Les relations entre peinture et cinéma peuvent se décliner sous les différentes façons qu'ont les cinéastes d'être inspirés par la peinture (partie 1), sous une recherche des correspondances entre les courants esthétiques de la peinture et ceux du cinéma (partie 2), sous l'examen de leurs techniques (partie 3). On notera enfin que parce que le cinéma est un art bien plus récent que la peinture, ce n'est que très tardivement que celui-ci aura une influence sur celle-là (partie 4).

I- Les relations des cinéastes avec la peinture.

Celles-ci peuvent se classer en quatre catégories selon que le cinéaste :

Le carré magique des relations entre peinture et cinéma :
Le peintre au cinéma
Le peintre au cinéma : Van Gogh mis en scène par Pialat
la peinture dans le cinéma
La peinture dans le cinéma : De Chirico a inspiré le cadrage d'Antonioni
Le cinéma dans la peinture
Le cinéma dans la peinture : Godard explore la toile de Rembrandt
Les tableaux au cinéma
Les tableaux symboliques : aimer un tableau avant d'aimer Laura

Il est aussi possible de recenser la liste des tableaux célèbres montrés au cinéma et les principaux musées vus au cinéma.

II - Les courants esthétiques

La correspondance entre peintres et cinéastes peut être redoublée par une correspondance plus théorique entre les grands mouvements esthétiques de la peinture et ceux du cinéma. Même s'ils partagent souvent les mêmes noms, la succession des écoles de peinture et de cinéma ne respecte pas le même ordre chronologique ni ne répond toujours aux mêmes concepts. Nous indiquerons pourtant une correspondance possible entre écoles de cinéma et écoles de peinture.

Même s'ils portent le même nom et expriment les mêmes intentions avec des méthodes similaires, l'expressionnisme en peinture et l'expressionnisme au cinéma différent par le fait qu'il s'agit d'un mouvement moderne pour la peinture et d'un mouvement classique du cinéma.

III - Des techniques différentes pour des effets semblables

D'un point de vue technique, on peut aussi rechercher les outils communs à disposition des peintres et des cinéastes. On explorera ainsi les rapprochements possibles entre les techniques de la perspective et de la profondeur de champ, entre l'art du gothique international et le plan-séquence, entre les effets recherchés par certains faux raccords et la technique du cubisme.

IV- L'influence du cinéma dans la peinture.

La galerie du Vieux Mogul (Walter Sickert, 1906) est la plus ancienne représentation connue du cinéma dans la peinture. A l'intérieur du music-hall du Vieux Mogul, une foule regarde ce qui est probablement un western. Sickert saisit l'excitation des premiers films et place le spectateur au cœur du public ; certains assis sur le dos de leurs sièges, se tendent pour obtenir la meilleure vue de l'écran. Avec ses représentations de théâtre plaçant le spectateur à l'arrière d'une foule agitée, ce style était devenu la signature des œuvres de Sickert. Il s'intéressait à la culture populaire et consacrait son art à l'enregistrer. Capturant l'atmosphère électrique des premières projections de cinéma, le tableau prédisait l'importance culturelle du film.

La galerie du Vieux Mogul
Walter Sickert, 1906
New York Movie,
Edward Hopper ,1939


Edward Hopper dans New York Movie (1939)représente des spectateurs plus sagement assis et nous laisse imaginer la rêverie de l'ouvreuse. Le cinéma est une source d'inspiration pour plusieurs tableaux de Hopper.

Selon Willem de Kooning, le point de départ de Excavation (1950) était une image de femmes travaillant dans une rizière dans Riz amer (Giuseppe de Santis, 1949). Lignes calligraphiques crochues définissent les parties anatomiques - formes d'oiseaux et de poissons, nez, yeux, dents, cous et mâchoires humains - qui semblent danser sur la surface peinte, révélant la tension particulière entre l'abstraction et la figuration qui est inhérente au travail de Kooning.

photogramme de Riz amer (Giuseppe de Santis, 1949) ayant peut-être inspiré Excavation (Willem de Kooning, 1950)

Le cinéma est d'abord considéré comme une fabrique de stars par Andy Warhol qui peint Marilyn Monroe ou Liz Taylor. Dans Ten Lizes, de Andy Warhol, tableau peint en 1963, la célèbre actrice Liz Taylor apparaît enveloppée dans l'aura que lui confèrent les rôles qu'elle interprète à l'écran, tout en donnant à voir la transformation de son corps en une image démultipliée de copie en copie. Mais en dehors de son aspect figuratif, le tableau de Warhol renvoie aussi sur un plan formel au cinéma : le découpage régulier du support en unités distinctes et répétitives évoque la division du ruban filmique. Dans Soudain l'été dernier de Martial Raysse, peint la même année 1963, la baigneuse reçoit une nouvelle vie empruntée et nostalgique, que le titre, référence à Tennessee Williams via le film de Mankiewicz (1963), accentue encore.

Ten Lizes,
Andy Warhol (1963)
Soudain l'été dernier
(Martial Raysse, 1963)

Le cinéma est aussi, au même titre que la bande-dessinée, un réservoir de culture populaire. L'exposition Le mouvement des images (Musée d'art Moderne, avril 2006 - janvier 2007) montre l'influence du cinéma expérimental sur la peinture de la fin du XXe siècle.

 

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