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Le Caravage

(1571-1610)

Baroque
Jeune garçon pelant un fruit (copie) 1592 Rome, collection particulière
Bacchus malade 1593 Rome, Galerie Borghese
Jeune garçon avec une corbeille de fruits 1593 Rome, Galerie Borghese
Bacchus 1593 Florence, Musée des Offices
Marie-Madeleine 1594 Galerie Doria-Pamphili, Rome
La diseuse de bonne aventure 1594 Paris, Louvre
Les tricheurs 1595 Forth Worth, Kimbell Art Mus.
Le concert 1595 New York, Mettopolitan
Le joueur de luth 1596 Saint-Pétersbourg, l'Ermitage
Corbeille de fruits 1596 Milan, Pinacothèque Ambrosienne
Garçon mordu par un lézard 1596 N. G. Londres et Florence
Marthe reprochant à Madeleine sa vanité 1597 Institute of Arts, Detroit
Tête de Méduse 1597 Florence, Galerie des Offices
Le sacrifice d'Isaac 1597 Florence, Galerie des Offices
Judith et Holopherne 1598 Galerie Nat. d'Art Antique, Rome
Le Martyre de saint Matthieu 1600 Rome, Saint Louis des français
Vocation de saint Matthieu 1600 Rome, Saint Louis des français
David et Goliath 1601 Vienne, Musée de l'histoire de l'art
La madone du Rosaire 1601 Vienne, Musée de l'histoire de l'art
Le souper à Emmaus 1601 N. G. Londres
L'amour vainqueur 1601 Berlin, Staatliche Museen
Saint Matthieu et l'ange 1602 Rome, Saint Louis des Français
L'arrestation du Christ 1602 National Gal. of Ireland, Dublin
Saint Jean-Baptiste 1603 Kansas city, Mus. Nelson-Atkins
L'incrédulité de saint Thomas 1603 Potsdam, Palais de Sanssouci,
La mise au tombeau 1603 Vatican
Crucifixion de saint Pierre 1604 Rome, Saint Louis des français
Conversion de saint Paul 1604 S. M. P. Rome
La madone de Lorette 1605 Rome, S. Agostino
La mort de la Vierge 1606 Paris, Louvre
La madone des palefreniers 1606 Rome, Galerie Borghese
Ecce Homo 1606 Gênes, Palazzo Rosso
Ecce Homo 1606 Madrid, Prado-Collection privée
Saint Jérôme devant son écritoire 1606 Rome,Galerie Borghese
Le souper à Emmaus 1606 Milan, Pinacothèque de Brera
Les sept actes de charité 1606 Naples
Marie-Madeleine en extase 1606 Rome, collection privée
Christ à la colonne 1607 Rouen
Crucifixion de saint André 1607 Cleveland
David avec la tête de Goliath 1607 Rome, Galerie Borghese
La flagellation du Christ 1607 Naples
Portrait de Fra Antonio Martelli 1608 Florence, Palazzo Pitti
Décollation de saint Jean-Baptiste 1608 Malte
L'enterrement de sainte Lucie 1608 Syracuse, Église Santa Lucia al Sepolcro
La résurrection de Lazare 1609 Messine
L'adoration des bergers 1609 Messine
La Nativité avec saint François et saint Laurent 1609 Palerme, volé en 1969
Le martyre de sainte Ursule 1610 Naples, Banque Com. Italienne.

Michelangelo naît à Milan le 29 septembre 1571 (Selon son acte de baptême retrouvé en 2007 à Milan. Auparavant on le faisait naître en 1573 à Caravaggio). Ses parents qui se sont mariés en janvier de la même année sont Fermo Merisi et Lucia Aratori, originaires de Caravaggio, une petite ville de la région de Bergame. Son père est contremaître, maçon et architecte et son grand-père maternel intendant du marquis de Caravaggio.

En 1577, à cause de la peste, la famille Merisi quitte Milan pour Caravaggio, pour fuir l'épidémie qui tue cependant le père et le grand-père du peintre. En 1584, la veuve et ses quatre enfants retournent vivre dans la capitale lombarde où Michelangelo, âgé de treize ans intégre l'atelier de Simone Peterzano, peintre célèbre, maniériste tardif de l'école vénitienne. L'apprentissage du jeune peintre dure près de quatre années auprès de son maître, au contact des écoles lombardes et vénitiennes. Il y étudie les théories picturales de son temps, le dessin, les techniques de la peinture à l'huile, de la fresque et du portrait. Sa mère meurt quelques années plus tard, en 1589.

Les années d'apprentissage du Caravage, en particulier les années entre la signature de son contrat avec Peterzano, en 1588 et l'année de son déménagement à Rome en 1592 restent un peu floues. Il quitte l'atelier de Simone Peterzano en 1588 et retourne à Caravaggio en 1589 jusqu'au partage de l'héritage familial en 1592, puis il part pour Rome pour y faire carrière comme beaucoup d'artistes alors. Les premières années dans la grande cité sont chaotiques et mal connues. Il vit d'abord dans le dénuement, hébergé par un ami de la famille, puis chez Mgr Pandolfo Pucci, pour qui il peint des images de dévotion puis ses trois premiers tableaux destinés à la vente, dont deux nous sont parvenus : Jeune garçon mordu par un lézard et Jeune garçon pelant un fruit.

Caravage entame des relations plus ou moins solides avec divers peintres locaux, d'abord à l'atelier du peintre sicilien Lorenzo Carli. Caravaggio s'installe ensuite près de la piazza del Popolo et rencontre le peintre Prospero Orsi, l'architecte Onorio Longhi et le peintre sicilien Mario Minniti qui deviendront des amis et qui l'accompagneront dans sa réussite. Il fait également la connaissance de Fillide Melandroni, qui deviendra une célèbre courtisane à Rome et lui servira de modèle à maintes reprises.

En juin 1593, il entre dans l'atelier d'Antiveduto Grammatica, près de l'église San Giacomo in Augusta où il continue à peindre des copies pour les amateurs peu fortunés (trois par jour). Puis il travaille, dès juin 1593 et durant quelques mois pour Giuseppe Cesari à peine plus âgé que lui bien que chargé de commandes et, ayant été anobli, devenu le Cavalier d'Arpin peintre attitré du pape et artiste en vue qui confie à son apprenti la tâche de peindre des fleurs et des fruits dans son atelier. C'est la période du Jeune Bacchus malade, du Garçon avec un panier de fruits et du Bacchus : des figures à l'antique qui cherchent à capter le regard du spectateur et où la nature-morte, depuis peu mise à l'honneur, témoigne du savoir-faire du peintre avec une extrême précision dans les détails. Pleins de références à la littérature classique, ces premiers tableaux sont bientôt à la mode, comme en témoignent de nombreuses copies anciennes de grande qualité.

Plusieurs historiens évoquent un voyage à Venise pour expliquer certaines influences typiquement vénitiennes, notamment pour Le Repos pendant la fuite en Égypte, mais ceci n'a jamais été établi avec certitude. Il semble peu apprécier à cette époque la référence à l'art de Raphaël ou à l'Antiquité romaine (ce qui, pour les artistes du XVIIe, renvoie essentiellement la sculpture romaine) mais il ne les ignore jamais comme en témoigne sa Madeleine repentante.

À la suite d'une maladie il est hospitalisé à l’hôpital de la Consolation, ce qui met fin à sa collaboration avec Cesari. Durant cette période il est probablement employé comme sculpteur de natures mortes et comme décorateur d’œuvres plus complexes mais il n'existe aucun témoignage fiable. Pendant cette période le peintre Federigo Zuccaro, protégé du cardinal Frédéric Borromée, transforme la confrérie des peintres en une académie en 1593. Ceci a pour but d'élever le niveau social des peintres en invoquant la valeur intellectuelle de leur travail. Caravage apparaît sur une liste des premiers participants

Pour survivre, Caravage contacte des marchands afin de vendre ses tableaux. Il fait ainsi la connaissance de Constantino Spata dans sa boutique près de l'église Saint-Louis-des-Français. Celui-ci le met en relation avec son ami Prospero Orsi (également connu sous le nom de Prospero delle Grottesche) qui participe avec Caravage aux premières rencontres de l'académie de Saint-Luc à Rome et devient son ami. Il l'aide à trouver un logement indépendant et lui fait rencontrer ses connaissances bien placées, principalement son beau-frère le cardinal Francesco Maria del Monte, qui non seulement achete Les tricheurs (1595) mais offre également à l'artiste de le loger dans son palais. Le jeune lombard entre alors au service du cardinal pour presque trois ans dans le palais Madame. Le cardinal lui commande trois peintures : Madeleine repentante, Le Repos pendant la fuite en Égypte et La diseuse de bonne aventure (1594, première version, musée du Louvre). Ce dernier tableau soulève l'enthousiasme du cardinal Francesco Maria Del Monte, homme de très grande culture, passionné d'art et de musique qui, enchanté par cette peinture en commande bientôt une seconde version, celle de 1595 (musées du Capitole). Le cardinal a été nommé par son grand ami, Ferdinand Ier de Médicis, diplomate au service du Grand-duché de Toscane auprès du pape.

Grâce aux commissions et aux conseils de l'influent prélat, Caravage change donc son style, abandonnant les toiles de petits formats et les portraits individuels et commence une période de réalisations d’œuvres complexes avec des groupes de plusieurs personnages profondément impliqués dans une action, souvent à mi-corps mais aussi, parfois, en pied. En quelques années, sa réputation grandit de manière phénoménale. Caravage devient un modèle pour une génération entière de peintres qui vont s'inspirer de son style et de ses thèmes.

Le cardinal Del Monte, membre du collège des cardinaux qui surveille le chantier de Saint Pierre, suit aussi d'autres commandes semblables dans les églises romaines. Grâce à lui, Caravage se voit confier des commandes importantes à partir de 1599, notamment pour le clergé : La Vocation (1600) et Le Martyre (1600) de saint Matthieu pour la chapelle Contarelli de l'église Saint-Louis-des-Français, La Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas (1604) et Le Crucifiement de saint Pierre (1604) pour la chapelle Cerasi à Santa Maria del Popolo. Les œuvres pour la chapelle Contarelli font sensation lors de leur dévoilement. Le style novateur de Caravaggio attire l'attention par sa manière de traiter les thèmes religieux et par extension ceux de la peinture d'histoire en s'aidant de modèles vivants. Dans cette rupture, toute relative, avec les idéaux classiques de la Renaissance, et avec des références érudites prodiguées sans restriction par le cardinal Del Monte et son cercle, il humanise ainsi le divin et le rapproche du commun des croyants.

Les années qu'il passe à Rome sous la protection du cardinal ne sont toutefois pas exemptes de difficultés. Il est toujours aussi bagarreur et violent et connaît plusieurs séjours en prison, comme un grand nombre de ses contemporains, les affaires d'honneur se réglant souvent au début du XVIIe siècle par un duel. D'ailleurs il s'est fait plusieurs ennemis qui contestent sa manière de concevoir le métier d'artiste peintre, notamment le peintre Giovanni Baglione, virulent détracteur qui s'en prend souvent à lui, et qui contribue largement à ternir la réputation personnelle de l'artiste dans son ouvrage Le vite de' pittori, scultori et architetti dal pontificato di Gregorio XIII del 1572 in fino a tempi di Papa Urbano VIII nel 1642.

Entre-temps, il peint une grande partie de ses tableaux les plus réputés et connaît un succès et une célébrité croissants à travers toute l'Italie : les commandes affluent, même si certaines toiles sont parfois refusées en raison de rumeurs médisantes (une prostituée aurait ainsi posé pour incarner Marie dans La Mort de la Vierge) ou lorsque Scipion Borghese veut s'approprier La Madone des palefreniers. Les œuvres sont nombreuses, il réalise plusieurs toiles par an et semble peindre directement sur la toile. En 1599, sa fameuse Tête de Méduse, peinte pour le cardinal del Monte est son premier travail sur le thème de la décapitation qui va se retrouver plusieurs fois dans son œuvre. Parmi les autres œuvres, on peut citer Sainte Catherine d'Alexandrie, Marthe et Marie-Madeleine (la Conversion de Marie-Madeleine) et Judith décapitant Holopherne. Son tableau La Mise au tombeau, peint vers 1603-1604 comme tableau d'autel pour l'église Santa Maria in Vallicella (entièrement reprise sous l'impulsion de Philippe Néri), constitue une de ses œuvres les plus abouties. Elle est ultérieurement copiée par plusieurs peintres, dont Rubens lui-même.

Le très puissant banquier Vincenzo Giustiniani, voisin du cardinal del Monte, fait l'acquisition du Joueur de luth ; ce tableau rencontre un tel succès que le cardinal en demande une copie. Par la suite, Giustiniani passe une série d’autres commandes pour embellir sa galerie de peintures et sculptures, ainsi que pour faire valoir sa culture savante. C'est ainsi qu'est commandé le tableau représentant L'Amour victorieux, chargé de symboles discrètements imbriqués avec le minimum d'accessoires significatifs. Un autre nu célèbre est destiné au collectionneur Ciriaco Mattei. Celui-ci, qui possède une fontaine ornée de jeunes garçons dans une position assise bien particulière, passe commande à Caravage d'un tableau inspiré de cette base, et qui devient le Jeune saint Jean-Baptiste au bélier. Ici le peintre se confronte aux ignudi du Plafond de la chapelle Sixtine et à Annibal Carrache qui vient de peindre à Rome ce même sujet.

Pendant ses années romaines ce peintre qui se sait artiste d'exception voit son caractère évoluer, dans un milieu où le port de l'épée est signe d'ancienne noblesse et alors qu'il fait partie de cette noble maisonnée du cardinal Del Monte, le succès lui monte à la tête. Cette épée que l'on voit dès 1600 dans La Vocation de saint Matthieu et dans Le Martyre de saint Matthieu, qui semble faire partie du décor naturel de cette époque, va faire de lui un de ces nombreux criminels, pour crime d'honneur, qui demandaient grâce au souverain pontife et souvent l'obtenaient. Cela commence, en 1600, par des mots. Le 19 novembre 1600, il s'en prend à un étudiant, Girolamo Spampa, pour avoir critiqué ses œuvres. Dans l'autre, sens Giovanni Baglione, ennemi déclaré et rival de Caravage, le poursuit pour diffamation. En 1600 il est également plusieurs fois emprisonné pour avoir porté l'épée et commis deux agressions, deux affaires classées sans suite. Par contre, son ami et alter ego, Onorio Longhi, a subi des mois d'interrogatoires pour toute une série de délits et le premier biographe du peintre, Van Mander, semble avoir confondu les deux hommes. Ce qui a eu ensuite pour conséquence de donner de Caravage l'image d'un homme qui provoque des troubles à l'ordre public partout où il se trouve.

Mais le plus grave se produit le 28 mai 1606. C'est au cours des fêtes de rue, la veille de l'anniversaire de l'élection du pape Paul V. Ces fêtes sont l'occasion de nombreuses bagarres dans la ville. Dans l'une d'entre elles quatre hommes armés s'affrontent, Caravage a pour partenaire Onorio Longhi, il tue en duel Ranuccio Tomassoni, le "chef de la milice" qui, en vérité, semait la terreur dans son quartier. Cet acte lui vaut une condamnation à mort, et il est obligé de fuir Rome.

Commence alors un long périple à travers l'Italie. Cependant, Romain d'âme et de cœur, il s'efforcera d'y revenir tout le long de sa vie – mais sans succès de son vivant malgré un pardon pontifical que son travail de même que ses amis et protecteurs réussiront à obtenir. Il se rend d'abord à Naples, une terre espagnole, où la famille Colonna l'héberge, dans la région du mont Albain. Il continue de peindre des tableaux qui lui rapportent de belles sommes d'argent, dont le retable Les Sept Œuvres de miséricorde, pour l'église de la congrégation du Pio Monte della Misericordia à Naples, et La flagellation du Christ, qui aura un grand succès.

En juillet 1607, Caravage quitte Naples, où il avait séjourné quelques mois, et s'installe à Malte, souhaitant être adoubé au sein de l'ordre des Chevaliers de Malte. Il était courant d'être nommé chevalier après d'importantes commandes pour le pape. Et cet engagement militaire contre la menace turque pouvait remplacer une sanction pénale. Il est donc présenté au grand maître, Alof de Wignacourt, dont il peint le portrait. Il produit également plusieurs tableaux, dont la Décollation de saint Jean-Baptiste, monumental tableau d'autel exceptionnellement horizontal (3,61 × 5,20 m) réalisé in situ dans la cathédrale Saint-Jean de La Valette et une nouvelle Flagellation, commandés par le clergé local.

En juillet 1608, il est fait Chevalier de grâce de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Mais sa consécration ne dure pas : dans la nuit du 19 août 1608, il s'était mêlé à un groupe qui avait tenté de pénétrer de force dans la maison de l'organiste de la cathédrale. Jeté en prison, il s'en échappe par une corde et quitte Malte. Il est en conséquence radié de l'ordre. Caravage débarque alors à Syracuse, en Sicile. La commande de L'enterrement de sainte Lucie provient probablement du Sénat de Syracuse ; Caravage l'obtient sans doute grâce à l'entremise de son ami le peintre Mario Minniti, qui a de très bons rapports avec les Franciscains qui dirigent l'église et son couvent ,ou d'une autre connaissance du peintre, le mathématicien et humaniste Vincenzo Mirabella. Se retrouve comme dans la Décollation de saint Jean-Baptiste une grande partie de l'espace et de la scène laissée vide, considérablement plus qu'il n'y a d'espace accordé aux protagonistes : c'est là une caractéristique de la période sicilienne du peintre. Caravage cultive le dépouillement avec la plus explicite détermination,ce qui produit paradoxalement cet effet spectaculaire d'un vaste espace de peinture laissé vide. Ensuite un document signale sa présence le 10 juin 1609 à Messine et il peint alors La résurrection de Lazare, L'adoration des bergers et une Nativité avec saint Laurent et saint François. Ces tableaux ne sont nullement peints à la hâte, comme on l'a cru autrefois, mais avec une nouvelle facture plus fluide qu'auparavant, et comme on l'a vu, avec de nouvelles solutions dans l'utilisation spectaculaire de l'espace pictural. Il s'emploie, avec l'appui de ses protecteurs et en peignant ces tableaux toujours inspirés par ses commanditaires profondément religieux et d'une sincère humanité, à obtenir la grâce du pape et pouvoir rentrer à Rome.

En octobre 1609, il retourne à Naples, où il est grièvement blessé dès son arrivée dans une nouvelle bagarre, par plusieurs hommes qui l'attaquent et le laissent pour mort : la nouvelle de sa mort remonte jusqu'à Rome, mais il survit et peint encore, sur des commandes, plusieurs tableaux comme Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste, Le Reniement de saint Pierre, un nouveau Saint Jean-Baptiste, un David et Goliath particulièrement sombre — il se représente dans le visage de Goliath — et Le Martyre de sainte Ursule qui est sans doute sa toute dernière toile.

Une rumeur affirme néanmoins qu'il aurait achevé alors une série de trois œuvres. La première est la Méduse, la créature mythologique, peinte en 1598 sur un support de bois (un tondo) et achevée en 1609 ; la seconde est un portrait sur toile de Marie-Madeleine (1598-1609) ; et la troisième une toile dont le nom même nous est inconnu. Ce serait son « Grand-Œuvre ».

En 1610, il apprend que le pape est enfin disposé à lui accorder sa grâce. Voulant brusquer le destin et muni d'un sauf-conduit du cardinal Gonzaga, il s'embarque alors pour se rapprocher de Rome, sur une felouque qui fait la liaison avec Porto Ercole, frazione de Monte Argentario, une enclave espagnole, emportant avec lui trois tableaux dont la Méduse, un tableau qu'il tenait à restaurer. Mais, lors de l'escale à Palo, descendu à terre, il est arrêté par erreur ou malveillance et jeté en prison pendant deux jours. Relâché, il ne trouva plus son bateau, qui ne l'a pas attendu, avec ses tableaux à bord.

Désespéré, il rejoint à pied Porto Ercole à cent kilomètres. La légende dit que, dépité, perdu et fiévreux, il marcha sur la plage en plein soleil où il finit par mourir quelques jours plus tard, le 18 juillet 1610, à l'âge de 38 ans. En fait, son certificat de décès, retrouvé en 2001 dans le registre des décès de la paroisse de Saint-Érasme de Porto Ercole, signale qu'il est mort « à l'hôpital de Sainte-Marie-Auxiliatrice, des suites d'une maladie », a priori le paludisme. Il n'aura pas su que le pape Paul V, cédant à ses amis et protecteurs, avait finalement apposé son sceau sur l'acte de grâce. La légende dit qu'il finit « aussi misérable qu'il avait vécu » et que personne ne songea à demander sa dépouille, ni ne lui fit élever un catafalque, comme cela se pratiquait pour les artistes.

En 2010, les restes de Caravage ont, peut-être, été retrouvés dans l'ossuaire d'une église de Porto Ercole et identifiés grâce à des analyses au carbone 14 avec une probabilité de 85 %. Atteint d'une intoxication chronique au plomb, le peintre serait mort d'un état de faiblesse général et d'un coup de chaleur.

Bibliographie

  • Sybille Ebert-Schifferer : Caravage. Editeur : Hazan, Collection : Beaux Arts. novembre 2009.

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