Au lendemain du tournant préconisé par le secrétaire du parti Achille Occhetto (changer de nom et refonder le mouvement sur de nouvelles bases) dans toute l'Italie, les membres du Parti Communiste Italien 'interrogent et discutent de la "chose": à partir de notre héritage, notre but est de construire une chose plus grande, et si vous me permettez l'expression, plus belle.
19 décembre 1989, Francavilla di Sicilia; commune de la province de Messine en Sicile. Un militant demande de trouver un nom qui garde un lien avec la classe ouvrière; Occhetto doit faire une proposition; doit-on garder le symbole de la faucille et du marteau ? Doit-on continuer de s'appeler "Camarade" ? Il convient de parler en son nom propre
10 décembre, Gênes, quartier Ca'Nuova. Discours apaisés. Mais changer de nom pourquoi ?
7 décembre; Bologne, quartier Bolognina. Avec qui travailler et pour qui, pour quoi ? Le nom de communisme n'a plus le sens d'antan; mais il ne restera bientôt plus que des vieux pour porter le drapeau. Autosatisfaction d'être en Emilie Romagne
3 décembre : Naples, San Giovanni a Teduccio. Un débat qui parle au vieux communiste mais aussi à al société toute entière. Parie communiste un bel éléphant qui n'a pas à courir. "Nous avons appris à l'ouvrier et au paysan à ne pas ôter leur chapeau devant le patron". Intervention fâchée d'un vieux communiste
2 décembre, Turin, Usine Fiat Mirafiori. Ceux qui ont perdu l'espoir de faire la révolution, ceux qui ont perdu l'esprit d'aventure deviennent ennuyeux. Mais vivre dans une société plus juste n'est-ce déjà pas si mal
27 novembre, Milan, Quartier Lambrate. Gout de militer alors que Moretti décrit un parti moribond dans un film présenté à Venise. Développement durable, non violence, démocratie
24 novembre. San Casciano val di Pesa
22 novembre. Rome quartier Testaccio. Pas assez à gauche, politique faible.
Ce sont 45 militants et militantes (sept femmes) du parti communiste qui prennent la parole au sein de huit sections : à Francavilla di Sicilia, Gênes, Bologne, Naples, Turin, Milan, San Casciano val di Pesa et Rome : " J'ai filmé une assemblée d'une section du Parti Communiste Italien dans le quartier populaire du Testaccio à Rome. J'avais su que, pour la première fois, des militants se réunissaient pour débattre de la proposition du secrétaire du Parti, Achille Occhetto, qui invitait à un changement radical du PCI. J'ai appelé un cadreur et un ingénieur du son et nous avons tourné en 16 mm. Je n'avais pas en tête de projet précis mais cette journée de tournage m'a convaincu de continuer. J'ai tourné ainsi dans plusieurs villes italiennes et il en est sorti un documentaire."
Le film remonte le temps, commençant par une section communiste filmée le 19 décembre 1989 pour remonter à celle du Testaccio à Rome le 22 novembre. Il s'agit en effet moins de trouver un nom ou un symbole à "la chose" qui va prendre la place du parti communiste que de laisser la parole s'exprimer.
En 1990 le Parti Communiste Italien subit de plein fouet la chute du mur de Berlin et la fin progressive des régimes communistes à l'Est de l'Europe : il entre alors dans une période de crise d'identité. Nanni Moretti décide de donner la parole aux militants de base dans différentes sections de toute l'Italie et filme ce tournant historique dans l'histoire politique italienne. A la suite de la proposition du Secrétaire général du Parti, Achille Occhetto, de changer le nom du parti, les militants saisissent cette opportunité pour exprimer leurs interrogations et leurs craintes quant au futur de leur parti.
Achille Occhetto a été le dernier secrétaire général du Parti communiste italien (PCI) entre 1988 et 1991. Il fut l'artisan en 1991 de la fin du PCI, qui abandonna le terme de « communiste » pour devenir le Parti démocrate de la gauche (Partito Democratico della Sinistra - PDS) lors de son congrès de Bologne. La tendance dure du PCI fonda alors son propre parti. Défait par Silvio Berlusconi aux élections législatives de 1994, Occhetto abandonne la direction du parti qu'il avait créé.