Once Upon a Time... in Hollywood

2019

Thèmes : Hollywood

Cannes 2019 Avec : Leonardo DiCaprio (Rick Dalton), Brad Pitt (Cliff Booth), Margot Robbie (Sharon Tate), Emile Hirsch (Jay Sebring), Margaret Qualley (Pussycat), Timothy Olyphant (James Stacy), Julia Butters (Trudi), Austin Butler (Tex), Dakota Fanning (Squeaky Fromme), Bruce Dern (George Spahn), Mike Moh (Bruce Lee), Luke Perry (Wayne Maunder), Damian Lewis (Steve McQueen), Al Pacino (Marvin Schwarz), Kurt Russell (Randy Miller). 2h41.

Samedi 8 février 1969. L'acteur Rick Dalton, star de la série télévisée Le Chasseur de primes (Bounty Law) et sa doublure, Cliff Booth, sont interviewés pour la télévision. Le premier explique qu'il saurait très bien tomber mais que la production ne peut se permettre de voir immobiliser sa vedette si un accident survenait. D'où le rôle de Cliff.

Plus tard, toujours accompagné de Cliff qui lui sert de chauffeur depuis qu'il s'est fait retirer son permis, Rick est invité à déjeuner par son agent, Marvin Schwarz, qui lui annonce qu'il est désormais ringard dans une industrie hollywoodienne moderne. Il n'a jamais été aussi bon que dans Les 14 gros bras de McCluskey où il tuait au lance-flamme un quarteron de généraux dans un QG nazi. Depuis il sert de sparring-partner dans une multitude de séries télévisées où il est systématiquement le méchant qui perd à la fin. Il lui propose, pour redonner un souffle à sa carrière, de partir en Italie pour tourner des westerns spaghettis, notamment sous la direction de Sergio Corbucci, son "second meilleur réalisateur". Rick Dalton refuse, ignorant tout des westerns spaghettis sauf le fait qu'ils sont méprisés aux Etats-Unis.

C'est au bord des larmes qu'il avoue à Booth qu'il vient de comprendre qu'il est un has-been après cinq ans d'ascension, 10 ans de stagnation et cinq ans de descente. Booth, qui a appris depuis longtemps à se contenter de son rôle de chauffeur, le réconforte en vain en le ramenant chez lui dans sa maison avec piscine de Cielo Drive. Alors qu'il conduit la somptueuse Cadillac, il n'est pas insensible aux charmes d'une jeune hippie qui porte un grand pot de cornichons. Dalton semble ensuite retrouver de l'espoir lorsqu'il voit que ses nouveaux voisins sont le couple le plus en vogue du moment : le cinéaste Roman Polanski, tout juste auréolé du succès de son film Rosemary's Baby, et sa compagne, l'actrice Sharon Tate.

Booth donne rendez-vous à Dalton pour le lendemain matin tôt alors que Dalton promet de consacrer sa soirée à apprendre les répliques pour son rôle du lendemain. Il s'y entraine effectivement au magnétophone mais en se servant Margarita sur Margarita et les sirotant dans sa piscine.

Booth laisse la Cadillac blanche sur le parking de Dalton et conduit sa vieille voiture de sport pour rentrer chez lui, dans une caravane miteuse près d'un drive-in où il vit seul avec sa chienne, Brandy. Il lui prépare un repas plus complexe que le sien, heureux de l'avoir particulièrement bien dressée, à ne pas aboyer et ne manger qu'à son signal... quand il regarde un épisode de Mannix à la télévision.

Polanski et son épouse vont faire la fête au manoir Playboy où ils retrouvent notamment leur ami Jay Sebring, le coiffeur des stars, l'acteur Steve McQueen et les chanteuses Cass Elliot et Michelle Phillips. En observant le couple et Sebring danser, McQueen explique à la chanteuse Connie Stevens que Sebring, l'ex de Sharon Tate, attend que Polanski fasse un faux pas pour reconquérir sa compagne qu'il aime toujours.

Dimanche 9 février 1969. Dalton, manifestement mal réveillé et toussant sans cesse, débarque aux studios de la Columbia pour son rôle dans un épisode de la série Lancer. Il demande à Booth d'aller chez lui réparer son antenne de télévision cassée sur sa toiture par le vent de la nuit. Booth aimerait obtenir un rôle de cascadeur auprès de lui mais Dalton ne lui laisse que peu d'espoir car le responsable, Randy Miller, a déjà une équipe de prête.

Dalton, dans la loge de maquillage essaie de retrouver ses esprits. Le réalisateur, Sam Wanamaker, vient le trouver lui expliquant avec quel  enthousiasme il l'a choisi mais qu'il souhaite aussi le transformer afin que plus rien de son ancien rôle de chasseur de prime ne subsiste. Il portera donc moustache et costume à franges.

Pendant ce temps, Cliff Booth est rentré à Cielo drive, croisant une nouvelle fois la jeune hippie qui fait du stop dans l'autre sens. Cliff Booth grimpe sur le toit, se met torse nue, allume une cigarette et écoute la musique qui vient de chez les Polanski. Il voit un homme étrange aux cheveux longs se garer devant la résidence de Polanski. C'est Charles Manson qui vient voir Terry Melcher, le producteur de musique des Beach-boys. Jay Sebring, qui tient compagnie à Sharon Tate, lui annonce que Terry Melcher ne vit plus ici et que la maison appartient dorénavant aux Polanski. Manson aperçoit Sharon Tate et part aussitôt après l'avoir saluée.

Booth se remémore son passé récent. Alors que Dalton cherchait à le placer comme cascadeur pour le doubler, Randy Miller avait refusé car il croyait que Booth avait tué son épouse. Même si le tribunal l'avait acquitté,  sa femme, qui travaille avec lui, ne pouvait plus supporter Booth. Booth se souvient de sa femme si acrimonieuse lorsqu'il était en mer avec elle, armé d'un harpon. Mais Dalton avait insisté et affirmé que cette accusation était infondée et Booth un héros de guerre. Randy avait accepté à contre-cœur d'engager Booth, lui déconseillant fermement de se faire voir de son épouse. Sur le tournage de la série Le Frelon vert, Booth avait alors assisté à un discours arrogant de Bruce Lee, se considérant comme bien meilleur combattant que Cassius Clay. Booth lui avait alors proposé un combat à mains nues pour prouver qu'il n'est pas aussi fort qu'il le prétend. Mais leur duel, qui tournait à l'avantage de Booth, avait été interrompue par Janet, la femme de Randy, qui voyant sa voiture abimée par le combat, exigea que Randy renvoie Booth. Ce qu'il fit.

Il est midi et Dalton sort de la cabine de maquillage avec sa moustache en postiche. Il rencontre l'acteur James Stacy, le héros principal, qui s'avère être un de ses fans. Il se souvient qu'il avait été auditionné pour jouer dans La grande évasion. Dalton le détrompe : même s'il aurait aimé; il a juste été dit qu'il aurait été sur "la final-list" des acteurs au cas au Steve McQueen aurait renoncé. Dalton rencontre sa jeune partenaire, Trudi Fraser, une petite fille de 8 ans adepte de l'Actor's Studio et donc totalement investie dans son rôle.

Pendant le tournage, Dalton perd ses moyens et oublie ses répliques dû à son alcoolisme. Après une crise dans sa loge, déterminé et refusant d'être un loser, il retourne sur le tournage où il doit, lors d'une scène, prendre en otage le personnage de Maribella, jouée par la jeune enfant. Sa performance impressionne Trudi et le réalisateur Sam Wanamaker. Lorsqu'elle lui annonce qu'il a été brillant, alors qu'elle le voyait déprimer en raison de sa carrière en chute libre, Dalton s’effondre en larmes et retrouve confiance en lui.

La même journée, Sharon Tate se rend seule dans une librairie pour acheter un cadeau à son mari. Elle lui achète une édition originale du roman Tess d'Urberville. Elle se rend dans un cinéma où, invitée par le propriétaire, elle assiste à une projection du film Matt Helm règle son comte où elle partage l'affiche avec Dean Martin. Cachée derrière ses lunettes de soleil, elle entend avec bonheur les rires du public lors des scènes où elle démontre ses talents comiques. Elle se remémore par ailleurs son entrainement pour le film auprès de Bruce Lee.

Pendant ce temps, Booth prend en stop l'hippie aguicheuse, Pussycat, déjà croisée deux fois, qui ne le laisse pas indifférent. Cette dernière veut coucher avec lui mais il refuse n'étant pas certain qu'elle ait 18 ans. Elle désire aller au ranch Spahn, où l'attendent d'autres hippies et plus précisément les adeptes de Charles Manson, et Booth décide de l'accompagner pour visiter les décors en ruine de la série Le Chasseur de primes où il doublait Dalton. Aussitôt arrivé sur le lieu, Booth découvre qu'ils agissent bizarrement. Il rencontre Charles Watson et Lynette Fromme, deux complices de Manson, qui voient d'un mauvais œil son arrivée au ranch. Alors qu'il souhaite revoir son vieil ami George Spahn, propriétaire des lieux, il découvre qu'il est aveugle et à moitié sénile. Quand Booth lui annonce que les hippies profitent de son infirmité pour loger dans son domaine, le vieillard réfute et avoue qu'il couche avec Lynette. En échange de rapports sexuels avec les jeunes femmes, il les autorise à habiter chez lui. Quand Booth insiste pour lui dire qu'il est manipulé par la bande de hippies, Spahn lui explique qu'il n'a pas peur d'eux et le renvoie. Dehors, Booth voit que l'un des pneus de sa voiture a été crevé par un des hippies, Steve « Clem » Grogan. Booth lui explose le visage à coups de poing et l'oblige à le changer. Témoins de la scène, les hippies s'offusquent et l'une d'entre eux demande à une autre, Sundance, de chercher rapidement Watson. Quand il arrive sur son cheval, il voit que Booth est déjà parti.

Le soir même, alors que Booth et Dalton regardent ensemble la performance du second dans un épisode de The F.B.I., son agent Schwarz fait de même et, contre l'avis de son acteur, appelle les producteurs du cinéaste italien Sergio Corbucci pour leur annoncer que Dalton sera parfait dans le rôle principal de leur prochain western spaghetti.

Six mois plus tard, Le vendredi 8 août 1969. Dalton et Booth reviennent d'Italie où ils sont partis tourner des westerns spaghettis ou des séries B tournées par des cinéastes italien comme Corbucci ou Antonio Margheriti. Quatre films qui ont permis à Dalton de gagner beaucoup d'argent et de rencontrer sa femme, l'actrice Francesca Capucci. Désormais marié, il retourne à Hollywood où il s'apprête à se séparer définitivement de son ami Cliff, ce dernier acceptant cet accord pour poursuivre seul son chemin.

Sharon Tate, elle est enceinte de Polanski et elle est sur le point d'accoucher. En raison de l'absence de son époux, parti à Londres pour préparer son nouveau film, Sharon Tate invite ses amis Jay Sebring, Abigail Folger et Wojciech Frykowski dans un restaurant mexicain puis ils rentrent tous chez Tate pour poursuivre la soirée. Quant à Dalton, il fête sa séparation avec Booth en buvant de l'alcool dans un autre restaurant puis reviennent chez Dalton où sa femme dort profondément.

9 août 1969. Alors que Dalton se prépare des Margarita, Booth retrouve une cigarette à l'acide qu'il a achetée à une hippie et décide de la fumer avant de partir promener sa chienne en pleine nuit. Au même moment, Charles Watson, accompagnés de ses sbires Susan Atkins, Linda Kasabian et Patricia Krenwinkel arrivent à Cielo Drive pour accomplir la demande de leur gourou Charles Manson : celle de massacrer les occupants de la maison de Terry Melcher sans exception. Soit celle où se trouvent Sharon Tate et ses amis...

Mais, aussitôt garés, Dalton les remarque à cause du bruit et de la fumée épouvantables de leur voiture. Ce dernier, détestant les hippies, sort de chez lui en colère et les menace pour qu'ils partent du quartier privé. Les tueurs hippies, complètement défoncés, partent mais ils reconnaissent Dalton comme le héros de la série télévisée Le Chasseur de primes. Susan Atkins leur propose d'aller le tuer sauvagement et, surexcités, acceptent sa proposition. Sur le chemin, Kasabian leur fait croire qu'elle a oublié son couteau et part le récupérer dans la voiture. Mais elle s'enfuit sous leurs yeux. Quand ils pénètrent par effraction chez Dalton, ils tombent sur Booth, rentré de sa promenade mais totalement sous l'emprise de sa cigarette hallucinogène. Mais il réussit à les reconnaître comme les hippies du ranch Spahn. Ils prennent peur et ils s'apprêtent à le tuer jusqu'au moment où la chienne de Booth attaque violemment Watson. Armé d'une boîte de conserve pour chien, il le balance dans le visage d'Atkins, défigurée et hurlant de douleur, avant de se battre avec Watson. Il lui explose la tête avec un coup de pied avant d'être poignardé à la jambe par Krenwinkel. Il la massacre brutalement aussitôt en fracassant sa tête contre les murs de la maison avant de s'évanouir en raison de sa blessure. Mordue par Brandy et aveuglée par Booth, Atkins fonce dans la piscine de Dalton où il écoute de la musique avec un casque sur les oreilles. Surpris et halluciné par cette dernière, inconscient de ce qui s'est passé chez lui, il récupère son lance-flammes, une arme jadis utilisée sur le tournage d'un film où il brûlait des nazis, et incinère aussitôt Atkins dans l'eau où elle meurt dans les flammes.

Booth est emmené à l'hôpital et, avant qu'il ne parte, Dalton lui avoue qu'il est un véritable ami tandis que sa femme, qui s'est débattue contre Krenwinkel qui voulait la tuer, est interrogée par la police qui quitte rapidement les lieux. Désormais seul, Dalton est accosté par Jay Sebring à travers la grille de la villa de Sharon Tate. Ce dernier lui avoue qu'il est de ses plus grands fans et qu'il connait par cœur ses films. Ému, Dalton l'est encore plus quand Sharon Tate en personne, qui ignorait la présence de son voisin acteur, l'invite à travers l'interphone à les rejoindre pour boire un verre. Intimidé, Dalton accepte sa proposition. Ainsi, Dalton fait connaissance avec Sharon Tate et ses trois amis, toujours en vie.

Sur les images du générique, Dalton continue ses publicités pour les cigarettes Red Appel. Une fois le mot "Coupez", il s'emporte contre ces cigarettes de merde.

 Tarantino, jusqu'ici réalisateur de deux films de gangsters, quatre films noirs, un film de guerre et deux westerns, rend hommage dans une comédie au Hollywood dans lequel il a grandi. Le Los Angeles de 1969 est un creuset d'influences de toutes sortes qui lui permirent d'être ce cinéaste expérimental, maître de tous les genres. Tarantino réalise ainsi son Huit et demi, réflexion sur son cinéma, qu'il transforme en réflexion du cinéma sur le réel. Il suit en cela, avec l'extravagance qui est la sienne, la célèbre phrase que Godard attribue à André Bazin : "Le cinéma substitue à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs". Il dénie ainsi à la catastrophe le droit d'arriver.

Des pistes de fictions se résolvant dans la gentillesse

Le "Once upon a time" du titre est là pour prévenir qu'il s'agit d'un conte. D'où l'extrême gentillesse des personnages. L'amitié de Dalton et Booth est indéfectible. Le triangle amoureux entre Sharon Tate, Roman Polanski et Jay Sebring se révèle sans tension. Booth est attiré par Pussycat mais refuse de faire l'amour avec elle ne sachant pas si elle est majeure. L'agent de Dalton, Swartz est lucide, prévenant et efficace vis à vis de son acteur sur le déclin. George Spahn que l'on s'apprête à voir torturé dans sa chambre se révèle fan de séries télévisées et amoureux de celle qui lui donne son corps pour occuper le ranch avec ses amis.

Comme dans tout conte, il faut un méchant. Ce sera Charles Manson, figure entraperçue et plutôt falote dont les sbires seront traités sur le mode cartoonesque. Le massacre final est digne d'un dessin-animé de Tex Avery et en possède l'énergie du trait et l'humour burlesque.

Face à cette figure sombre, Sharon Tate se révèle un personnage éminemment solaire. Elle est filmée généralement dans une lumière dorée avec des vêtements clairs. Loin d'être une starlette prétentieuse, elle se contente d'une petite notoriété. Elle se prête à la pauvre photo de la caissière. Dans la salle peu remplie, elle jouit pleinement du plaisir des spectateurs aimant les gags qu'elle interprète dans le film. Elle aime aussi son métier, l'entraînement qu'elle avait suivi avec Bruce Lee. Détendue, pieds sales sur le fauteuil et la lumière du projecteur dans les cheveux, elle n'est pas destinée à mourir et Tarantino respecte cette énergie plutôt que de se soumettre à l'atroce réalité qui la verra massacrée.

Logique des films

C'est ainsi que la logique du cinéma remplace celle de la réalité. Non seulement Sharon peut apprécier son avant-dernier film,  Matt Helm règle son comte (Phil Karlson, 1968) mais son achat préalable d'un exemplaire original de Tess d'Urberville laisse présager qu'elle l'interprétera sous la direction de son mari. La petite statuette du Faucon maltais vue dans le film de John Huston sur le bureau du bouquiniste laisse entrevoir ce pont qui sort du réel pour gagner le pays d'une logique des films.

Cette dimension du conte incorpore toutes les références voulues par Tarantino. Celle à ses propres films d'abord. L'épisode de la série Lancer renvoie aux Huit salopards, avec le jeu un rien trop excessif de la jeune actrice et de Dalton dans un huis-clos de western. The 14 Fists of McCluskey renvoie à la fin des Douze salopards (1967) mais aussi à Inglourious basterds où les nazis étaient déjà la proie des flammes. Dans ce film aussi, Tarantino se permettait de modifier la réalité historique en tuant Hitler. Le marquage temporel, deux jours en février 1969, deux jours en août 1969 puis l'incrustation de l'heure des événements au petit matin du 9 août renvoie au déroulement très précis de Jackie Brown. Tarantino s'amuse pourtant à introduire un décalage entre les propos des personnages ou du narrateur vis à vis de ce qui est inscrit, clin d'œil sans doute à l'idée que la réalité se déchire vers une autre dimension.

Le melting-pot des images à consommer chez soi, pour le pire ou le meilleur, se fait au travers des séries télévisés : Mannix, FBI et référence à peine cryptée à  Au nom de la loi où Steve McQueen est le héros, Rawhide avec le parcours de Clint Eastwood interprète de cette série avant d'aller en Italie tourner sous la direction de Sergio Leone. Comme la carrière de Dalton est moins glorieuse, on lui offre le second meilleur réalisateur, le grand Sergio Corbucci auquel Tarantino a déjà rendu hommage.

Tarantino a appelé sa société de production A Band Apart, en hommage au film de Jean-Luc Godard dont Le mépris s'ouvre sur la célèbre phrase attribuée à André Bazin : "Le cinéma substitue à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs". Once upon a time.. in Hollywood présente ainsi un monde tel qu'il aurait été si la logique du cinéma de 1969 avait imposé sa réalité. La limite du film, brillant et stimulant par ailleurs, est peut-être que cette logique, telle que la conçoit Tarantino, est extrêmement bienveillante, presque désincarnée, très loin par exemple de l'atmosphère paranoïaque de Inherent vice (Paul Thomas Anderson, 2014). Mais surtout Tarantino ne laisse pas entrevoir ce qu'elle aurait donné aujourd'hui si elle s'était prolongée. La mise sur le même plan de toutes les images, notamment série et cinéma, triomphait alors comme aujourd'hui. Difficile de croire pourtant que nous sommes toujours dans le conte.

Jean-Luc Lacuve, le 16 août 2019