Septembre 1962. Il fait chaud et lourd à Rome. A la sortie d'un tunnel, la circulation est paralysée par un gigantesque embouteillage. À l'intérieur d'une des voitures immobilisées, un homme suffoque, l'habitacle est envahi de fumée et pas moyen d'ouvrir porte ou fenêtre. Les passagers des autres véhiculent l'observent indifférents. L'homme grimpe sur le toit s'élève dans les airs. Attaché à un filin comme un cerf-volant, il survole une plage. Un homme maintient l'autre bout de la corde et un étrange cavalier lui ordonne de procéder à la chute mortelle : ce qui fait tomber comme une pierre l'homme des airs dans la mer.
Ce n'était qu'un cauchemar. Guido Ansemi, réalisateur célèbre de 43 ans, est en cure de repos dans un établissement thermale où on lui prescrit de l'eau et des bains de boue. Daumier, un intellectuel qu'il a fait venir pour revoir son scénario, préfère lui donner rendez-vous à la source thermale. Là se rassemblent les curistes alors qu'un orchestre joue la chevauchée des Walkyrie et un air du Barbier de Séville de Rossini. Alors que Guido s'approche des infirmières qui distribuent l'eau thermale, il baisse ses lunettes de soleil et voit apparaitre la belle Claudia, toute de blanc vêtue qui lui tend un verre d'eau. L'apparition cesse bientôt. Guido discute alors avec Daumier qui reproche au scenario existant de manquer de problématique ou de prémisses philosophiques. Ce qui fait du film une suite d'épisodes gratuits voire amusants, en raison de leur réalisme ambigu. On se demande ce que veulent les auteurs. Pauvreté de l'inspiration poétique, preuve la plus pathétique que le cinéma a 50 ans de retard sur tous les autres arts. Le sujet n'a même pas la qualité d'un film d'avant- garde, alors qu'il en présente tous les défauts. Guido ne sait plus pourquoi il veut faire le film. Il aperçoit alors son ami Mario Mezzabotta. Il est en compagnie de Gloria Morin, étudiante en philosophie aspirant à devenir actrice. Il attend l'annulation de son mariage qui dure pourtant depuis onze ans. A la gare, Guido lit les commentaires peu amène de Daumier sur son scenario (les apparitions de la jeune fille à la source que signifient-elles ? Une offre de pureté, de chaleur; de tous les symboles de votre histoire, celui-ci est le pire) en attendant Carla sa maîtresse qu'il a logé secrètement et modestement à l'hôtel de la gare. Ils font l'amour puis, alors que Carla lit des bandes-dessinées, il voit sa mère en rêve. Elle nettoie la tombe du père; celui-ci lui apparait aussi se plaignant d'être un peu à l'étroit dans son tombeau. Il demande des nouvelles de son fils au producteur Pace et à Conocchia, le directeur de la production et lui souhaite de continuer à être heureux avec sa femme; il s'enterre, la mère s'approche, embrasse son fils sur la bouche, c'est Luisa qui apparait alors, meurtrie qu'il ne l'ait pas tout d'abord reconnue.
Guido rentre à son hôtel. Dans l'ascendeur, il croise le cardinal alors que dans le hall Agostini, son assistant lui présente trois petits vieux attendent pour le rôle de son père. Arrive Cesare, l'impresario de Claudia, Conocchia s'inquiète du cout de l'aéronef, Madeleine et son impresario et Carini, un critique cinéma accompagné de sa femme qui écrit pour un journal féminin et une femme mystérieuse en blanc; Le producteur accompagné de sa starlette qui lui offre une montre
Soirée de gala devant la source. Mario et sa jeune fiancée dansent. Le critique l'interroge sur le lien entre catholicisme et marxisme. L'Italie est-elle, oui ou non, foncièrement catholique ? Madeleine est très déçue de n'être prévue que pour pas davantage que cinq à sept scènes. Carla solitaire mange une glace alors que le critique demande s'il pourrait créer une uvre vraie, importante et belle à la demande du pape. Un magicien avec son acolyte, Maria, devine les pensées des invités ce qui les fait fuir. Guido s'y prête il pense à "Asa Nisi Masa" (Anima sans les sa si javanais). A cinq ans, il ne voulait pas du bain de vin, censé donner des forces. La nuit da sur lui avait dit que le portrait de la chambre allait s'animer et la direction de ses yeux indiquer le trésor caché.
Guido rentre à son hôtel où on lui indique que sa femme a appelé. Il retrouve madeleine inquiète pour son rôle et Mezzabotta qui joue du jazz pour sa compagne. C'est Rossella l'amie de Luisa qui lui parle au téléphone puis celle-ci qu'il invite sur le tournage. Rend visite à l'étage de la production. Joyeux mais Conocchia renonce. En rentrant dans sa chambre, il se demande si la crise d'inspiration n'est que passagère. Mais Claudia surgit de derrière les rideaux et lui prépare le lit avec dévotion. Elle serait donc pureté, spontanéité. Il l'imagine fille de gardien de musée. Elle en rit lui aussi, elle le borde et s'allonge : elle est venue pour ne plus repartir et mettre de l'ordre, faire place nette. Mais Carla l'appelle au téléphone l'eau médicinale l'a rendu malade. Il se rend sur place mais s'inquiète surtout sur ce qu'il devra dire demain au cardinal. Il veut faire se rencontrer son personnage principal avec un prince de l'église lors d'un bain de boue .Il y apprendra une vérité qu'il réfute bien qu'elle le fasciné .saint Paul sur le chemin de Damas pense l'entourage du cardinal, surtout intéressé par l'oiseau Diomède. Une femme du peuple lui fait penser à ses huit ans au collège. Ses camarades l'entrainèrent pour voir la Saraghina, grosse femme sauvage vivant dans un bunker sur la plage danser la rumba pour quelques sous. Dans une poursuite burlesque, il avait tenté d'échapper aux curés. Il avait finalement dû affronter un tribunal ecclésiastique où sa mère avait pleuré puis condamné à l'écriteau "honte" porté sur le dos puis à l'humiliation devant ses camarades au réfectoire s'était confessé puis était venu dire adieu à la Saraghina sur la plage
Daumier en interroge le sens : juste un souvenir d'enfance rien à voir avec une conscience critique, sur le catholicisme en Italie, niveau culturel trop bas, sa tendre ignorance est trop négative souvenirs baignés de nostalgie, vos évocations naïves et émotives sont celles d'un complice, il faut être un Suétone au temps des césars (le cardinal plaisante) et non partir avec l'ambition de dénoncer pour aboutir à la connivence du complice. "Quelle confusion, quelle ambigüité !" conclut-il.
La cure de ce matin-là ressemble bien aux thèmes romains, le producteur lui demande d'être clair dans l'explicitation de son thème : la confusion dans l'esprit d'un homme. Rêve ou réalité: Guido est appelée pour voir le cardinal. Son assistant lui demande d'intercéder pour des dispenses. Guido confie n'être pas heureux, ce n'est pas une finalité réplique le cardinal, hors de l'église point de salut
Au Grand hôtel La Ponte, il y a concert. Dans la rue, Guido retrouve Luisa devant une salle des ventes. Elle est venue avec Rossella, Enrico, son soupirant, et Tilde. Le soir ils dansent ensemble heureux puis, soudain, alors que le départ pour l'astronef s'organise, son humeur s'assombrit.
L'astronef mesure maintenant 70 mètres et doit être prêt pour le 20, 400 tonnes de béton armé sur le sol de sable pour 80 millions de lires (10 appartements). Sur une terre ravagée par la guerre nucléaire, l'astronef fuit la peste atomique, l'humanité cherche asile sur une autre planète plus de 10 000 figurants.
Le soir à l'hôtel, Luisa lui explique qu'elle a vu Carla; ils s'endorment fâchés. Le lendemain Carla est sur la place, il nie l'avoir fait venir. Puis, il s'imagine que les deux femmes se rencontrent et s'apprécient. Sa vie est comme dans un grand harem où il distribue les cadeaux. Sa femme lave le sol et l'aime et sont là toutes les femmes de sa vie même une hawaïenne que Luisa lui a ramené car il en parlait. Jacqueline a 28 ans. Elle doit être conduite à l'étage du dessus. Toutes les femmes vont dormir et Luisa lave encore.
Dans le théâtre de la ville on visionne les rushes. Guido ne sait pas choisir. En rêve Il pend Daumier. Les essais ne sont pas très convaincants. Tous s'énervent mais arrive Carla, il l'emmène se promener en voiture puis sur une place où il tente de lui expliquer son rôle.
C'est la conférence de presse du premier jour de tournage. Guido est tétanisé. Il rêve qu'on lui procure un revolver pour se suicider sous la table. Il renonce. Daumier le conforte dans son abandon prônant le choix de la page blanche pour l'intellectuel responsable.
Mais le magicien arrive et le félicite et Claudia apparait. Daumier tente vainement de le décourager de recoudre les lambeaux de sa vie : ces vagues souvenirs des visages des êtres qu'il n'a pas su aimer. Mais Guido suit le magicien : "Quel est ce bonheur qui me fait trembler, me redonne force et vie ? Pardon douces créatures, je n'avais pas compris, je ne savais pas qu'il est naturel de vous accepter, de vous aimer et que c'est simple. Luisa je me sens délivré. Tout me semble bon, tout a un sens, tout est vrai j'aimerais tant pouvoir t'expliquer mais comment ?"
Et voilà que tout redevint comme avant tout est de nouveau confus. Le magicien fait allumer les projecteurs et Guido réaffirme alors : "Mais cette confusion, c'est moi. Moi tel que je suis et non tel que je me voudrais et cela ne m'effraie plus. Dire la vérité, ce que j'ignore, que je cherche, que je n'ai pas trouvé. Ainsi je me sens en vie, je peux regarder sans honte tes yeux fidèles. La vie est une fête. Vivons-là ensemble. Je ne peux mieux dire, Luisa à quiconque. Accepte-moi tel que je suis si tu peux. C'est le seul moyen de nous retrouver". Luisa lui répond :"J'ignore si tu as raison mais je peux essayer".
Tous apparaissent père et mère, Carla. Guido a compris qu'il ne pouvait se passer d'eux tous. Il monte dans la ronde avec Luisa. C'est la nuit, le jeune Guido continu de diriger ses clowns au son de sa flûte.
Durant son tournage, le film s'appelait La bella confusione (Le beau désordre). Le titre énigmatique qu'il a pris ensuite renvoie peut-être à sa place dans l'uvre de Fellini. Il venait en effet après sept long-métrages et les sketches Agence matrimoniale de L'amour à la ville et La tentation du docteur Antonio de Boccace 70 qui, au vu de leur durée, ne comptaient ensemble que pour un demi-film. Il est aussi possible que le titre fasse référence au nombre de bobines 35 mm sur lequel il était impressionné une fois fini. Chaque bobine dure en effet entre 15 et 20 minutes. On notera cependant que le film aurait pu tenir sur huit bobines et qu'il aurait fallu attendre la toute fin de la production pour avoir une telle idée. Or il semble bien que Fellini fasse une discrète allusion à ce chiffre de huit et demi dans le film lors des premières présentations de Carla et Luisa.
Une troisième explication du titre, bien que cryptée, est plus autobiographique. Dans le prologue-cauchemar, un homme dans une voiture caresse une femme qui se pâme. C'est Carla, la maîtresse de Guido. Au-dessus d'eux, les passagers d'un bus dont le numéro est 99. Plus tard, la première apparition de Luisa a lieu devant une salle des ventes dont l'affiche montre deux chiffres : 88. La graphie de l'affiche redouble l'idée de la barre de moitié (1/2) qui coupe les deux silhouettes contenues dans le vide des deux ronds du huit. Guido, en ne choisssant pas entièrement entre sa maîtresse et sa femme n'aura que la moitié de chacune d'elle, du 9 comme du 8, et restera partagé entre elles.
Sans doute Fellini, qui a mis énormément de lui-même dans le film, n'a-t-il pas voulu exhiber cette allusion trop personnelle en orienter vers un titre qui pouvait apparaitre comme faisant juste référence à sa filmographie de son uvre propre.
Esthétique et morale de la fragmentation.
Le fil narratif du film est constitué par le calvaire que représente pour Guido, en panne d'inspiration, d'achever le scénario et le casting de son film alors que le début du tournage est imminent et qu'il est sollicité par l'équipe de production et les stars et leurs impresarios. Il en a même rajouté en faisant intervenir un intellectuel, Daumier pour, croit-il, l'aider à terminer son scenario et qu'en rêve il pendrait bien et en invitant sur le tournage sa femme et sa maitresse.
Au terme d'un tumultueux examen de conscience, Guido apaisé, invite tous ses compagnons de route (réels ou rêvés) à participer à une joyeuse farandole au centre de laquelle un enfant tout de blanc vêtu joue du pipeau. Cet enfant, c'est lui.