Durant tout l’été, le ciné-club de Caen vous accompagne pour suivre la rétrospective en 10 films du plus zen des cinéastes japonais. Dès le 2 août, au Café des Images, un premier ciné-club est consacré à Printemps tardif (1949), le plus grand succès d'Ozu au Japon avec deux de ses acteurs emblématiques, Chishu Ryu et Setsuko Hara. Le 6 septembre, un second ciné-club au Café des Images programmera Fin d’automne (1960). Les deux films forment en effet un diptyque, l'un étant le miroir au féminin du premier. L'actrice Setsuko Hara jouant la fille dans le film de 1949 puis la mère dans celui de 1960.

Avec ses 54 films tournés entre 1927 et 1962, l’oeuvre du Japonais Yasujiro Ozu compte parmi les plus importantes du XXe siècle et témoigne d’une carrière magnifique dans laquelle les drames et tracas du quotidien japonais font office de paraboles universelles. Classiques instantanés, ses films n’ont de cesse de se transmettre de génération en génération avec la même ferveur et une émotion sans cesse renouvelée.

Sur ces 54 films, 17 sont considérés comme perdus. En février-mars 2007, La maison de la culture du Japon à Paris projetait les 37 films restants avec des copies appartenant à la Japan Foundation Film Library et Carlotta Films.

Cette nouvelle rétrospective en 10 films qui court sur une douzaine d’années, marque celle de la dernière période du cinéaste. Les 34 films muets, de 1927 à 1936, sont en effet majoritairement des films sociaux avec une forte présence des enfants mais où l'on trouve aussi films noirs et de gangsters. Les 20 films parlants, à partir du Fils unique en 1936, sont une succession de chefs-d'œuvre où la méditation sur le temps et les mutations nécessaires et douloureuses prend le pas sur le contexte social pourtant toujours traité en arrière-plan.

Printemps tardif Avec : Chishu Ryu (Shukichi Somiya), Setsuko Hara (Noriko Somiya) 1949, 1h50.

Noriko est la seule fille de la famille Somiya à ne pas être mariée. Elle vit cependant heureuse avec son père mais ce dernier pense qu'il est grand temps pour elle de penser au mariage. Noriko est réticente à l'idée de laisser son père seul mais elle finit tout de même par accepter. Après un dernier séjour à Kyoto en compagnie de sa fille, le père finit par ressentir cette solitude que sa fille avait tant redoutée.

 

Été précoce Avec : Setsuko Hara (Noriko Mamiya), Chishu Ryu (Koichi, son frère),1951, 2h05.

Les tiraillements du cercle familial type japonais entre modernité et tradition, symbolisés ici par les trois générations qui cohabitent dans une même maison. Noriko, l'héroïne, est une japonaise moderne, une dactylographe, qui n'envisage pas à vingt-huit ans, de se marier. Cependant, sous la pression des membres de la famille, elle va se résigner, mais sa décision d'épouser l'assistant pauvre de son frère docteur au lieu de l'homme d'affaires préféré par sa famille provoque l'éclatement définitif de celle-ci.

 

Le goût du riz au thé vert .Avec : Shin Saburi (Mokichi Satake), Michiyo Kogure (Taeko Satake), 1952, 1h55.

Malgré leur différence d'âge et leurs origines sociales opposées, un couple va finir par s'apprécier et s'aimer.

 

Voyage à Tokyo Avec : Chishu Ryu (Shukichi Hirayama), Chieko Higashiyama (Tomi Hirayama), Setsuko Hara (Noriko Hirayama), 1953, 2h16.

L'histoire d'un couple de retraités qui viennent à Tokyo visiter leurs enfants, mais qui découvrent que ceux-ci sont trop absorbés dans leur quotidien pour leur consacrer beaucoup d'attention.

 

Printemps précoce Avec : Chikage Awashima (Masako Sugiyama), Ryo Ikebe (Shoji), Takako Fujino (Terumi Aoki) 1956, 2h24.

Dans la métropole de Tokyo, l'employé de bureau Shoji Sugiyama se prépare à partir travailler avec l'aide de sa femme, Masako. Leur seul enfant est mort quelques années auparavant de maladie. Au cours d'une sortie avec ses amis et collègues, Shoji passe du temps avec une secrétaire, Kaneko, surnommée "Poisson rouge" pour ses grands yeux. Peu de temps après, ils ont une relation éphémère. Mais Masako soupçonne cette liaison et décide de quitter le domicile conjugal.

 

Crépuscule à Tokyo Avec : Setsuko Hara (Takako Numata), Ineko Arima (Akiko Sugiyama), Chishû Ryû (Shukichi Sugiyama, 1957 , 2h20.

Deux soeurs qui vivent avec leur père apprennent que leur mère, qu'elles croyaient morte, habite dans les environs. Cette découverte bouleverse leur existence.

 

Fleurs d'équinoxe Avec : Shin Saburi (Wataru Hirayama), Kinuyo Tanaka (Kiyoko Hirayama), 1958, 1h58.

L'homme d'affaires Hirayama se montre fort réticent lorsqu'il apprend que sa fille Setsuko veut épouser un gendre qu'il n'avait pas envisagé. Elle organise le mariage sans son aide et c'est contre sa volonté qu'il y assiste. Le couple part ensuite pour Hiroshima. Poussé par ses amis, Hirayama surmonte ses convictions et va leur rendre visite.

 

Bonjour Avec : Koji Shidara (Minoru), Masahiko Shimazu (Isamu), Chishû Ryû (Keitaro Hayashi), 1959, 1h34.

Minoru et Isamu vivent avec leurs parents dans la banlieue de Tokyo. En rentrant de l'école, ils aiment à s'arrêter chez un voisin qui a la télévision pour regarder des matches de sumo. Leurs parents, mécontents, leur interdisent d'y retourner. Pour protester, Minoru et Isamu entament une grève de la parole, qui va provoquer par ricochet de nombreuses incompréhensions parmi les voisins.

 

Fin d'automne Avec : Setsuko Hara (Akiko Miwa), Yôko Tsukasa (Ayako Miwa), 1960, 2h08.

Trois hommes d'âge mûr – Mamiya, Taguchi et Hirayama – sont réunis pour une cérémonie en mémoire de Miwa, leur ami commun du temps de leurs études. Sa veuve Akiko et sa fille de 24 ans, Ayako sont également présentes. Les trois amis s'accordent sur la beauté des deux femmes et songent à vouloir trouver un mari pour la jeune femme. Ils s'emploient rapidement à lui trouver des prétendants tout en considérant le possible remariage de la jolie veuve.

 

Le goût du saké Avec : Chishû Ryû (Shuhei Hirayama), Shima Iwashita (Michiko Hirayama), Keiji Sada (Koichi Hirayama)(1962 • 1h53)

Un père, veuf, cadre dans une entreprise industrielle vit avec sa fille et son dernier fils. Le soir, après le travail, il retrouve ses amis pour boire du saké dans un café où ils ont leurs habitudes. L'un d'eux lui propose un gendre pour sa fille. Il prend alors peu à peu conscience que sa fille est en âge de se marier et qu'il doit, au risque de se retrouver seul, libérer sa fille de son emprise paternelle.

 

Ouest-France, le 1er août 2018