1 - Retour sur Asako 1 et 2 au Ciné-club, le mardi 15 janvier
2 - Les sorties en salle
3- Sorties DVD
4 - A la télévision cette semaine
1 - Asako 1 et 2 au Ciné-club, le mardi 15 janvier
Nous étions 51 (45+6) pour cette séance de ciné-club. Nous avons d'abord rappelé le chapitrage du film en trois époques (2009, 2011, 2016).
Baku incarne durant vingt minutes du l'amour idéal et il accumule les scènes romantiques. Il apparait en tee-shirt blanc derrière Asako au visage de porcelaine. Il l'embrasse ensuite après leur premier échange de regards au bruit des pétards qui tintent autour d'eux. La musique de la boite de nuit où Baku a repoussé un rival présomptueux, se prolonge avec la balade en moto au bord de la mer. C'est enfin l'accident de moto dont ils sortent indemnes qui les fait rire et se prendre la main. Ensuite, on peut trouver que le film ralentit.
Ryôhei bénéfice pourtant de scènes tout aussi belles bien que plus prosaïques : mise à la hauteur sur les escaliers de Ryôhei, sa douleur de voir d'Asako le fuir, la journée dans le village de pêcheurs; la demande en mariage les mains dans la vaisselle. C'est le chat qui servira à médiatiser la réconciliation sa recherche sous la pluie puis l'arrivée du soleil au travers les nuages. Le roman étant écrit à la première personne, le cinéaste déclare se refuser à ajouter beaucoup de dialogues et essaie de faire comprendre l'histoire du point de vue d'Asako, à partir de son regard. Néanmoins Ryôhei s'avérant l'élément moteur de la formation du couple c'est lui qui, dans la seconde partie, devient le personnage principal. Sa fragilité s'exprime par le fait que durant deux ans, il n'a pas cherché à dissiper le mensonge par omission d'Asako, comme s'il avait peur de la perdre.
Baku qui s'écrit avec l'idéogramme désignant le blé signifie aussi tapir et en cela l'animal mangeur de rêves que l'on retrouve dans les mythes japonais. Il a protégé Asako d'une vie terne et sa disparition est difficile à assumer.
Le tapir, animal fétiche de Baku et le chat, animal fétiche de Ryôhei
Le retour vers Ryôhei, a été diversement jugé : réconciliation lourdingue à la manière de La femme du boulanger ou une prise de conscience d'une reconfiguration de leur couple. Le désir de prendre soin de l'autre est plus beau que le pardon comme l'exprime la dernière pharse "- la rivière du printemps est sale", "oui, mais c'est beau".
2 - Les sorties en salle
- Border de Ali Abbasi. Le roman Laisse-moi entrer de John Ajvide Lindqvist publié en 2004, a donné lieu à deux adaptations : Morse (Tomas Alfredson, 2008) et Laisse-moi entrer (Matt Reeves, 2010). C'est cette fois une nouvelle, Gräns (limite), qui donne lieu à ce Border (frontière) de la part d'Ai Abbasi dont le premier film, Shelley (2016), fantastique et gore, a été bien accueilli. La nouvelle est hélas assez platement mise en scène. Abbasi l'allonge sur 1h50 sans bien savoir s'il doit s'intéresser au panthéisme des trolls, à l'humanité de Tina, à son amour pour Vore, à la limite entre humain et non-humain sur le plan racial ou des valeurs éthiques. Le tout est dilué dans une enquête policière, moins bien traitée que dans un téléfilm ou une série.
- De l'autre coté du vent d'Orson Welles.Au cœur du film, il y a un film dans le film. Film surréaliste, symbolique, splendide et en couleur, ce film de fiction sera probablement inabouti. Réalisé par Jake Hannaford, interprété par John Huston, il s'appelle De l'autre côté du vent; Le vent y souffle fort, métaphore peut-être du désir ou du terrorisme auquel il est fait allusion. Mais De l'autre côté du vent tourné par Orson Welles entre 1970 et 1976 est un documentaire de fabulation qui narre la production du film de fiction. C'est être alors de l'autre côté de la fiction, voir ce qui se passe derrière le décor, les multiples rapports de forces du cinéma, les trahisons entre cinéastes ou entre cinéastes et acteurs. Welles va utiliser le processus de production extrêmement chaotique du film pour intensifier la partie documentaire de fabulation et faire de ce film son ultime chef-d'œuvre, certes posthume mais dont le montage proposé en 2018 est extrêmement convainquant.
- In my room de Ulrich Köhler. Peu scénarisé, l'événement fantastique de la disparition des humains est avant tout l'occasion d'une renaissance pour Armin. Plus qu'une robinsonnade, c'est un début du monde. Alors qu'il vivait sous contraintes, se retrouver seul est l'occasion d'essayer de nouveaux talents : de prendre le temps de bien faire les choses, labourer, installer une roue à eau, vivre avec les animaux. Armin est en accord avec la disparition des humains parce qu'il n'a que faire des supposés trésors de la civilisation (nourriture en boite, cigarettes, films pornos). Cette reconstruction de soi dans un bel été et une histoire d'amour mélancolique est très émouvante et prouve, après L'étrange petit chat (Ramon Zürcher, 2013) que le cinéma allemand contemporain peu faire bien mieux que les films à grosses thèses.
- Asako 1 et 2 de Ryusuke Hamaguchi. La figure du double, et notamment le motif de la passion amoureuse qui tente de retrouver la personne aimée dans une autre, la même ou pas, étaient au centre de Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958), Obsession (Brian De Palma, 1976), Body Double (Brian De Palma, 1984) ou Mulholland Drive (David Lynch, 2001). Dans ces films, l'obsession amoureuse est christiquement punie. Asako 1 et 2 penche donc plus nettement du côté de L’Avventura (Michelangelo Antonioni, 1960) où en recherchant la femme aimée disparue, on apprend à en aimer une autre pour elle- même. Le chapitrage du film en trois parties (2009, 2011, 2016) correspond à cette entreprise de décillement. Le film fait se succéder des scènes très belles et très simples où les images mentales répondent à d'autres images mentales dans l'esprit d'Asako, personnage intériorisé mais sachant prendre des décisions.
3- Les DVD du mois
The last movie
(
Dennis Hopper, 1971)
Editeur : Carlotta Films, décembre 2018
4 - A la télévision cette semaine :
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de Quentin Tarantino, dimanche 20 janvier, 21h02, F2 |
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de Federico Fellini, dimanche 20 janvier, 22h35, Arte |
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de Quentin Tarantino, dimanche 20 janvier, 23h35, F2 |
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de Eric Rohmer, lundi 21 janvier, 20h55, Arte |
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de Eric Rohmer, lundi 21 janvier, 22h45, Arte |
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de Pierre Salvadori, lundi 21 janvier, 22h40, Chérie25 |
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de Fritz Lang, lundi 21 janvier, 23h50, F5 |
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de Robert Guediguian, mardi 22 janvier, 0h10, F3 |
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de Alfred Hitchcock, jeudi 24 janvier, 13h35, Arte |
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de James Cameron, jeudi 24 janvier, 21h00, TMC |
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de Frédéric Mermoud, vendredi 25 janvier, 13h35, Arte |
Jean-Luc Lacuve, le dimanche 20 janvier 2019
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