Jeune garçon pelant un fruit (copie) | 1592 | Rome, collection particulière |
Bacchus malade | 1593 | Rome, Galerie Borghese |
Jeune garçon avec une corbeille de fruits | 1593 | Rome, Galerie Borghese |
Bacchus | 1593 | Florence, Musée des Offices |
Marie-Madeleine | 1594 | Galerie Doria-Pamphili, Rome |
La diseuse de bonne aventure | 1594 | Paris, Louvre |
Les tricheurs | 1595 | Forth Worth, Kimbell Art Mus. |
Le concert | 1595 | New York, Mettopolitan |
Le joueur de luth | 1596 | Saint-Pétersbourg, l'Ermitage |
Corbeille de fruits | 1596 | Milan, Pinacothèque Ambrosienne |
Garçon mordu par un lézard | 1596 | N. G. Londres et Florence |
Marthe reprochant à Madeleine sa vanité | 1597 | Institute of Arts, Detroit |
Tête de Méduse | 1597 | Florence, Galerie des Offices |
Le sacrifice d'Isaac | 1597 | Florence, Galerie des Offices |
Judith et Holopherne | 1598 | Galerie Nat. d'Art Antique, Rome |
Le Martyre de saint Matthieu | 1600 | Rome, Saint Louis des français |
Vocation de saint Matthieu | 1600 | Rome, Saint Louis des français |
David et Goliath | 1601 | Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
La madone du Rosaire | 1601 | Vienne, Musée de l'histoire de l'art |
Le souper à Emmaus | 1601 | N. G. Londres |
L'amour vainqueur | 1601 | Berlin, Staatliche Museen |
Saint Matthieu et l'ange | 1602 | Rome, Saint Louis des Français |
L'arrestation du Christ | 1602 | National Gal. of Ireland, Dublin |
Saint Jean-Baptiste | 1603 | Kansas city, Mus. Nelson-Atkins |
L'incrédulité de saint Thomas | 1603 | Potsdam, Palais de Sanssouci, |
La mise au tombeau | 1603 | Vatican |
Crucifixion de saint Pierre | 1604 | Rome, Saint Louis des français |
Conversion de saint Paul | 1604 | S. M. P. Rome |
La madone de Lorette | 1605 | Rome, S. Agostino |
La mort de la Vierge | 1606 | Paris, Louvre |
La madone des palefreniers | 1606 | Rome, Galerie Borghese |
Ecce Homo | 1606 | Gênes, Palazzo Rosso |
Ecce Homo | 1606 | Madrid, Prado-Collection privée |
Saint Jérôme devant son écritoire | 1606 | Rome,Galerie Borghese |
Le souper à Emmaus | 1606 | Milan, Pinacothèque de Brera |
Les sept actes de charité | 1606 | Naples |
Marie-Madeleine en extase | 1606 | Rome, collection privée |
Christ à la colonne | 1607 | Rouen |
Crucifixion de saint André | 1607 | Cleveland |
David avec la tête de Goliath | 1607 | Rome, Galerie Borghese |
La flagellation du Christ | 1607 | Naples |
Portrait de Fra Antonio Martelli | 1608 | Florence, Palazzo Pitti |
Décollation de saint Jean-Baptiste | 1608 | Malte |
L'enterrement de sainte Lucie | 1608 | Syracuse, Église Santa Lucia al Sepolcro |
La résurrection de Lazare | 1609 | Messine |
L'adoration des bergers | 1609 | Messine |
La Nativité avec saint François et saint Laurent | 1609 | Palerme, volé en 1969 |
Le martyre de sainte Ursule | 1610 | Naples, Banque Com. Italienne. |
Michelangelo naît à Milan le 29 septembre 1571 (Selon son acte de baptême retrouvé en 2007 à Milan. Auparavant on le faisait naître en 1573 à Caravaggio). Ses parents qui se sont mariés en janvier de la même année sont Fermo Merisi et Lucia Aratori, originaires de Caravaggio, une petite ville de la région de Bergame. Son père est contremaître, maçon et architecte et son grand-père maternel intendant du marquis de Caravaggio.
En 1577, à cause de la peste, la famille Merisi quitte
Milan pour Caravaggio, pour fuir l'épidémie qui tue cependant
le père et le grand-père du peintre. En 1584, la veuve et ses
quatre enfants retournent vivre dans la capitale lombarde où Michelangelo,
âgé de treize ans intégre l'atelier de Simone Peterzano,
peintre célèbre, maniériste tardif de l'école
vénitienne. L'apprentissage du jeune peintre dure près de quatre
années auprès de son maître, au contact des écoles
lombardes et vénitiennes. Il y étudie les théories picturales
de son temps, le dessin, les techniques de la peinture à l'huile, de
la fresque et du portrait. Sa mère meurt quelques années plus
tard, en 1589.
Les années d'apprentissage du Caravage, en particulier les années
entre la signature de son contrat avec Peterzano, en 1588 et l'année
de son déménagement à Rome en 1592 restent un peu floues.
Il quitte l'atelier de Simone Peterzano en 1588 et retourne à Caravaggio
en 1589 jusqu'au partage de l'héritage familial en 1592, puis il part
pour Rome pour y faire carrière comme beaucoup d'artistes alors. Les
premières années dans la grande cité sont chaotiques
et mal connues. Il vit d'abord dans le dénuement, hébergé
par un ami de la famille, puis chez Mgr Pandolfo Pucci, pour qui il peint
des images de dévotion puis ses trois premiers tableaux destinés
à la vente, dont deux nous sont parvenus : Jeune
garçon mordu par un lézard et Jeune garçon pelant un fruit.
Caravage entame des relations plus ou moins solides avec divers peintres locaux,
d'abord à l'atelier du peintre sicilien Lorenzo Carli. Caravaggio s'installe
ensuite près de la piazza del Popolo et rencontre le peintre Prospero
Orsi, l'architecte Onorio Longhi et le peintre sicilien Mario Minniti qui
deviendront des amis et qui l'accompagneront dans sa réussite. Il fait
également la connaissance de Fillide Melandroni, qui deviendra une
célèbre courtisane à Rome et lui servira de modèle
à maintes reprises.
En juin 1593, il entre dans l'atelier d'Antiveduto Grammatica, près
de l'église San Giacomo in Augusta où il continue à peindre
des copies pour les amateurs peu fortunés (trois par jour). Puis il
travaille, dès juin 1593 et durant quelques mois pour Giuseppe Cesari à peine plus âgé
que lui bien que chargé de commandes et, ayant été
anobli, devenu le Cavalier d'Arpin peintre attitré du pape et artiste en vue
qui confie à son apprenti la tâche de peindre des fleurs et des
fruits dans son atelier. C'est la période
du Jeune Bacchus malade, du Garçon avec un panier de fruits et du Bacchus : des figures à l'antique qui cherchent à capter le regard du
spectateur et où la nature-morte, depuis peu mise à l'honneur,
témoigne du savoir-faire du peintre avec une extrême précision
dans les détails. Pleins de références à la littérature
classique, ces premiers tableaux sont bientôt à la mode, comme
en témoignent de nombreuses copies anciennes de grande qualité.
Plusieurs historiens évoquent un voyage à Venise pour expliquer
certaines influences typiquement vénitiennes, notamment pour Le Repos
pendant la fuite en Égypte, mais ceci n'a jamais été
établi avec certitude. Il semble peu apprécier à cette
époque la référence à l'art de Raphaël ou
à l'Antiquité romaine (ce qui, pour les artistes du XVIIe, renvoie
essentiellement la sculpture romaine) mais il ne les ignore jamais comme en
témoigne sa Madeleine
repentante.
À la suite d'une maladie il est hospitalisé à lhôpital
de la Consolation, ce qui met fin à sa collaboration avec Cesari. Durant
cette période il est probablement employé comme sculpteur de
natures mortes et comme décorateur duvres plus complexes
mais il n'existe aucun témoignage fiable. Pendant cette période
le peintre Federigo Zuccaro, protégé du cardinal Frédéric
Borromée, transforme la confrérie des peintres en une académie
en 1593. Ceci a pour but d'élever le niveau social des peintres en
invoquant la valeur intellectuelle de leur travail. Caravage apparaît
sur une liste des premiers participants
Pour survivre, Caravage contacte des marchands afin de vendre ses tableaux.
Il fait ainsi la connaissance de Constantino Spata dans sa boutique près
de l'église Saint-Louis-des-Français. Celui-ci le met en relation
avec son ami Prospero Orsi (également connu sous le nom de Prospero
delle Grottesche) qui participe avec Caravage aux premières rencontres
de l'académie de Saint-Luc à Rome et devient son ami. Il l'aide
à trouver un logement indépendant et lui fait rencontrer ses
connaissances bien placées, principalement son beau-frère le
cardinal Francesco Maria del Monte, qui non seulement achete Les
tricheurs (1595) mais offre également à l'artiste de le
loger dans son palais. Le jeune lombard entre alors au service du cardinal
pour presque trois ans dans le palais Madame. Le cardinal lui commande trois
peintures : Madeleine repentante, Le Repos pendant la fuite en Égypte et La diseuse de bonne
aventure (1594, première version, musée du Louvre). Ce dernier
tableau soulève l'enthousiasme du cardinal Francesco Maria Del Monte,
homme de très grande culture, passionné d'art et de musique
qui, enchanté par cette peinture en commande bientôt une seconde
version, celle de 1595 (musées du Capitole). Le cardinal a été
nommé par son grand ami, Ferdinand Ier de Médicis, diplomate
au service du Grand-duché de Toscane auprès du pape.
Grâce aux commissions et aux conseils de l'influent prélat, Caravage
change donc son style, abandonnant les toiles de petits formats et les portraits
individuels et commence une période de réalisations duvres
complexes avec des groupes de plusieurs personnages profondément impliqués
dans une action, souvent à mi-corps mais aussi, parfois, en pied. En
quelques années, sa réputation grandit de manière phénoménale.
Caravage devient un modèle pour une génération entière
de peintres qui vont s'inspirer de son style et de ses thèmes.
Le cardinal Del Monte, membre du collège des cardinaux qui surveille
le chantier de Saint Pierre, suit aussi d'autres commandes semblables dans
les églises romaines. Grâce à lui, Caravage se voit confier
des commandes importantes à partir de 1599, notamment pour le clergé
: La Vocation (1600) et Le Martyre (1600) de saint Matthieu pour la chapelle Contarelli
de l'église Saint-Louis-des-Français, La Conversion de saint
Paul sur le chemin de Damas (1604) et Le Crucifiement de saint Pierre (1604) pour la chapelle
Cerasi à Santa Maria del Popolo. Les uvres pour la chapelle Contarelli
font sensation lors de leur dévoilement. Le style novateur de Caravaggio
attire l'attention par sa manière de traiter les thèmes religieux
et par extension ceux de la peinture d'histoire en s'aidant de modèles
vivants. Dans cette rupture, toute relative, avec les idéaux classiques
de la Renaissance, et avec des références érudites prodiguées
sans restriction par le cardinal Del Monte et son cercle, il humanise ainsi
le divin et le rapproche du commun des croyants.
Les années qu'il passe à Rome sous la protection
du cardinal ne sont toutefois pas exemptes de difficultés. Il est toujours
aussi bagarreur et violent et connaît plusieurs séjours en prison,
comme un grand nombre de ses contemporains, les affaires d'honneur se réglant
souvent au début du XVIIe siècle par un duel. D'ailleurs il
s'est fait plusieurs ennemis qui contestent sa manière de concevoir
le métier d'artiste peintre, notamment le peintre Giovanni Baglione,
virulent détracteur qui s'en prend souvent à lui, et qui contribue
largement à ternir la réputation personnelle de l'artiste dans
son ouvrage Le vite de' pittori, scultori et architetti dal pontificato
di Gregorio XIII del 1572 in fino a tempi di Papa Urbano VIII nel 1642.
Entre-temps, il peint une grande partie de ses tableaux les plus réputés
et connaît un succès et une célébrité croissants
à travers toute l'Italie : les commandes affluent, même si certaines
toiles sont parfois refusées en raison de rumeurs médisantes
(une prostituée aurait ainsi posé pour incarner Marie dans La
Mort de la Vierge) ou lorsque Scipion Borghese veut s'approprier
La Madone des palefreniers. Les uvres sont nombreuses, il réalise
plusieurs toiles par an et semble peindre directement sur la toile. En 1599,
sa fameuse Tête de Méduse, peinte pour le cardinal del Monte
est son premier travail sur le thème de la décapitation qui
va se retrouver plusieurs fois dans son uvre. Parmi les autres uvres,
on peut citer Sainte Catherine d'Alexandrie, Marthe et Marie-Madeleine (la
Conversion de Marie-Madeleine) et Judith décapitant Holopherne. Son
tableau La Mise au tombeau, peint vers 1603-1604 comme tableau d'autel pour
l'église Santa Maria in Vallicella (entièrement reprise sous
l'impulsion de Philippe Néri), constitue une de ses uvres les
plus abouties. Elle est ultérieurement copiée par plusieurs
peintres, dont Rubens lui-même.
Le très puissant banquier Vincenzo Giustiniani, voisin du cardinal del Monte, fait l'acquisition du Joueur de luth ; ce tableau rencontre un tel succès que le cardinal en demande une copie. Par la suite, Giustiniani passe une série dautres commandes pour embellir sa galerie de peintures et sculptures, ainsi que pour faire valoir sa culture savante. C'est ainsi qu'est commandé le tableau représentant L'Amour victorieux, chargé de symboles discrètements imbriqués avec le minimum d'accessoires significatifs. Un autre nu célèbre est destiné au collectionneur Ciriaco Mattei. Celui-ci, qui possède une fontaine ornée de jeunes garçons dans une position assise bien particulière, passe commande à Caravage d'un tableau inspiré de cette base, et qui devient le Jeune saint Jean-Baptiste au bélier. Ici le peintre se confronte aux ignudi du Plafond de la chapelle Sixtine et à Annibal Carrache qui vient de peindre à Rome ce même sujet.
Pendant ses années romaines ce peintre qui se sait artiste d'exception voit son caractère évoluer, dans un milieu où le port de l'épée est signe d'ancienne noblesse et alors qu'il fait partie de cette noble maisonnée du cardinal Del Monte, le succès lui monte à la tête. Cette épée que l'on voit dès 1600 dans La Vocation de saint Matthieu et dans Le Martyre de saint Matthieu, qui semble faire partie du décor naturel de cette époque, va faire de lui un de ces nombreux criminels, pour crime d'honneur, qui demandaient grâce au souverain pontife et souvent l'obtenaient. Cela commence, en 1600, par des mots. Le 19 novembre 1600, il s'en prend à un étudiant, Girolamo Spampa, pour avoir critiqué ses uvres. Dans l'autre, sens Giovanni Baglione, ennemi déclaré et rival de Caravage, le poursuit pour diffamation. En 1600 il est également plusieurs fois emprisonné pour avoir porté l'épée et commis deux agressions, deux affaires classées sans suite. Par contre, son ami et alter ego, Onorio Longhi, a subi des mois d'interrogatoires pour toute une série de délits et le premier biographe du peintre, Van Mander, semble avoir confondu les deux hommes. Ce qui a eu ensuite pour conséquence de donner de Caravage l'image d'un homme qui provoque des troubles à l'ordre public partout où il se trouve.
Mais le plus grave se produit le 28 mai 1606. C'est au cours des fêtes de rue, la veille de l'anniversaire de l'élection du pape Paul V. Ces fêtes sont l'occasion de nombreuses bagarres dans la ville. Dans l'une d'entre elles quatre hommes armés s'affrontent, Caravage a pour partenaire Onorio Longhi, il tue en duel Ranuccio Tomassoni, le "chef de la milice" qui, en vérité, semait la terreur dans son quartier. Cet acte lui vaut une condamnation à mort, et il est obligé de fuir Rome.
Commence alors un long périple à travers l'Italie. Cependant, Romain d'âme et de cur, il s'efforcera d'y revenir tout le long de sa vie mais sans succès de son vivant malgré un pardon pontifical que son travail de même que ses amis et protecteurs réussiront à obtenir. Il se rend d'abord à Naples, une terre espagnole, où la famille Colonna l'héberge, dans la région du mont Albain. Il continue de peindre des tableaux qui lui rapportent de belles sommes d'argent, dont le retable Les Sept uvres de miséricorde, pour l'église de la congrégation du Pio Monte della Misericordia à Naples, et La flagellation du Christ, qui aura un grand succès.
En juillet 1607,
Caravage quitte Naples, où il avait séjourné quelques mois,
et s'installe à Malte, souhaitant être adoubé au sein
de l'ordre des Chevaliers de Malte. Il était courant d'être nommé
chevalier après d'importantes commandes pour le pape. Et cet engagement
militaire contre la menace turque pouvait remplacer une sanction pénale.
Il est donc présenté au grand maître, Alof de Wignacourt,
dont il peint le portrait. Il produit également plusieurs tableaux,
dont la Décollation
de saint Jean-Baptiste, monumental tableau d'autel exceptionnellement
horizontal (3,61 × 5,20 m) réalisé in situ dans la cathédrale
Saint-Jean de La Valette et une nouvelle Flagellation, commandés par
le clergé local.
En juillet 1608, il est fait Chevalier de grâce de l'Ordre de Saint-Jean
de Jérusalem. Mais sa consécration ne dure pas : dans la nuit
du 19 août 1608, il s'était mêlé à un groupe
qui avait tenté de pénétrer de force dans la maison de
l'organiste de la cathédrale. Jeté en prison, il s'en échappe
par une corde et quitte Malte. Il est en conséquence radié de
l'ordre. Caravage débarque alors à Syracuse, en Sicile. La commande de L'enterrement de sainte Lucie provient probablement du Sénat de Syracuse ; Caravage l'obtient sans doute grâce à l'entremise de son ami le peintre Mario Minniti, qui a de très bons rapports avec les Franciscains qui dirigent l'église et son couvent ,ou d'une autre connaissance du peintre, le mathématicien et humaniste
Vincenzo Mirabella. Se retrouve comme dans la Décollation
de saint Jean-Baptiste une grande partie de l'espace et de la scène laissée vide, considérablement plus qu'il n'y a d'espace accordé aux protagonistes : c'est là une caractéristique de la période sicilienne du peintre. Caravage cultive le dépouillement avec la plus explicite détermination,ce qui produit paradoxalement cet effet spectaculaire d'un
vaste espace de peinture laissé vide. Ensuite un document signale sa présence
le 10 juin 1609 à Messine et il peint alors La résurrection
de Lazare, L'adoration des bergers et une Nativité avec saint Laurent et saint François. Ces tableaux
ne sont nullement peints à la hâte, comme on l'a cru autrefois,
mais avec une nouvelle facture plus fluide qu'auparavant, et comme on l'a
vu, avec de nouvelles solutions dans l'utilisation spectaculaire de l'espace
pictural. Il s'emploie, avec l'appui de ses protecteurs et en peignant ces
tableaux toujours inspirés par ses commanditaires profondément
religieux et d'une sincère humanité, à obtenir la grâce
du pape et pouvoir rentrer à Rome.
En octobre 1609, il retourne à Naples, où il est grièvement
blessé dès son arrivée dans une nouvelle bagarre, par
plusieurs hommes qui l'attaquent et le laissent pour mort : la nouvelle de
sa mort remonte jusqu'à Rome, mais il survit et peint encore, sur des
commandes, plusieurs tableaux comme Salomé avec la tête de saint
Jean-Baptiste, Le Reniement de saint Pierre, un nouveau Saint Jean-Baptiste,
un David et Goliath particulièrement sombre il se représente
dans le visage de Goliath et Le Martyre de sainte Ursule qui est sans
doute sa toute dernière toile.
Une rumeur affirme néanmoins qu'il aurait achevé alors une série
de trois uvres. La première est la Méduse, la créature
mythologique, peinte en 1598 sur un support de bois (un tondo) et achevée
en 1609 ; la seconde est un portrait sur toile de Marie-Madeleine (1598-1609)
; et la troisième une toile dont le nom même nous est inconnu.
Ce serait son « Grand-uvre ».
En 1610, il apprend que le pape est enfin disposé à lui accorder
sa grâce. Voulant brusquer le destin et muni d'un sauf-conduit du cardinal
Gonzaga, il s'embarque alors pour se rapprocher de Rome, sur une felouque
qui fait la liaison avec Porto Ercole, frazione de Monte Argentario, une enclave
espagnole, emportant avec lui trois tableaux dont la Méduse, un tableau
qu'il tenait à restaurer. Mais, lors de l'escale à Palo, descendu
à terre, il est arrêté par erreur ou malveillance et jeté
en prison pendant deux jours. Relâché, il ne trouva plus son
bateau, qui ne l'a pas attendu, avec ses tableaux à bord.
Désespéré, il rejoint à pied Porto Ercole à
cent kilomètres. La légende dit que, dépité, perdu
et fiévreux, il marcha sur la plage en plein soleil où il finit
par mourir quelques jours plus tard, le 18 juillet 1610, à l'âge
de 38 ans. En fait, son certificat de décès, retrouvé
en 2001 dans le registre des décès de la paroisse de Saint-Érasme
de Porto Ercole, signale qu'il est mort « à l'hôpital de
Sainte-Marie-Auxiliatrice, des suites d'une maladie », a priori le paludisme.
Il n'aura pas su que le pape Paul V, cédant à ses amis et protecteurs,
avait finalement apposé son sceau sur l'acte de grâce. La légende
dit qu'il finit « aussi misérable qu'il avait vécu »
et que personne ne songea à demander sa dépouille, ni ne lui
fit élever un catafalque, comme cela se pratiquait pour les artistes.
En 2010, les restes de Caravage ont, peut-être, été retrouvés
dans l'ossuaire d'une église de Porto Ercole et identifiés grâce
à des analyses au carbone 14 avec une probabilité de 85 %. Atteint
d'une intoxication chronique au plomb, le peintre serait mort d'un état
de faiblesse général et d'un coup de chaleur.
Bibliographie
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