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Two lovers

2008

Avec : Joaquin Phoenix (Leonard Kraditor), Gwyneth Paltrow (Michelle Rausch), Vinessa Shaw (Sandra Cohen), Moni Moshonov (Reuben Kraditor), Isabella Rossellini (Ruth Kraditor), Elias Koteas (Ronald Blatte), Jeanine Serralles (Dayna), Samantha Ivers (Stéphanie), Julie Budd (La mère de Sandra), Jhnny Ortiz (José Cordero). 1h40.

New York. Leonard plonge depuis la jetée d'une plage, anéanti par le départ d'une femme qu'il revoit dans un flash-back rapide alors qu'il s'enfonce dans l'eau. Il est cependant vite repêché par des passants et s'en va, trempé et piteux, rejoindre l'appartement qu'il habite chez ses parents.

Ceux-ci ne semblent pas surpris devant cette nouvelle tentative de suicide et lui conseillent de prendre ses pilules, surtout ce soir où vont venir les Cohen qui ont décidé de racheter leur boutique de nettoyage dont ils seront eux-mêmes actionnaires.Ce dîner a en fait été arrangé par ses parents et leurs invités pour qu'il rencontre leur fille, Sandra Cohen, qui travaille chez Pfizer, un laboratoire pharmaceutique que Leonard, habitué aux anti-dépresseurs, dit ironiquement bien connaître.

Leonard a tout juste le temps de se sécher qu'arrivent les Cohen, père, mère, fils et fille. Celle-ci, la belle Sandra, ne semble pas insensible au charme de Leonard et accepte bien volontiers de le suivre dans sa chambre pour voir les photos noir et blanc qu'il prend des paysages urbains. Leonard lui révèle que le seul portrait de jeune femme qui décore sa chambre est celui de son ancienne fiancée avec laquelle il devait se marier avant d'apprendre qu'ils ne pourraient jamais avoir d'enfant ensemble, du fait d'une maladie génétique rare possédée en commun et propre à la communauté ashkénase orthodoxe de New York. De son côté, Sandra lui révèle qu'elle souhaitait le voir, charmée de sa première vision de lui, dansant gentiment avec sa mère.

Les deux jeunes gens sont rappelés à table et il est convenu que Leonard prendra les photos de la prochaine cérémonie religieuse en l'honneur du jeune fils des Cohen.

Le lendemain, Leonard rencontre Michelle, sa jolie blonde de voisine dont il tombe immédiatement amoureux. Le lendemain, alors qu'il a rendez-vous avec Sandra, il suit Michelle en métro. Puis le soir l'accompagne dans une boite à la mode où Michelle fait un malaise. Il apprend alors, consterné, qu'elle un amant, un homme marié, Ronald Blatte, un avocat, patron du cabinet d'avocats où elle travaille. C'est lui qui loue et donc paye l'appartement de Michelle, qui est ainsi en fait une garçonnière. Ils découvrent que leurs appartements respectifs sont en vis-à-vis, ce qui est propice à la conversation, à s'observer et à la confidence. À la demande de la jeune femme, qui souhaite avoir son avis sur la sincérité de l'engagement de Ronald à son égard, Leonard accepte de dîner avec eux dans un restaurant.

Leonard est arrivé en avance et en premier dans le chic restaurant convenu situé en plein Manhattan ; il attend donc seul que Michelle et Ronald arrivent. Il est mal à l'aise dans cet univers chic et guindé dont il n'est pas coutumier. Le couple finit par arriver, en retard. Ronald, quinquagénaire distingué et décontracté (il ne porte pas de cravate alors que Michelle avait auparavant recommandé à Leonard d'en porter une), le domine par sa classe et sa bienveillance. Pour se donner une contenance et peut-être aussi pour que Ronald ne voie pas en lui un rival potentiel, Leonard s'invente une petite amie, ce qui surprend Michelle qui, pour masquer son trouble, quitte la table sous prétexte d'aller se remaquiller. Ronald profite de cet aparté, dont il ne perçoit pas la cause, pour demander à Leonard un service : surveiller Michelle et l'informer si elle retombait dans la drogue. Après dîner, le couple le quitte pour aller à l'opéra. Protecteur jusqu'au bout, Ronald demande à son chauffeur de reconduire Leonard chez lui dans sa belle limousine.

Une fois chez lui, amer et ulcéré, Leonard rumine en écoutant un air d'opéra, s’imaginant ainsi que c'est lui qui accompagne Michelle à l'opéra. Soudain, on sonne à sa porte. De manière inattendue, c'est Sandra qui se présente. Elle affirme que c'est mère de Leonard qui lui a transmis le souhait de ce dernier pour qu'elle vienne. Leonard et Sandra comprennent vite qu'il s'agit d'une ruse de la mère de Leonard pour qu'ils se rencontrent. Elle lui confie qu'il n'est pas obligé de se mettre en couple avec elle, au cas où il ne serait pas intéressé par elle. Cependant Leonard lui répond qu'elle lui plaît, puis ils s'embrassent et finissent par faire l'amour. Une relation commence ainsi à se nouer entre eux.

Le lendemain matin, Michelle contacte Leonard et lui demande ce qu'il a pensé de Ronald. Leonard lui répond qu'il n'arrivera pas à quitter sa famille tout en réitérant, de façon cachée, son attirance pour elle mais Michelle n'est pas réceptive car elle voit Leonard comme un ami, un simple confident. Ulcéré, Leonard s'en va.

Quelques jours plus tard, Leonard photographie la Bar-mitzvah du petit frère de Sandra lorsque Michelle le contacte en urgence et lui dit qu'elle ne se sent vraiment pas bien. Il quitte la fête, se précipite chez elle puis l'emmène à l'hôpital, où il apprend qu'elle a subi une fausse couche. Elle ne savait pas être enceinte. Michelle enrage que Ronald n'ait pas répondu à ses appels. Leonard la ramène chez elle. Là, Ronald arrive également et entre dans la chambre, tandis que Leonard a juste le temps de se dissimuler derrière la porte de la chambre. Ronald se confond en excuses auprès de Michelle pour ne pas être venu à sa rescousse, mais celle-ci lui demande froidement de partir. Après son départ, elle prie Leonard de lui écrire quelque chose sur son avant-bras avec son doigt pour l'aider à s'endormir. Leonard écrit « Je t'aime ».

Deux semaines plus tard, Michelle retrouve Leonard sur le toit de leur immeuble, et lui annonce qu'elle a rompu avec Ronald. Comme le loyer de son appartement new-yorkais était réglé par son amant, elle va donc devoir retourner à San Francisco, où une amie pourra l'héberger. Leonard lui proclame alors son amour, la supplie de le laisser l'accompagner à San Francisco et lui dit qu'il se charge d'acheter les billets d'avion.

Le soir du Nouvel An, Leonard achète une bague de fiançailles pour Michelle, puis se rend chez Michael Cohen, son futur beau-père, qui l'a convoqué. Ce dernier, sentant Léonard un peu flottant, le secoue en lui intimant de ne pas tout gâcher, tout en lui rappelant que ce mariage avec sa fille Sandra débouchera sur un partenariat florissant pour les deux familles. À la fin de leur entretien, il aperçoit l'écrin de la bague de fiançailles que Léonard vient d'acheter pour Michelle et, rasséréné, pense que Léonard va tout prochainement demander sa fille en mariage.

Lors de la fête du Nouvel An organisée chez ses parents, Leonard se prépare à s'éclipser, évitant ainsi une confrontation pénible avec Sandra et sa famille, invités à la fête. Mais sa mère le surprend et lui demande la raison d'un tel départ inopiné. Leonard lui répond qu'il sait ce qu'il fait et qu'il est enfin heureux. Soucieuse avant tout du bonheur de son fils, elle lui donne son absolution et lui dit qu'elle se chargera d'expliquer son attitude.

Puis, Leonard descend dans la cour retrouver Michelle. Mais celle-ci arrive en retard et en pleurs, et lui déclare qu'elle ne part plus car Ronald, ayant appris qu'elle allait le quitter, s'est enfin décidé de tout avouer à sa femme, à se séparer de cette dernière pour refaire sa vie avec elle.

Brisé, Leonard rompt alors définitivement avec Michelle et lui intime l’ordre de partir. Puis, désespéré, sur une plage, il jette la bague de fiançailles qu'il comptait lui offrir et se dirige vers les vagues, avec une fois encore l'intention d'en finir avec la vie. Mais, lorsqu'il laisse fortuitement tomber dans l'eau un des gants que Sandra lui avait offerts précédemment, il a alors la révélation qu'il a trouvé en elle, une femme qui l’aime sincèrement et avec laquelle il pourra enfin construire une vie heureuse. Il ramasse le gant, et retrouve sur le sable l'écrin contenant la bague qu'il venait juste de balancer. Il retourne à la fête chez ses parents, où il offre à Sandra la bague destinée initialement à Michelle. Puis, en larmes, il embrasse Sandra sans que celle-ci, étonnée par ce soudain émoi, comprenne bien le sens de ses larmes.

Le double jeu sentimental de Leonard lui est imposé par les circonstances et la rapidité du chassé croisé amoureux empêche tout sentimentalisme ou appesantissement de la mise en scène. Ainsi de cette belle scène où Leonard a acheté le disque de l'opéra Hänsel et Gretel (Engelbert Humperdinck, 1891) après avoir été renvoyé chez lui par Blatte et Michelle. C'est sur cet air romantique qu'arrive alors Sandra. La musique embarque inévitablement Sandra et Leonard dans une aventure amoureuse sincère bien qu'induite par la pensée de Michelle.

Les deux jeunes femmes ont chacun leur espace. La plage pour Sandra ; c'est là qu'elle offre les gants à Leonard et les toits pour Michelle. Celle-ci n'est hélas pas la fille d'à côté, simple, dont rêve Leonard (regard sur le couple dans le trajet en métro) et qu'il croit voir vraiment de sa fenêtre lorsqu'elle lui affirme avoir rompu avec Blatte.

Ces deux espaces féminins s'opposent d'une part au danger que représente l'infini de la mer, et d'autre part aux espaces confinés de l'appartement de la laverie ou du bureau de Cohen père. Belle opposition aussi, toujours magnifiée, entre un New York des quartiers pauvres (photos noir et blanc) et celui de Rockefeller place (ralenti).

Leonard est un personnage complexe, fragilisé par son histoire d'amour brisée, pouvant se permettre la légèreté sociale du fait de la situation de ses parents mais toujours lucide, prévenant et décidé. Le jeu final sur la bague et le gant, l'une jetée puis finalement reprise après que l'autre ai été ramassé, est la belle conclusion de ce film, toujours en quête d'ailleurs mais sensible à la douceur des êtres.

James Gray, dont la famille est d'origine russe, s'est librement inspiré des Nuits blanches de Dostoïevski pour en donner une version moins tragique et plsu apaisée

Jean-Luc Lacuve le 16/12/2007

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