Ne seront recensés ici que les films qui analysent l'évolution du couple sur la durée. En sont ainsi exclus tous les films racontant la rencontre et la naissance du couple sur le mode de La comédie sentimentale ou du drame de l'adolescence.
Presque tous les cinéastes considèrent le couple comme l'horizon indépassable de la relation, si ce n'est amoureuse, du moins humaine. Emblématique de cette position : La soif (1949). Dans son film, Bergman décrit l'impossibilité de l'harmonie dans la vie de couple, puisque les défauts des hommes et des femmes s'additionnent et s'amplifient au cours d'une interminable guerre des sexes. On hésitera pourtant à parler d'enfer, car l'enfer de la solitude est évoqué avec terreur par les héros eux-mêmes comme un enfer bien pire encore. Cet horizon indépassable du couple, Bergman le partage avec Rossellini (Voyage en Italie, 1953) puis Antonioni. Ce sera ensuite le propre d'une certaine modernité de prendre la scène de ménage comme cellule de base du cinéma (Le Mépris, Godard, 1963 ; Eyes Wide shut, Kubrick, 1999).
Les déchirements du couple comme parcours conduisant à une plongée dans la vérité des sentiments sont traités aussi bien dans L'aurore (1927) que dans les films de Chabrol (La femme infidèle,1968 et Les innocents aux mains sales 1974, L'enfer 1994, Au coeur du mensonge, 1998). Dans l'adultère, les hommes s'embarassent rarement de questions matérielles (Noce Blance ). Alors que dans le film noir, le meurtre du mari permet à la femme de garder l'aisance matérielle suffisante pour vivre avec son amant (Le facteur sonne toujours deux fois, Assurance sur la mort, Chronique d'un amour).
L'alternative qui pourrait être le ménage à trois est violemment rejetée par Eustache dans La maman et la putain (1973) et présentée comme une impasse dans Jules et Jim (1962). Truffaut atténuera toutefois ce jugement dans Le dernier métro (1980) rejoignant peut-être l'attitude de Lubitsch dans Sérénade à trois (1934) ou de Claude Sautet dans César et Rosalie (1972).
Sur un mode plus léger, l'horizon indépassable du couple est raconté dans les comédies du remariage : Thomas graals Basta Barb (Stiller, 1918), Comédiennes, (Ernst Lubitsch, 1924), Next time I marry (Garson Kanin), Mon épouse favorite (1940, Garson Kanin), Cette sacrée vérité (Howard Hawks, 1937), La huitième femme de Barbe bleue, (Ernst Lubitsch, 1938) et Indiscretion (George Cukor, 1940), ou les essais mineurs de grands maîtres : Mr et mme Smith (Alfred Hitchcock) et Une leçon d'amour (Ingmar Bergman) voir plus recemment dans Un enfant de toi (Jacques Doillon, 2012)
Avec Le ciel peut attendre Lubitsch se livre à la plus convaincante et émouvante apologie du couple.
Enfin, la survie du couple dans le vieillesse, parfois peu reluisante : La poison (Sacha Guitry, 1951), Le chat (Pierre Granier-Deferre, 1971), est aussi présentée avec force comme le dernier rempart face à la mort (Voyage à Tokyo, 1953) ou à la mesquinerie du monde (Place aux jeunes, 1937).
Principaux films :
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Faute d'amour | Andrei Zvyagintsev | Russie | 2017 |
L'économie du couple | Joachim Lafosse | France | 2016 |
Gone girl | David Fincher | U.S.A. | 2014 |
Un enfant de toi | Jacques Doillon | France | 2012 |
Copie conforme | Abbas Kiarostami | France | 2010 |
Un couple parfait | Nobuhiro Suwa | Japon | 2005 |
Intimité | Patrice Chéreau | France | 2000 |
Eyes wide shut | Stanley Kubrick | U.S.A. | 1999 |
Le dernier métro | François Truffaut | France | 1980 |
La maman et la putain | Jean Eustache | France | 1973 |
Scènes de la vie conjugale | Ingmar Bergman | Suède | 1973 |
Nous ne veillirons pas ensemble | Maurice Pialat | France | 1972 |
Le chat | Pierre Granier-Deferre | France | 1971 |
La femme infidèle | Claude Chabrol | France | 1968 |
La honte | Ingmar Bergman | Suède | 1967 |
Le mépris | Jean-Luc Godard | France | 1963 |
Jules et Jim | François Truffaut | France | 1962 |
L'aigle vole au soleil | John Ford | U.S.A. | 1958 |
La femme modèle | Vincente Minnelli | U.S.A. | 1957 |
Voyage à Tokyo | Yasujiro Ozu | Japon | 1953 |
Voyage en Italie | Roberto Rossellini | Italie | 1953 |
Le chat | Sacha Guitry | France | 1951 |
La soif / La fontaine d'Arhétuse | Ingmar Bergman | Suède | 1949 |
Mon épouse favorite | Garson Kanin | U.S.A. | 1940 |
La huitème femme de Barbe bleue | Ernst Lubitsch | U.S.A. | 1938 |
Le ciel peut attendre | Ernst Lubitsch | U.S.A. | 1938 |
Cette sacrée vérité | Leo McCarey | U.S.A. | 1937 |
Place aux jeunes | Leo McCarey | U.S.A. | 1937 |
Sérénade à trois | Ernst Lubitsch | U.S.A. | 1934 |
L'aurore | F W Murnau | U.S.A. | 1927 |
Comédiennes | Ernst Lubitsch | U.S.A. | 1924 |