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La soif / La fontaine d'Arhétuse

1949

Voir : Photogrammes
Theme : Le couple

La fontaine d'Aréthuse (Törst). Avec : Eva henning (Rut), Birger Malmsten (Bertil), Birgit Tengroth (Viola), Mimi Nelson (Valborg). 1h24.

Bertil et Rut font étape dans un hôtel de Bâle après un séjour en Sicile. Ils vivent douloureusement l’usure de leur vie conjugale. Pendant le sommeil de son mari, Rut revoit en pensée quelques moments de son passé.

Avant son mariage, elle avait rencontré Raoul, un jeune officier. Elle se souvient des merveilleux jeux d’été sur une petite île paradisiaque. Sa déception fut grande lorsqu’elle apprit que son bel amant était marié à une femme jalouse et tyrannique. Un avortement la condamna à la stérilité et mit fin à sa carrière de danseuse.

Dans le train qui les conduit à Stockholm, Rut reproche à son mari une liaison récente avec Viola, une jeune femme dépressive. On retrouve Viola dans le cabinet médical du docteur Rosengren, psychiatre satanique qui la tourmente et veut abuser d’elle. Elle s’enfuit et trouve refuge chez Valborg, une ancienne amie d’enfance. Mais Valborg est une lesbienne qui veut transformer les gestes de réconfort en approche de séduction. Viola quitte précipitamment Valborg et court vers les quais du port. En proie au plus profond désespoir, elle se jette à l’eau.

Le train traverse une Allemagne en ruines. Bertil somnole. Dans un cauchemar, il assassine sa femme à coups de bouteille. Au réveil, il prend Rut dans ses bras et lui demande de rester avec lui.

Huis-clos en mouvement, partiellement sartrien, le film décrit l'impossibilité de l'harmonie dans la vie de couple, puisque les défauts des hommes et des femmes s'additionnent et s'amplifient au cours d'une interminable guerre des sexes. On hésitera à parler d'enfer, car l'enfer de la solitude (décrit dans les personnages de Viola et Valborg) est évoqué avec terreur par les héros eux-mêmes comme un enfer bien pire encore.

La construction du récit est savante et originale, basée sur des hasards providentiels, une relation dramatique insolite entre le passé et le présent, une interpénétration constante des problèmes intimes des personnages et de l'environnement qu'ils traversent (Cette interpénétration rapproche le film de l'univers de Rossellini).

A côté de la ligne centrale de l'intrigue (réveil du couple dans la chambre et voyage en train), se développent des rêveries sur le passé de l'héroïne. Ces rêveries, alimentées également par les discussions du couple, se mettent à vivre par elle-même et font se croiser et se rencontrer dans le présent et dans la réalité des personnages précédemment évoqués par le couple.

La complexité de cette construction, née de la multiplicité du matériau littéraire utilisé (les nouvelles de Birgit Tengroth) justifie le caractère composite des styles employés par Bergman. Trivialité et lyrisme caractérisent la ligne centrale du récit : heurts constants mais aussi solidarité du couple des héros. Un expressionnisme assez sobre mais efficace jaillit des visions entrevues à partir du train (ruines nocturnes de l'Allemagne de l'après-guerre) et des plans des personnages hagards presque fantomatiques venant mendier aux vitres des wagons. Quant aux séquences parallèles (souvenirs de l'héroïne et rencontre des deux amies), elles oscillent entre un désenchantement ironique et cruel (séquence de Raoul) et un naturalisme très noir à la Duvivier (séquences de Viola et de Valborg).

critique du DVD
Editeur : Opening. 2006. VOST
critique du DVD

Edition double DVD avec Cris et chuchotements ou inclus dans le coffret Bergman

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