La newsletter du Ciné-club de Caen du 28 avril

1 - Santiago, Italia au Ciné-club ce lundi 29 avril au Café des Images, en partenariat avec l'Association des professeurs d'italien de l'Académie de Caen (APIAC) pour cette programmation italienne.

19h30 : Le ciné-club ayant lieu un lundi, le restaurant du Café des Images sera fermé. On se retrouve donc, pour ceux qui le souhaitent, au Café des arts, en face du cinéma.

20h30-20h45 : brèves présentations de l'APIAC et du cinéma de Nanni Moretti

20h45-22h05 : Projection de Santiago, Italia (1h20)

22h05- 22h45 : Débat

22h45 : Pot offert par le Café des Images autour duquel continuer la discussion pour ceux qui n'ont pas à se lever trop tôt le lendemain.

Après le coup d'État militaire du général Pinochet de septembre 1973, l'ambassade d'Italie à Santiago (Chili) a accueilli des centaines de demandeurs d'asile. À travers des témoignages, le documentaire de Nanni Moretti raconte cette période durant laquelle de nombreuses vies ont pu être sauvées grâce à quelques diplomates italiens.

Depuis ses premiers courts métrages : Paté de bourgeois (1973), La défaite (1973) et Come parle frate ? (1974) Nanni Moretti mêle questionnements intimes et interrogations politiques. L'Italie d'alors n'est pas seulement celle des "années de plomb", c'est aussi celle de l'effervescence, de la présence de nombreux partis politiques (Démocratie chrétienne, Parti socialiste, Parti communiste, conseils ouvriers, gauche socialiste, gauche révolutionnaire). C'est une Italie qui participe à cette part de rêve incarnée au Chili d'une gauche qui va au gouvernement pour la première fois par des élections libres, sans armes et sans l'extrémisme autoritaire des expériences soviétique ou chinoise ou cubaine. C'est de cette effervescence dont rend compte Santiago, Italia.

Pourtant, le 11 septembre 1973, L’attaque militaire au palais présidentiel puis la mort d’Allende, après le dernier discours du président adressé au peuple chilien, signent la fin du rêve chilien. En recueillant les témoignages de ceux qui se sont réfugiés en Italie, Nanni Moretti, se replace dans l'Italie d'alors celle qu'il suivait avec passion dans Je suis un autarcique, regard ironique sur le gauchisme, en militant communiste amnésique dans Palombella rossa (1989), en auteur en 1990 d'un documentaire sur le PCI, La chose. Dans Le seul pays au monde (1994), Moretti en Vespa roule à travers le quartier de la défense à Paris, rappelant que l'Italie est le seul pays au monde à permettre au propriétaire de trois chaines de télévision de se porter candidat à la tête d'un pays. Aprile (1998) manifeste cette fois sa joie d'être père et de voir la gauche remporter les élections. Devenu un personnage central dans le débat politique italien, il sort en pleine campagne des Législatives 2006, Le Caïman, une violente satire anti-Berlusconi.

Nous verrons en quoi, Santiago, Italia (2018), au travers d'un regard éloigné historiquement et géographiquement de l'Italie contemporaine est une façon pour Moretti de réinvestir le champ politique avec la joie et la chaleur qui ne l'ont jamais quitté.

Moretti en 1977, à 24 ans

Moretti en 2018, à 65 ans

2 - Les sorties en salle

• Les oiseaux de passage. Une communauté d’Indiens wayuu dont la vie s’organise autour du trafic de marijuana.

• Tel Aviv on fire . Il s'agit ici de continuer à travailler ensemble pour l'israélien et le palestinien qui veulent tout deux ramener à eux la femme qu'ils aiment. L'originalité paie : la cinéphilie de l'oncle qui voudrait rendre hommage au Faucon maltais, et les solutions simpliste (bombe ou mariage) peuvent être dépassées.

• Le livre d'image est comme Histoire(s) du cinéma (1998), un film sans acteur ni tournage. Y sont montés dans une sorte de collage à la main revendiqué des images préexistantes de films, de documentaires, de tableaux sur une bande-son mixant des musiques, des textes plus ou moins célèbres. L'ensemble est bien loin des chefs-d'œuvre de Godard, artiste engagé dans son temps. Il serait bien davantage son chef-d'oeuvre inconnu où, dans le roman de Balzac, la vie ne subsiste que par quelques fragments. Ils sont ici nombreux, des éclairs lyriques au milieu d'une longue déploration sur la souffrance des vaincus, de couchers de soleil, d'annonces de fins du monde avec une Arabie heureuse fantasmée comme ligne d'horizon improbable. Godard, sentant sa fin proche, danse pour un dernier tour de piste comme le danseur qui cache sa vieillesse sous un masque et danse jusqu'à en mourir dans Le masque, premier des trois épisodes du Plaisir (1952). Cet extrait, qui clôt le film abruptement alors que le (très long) générique est déjà passé, dit la volonté de Godard de continuer jusqu'à épuisement son métier et sa passion.

• 90's . Si Stevie peut paraitre un enfant ce sont bien des préoccupations d'adolescents qui le traversent ; se trouver une tribu, un groupe d’amis et faire ses premiers pas amoureux avec la jolie et douce Estee. Remarquable bande-son avec notamment : We'll Let You Know (Morrissey & Alain Whyte) et Liquid Swords (GZA ft. RZA). Film ancré dans les souvenirs de l'auteur sans excès de nostalgie et de skate.

3- A la télévision cette semaine :

Les vestiges du jour		de James Ivory, dimanche 28 avril, 20h55, Arte
Detective Dee : le mystère de la flamme fantôme		de Tsui Hark, dimanche 28 avril, 20h55, RMC
Le livre de la jungle		de Walt Disney, dimanche 28 avril, 21h00, 6Ter
Sur les quais		de Eila Kazan, lundi 29 avril, 20h55, Arte
Du rififi chez les hommes		de Jules Dassin, lundi 29 avril, 23h40, Arte
La tunique		de Henry Koster, mardi 30 avril, 13h35, Arte
Ascoval, la bataille de l'acier		de Eric Guéret, mercredi 1er mai, 22h00, LCP
Drôle de frimousse		de Stanley Donen, vendredi 3 mai, 13h35, Arte

4 - Les films de Brian de Palma, une édition du collectif Zoom arrière

Grand plaisir de participer au collectif Zoom Arrière depuis ses débuts et à cette reconversion vers le livre : un premier ouvrage entièrement consacré au réalisateur américain Brian De Palma.

En cinquante-cinq textes signés de treize contributeurs, l'œuvre de Brian De Palma, devenu incontournable après une série de fameux thrillers réflexifs, est analysée au fil des vingt-neuf longs métrages qui la composent à ce jour.

Ponctuellement, d'un titre de la filmographie à un autre, ou en continu, pour saisir une évolution, plongez avec nous dans ce cinéma de l'étourdissement et du dessillement, obsessionnel et formaliste, personnel et reconnaissable entre tous.

5 - Appel à voter : quels films pour les deux prochains ciné-club ?

Les deux derniers ciné-clubs de la saison seront programmés les jeudi 16 mai et mardi 18 juin.

Propositions pour le jeudi 16 mai : Passion de Hamaguchi : Retour de flammes The reports on Sarah and Salem, Quand nous étions sorcières, Astrid, Coeurs ennemis, Dieu existe son nom est Petrunya, Gloria Bell, Mais vous êtes fous , L’adieu à la nuit

Propositions pour le mardi 18 juin : Zombi child, Un havre de paix, etre vivant et le savoir, l’autre continent, Les particules, Le jeune Ahmed, Sibyl, Les plus belles années.

Les réédition en copies restaurées sont également possibles.

Pour le 16 mai, ayant revu mes textes pour le numéro de zoom arrière ci-dessus, je vous proposerais bien Obsession de Brian de Palma (avec comparaison avec Boddy double et Vertigo). Merci de m'indiquer vos préférences pour mercredi au plus tard.

Pour le 18 juin, Zombi child présenté en compétition à Cannes a ma préférence mais Bertrand Bonnello viendra peut-être le présenter lui-même.

Jean-Luc Lacuve, le dimanche 28 avril 2019

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