1821. Naissance le 30 Octobre à Moscou (Russie), dans l'hôpital
où son père était le médecin, sous le nom de Fedor
Mikhailovich Dostoïevsky (Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski pour l'orthographe française). Sa mère dont il était très
attaché meurt alors quil est encore très jeune.
1840. Entre à l'école des ingénieurs de Saint-Pétersbourg.
Pendant sa scolarité son père meurt assassiné sur ses
terres tués par ses propres paysans. Cette nouvelle provoqua sa première
crise dépilepsie.
1843. Il est nommé Officier.
1844. Démissionne de l'école d'ingénieur et publie son
premier ouvrage "Les pauvres gens". Il eut un grand succès.
Fut impliqué dans la conspiration de Pétrachevski, arrêté
et condamné à mort. Fut gracié par le Tsar Alexandre
II et déporté en Sibérie. Il y resta jusquen 1853.
Revenu vers Saint-Pétersbourg, il écrivit "Souvenirs de
la maison des morts" (Journal de sa captivité en Sibérie).
1861. Il épouse la veuve Mme Issaïew.
1866. Parution de son chef d'oeuvre "Crime et châtiment".
A cette époque il perdit sa femme et se remaria avec sa secrétaire
Anna Snitkiva. En 1867, malade et accablé de dettes, il part pour lAllemagne
et lItalie. Il écrit "Les possédés",
"L'idiot" et "Les frères Karamazov".
1881 - Il décède le 28 janvier à Saint-Pétersbourg
(Russie), toute la population de Saint-Pétersbourg assista à
ses obsèques.
Tout au long de son uvre, il a posé le problème de lhomme
déchiré entre la présence du mal et la recherche de Dieu,
entre linconscient et le conscient.
Les oeuvres de Dostoïevski et leurs adaptations
1846 : Les pauvres gens
1846 : Le double
1846 : Un roman en neuf lettres
1846 : Monsieur Prokhartchine
1847 : La Logeuse
1847 : Les Annales de Pétersbourg
1848 : Polzounkov
1848 : La Femme d'un autre et le mari sous le lit
1848 : Un sapin de Noël et un mariage
1848 : Les nuits blanches
1848 : Un cur faible
1848 : Les Récits dun homme dexpérience : Le Retraité,
Le Voleur honnête
1848 : Le mari jaloux
1849 : Nétotchka Nezvanova (inachevé)
1849 : Le Petit Héros
1855-1859 : Le Rêve de l'oncle
1859 : Le Bourg de Stépantchikovo et sa population
1861 : Humiliés et offensés
1860-1862 : Souvenirs de la maison des morts (autre traduction : Les Carnets
de la Maison Morte)
1862 : Une sale histoire
1863 : Notes d'hiver sur impressions d'été
1864 : Mémoires écrits dans un souterrain (autres traductions
: Les Carnets du sous-sol, Le sous-sol, Manuscrit du souterrain)
1865 : Le Crocodile
1866 : Crime et Châtiment
1866 : Le joueur
1868 : LIdiot
1870 : Léternel mari
1871 : Les possédés (autre traduction
: Les démons)
1873 : Journal de l'écrivain : Bobok , Petites images, Le Quémandeur
1874 : Petites images (en voyage)
1874-1875 : L'Adolescent
1876 : Journal de l'écrivain : Le Garçon "à la menotte",
Le Moujik Maréï, La douce,
La Centenaire
1877 : Journal de l'écrivain : Le Rêve d'un homme ridicule
1878 : Le Triton
1880 : Les frères Karamazov
1880 : Discours sur Pouchkine
1968 : Bernardo Bertolucci, Il sosia. Avec : Tina Aumont, Rochelle Barbieri, Sandro Bernadone, Alessandro Cane, Gianpaolo Capovilla, Giulio Cesare Castello, Pierre Clémenti, Romano Costa, Salvatore Samperi, Stefania Sandrelli. 1h45.
Le narrateur est un jeune fonctionnaire qui parcourt
Saint-Pétersbourg en tous sens pour tromper son ennui et sa solitude.
Au retour d'une promenade, il croise sur les bord de la Néva une jeune
fille qui pleure. Il voudrait l'aborder mais n'ose pas, pourtant il lui évite
dêtre importuné par un homme saoul. Elle accepte d'être
raccompagnée chez elle. Les deux jeunes gens promettent de se revoir
le lendemain soir au même endroit.
Nastenka tient promesse, elle cherche un confident, pas un amoureux. Lui se
définit comme rêveur. Il parle de lui à la troisième
personne, souffre de la solitude, mais n'a aucun ami. À vingt-six ans,
il a déjà le sentiment d'avoir gâché sa vie et
les deux soirées quil vient de passer avec elle sont les seules
où il a vécu.
Nastenka raconte sa pauvre existence d'orpheline recueillie par sa grand-mère
aveugle. À quinze ans, elle fait une bêtise ; sa grand-mère
a depuis épinglé sa robe à la sienne pour quelle
samende. Elle vit dans un huis clos étouffant et rêve de
partir. La chance lui avait souri avec un locataire, jeune, beau, étudiant,
qui les avait invitées au théâtre. C'est la seule sortie
qu'elle ait jamais faite. Quand il lui annonce son départ pour Moscou
et malgré ses seize ans, elle veut partir avec lui. Il promet de revenir
dans un an et de lépouser, et aujourdhui, cela fait un
an et trois jours. Va-t-il revenir ?
Le narrateur est tombé amoureux d'elle presque tout de suite. Nastenka
cherche à calmer ses craintes de voir revenir son étudiant.
Il se berce dillusions : lors de la dernière nuit, quand il lui
déclare son amour, elle lui répond : « Je laime
mais ça passera » et elle accepte son amour. Ils font des projets,
il va venir emménager chez elle comme locataire, ils sont enivrés.
Mais ils croisent un jeune homme : cest l'étudiant, elle sarrache
de ses bras et court vers lautre et ils disparaissent. Le lendemain,
elle lui écrit quelle épouse lautre la semaine suivante.
Un amour de quelques jours nétait pas de taille contre un amour
dune année.
Quinze années ont passé, le narrateur est toujours aussi seul.
1957 : Luchino Visconti, Le
notti bianche. Avec : Maria Schell, Marcello Mastroianni, Jean Marais,
Clara Calamai, Marcella Rovena, Maria Zanolli, Dick Sanders, Giorgio Listuzzi.
1h48.
1959 : Ivan Pyriev, Belye noch. Avec : Lyudmila Marchenko, Oleg Strizhenov, Anatoli Fedorinov, Svetlana Kharitonova, Irina Skobtseva, Ariadna Shengelaya, Yakov Belenky, Yevgeni Morgunov.
1971 : Robert Bresson, Quatre nuits d'un rêveur. Avec : Isabelle Weingarten, Guillaume des Forêts, Jean-Marie Monnoyer, Jérôme Massart, Patrick Jouanne. 1h27.
2007. Sanjay Leela Bhansali, Saawariya. Avec : Sonam Kapoor (Sakina), Salman Khan (Imaan). 2h22. (Inde)
2008 : James Gray, Two lovers. Avec : Joaquin Phoenix (Leonard Kraditor), Gwyneth Paltrow (Michelle Rausch), Vinessa Shaw (Sandra Cohen). 1h40
1975 : Benoit Jacquot , L'assassin musicien. Avec : Anna Karina (Louise), Joël Bion (Gilles), Hélène Coulomb (Anne), Gunars Larsens (Storm), Philippe March (Le directeur), Howard Vernon (Anton Varga). 2h04.
Gilles, un jeune violoniste, quitte la province, sûr de trouver à Paris la reconnaissance de son génie. Il s’y lie avec Louise, une jeune femme vivant seule avec sa fille Anne, à qui il promet d’apporter la richesse. Mais, sans argent et prenant peu à peu conscience de son absence de talent, il est bientôt contraint au vol et sombre dans la schizophrénie.
2004, Patricia Mazuy : Basse-Normandie. Avec : Simon Reggiani (L'homme du sous-sol), Patricia Mazuy (La femme de Simon), Bernard Maurel (Le directeur du Haras National du Pin), Thierry Duhazé (L'entraîneur). 1h57.
Simon doit interpréter, mais à cheval, au Salon de lAgriculture, à la Porte de Versailles, Les Carnets du sous-sol de Dostoïevski, dans le cadre dune commande de la région de Basse-Normandie. De son propre aveu, cette proposition lui permet enfin de rentabiliser sa passion pour les chevaux. Pour se préparer, il bénéficie de laide du prestigieux Haras du Pin et du soutien de son directeur, Bernard Maurel. Simon et Patricia y sont hébergés, le temps dune longue préparation. Le comédien commence son entraînement. Il lui faut non seulement apprendre à maîtriser sa monture, mais aussi à dire son texte en même temps et sadapter aux règles et contraintes de ce cadre renommé...
Rodion Romanytch Raskolnikov est convaincu de
sa destinée. C'est un pauvre étudiant de vingt-trois ans. Si seulement il
n'avait ne serait-ce que trois mille roubles, il pourrait se lancer tel un
Napoléon et réaliser de grandes choses. Or il est pauvre et sa mère, Poulkéria
Alexandrovna et sa soeur, Avdotia Romanovna se privent déjà pour assurer sa
réussite.
Raskolnikov est un jeune idéaliste. Il est persuadé que,
sur Terre, certains sont nuisibles ou parasites, ce qui, pour lui, revient
au même. Il a une théorie. On peut sacrifier un pou si, par ce sacrifice,
on fait le bien par ailleurs. Ce pou, il l'a trouvé en la personne d'une femme
ignoble, prêteuse sur gages. Son meurtre, il l'a déjà réalisé des centaines
de fois en rêve. Il le juge parfait. La fièvre monte. La faim le gagne. La
folie n'est pas loin. Le regard brûlant et les joues creuses, Raskolnikov
le réservé impressionne encore plus ses rares compagnons d'infortune. D'un
coup, il décide de passer à l'acte et là, tout bascule. Le meurtre ne se déroule
pas comme il l'avait prévu. Pire encore, il ne se maîtrise pas comme il le
souhaiterait. Et Raskolnikov en vient même à se haïr pour ses faiblesses.
A partir de cet acte impardonnable, le meurtre d'une personne, sa vie bascule.
Celle de ses proches aussi. Il se découvre un ami véritable, Razoumikhine
qui devient éperdu de sa soeur. Il rencontre, au hasard d'un drame des bas
quartiers, la prostituée Sophia Sémionovna dont la pureté de l'âme finira
par l'émouvoir. Et surtout, Porphiri Pétrovitch, le commissaire de quartier
et sa fameuse psychologie qu'il n'hésite pas à appliquer au crime qu'il ne
considère pas comme crapuleux.
L'étau se resserre irrémédiablement. Raskolnikov erre, agit,
désespère mais reste toujours sous l'emprise d'une douce "folie"
qu'il ne peut maîtriser. Tous ceux qui croisent son chemin sont persuadés
qu'il vit une véritable tragédie. Sophia Sémionovna croit au chemin de la
rédemption. C'est à elle, en premier, qu'il dévoilera son écrasant secret
que d'autres soupçonnent.
1935 : Pierre Chenal. Crime et Châtiment. Avec : Harry Baur, Pierre Blanchar, Madeleine Ozeray, Lucienne Le Marchand, Sylvie, Marcelle Géniat, Alexandre Rignault, Aimé Clariond, Georges Douking, Catherine Hessling, Paul Asselin.1h50.
1956 : Georges Lampin. Avec : Jean Gabin, Marina Vlady, Ulla Jacobsson, Bernard
Blier, Robert Hossein, Gaby Morlay, Gérard Blain, Julien Carette, Lino
Ventura, Yvette Etievant, Gabrielle Fontan, René Havard, Roland Lesaffre.
1h47.
1959 : Robert Bresson, Pickpocket. Avec : Martin La Salle, Marika Green, Jean Pélégri, Dolly Scal, Pierre Leymarie, Kassagi, Pierre Étaix. 1h15.
1983 : Aki Kaurismaki, Crime et Châtiment. Avec : Markku Toika (Antti Rahikainen), Aino Seppo (Eeva Laakso), Esko Nikkari (le Commissaire Pennanen), Hannu Lauri (Heinonen), Olli Tuominen (l’Inspecteur Snellman), Matti Pellonpää (Nikander). 1h33.
1994 : Francisco Lombardi, Sans pitié. Avec : Diego Bertie, Adriana Davila, Jorge Chiarella, Hernan Romero, Mariella Trejos, Marcello Rivera, Ricardo Fernandez, Carlos Onetto, Augusto Modenesi. 1h57 (Pérou).
2002 : Menahem Golan, Crime and punishment. Avec : Crispin Glover, Vanessa Redgrave, John Hurt, John Neville, Margot Kidder, Sophie Ward, Patricia Hayes, Clive Revill, Theodore Bikel, Ron Perlman. 2h06.
2004 : Heitor Dhalia, Nina. Avec : Guta Stresser, Milhem Cortaz, Anderson Faganello, Abrahão Farc, Juliana Galdino, Ailton Graça, Sabrina Greve, Luíza Mariani.1h30 (Brésil).
2012 : Darezhan Omirbayev, Student. Avec : Nurlan Baitasov (L'étudiant), Maya Serikbayeva (Saniya), Edige Bolysbaev (Le poète), Bakhytzhan Turdaliyeva (La mère de l'étudiant). 1h30.
Crime et châtiment revient régulièrement dans les films de Woody Allen, notamment dans Match point et L'homme irrationnel. En 2019, Arnaud Desplechin s'inspire du personnage de Porphiri Pétrovitch, pour le commissaire Daoud dans Roubaix, une lumière.
1938 : Gerhard Lamprecht et Louis Daquin. Avec : Pierre Blanchar, Suzet Maïs, Viviane Romance, Berthe Bovy, Roger Karl, Marcel André, André Burgère, Yvonne Yma. 1h35.
1949 : Robert Siodmak, Passion fatale. Avec : Gregory Peck, Ava Gardner, Melvyn Douglas, Walter Huston, Ethel Barrymore, Frank Morgan, Agnès Moorehead. 1h50.
1958 : Claude Autant-Lara. Avec : Gérard Philipe, Liselotte Pulver, Bernard Blier, Nadine Alari, Françoise Rosay, Jean Danet, Suzanne Dantès.
1974 : Karel Reisz, Le flambeur. Avec : James Caan, Lauren Hutton, Paul Sorvino, Jacqueline Brookes, Burt Young, Antonio Fargas, M. Emmet Walsh, James Woods. 1h50.
1945 : Georges Lampin. Avec : Gérard Philipe, Edwige Feuillère, Lucien Coëdel, Marguerite Moreno, Louise Sylvie, Jean Debucourt, Michel André, Maurice Champbreuil, Nathalie Nattier, Jane Marken, Roland Armontel, Mathilde Casadesus, Danielle Godet. 1h35.
1951 : Akira Kurosawa. L'idiot. Avec : Masayuki Mori, Toshiro Mifune, Setsuko Hara, Takashi Shimura, Chieko Higashiyama, Chiyoko Fumiya. 2h45.
1985 : Andrzej Zulawki, L'amour braque. Avec : Francis Huster, Sophie Marceau, Tchéky Karyo, Christiane Jean, Michel Albertini, Jean-Marc Bory, Jean-François Soubielle. 1h40.
1999 : Sasa Gedeon, Le retour de l'Idiot. Avec : Pavel Liska, Anna Geislerová, Tatiana Vilhelmová, Jirí Langmajer, Jirí Machácek, Zdena Hadrbolcová, Jitka Smutná, Pavel Marek. 1h40.
2008 : Pierre Leon, L'idiot.
Avec : Jeanne Balibar (Nastassia Philippovna), Laurent Lacotte (Le prince
Mychkine), Sylvie Testud (Daria Alexeïevna). 1h01.
1946 : Pierre Billon, L'homme au chapeau rond. Avec : Raimu, Aimé Clariond, Lucy Valnor, Gisèle Casadesus, Louis Seigner, Jane Marken, Micheline Boudet, France Delahalle, Maud Lamy, Adrienne Allain, Jean-Pierre Mocky.1h35.
1990 : Jacques Doillon, La vengeance d'une femme. Avec : Isabelle Huppert, Béatrice Dalle, Jean-Louis Murat, Laurence Côte, Albert Leprince, Sébastien Roché, Marvine, David Léotard. 2h15.
1988 : Andrzej Wajda, Les possédés. Avec : Isabelle Huppert, Jutta Lampe, Philippine Leroy-Beaulieu, Bernard Blier, Jean-Philippe Écoffey, Laurent Malet, Jerzy Radziwilowicz, Omar Sharif, Lambert Wilson. 1h56.
Le narrateur n'écrit pas, il parle. Il nous fait partager sa douleur, celle d'un homme dont la femme vient de se suicider. Il nous raconte comment tout cela est arrivé. Pas encore désespéré mais en état de choc, le regard déchiré par l'incompréhension, le visage dans les mains. Il est face à l'impossible : demain le corps de cette femme sera emporté et il restera seul, alors il tente d'éclaircir le mystère de cette mort en se remémorant leur histoire...
C'est une jeune fille de 16 ans, enthousiaste, généreuse et sensible qui se retrouve face à un homme mûr et pingre, souhaitant réunir 30.000 roubles pour passer une paisible retraire. Il reste distant et taciturne avec elle et lui reproche sa générosité avec une cliente dans leur établissement de prêts sur gages.
Elle rencontre alors un autre homme ayant appartenu au même régiment que son mari. Elle devient humiliante, il la rejette, elle tombe malade, il comprend qu'il ne peut se passer d'elle. Il veut alors l'écouter, devenir généreux... Il sort 2 minutes pour une course... 2 minutes qui suffisent à la jeune fille pour mettre fin à ses jours.
1969 : Robert Bresson, Une femme douce. Avec : Dominique Sanda, Guy Frangin, Jeanne Lobre, Claude Ollier, Jacques Kébadian, Gilles Sandier, Dorothée Blank. 1h28.
1999 : Raphaël Nadjari, The
shade. Avec : Richard Edson (Simon), Lorie Marino (Anna), Jeff Ware (Moser), Barbara Haas (la mère). 1h33.
Fiodor Pavlovitch Karamazov, cinquante-cinq ans, marié deux fois, est le père de trois fils (Dmitri, Ivan, Alexeï) et le père illégitime de Smerdiakov, dont il fait son domestique. C'est un homme impudique, vulgaire et sans principe, qui n'élève aucun de ses fils.
Dimitri (nommé aussi Mitia, Mitka, Mitenka ou Mitri),
28 ans, fils aîné issu du premier mariage de Fiodor, est exalté,
impétueux et dépensier. Il participe à de nombreuses
soirées de débauche avec abondance de champagne et de femmes,
pour lesquelles il dépense tout son argent. Il entre en conflit avec
son père au sujet d'un héritage dont il a été
spolié et d'une femme, Grouchenka, que les deux hommes désirent.
Pour ces raisons, il sera accusé du meurtre de son père.
Ivan (nommé aussi Vanka, ou Vanechka) 24 ans est le premier fils du
deuxième mariage de Fiodor. Fervent rationaliste il est solitaire,
marqué par la souffrance qui existe dans le monde. Il voue à
son père une haine qui n'est pas ouvertement exprimée, mais
qui finit par le ronger intérieurement après l'assassinat de
Fiodor Pavlovitch. Ainsi, influencé par Smerdiakov et en proie à
une santé mentale qui se dégrade, Ivan devient peu à
peu convaincu de sa propre culpabilité dans l'affaire.
Alexeï (nommé aussi Aliocha, Aliochka ou Aliochenka
ou Alexis), 20 ans, est le plus jeune des frères Karamazov. Alexeï
est d'abord novice au monastère local, sous la coupe du père
Zossime, gravement malade. Les capacités prophétiques et guérissantes
supposées du staretz font de lui une personne vénérée
par les habitants de la ville. Sa popularité inspire autant d'admiration
que de jalousie parmi les moines du monastère. Après la mort
de Zossime, Alexeï est envoyé de par le monde et se trouve mêlé
aux disputes de ses frères et de son père. Il est très
proche de Dimitri, mais beaucoup moins d'Ivan du fait de ses convictions athées.
s'opposent à celles d'Alexeï.
Pavel Smerdiakov, fils de Lizaveta, une femme muette de la rue, et probablement
fils illégitime de Fiodor Pavlovitch, il est nommé par son père
« Smerdiakov », du verbe smerdit (« puer» , en russe).
Il est le domestique et le cuisinier de Fiodor Pavlovitch. Morose et (comme
Dostoïevski lui-même) épileptique, Smerdiakov est distant
avec la plupart des personnes, mais voue une admiration particulière
pour Ivan, partageant ses idées sur l'athéisme. Il avouera plus
tard à ce dernier qu'il est le meurtrier de Fiodor et prétend
avoir agi avec la bénédiction d'Ivan.
Grouchenka (nommée également Groucha, et Grouchka) a 22 ans.
Elle a été abandonnée par un officier polonais dans sa
jeunesse et vit désormais sous la protection d'un avare tyrannique.
Grouchenka charme à la fois Fiodor et Dimitri Karamazov. Profitant
de leur rivalité, elle cherche à tourmenter et ridiculiser les
deux hommes, une façon d'infliger à d'autres la douleur qu'elle
même a subie plus jeune.
Katerina Ivanovna Verkhovtseva (nommée aussi Katia, Katka, et Katenka)
est la fiancée de Dimitri. Elle est liée à Dimitri depuis
que celui-ci a effacé les dettes de son père. Extrêmement
fière, Katia est décrite comme une personne de noblesse, avec
de la générosité et une grandeur d'âme. Si elle
reste fidèle à Dimitri, elle est troublée par l'amour
que lui porte Ivan.
L'écolier Ilioucha (aussi nommée Ilouchechka) est la figure
centrale d'une histoire dans l'histoire du roman. Son père, le capitaine
Snegiriov, est un officier ruiné qui est insulté par Dmitri.
Le lecteur est mené à croire que c'est partiellement à
cause de cela qu'Ilioucha tombe malade et meurt finalement (ses funérailles
couvrent le dernier chapitre du roman).
Première partie. Livre premier
: Histoire dune famille I. Fiodor Pavlovitch Karamazov. II. Karamazov
se débarrasse de son premier fils. III. Second mariage et nouveaux
enfants. IV. Le troisième fils : Aliocha. V. Les Startsy. Livre
II : Une réunion déplacée I. Larrivée
au monastère... Livre III : Les luxurieux
Deuxième partie. Livre IV : Les déchirements I. Le père Théraponte, II. Aliocha chez son père, III. La rencontre avec les écoliers... Livre V : Pro et contra I. Les fiançailles, II. Smerdiakov et sa guitare, III. Les frères font connaissance, IV. La révolte, V. Le Grand Inquisiteur... Livre VI : Un moine russe, Le starets Zosime...
Troisième partie. Livre VII : Aliocha I. Livre VIII : Mitia Livre IX : Linstruction préparatoire.
Quatrième partie. Livre X : Les garçons. Livre XI : Ivan Fiodorovitch. I. Chez Grouchegnka... Livre XII : Une erreur judiciaire. Épilogue
1935 : Fedor Ozep, Les frères Karamazov. Avec : Fritz Kortner, Fritz Rasp, Aimé Clariond, Anna Sten, Hanna Waag, Héléna Manson, André Dubosc, Bernhard Minetti. 1h25.
1957 : Richard Brooks, Les frères Karamazov. Avec : Yul Brynner, Maria Schell, Claire Bloom, Lee J.Cobb, Albert Salmi, Richard Basehart, William Shatner, Simon Oakland. 2h26.
1969 : Marcel Bluwal, Les frères Karamazov. Téléfilm avec : Pierre Brasseur, Jose Maria Flotats, Bernard Fresson, François Marthouret, Maurice Garrel, Danièle Lebrun...
L'intrigue principale tourne autour des trois fils d'un homme impudique, vulgaire et sans principes (Fiodor Pavlovitch Karamazov), et du parricide commis par l'un d'entre eux. En réalité, les enfants sont au nombre de quatre puisque le père donne naissance à un bâtard qu'il nommera Smerdiakov. Chacun des trois fils représente un idéal-type de la société russe de la fin du XIXe siècle : Alexeï, le benjamin, est un homme de foi ; Ivan, le deuxième fils, est un intellectuel matérialiste qui cherche à savoir si tout est permis, dans la mesure où Dieu n'existe pas ; Dimitri, leur très exalté demi-frère aîné, est un homme impétueux en qui le vice et la vertu se livrent une grande bataille : ce dernier incarne, selon l'auteur lui-même, « l'homme russe ».
Considéré par son auteur comme son uvre la plus aboutie,
Les Frères Karamazov fait la synthèse des problèmes philosophiques,
religieux et moraux qui ont hanté l'univers de Dostoïevski y.
Il aborde la question ultime de l'existence de Dieu, qui l'a tourmenté
toute sa vie. De nombreux thèmes chers à l'auteur y sont développés
: l'expiation des péchés dans la souffrance, l'absolue nécessité
d'une force morale au sein d'un univers irrationnel et incompréhensible,
la lutte éternelle entre le bien et le mal, la valeur suprême
conférée à la liberté individuelle.
La question centrale de la liberté humaine et de sa responsabilité
vis-à-vis de Dieu est notamment développée dans un chapitre
entier (livre V, chapitre 5) intitulé "Le Grand Inquisiteur".
Celui-ci relate une rencontre en Espagne, à la Renaissance, entre un
haut dignitaire de l'Inquisition espagnole et Jésus, le premier reprochant
au second sa venue, qui vient "déranger" l'Église.
Ce récit raconté par Ivan à son frère Aliocha,
expose la thèse selon laquelle Jésus, en résistant à
la tentation de la puissance, et laissant ainsi l'homme libre de choisir de
croire ou non, s'est trompé sur la nature humaine et a rendu l'homme
malheureux. En effet, selon lui, l'homme n'est pas un Dieu, et c'est pour
cela qu'il ne déteste rien de plus que la liberté. L'évêque
du récit représente l'Église toute-puissante qui a continué
l'uvre du Christ mais en la dévoyant, c'est-à-dire en
reprenant cette liberté à l'homme qui, selon lui, s'en trouve
bien plus heureux.
Le roman permet ainsi au grand écrivain russe de développer
sa conception de l'âme humaine à travers l'opposition entre les
personnages athées (principalement Ivan, mais aussi Kolia Krassotkine
- au moins au début - et Rakitine) et ceux qui croient pieusement (Aliocha,
Zosime). Tout le raisonnement des premiers se termine par la conclusion que
Dieu nexistant pas, il s'ensuit que l'homme est livré à
lui-même. Il n'y a plus de morale et chacun peut se comporter comme
il l'entend, puisqu'il devient lui-même Dieu. Pour Dostoïevski,
le scepticisme d'Ivan ainsi que le matérialisme socialiste sont à
condamner. En effet, le socialisme censé satisfaire les besoins et
le bien-être de l'humanité entraîne en fait une insatisfaction
constante (l'homme est tenté d'obtenir toujours plus que ce qu'il a).
Cette perversion se retrouve chez des personnages violents comme Fiodor Karamazov,
qui sombre dans l'alcoolisme et le désir sexuel. Au contraire, seul
un retour à Dieu peut sauver l'humanité : Aliocha incarne cet
espoir face à ses frères dépravés. Ivan est donc
le contradicteur de la pensée de Dostoïevski qui, lui, ne voit
le salut que dans le Christ et l'Église orthodoxe. Pour l'auteur, il
existe bien un espoir de rédemption pour l'humanité.