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À
Calcutta, dans les années trente, Apu doit renoncer à poursuivre
ses études, et cherche du travail, sans succès : soit on lui
rétorque qu'il est trop qualifié, soit on ne lui laisse qu'un
travail vraiment ingrat. Par ailleurs, il écrit un roman autobiographique.
Son ami Pulu, issu d'un milieu aisé, vient lui rendre visite et l'invite
à dîner. Il lui propose un travail de bureau mais l'emmène
auparavant dans sa famille, à la campagne, assister au mariage de sa
cousine Aparna. Or, celui-ci est compromis, le fiancé ayant perdu la
raison. Pour éviter la malédiction qui frapperait la jeune fille
si elle ne se mariait pas au jour dit, Pulu demande à Apu de l'épouser.
Interloqué, Apu accepte cependant cette offre inattendue, et ramène
la jolie Aparna chez lui.
À Calcutta, les jeunes mariés mènent une vie insouciante et heureuse, même si Aparna éprouve du mal à s'adapter à la grande ville. Apu, lui, est devenu un bureaucrate comme tant d'autres. Le couple habite un appartement très modeste, non loin de la voie ferrée, qui rappelle à Apu ses allées et venues à la ville.
Enceinte, Aparna part accoucher dans sa famille, mais elle meurt en mettant au monde son fils, Kajal. Apu, qui rend celui-ci responsable de la mort de sa mère, refuse de le voir, et retourne en ville pour poursuivre la rédaction de son livre dans des conditions matérielles plus que difficiles. Un jour, renonçant à son roman, il part jeter son manuscrit dans la forêt.
Cinq années ont passé. À l'instigation de Pulu, Apu retourne au village de sa femme y retrouver Kajal. Malgré un accueil très dur, il finit par se réconcilier avec lui, et tous deux repartent vers Calcutta.
A
chaque étape de sa vie, Apu a dû perdre ou quitter ce qu'il chérissait
le plus au monde. Ces épreuves, qui font de la trilogie une saga lyrique
de la souffrance et de la frustration, ont pu souvent désespérer
Apu. Elles ne l'ont jamais transformé en un être complètement
amer. Elles lui ont enseigné les vérités fondamentales
de la vie et, lorsque nous le quittons, il est devenu un homme à peu
près réconcilié avec lui-même et avec le monde.
A mi-chemin entre le pessimisme et la sérénité, le style
de Satyajit Ray tend à accorder le plus de prix possible à chacun
des instants, des décors, des paysages, des rencontres qui ont jalonné
l'itinéraire et l'apprentissage du héros.
Il est étonnant de constater avec quelle économie de moyens Satyajit Ray réussit à rendre attachants ses personanges et, par exemple, celui d'Aparna, l'épouse d'Apu, dont la vie est si brève dans le récit et la mort si déchirante pour le spectateur.
Les secrets de l'art de Satyajit Ray sont plus simples à énumérer qu'à utiliser : la contemplation, l'attention passionnée aux être, la lenteur du rythme (qui n'empêche pas l'arrivée de beaucoup d'événements) et un recours très habile et quasi invisible mais idéalement adaptés à l'effet particulier qu'ils veulent produire. Ainsi la présence d'Aparna est-elle prolongée dans le récit, avant l'annonce brutale de sa mort, par sa lecture en voix off de la lettre qu'elle a écrit à Apu et que celui-ci relit au bureau, dans l'autobus et sur le chemin de la maison.
Source : Jacques Lourcelles, dictionnaire des oeuvres