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sur demande à : jeanluc@cineclubdecaen.com

1 - Le temps retrouvé au Ciné-club, le mardi 20 août au Café des Images

2 - Retour sur le ciné-club du 27 juin avec Tout sur ma mère

3 - Assemblée générale du Ciné-club lors de la séance du 5 septembre

4 - Les sorties en salle

5 - A la télévision cette semaine

19h00 : Possibilité de se retrouver au Café des arts (si ouvert) autour d'une tarte salée (8 euros la tarte et bières à partir de 3 euros). Merci de m'indiquer si vous voulez que je réserve pour vous.

20h00-20h20 : brève présentation des films de Raoul Ruiz et des enjeux de son adaptation, "adoption", du roman de Marcel Proust.

20h20-23h00 : Projection du Temps retrouvé (1999, 2h38)

23h00- 23h30 : Débat

23h30 : Pot offert par le Café des Images autour duquel continuer la discussion pour ceux qui n'ont pas à se lever trop tôt le lendemain.

Malade, cloîtré, veillé par sa fidèle Céleste, le narrateur, obsédé par l'oeuvre qu'il veut terminer, égrène les souvenirs qui la nourrissent et regarde les photos des êtres qui ont compté pour lui : Gilberte, son amour de jeunesse, mariée à Saint Loup, qui la trompe avec des hommes ou des femmes, dont l'actrice Rachel ; Odette, mère de Gilberte, que le narrateur a toujours connu belle, mondaine et mystérieuse ; Albertine, qu'il aima jadis ; ou encore cette coterie homosexuelle autour de l'oncle de Saint Loup, Charlus, esprit libre et provocateur, et de son jeune amant Morel, tour à tour gigolo, musicien, journaliste, soldat puis déserteur pendant la guerre de 14-18...

D’une certaine manière, Proust ne décrit pas des personnages, il décrit les impressions provoquées par ces personnages. En déplaçant la précision de l’objectif vers le subjectif, Proust laisse une grande liberté imaginative au lecteur concernant les traits, et se concentre sur l’essentiel, à savoir ce qui émane des personnages. Ruiz en est conscient : si l’on reconnaît les personnages de la Recherche dans son film, ce n’est pas tant qu’ils correspondent à des descriptions physiques  mais parce qu’ils sont constitués sur la base d’impressions, et aussi qu’ils émanent – dans le film comme dans le livre – d’une voix à la fois extérieure et intérieure au récit, celle de Marcel.

Ce trouble de la reconnaissance est l'objet d'une majorité de séquences où Ruiz utilise les moyens cinématographiques baroques dont il s'est fait le spécialiste (masquage partiel ou total des visages, plans enchaînés de visages différents car pris dans des époques différentes, visages poudrés). A un second niveau, Ruiz joue aussi sur notre connaissance de l'oeuvre de Proust : allons nous reconnaitre tel ou tel personnage de La recherche ? Ruiz joue ainsi de la présentation de chaque personnage (nommé en gros plan ou perdu dans une séquence où il n'est pas central, comme pour Odette), la façon d'en différer l'apparition (Charlus). Le spectateur n’a alors plus à reconnaître des traits physiques, mais des impressions ressenties et imaginées, qu’il confronte alors avec celles dégagées par le film, avec succès ou non, les rectifiant ou non, rejouant alors les impressions décrites par Proust à un degré supplémentaire.

 

2 - Retour sur le Ciné-club du jeudi 27 juin au Café des Images

Nous étions 23 (19 payants + 4 exonérés) pour la séance de Tout sur ma mère au Ciné-club le mardi 27 juin au Café des Images. Le débat a porté sur Almodovar cinéphile. Le film retravaille All about Eve de Mankiewicz. C'est la référence la plus avouée, celle donne son titre et film qui se donne à voir autour de l'extrait télévisé que regardent ensemble Esteban et sa mère. L'Eve de Mankiewicz est une femme machiavélique qui cherche à usurper la place de l'actrice qu'elle fait semblant de servir. Cet arrivisme, cet égoïsme, ce sont les défauts monstrueux dont Huma et Nina l'accusent dans la loge de l'actrice avec ses miroirs qui rappellent le film de Mankiewicz. Nul flash-back mensonger ici et c'est bien tout sur elle-même qui leur révélera Manuela ; tout sur sa monstrueuse douleur. Cette douleur est au cœur d'un autre film que retravaille plus secrètement Almodovar. En allant voir la représentation théâtrale qu'Esteban est fauché par une voiture. Juste avant, il attendait sous la pluie la sortie de la star pour lui faire signer un autographe. On reconnaît là le début de Opening night (John Cassavetes, 1978) dont Almodovar disait en 1993, six ans avant de faire le film : "Hier j'ai vu Opening night et j'ai reçu ce film comme la confidence de quelqu'un, et à laquelle je participe pleinement, c'est une émotion active. C'était le moment le plus intense de ma vie depuis des mois. Je serais tellement fier si je pouvais faire un film comme celui là. Il y a tous les éléments que j'aime dans les histoires et au cinéma : une actrice, une pièce de théâtre, le rapport avec le metteur en scène, l'amant qui est un acteur et un incommensurable océan de douleur !"

pfd

 

3 - Assemblée générale du Ciné-club lors de la séance du 5 septembre

La séance du 5 septembre sur L'impératrice Yang Kwei-fei sera l'occasion de tenir notre assemblée générale. Bilan des films projetés, vos envies pour l'année à venir, la 13e du ciné-club; préparez votre cotisation annuelle de 2 euros !!!

 

4 - Les sorties en salle

Une grande fille
Once upon

 

5 - A la télévision cette semaine :

de Céline Sciamma, dimanche 18 août, 23h25, RMC
de Sam Peckinpah, lundi 19 août, 13h35, Arte
de Alfred Hitchcock, lundi 19 août, 20h50, Arte
Dans la ligne de mire
de Wolfgang Petersen, lundi 19 août, 21h05, F3
de Georges Franju, lundi 19 août, 22h30, Arte
de Lino Brocka, lundi 19 août, 1h35, Arte
de Arnaud des Pallières, mercredi 21 août, 20h55, Arte
de Alfred Hitchcock, jeudi 22 août, 13h35, Arte
de Sydney Pollack, vendredi 23 août, 13h35, Arte

 

6 - Milos Forman, l'art de la fronde, numéro de juin 2019 de Eclipses, revue de cinéma

Dans la première partie, "La période pragoise", sont analysés les trois premiers films du cinéaste. Myriam Villain (Le regard pour le regard) analyse la fonction de mise en abime du regard dans L’As de pique (1964), regard sur la peinture, la photographie, les arts du cirque et celui, fixe sur le regard de l'oncle de la fin du film  qui semble dire qu'il faut en garder pour demain... pour les films à venir. Youri Deschamps (La légèreté de l'être et la pesanteur du monde) étudie le rôle de la construction morcelée dans Les amours d’une blonde (1965). Elle permet d'échapper à la pesanteur du quotidien soviétique. Mais cette construction morcelée intervient aussi dans les scènes amoureuses, permettant d'échapper à la censure mais aussi à tout regard masculin qui se voudrait possessif. Damien Detcheberry (Celui par qui le scandale arrive) met en parallèle la satire d’Au feu les pompiers (1967) avec les théories du "rire du diable" et de l’anti-kitsch chez Kundera.

La seconde partie, "Un monde nouveau ?", interroge le rapport de Forman aux Etats-Unis : Saad Chakali (Blue Fower power) observe que Taking Off (1971) n'est pas le film de la rupture attendue pour le dissident incarnant l'esprit du printemps démocratique mais celui de la passion renouvelée pour l'insubordination, le relâchement et l'hétérodoxie. Forman, l'un des meilleurs représentants de la nouvelle vague thèque, aura anticipé la propension générationnelle à l'indiscipline du Nouvel Hollywood avant d'y participer à son tour pleinement.

David Da Silva (L'histoire américaine revisitée) fait de Ragtime (1981) l'un des premiers films bénéficiant de l'apport critique des "cultural studies" qui ont déconstruit le discours historique en expliquant qu'il était la version du Wasp, blanc, bourgeois, hétérosexuel. Ragtime montre ainsi comment le début du 20e siècle a façonné la domination de certains groupes ethniques au détriment d'autres. Ici celle du pompier raciste irlandais envers le jeune pianiste noir.

Sylvain Louet (Vol au-dessus d'un nid de juges) appréhende la façon dont le cinéaste se démarque du regard des juges dans Vol au-dessus d’un nid de coucou (1975) et Larry Flynt (1996).

La troisième partie, "L'élan et la source", propose des analyses thématiques. Violaine Caminade de Schuytte (Un trouble-fête à reconnaitre) analyse la figure du père dans l'oeuvre de Forman à partir d'éléments biographiques (il est mort dans un camp de concentration) mais en relevant qu'il l'étend à de nombreux thèmes de ses films tel celui de la reconnaissance d'un enfant différent des autres au cœur de chacune de ses fictions.

André-Pierre Lacotte (La musique comme révélateur) analyse le rôle de la musique dans l'oeuvre de Forman. Par elle advient la claire compréhension des thématiques en jeu. C'est notamment le cas dans les deux grands films musicaux que sont Hair (1979) et Amadeus (1984). Elle résonne comme une promesse d'émancipation, de la libration du joug de la tradition et de la génération parentale.

Jérôme Lauté (Let the sunshine in) réévalue Valmont (1989) l'adaptation mal aimée du roman de Choderlos de Laclos. Sans doute les libertés prises vis à vis de l'oeuvre littéraire, la proximité avec le film de Stephen Frears et le souvenir du précédent film de Milos Forman, Amadeus, qui avait suscité l'enthousiasme du public peuvent expliquer l'échec critique et public au moment de la sortie. Mais Jérôme Lauté s'attache à montrer, en reprenant chaque personnage du roman, que le cinéaste se l'est approprié pour proposer une adaptation placée sous le signe de la jeunesse et de la liberté.

La quatrième partie, "Je" est un autre, débute par un texte de Michaël Delavaud (L'autre est un jeu). Il repère le thème de l'usurpation d'identité dont la fonction politique, tentative de contestation du monde réel, est vouée à l'échec dans Vol au dessus d'un nid de coucou (1975), Hair (1979) et Valmont (1989).

Man on the Moon (1999) fait l'objet de deux textes. Boris Henry (Variations autour du débordement et de la porosité) étudie les débordements de personnalité d'Andy Kaufman (1949-1984) et la porosité que ceux-ci entretiennent avec la mise en scène. Sébastien David (Tony Clifton, image et magie) analyse la dernière séquence, mystérieuse et sujette à diverses interprétations.

Le dernier texte, signé Leo Le Breton (Accouchement des démons), analyse Les fantômes de Goya (2006) mais aussi l'art du portait, et non du biopic, dont Forman fait preuve dans Larry Flynt et Man on the moon.

 

Jean-Luc Lacuve, le 23 juin 2019

Précédentes newsletters : 14 avril , 28 avril, 12 mai , 26 mai , 10 juin , 23 juin 2019

 

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