Michele est quitté par sa femme Sylvia, vingt-deux ans, qui n'arrive plus a avoit une vie à ellle. Avec son fils Andrea, Michele vit donc à Rome dans un petit appartement, amène son fils à l'école, voit des amis. Parmi eux, il y a Fabio qui tente de monter un spectacle théâtral, de convaincre des acteurs (Alfredo et Alberto qui refusent, Guiseppe, Valantina, Pio et Benedetta, Italo, Giorgio et Paolo qui acceptent), d'obtenir une critique de la presse. Michele tente de relancer sa relation avec Sylvia ; Giorgio est amoureux de sa jolie voisine.
Le jour de la première, le spectacle est un succès mais chacun demeurera seul. Michele se sépare définitivement de Sylvia et Fabio tente vainement de lancer un débat avec le public qui quitte la salle.
Je suis un autarcique est projeté au Film studio de Rome qui a déjà projeté les trois premiers films en super8 de Moretti au Festival "Dimensione super8" en décembre 1975. La salle est pleine dès le premier soir et le film est prolongé jusqu'au 20 décembre.
Adriano Apra raconte que Nanni venait avec son projecteur et sa copie et projetait lui-même. "C'était très délicat de projeter un film en super8. Il n'y avait pas de négatif. Si la copie était abîmée, l'original était foutu."
La programmation a donc été suspendue, le temps de faire un gonflage du Super8 en 16 mm pour avoir un négatif et faire d'autres copies. En mars 1977 il est reprogrammé au Film Sudio et reste plusieurs mois encore à l'affiche. Il est ensuite demandé à Brera, invité à la quinzaine de la critique à Cannes en mai 1977 sans sous-titre. C'est à La Rochelle en juillet 1977 que la projection est, selon les mots de Moretti, formidable et inoubliable. En l'absence de sous-titres, Christian Depuyper fait la traduction au micro en simultané et change de ton.
Le film remporte un immense succès car il sort des affirmations péremptoires de 68 des idées bon marché et sympathiques que personne ne songeait alors à disucter. Il introduit, le doute et l'ironie, l'importance de la sphére privée et renvoie à l'intelligentia de gauche une image certes cruelle mais suffisemment juste pour lui faire comprendre la neccessité d'évoluer.
Michele affirme ainsi sans rire à Sylvia : "Moi, je dois passer ma licence, bosser pour élever le gosse. Tu me vois faire la vaisselle, les lits, la bouffe ?" et Lorsque celle-ci lui répond "Pourquoi s'est-on marié ? Je ne sais plus. On n'a pas été bien 30 minutes ensemble. Je n'arrive plus à lire à avoir une vie à moi". Lorsqu'il se refugie dans son imaginaire de cinéphile, elle lui répond : "On n'est plus dans un film américain des années 30" sous-entendu celui où, en temps de crise, les femmes se sacrifaient pour leur homme. A cette remise en cause du couple s'ajoute celle de la filiation : "Pourquoi ai-je d'instinct tellement envie de t'étrangler ?" se demande soudain Michele en regardant son fils.
La satire du théâtre expérimental est terriblement juste et hilarante. "Y-at-il un moyen de se faire un peu de ronds ?" avait déjà demandé Michele. Mais il est vite fixé lorsque Fabio explique qu'il "s'inspire de Becket et recherche des matériaux en devenir : le geste, le corps mais aussi les autres comme le son, la découpe des lumières, le montage des scènes, Artaud, Bataille, la folie, abandonner les aliments gastronomiques et standards. Je veux un théâtre pur, absolu. Je veux atteindre la folie."
En se réveillant Michele avait eu une illumination : "Au cinéma les acteurs c'est la bourgeoise, l'image c'est le prolétariat. La bande-son c'est la petite bourgeoisie qui hésite constamment entre les deux. L'image, en tant que prolétariat, doit prendre le pouvoir sur le film après un long combat". Un cinéma bien différent de Pain amour et fantaisie où Giorgio pourrait se rendre pour rencontrer un critique.
Editeur : Montparnasse
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Dans le coffret 4DVD, Premiers films, mars 2010 : DVD1 : Je suis un autarcique. DVD 2 : Ecce Bombo. DVD3 : Sogni d'oro. DVD 4 : Le jour de la première de Close-Up, Le cri d'angoisse de l'oiseau prédateur, Le journal d'un spectateur, La Cosa. 40 €. ou édition simple mai 2011, 10 €.
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