le retour de l'enfant.