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La vocation de saint Matthieu

1600

Vocation de saint Matthieu
Le Caravage, 1600
Huile sur toile, 322 x 340 cm
Chapelle Contarelli, Église saint Louis des Français, Rome

Ce tableau fait pendant au Martyre de saint Matthieu accroché en face dans la Chapelle Contarelli de L'église saint Louis des Français.

Le Caravage a représenté l'événement comme un récit presque silencieux. Le percepteur Levi (le nom de saint Matthieu avant qu'il ne devienne apôtre) est assis à une table avec ses quatre aides, comptant les revenus du jour. Le groupe est éclairé par une source lumineuse provenant du côté supérieur droit de la peinture. Le Christ, dont la seule allusion à sa divinité est un halo, entre avec saint Pierre. D'un geste de la main droite, d'autant plus puissant et irrésistible du fait de sa langueur, il appelle Levi. Étonné par l'intrusion et peut-être ébloui par la lumière soudaine de la porte juste ouverte, Levi recule et d'un geste vers lui avec sa main gauche semble dire, "Qui, moi ?", sa main droite restant sur la pièce de monnaie qu'il avait compté avant l'entrée de Christ.

Les deux personnages à gauche, inspirés d'une gravure de 1545 de Hans Holbein représentant des joueurs inconscients de l'apparition de Mort, sont si concernés par le décompte de l'argent qu'ils ne remarquent pas même l'arrivée de Christ. Symboliquement leur inattention au Christ les prive de l'occasion qu'Il offre pour la vie éternelle et les condamne à la mort. Les deux garçons au centre par contre réagissent. Le plus jeune se recule contre Levi comme s'il cherchait sa protection, le plus âgé, qui est armé, se penche en avant d'un air un peu menaçant. D'un geste, saint Pierre calme sa résistance potentielle.

L'image est divisée dans deux parties. Les personnages sur la droite forment un rectangle vertical ; ceux réunis autour de la table à gauche un bloc horizontal. Les costumes renforcent le contraste. Levi et ses subalternes, qui sont impliqués dans les affaires de ce monde, sont parés dans un mode contemporain, tandis que Christ aux pieds nus et saint Pierre, qui appellent Levi à une autre, apparaissent dans des manteaux éternels. Les deux groupes sont aussi séparés par un vide, rapprochés littéralement et symboliquement par la main de Christ. Cette main, comme Adam dans la Création de Michel-Ange, unifie les deux parties formellement et psychologiquement.

La lumière n'a pas été moins soigneusement traitée : la fenêtre visible couverte d'une toile cirée, très probablement comme celle utilisée dans l'atelier du peintre ; la lumière supérieure, pour illuminer le visage de saint Matthieu et le groupe assis; et la lumière derrière le Christ et saint Pierre, donnant seulement sur eux. Cette troisième source de lumière est peut-être miraculeuse. Autrement, pourquoi saint Pierre ne jetterai aucune ombre sur le jeune homme lui faisant face ?

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