La newsletter du Ciné-club de Caen du 31 mars

1 - Retour sur le Ciné-club du lundi 18 mars au Café des Images Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares

Nous étions 51 (46+5) pour ce film diffusé dans seulement 15 salles en France et pourtant remarquable dans sa construction : une mise en abyme entre théâtre, cinéma, images d'archives et musée (il se déroule dans le musée national militaire, le lieu de mémoire de la culture la plus nationaliste qui soit en Roumanie). C'est un film qui parle du poids du passé dans le présent et surtout de l'occultation du passé. Mais au delà de cette question historique cruciale, il parle plus généralement de la crise actuelle en Roumanie (et partout) autour de la question de la vérité : il évoque les enjeux corrosifs de l'idée de vérité relative. C'est en effet ce que le chargé de mission de la municipalité, qui distribue les subventions, ne cesse d'exiger de la metteuse en scène : "Puisque la municipalité vous subventionne, alors vous devez relativiser le passé".

Dragos Ioan, né en Roumanie, qui connait bien la situation intellectuelle et l'histoire du pays a mis en perspective le contexte historique de 1941 à la frontière de la Roumanie et l'attitude de certains personnages du film. Il a ensuite répondu aux multiples questions concernant la situation politique actuelle, le travail sur l'histoire dans un pays dont le régime politique refuse encore d'affronter l'antisémitisme qui le traverse. Dragos a conclu le débat par la lecture du Château d’eau (Mutilation de l’artiste en jeune homme, 1999) de Mariana Marin, à laquelle Radu Jude rend hommage en nommant ainsi son héroïne.

 

2 - Les sorties en salle

• Peu m'importe si l'histoire nous considère comme des barbares . Une jeune artiste se bat dans la Roumanie d’aujourd’hui pour dénoncer à travers un spectacle grand public la participation, toujours déniée, de son pays à l’Holocauste. Mariana Marin veut faire entendre une voix dissonante face à l’Histoire officielle, brodée de figures héroïques nationales, qui se déploie des sphères politiques à l’homme de la rue en discours stéréotypés, en phrases toutes faites, en citations ressassées qui fonctionnent comme autant de prêt-à-penser qui bâtissent «l’identité nationale roumaine».

• Dernier amour . La phrase finale de Cécile révèle une lecture positive de la relation amoureuse entre Casanova et Marianne. Même si leur relation reste ambigüe et mystérieuse, il est fort peu probable que Marianne soit une manipulatrice. Sans doute émue par celui qui la sauva de la misère alors qu'elle était enfant, elle attend de lui de nouveau d'être sauvée des relations tarifées que lui impose sa mère.

• Synonymes . Yoav est un guerrier. Dégoûté par l'état d'Israël, il se bat pour trouver un autre pays à aimer mais, surtout, pour être lui-même. Il devra en passer par le chaos. Lion d'or à Venise, le film fait la couverture des Cahiers du cinéma et, par ailleurs, prend place sur mon podium des meilleurs films de l'année 2019, qui s'annonce exceptionnelle !

 

3- A la télévision cette semaine :

 

4 - Le Café des images et la diffusion de courts-métrages

Le Café des images soutient la production de courts-métrages par :

• des projections de courts métrages accueillis par la région de Normandie et soutenus par Normandie Images

• Les rendez-vous "Café-court" (ci-dessous, soirée du 29 mars, sur les bancs ou les transats).

Jean-Luc Lacuve, le dimanche 31 mars 2019

Précédentes newsletters : 6 janvier , 20 janvier , 3 février , 17 février , 3 mars , 17 mars