(1941-2021)
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Comme un paysan pratiquant l'assolement sur ses terres, Bertrand Tavernier aime alterner trois types de films, correspondant aux trois facettes de sa personnalité de cinéaste : les films de genre, souvent historiques, à la mise en scène efficace et souvent grandiose, lui permettent de laisser libre cours à sa cinéphilie ; les films plus réalistes, ou même documentaires, lui permettent de témoigner de son époque, en citoyen engagé ; enfin certains films plus sombres, aux sujets difficiles, sont traités de manière franchement naturaliste, et c'est peut-être là que Bertrand Tavernier est le meilleur, un auteur en tout cas .
Coup de torchon, La passion Béatrice ou L'appât sont ainsi de facture naturaliste au sens de Losey, Powell ou même Melville, pour ne prendre que trois idoles du cinéaste. Les mondes refoulés, amoraux et incontrôlables qui remontent à la surface, bouleversent le monde apparent et bien réglé, et précipitent les personnages vers leur fin.
Biographie
Né le 25 avril 1941 à Lyon, Bertrand Tavernier est le fils de l'écrivain René Tavernier, fondateur de la revue " Confluences " qui, sous l'Occupation, publia Aragon, Eluard et Michaux.
Monté à Paris après-guerre, Tavernier termine ses études secondaires au Lycée Henri IV, il y a pour camarade de lycée Volker Schlöndorff, qui lui fait connaître la Cinémathèque de la rue d'ULM. Dans la capitale, il peut enfin satisfaire pleinement sa soif de cinéphile, et passe souvent plusieurs heures par jour dans les salles. Une fois inscrit à la Faculté de Droit, il crée - avec Yves Martin et Bernard Martinand - le ciné-club " Nickelodéon " dont les présidents d'honneur sont les metteurs en scène américains King Vidor et Delmer Daves. Parallèlement, Tavernier collabore à des hebdomadaires et revues de cinéma, tels que "Les Lettres françaises", "Télérama", "Cinéma 60", "Positif" et "Les Cahiers du Cinéma" (on le remarque notamment pour ses articles sur Budd Boetticher, Jean-Pierre Melville et Robert Parrish). Puis, en 1961, il parvient à se faire engager comme assistant de Melville sur Léon Morin prêtre. Après quoi, toujours par amour du cinéma et pour éviter de rester éloigné trop longtemps du milieu du septième art, il accepte des "Jobs " d'attaché de presse pour le producteur Georges de Beauregard et défend - jusqu'en 1972 - des films de Claude Sautet, Pierre Granier-Deferre, Jacques Rouffio, Joseph Losey, Sam Peckinpah, Robert Altman, entre autres.
Le cinéma ne lui inspirant jamais aucune lassitude, Tavernier trouve encore du temps et de l'énergie pour écrire des scénarios (Copian ouvre le feu à Mexico) pour Riccardo Freda , un cinéaste qu'il remplacera, 25 ans plus tard, sur le tournage de La fille de d'Artagnan, et Capitaine Singrid, pour Jean Leduc et participer à des ouvrages tels que " Trente ans de cinéma américain " (avec Jean-Pierre Coursodon) et " Le Western " (dans la collection 10/18).
C'est en 1963 et 1964 que Tavernier fait enfin ses premiers essais de mise en scène avec deux sketches : Le baiser de Judas, pour le film Les baisers, et Une chance explosive, pour La chance et l'amour. Dix ans plus tard, en 1974, sort son premier long métrage, L'horloger de saint Paul, qu'il a entièrement tourné dans sa ville natale. Ce polar aux accents sociaux, récompensé par le Prix Louis-Delluc et l'Ours d'argent à Berlin, marque aussi sa rencontre avec Philippe Noiret, qui deviendra son acteur-fétiche. Tous les films qui vont suivre ont été bien reçus à la fois par la critique et le public, Tavernier se situant d'emblée dans la tradition "américaine", narration classique, avec une histoire solide et des personnages forts, la plupart du temps ancrés dans une réalité sociale que le réalisateur ne néglige jamais.
Dans ses sept longs métrages suivants, Tavernier aborde les genres les plus divers : le film historique à grand spectacle avec Que la fete commence ou encore la science-fiction avec La mort en direct, à ce sujet, le réalisateur a déclaré que:
"le cinéma et la littérature de genre permettent des audaces qu'on ne repère, quelquefois, que bien longtemps après, tant elles sont coulées à l'intérieur du genre lui-même. "
Et, dans le cadre très précis de tel ou tel genre, ce qui importe avant tout pour Tavernier, c'est l'émotion :
"Tout ce qui déforme et dramatise l'émotion et la réalité m'intéresse, a-t-il déclaré à l'époque de la sortie du film. Ça se rapproche peut-être aussi de la façon dont j'aime mettre en scène : une mise en scène basée sur l'émotion qui, je l'espère, n'est jamais artificiellement traduite. "
Au début des années quatre-vingt, après le succès de Coup de torchon, Bertrand Tavernier se tourne vers l'essai et le documentaire. C'est d'abord, pour la télévision, Philippe Soupault et le surréalisme (1982), série d'émissions d'une durée totale de trois heures. Puis il part pour le sud des États-Unis, où vécurent Jim Thompson - auteur du roman 1275 âmes à l'origine de Coup de torchonet William Faulkner, autre écrivain de chevet du cinéaste. Réalisé en étroite collaboration avec Robert Parrish, Mississippi blues, longtemps titré "Pays d'octobre", révèle une autre passion de Tavernier, le jazz, dont l'apprentissage, dit-il, fut depuis son adolescence parallèle à celui du cinéma. Peu après l'achèvement de cette chronique qui réserve une large place au blues et au gospel, musiques traditionnelles des Noirs américains, Tavernier, au cours d'un dîner avec Martin Scorsese et Irwin Winkler, développe le projet d'un film dont les héros seraient des jazzmen d'outre-Atlantique vivant à Paris. Autour de minuit, qui naîtra de cette rencontre, vaudra un César au compositeur de la musique du film, Herbie Hancock.
Entre ces deux oeuvres essentiellement musicales, le cinéaste est revenu avec Un dimanche à la campagne à la veine intimiste et délicate déjà illustrée par Des enfants gâtés (1977) et Une semaine de vacances (1980).
La passion Béatrice, sombre fresque moyenâgeuse, rencontre un accueil mitigé de la part du public, que semble dérouter le style délibérément chaotique du film. La vie et rien d'autre, par l'ampleur de son sujet et son message pacifiste, réconcilie le cinéaste avec la critique et les spectateurs. Avec ses deux films suivants - Lyon, le regard intérieur (réalisé pour la télévision en 1990), évocation de sa ville natale et de la figure de son père René, écrivain et poète, et Daddy nostalgie, une de ces histoires de famille qu'il aime tant raconter - Tavernier renoue avec la veine impressionniste d'Un dimanche à la campagne.
Puis, c'est le retour au document avec La guerre sans nom, oeuvre capitale pour la connaissance et la compréhension de la guerre d'Algérie. L. 627, enquête nerveuse, à l'américaine, sur les méthodes et les moyens de la police parisienne et L'appât (Ours d'or Berlin, 1995) portrait de jeunes criminels et miroir d'une société sans âme ni repères moraux ou idéologiques, participent du souci constant de leur auteur de témoigner de son temps.
Ce même souci le fait collaborer, en 1991, au film collectif Ecrire contre l'oubli, commandité par Amnesty International, anthologie de courts métrages destinés à rappeler que des hommes et des femmes, partout dans le monde, sont emprisonnés pour leurs idées. Tavernier y dirige Anouk Grinberg pour évoquer l'otage de la junte militaire birmane, la charismatique Aung San Sun Kyi. uvre de circonstance - il a dû remplacer au pied levé son ami Riccardo Freda - La fille de d'Artagnan confirme l'éclectisme de Tavernier et son aisance sur tous les registres, ici épique et humoristique. Mais, à l'évidence, la fresque historique est le terrain d'élection de ce cinéaste épris de grands espaces et de mouvements de foules : Capitaine Conan, le confirme qui lui vaut le César du meilleur réalisateur.
Très au fait des dossiers qui agitent sa profession, de la défense de l'exception culturelle au combat contre la censure, le cinéaste s'engage sur bien d'autres fronts, comme vient encore en témoigner le documentaire sur la double peine qu'il signe avec son fils Nils . C'est en revanche avec sa fille, Tiffany, qu'il co-écrit Holy Lola (2004), exploration de l'univers de l'adoption dans un pays meurtri, le Cambodge, mais aussi portrait d'un couple. Avec Dans la brume électrique (2009), Tavernier renoue avec la passion pour le fllm noir américain qu'il réalise cette fois aux Etats-Unis avec Tommy Lee Jones. Il poursuit avec le très français La Princesse de Montpensier (2010) d’après l’œuvre de Madame de La Fayette, nouveau film en costume, par un nouveau film poiltique dans la veine satirique, Quai d'Orsay (2013) et son Voyage à travers le cinéma français (2016) qui sera son testament esthétique. En effet, après avoir défendu le cinéma à Lyon à l'institut Lumière, au festival Lumière, à Marrakech et dans les innombrables festivals et manifestations où il était invité, après avoir prononcé encore des milliers de fois son mot fétiche "Formidable", Bertrand Tavernier s'est éteint le jeudi 25 mars 2021.
Filmographie :
1974 | L'horloger de saint Paul |
Avec : Philippe Noiret (Michel Descombes), Jean Rochefort (L'inspecteur
Guilboud), Jacques Denis (Antoine). 1h45.
Après une réunion entre amis, où chacun parle des derniers événements, Michel Descombes artisan horloger rentre chez lui. Il mène une vie paisible, exerce un métier qu'il aime, fréquente de bons amis; tout va être bouleversé par une perquisition de la police. Sa femme l'ayant abandonné, il a élevé son fils seul. Descombes apprend que son garçon s'est enfuit en compagnie d'une jeune fille, après avoir tué un garde privé de l'usine... |
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1975 | Que la fête commence |
Avec : Philippe Noiret (Philippe d'Orléans, le Régent),
Jean Rochefort (L'abbé Dubois), Jean-Pierre Marielle (Le marquis
de Pontcallec). 1h54.
1719 en Bretagne. La révolte éclate, contre la pression du pouvoir et la famine qui sévit, sous la direction d'un nobliau impatient, le marquis de Pontcallec. Avant de passer à l'action armée, le marquis décide de se rendre à Paris et d'avoir un entretien avec le Régent, Philippe d'Orléans. Celui-ci est un chef d'État libéral et travailleur. Du moins le jour, car, dès la nuit tombée, il court aux petits soupers et aux fêtes galantes. Il vient justement d'enterrer sa fille Joufflotte. Il est parvenu à surmonter son chagrin et semble saisi d'une énergie nouvelle pour gouverner. L'abbé Dubois, son ministre et complice, l'incite à sévir contre les Bretons, mais il est éconduit avec humour. De Pontcallec arrive sur ces entrefaites à Paris, où il est arrêté et déporté vers la Louisiane. Il parvient à s'échapper et rejoint son manoir, bien décidé cette fois à déclarer la guerre au Régent. Cette révolte fait bien l'affaire de l'abbé Dubois qui grossit auprès du Régent l'importance du complot. Celui-ci accepte de faire arrêter Pontcallec mais refuse toute effusion de sang. À Paris, la situation s'aggrave : c'est la banqueroute. Dubois exige un exemple et arrache la condamnation de Pontcallec et de ses trois amis qui seront exécutés sans autre forme de procès. |
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1976 | Le juge et l'assassin |
Avec : Philippe Noiret (Juge Rousseau), Michel Galabru (Sergent Joseph
Bouvier), Isabelle Huppert (Rose), Jean-Claude Brialy (Villedieu, Attorney),
Renée Faure (Mme. Rousseau). 1h50.
1893, Le sergent Joseph Bouvier apprenant qu'il est réformé à cause de ses brusques accès de violence tempérés par des crises de dévotion, part retrouver sa fiancée Louise Lesueur. Mais celle-ci refuse de l'épouser. Aveuglé par la douleur, il lui tire trois balles de revolver et tente de se suicider... |
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1977 | Des enfants gâtés |
Avec : Michel Piccoli (Bernard Rougerie), Christine Pascal (Anne Torrini),
Michel Aumont (Pierre), Gérard Jugnot (Marcel Bonfils), Arlette Bonnard
(Catherine Rougerie). 1h53.
Un cinéaste, Bernard Rougerie, dont l'épouse, psychothérapeute, soigne des enfants handicapés, s'isole pour écrire le scénario de son prochain film dans un appartement neuf du XVe arrondissement, au loyer prohibitif. Une jeune femme, Anne Torrini, sonne à sa porte et lui propose de participer à une réunion des locataires pour décider de mesures à prendre contre le gérant, qui inflige aux habitants de l'immeuble des charges abusives. Le metteur en scène, qui n'a que faire du militantisme immobilier, éconduit sa visiteuse. Puis, se ravisant, ou peut-être séduit par la beauté de la jeune femme, il se rend à la réunion. Face à cette assemblée de gens de profession et d'âge divers, ce fabricant d'aimables fictions va être brusquement confronté aux problèmes quotidiens d'hommes et de femmes pour qui se loger et payer un loyer sont de nos jours un souci majeur. La décision est prise de procéder à une campagne d'affichage, d'occuper les locaux et d'organiser une conférence de presse. En même temps, Bernard et Anne tentent de mieux se comprendre, à travers élans et révoltes. Ils deviennent amants. Anne est au chômage, Bernard est un privilégié de la société de consommation. L'un et l'autre, faisant taire leur égoïsme de classe, parviendront-ils à sortir de leur huis-clos social ? A l'horizon d'un certain mal de vivre, un faible espoir luit... Entre un couscous improvisé et un meeting de protestation, Rougerie découvre une vérité qu'il ignorait. Il sait désormais que "les autres" existent. |
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1979 | La mort en direct |
Avec : Romy Schneider (Katherine Mortenhoe), Harvey Keitel (Roddy),
Harry Dean Stanton (Vincent Ferriman), Thérèse Liotard (Tracey), Max
von Sydow (Gerald Mortenhoe). 2h08.
Par expérience et par jeu, Roddy, de la chaîne de télévision NTV, se laisse greffer dans le cerveau une caméra. Il peut donc filmer tout ce que ses yeux regardent, le seul inconvénient, Roddy ne peut supporter le noir plus de quelques minutes. Son patron et ami, Vincent Ferriman par souci d'authenticité et pour obtenir un maximum d'indice d'écoute cherche à filmer une mort en direct... |
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1980 | Une semaine de vacances |
Avec : Nathalie Baye (Laurence Cuers), Gérard Lanvin (Pierre), Flore
Fitzgerald (Anne), Michel Galabru (Mancheron), Jean Dasté (Le père de
Laurence). 1h39.
Un jour Laurence, professeur de français âgée de trente et un ans, ne trouve plus la force d'affronter ses élèves. Bien qu'elle ait de bons rapports avec eux, elle se trouve inutile et inefficace. Le docteur Sabouret lui prescrit un congé de maladie d'une semaine. Désespérée, Laurence part rendre visite à sa famille qu'elle n'a pas vue depuis quelques mois. Pierre, l'homme qui partagé sa vie, est le premier à ressentir le malaise de la jeune femme. Elle avait tout pour être épanouie, et aujourd'hui, elle ne comprend pas ce qui lui arrive et elle part à la recherche d'un peu de compréhension. Laurence retourne chez Mancheron, l'ami qu'elle a toujours chéri, un veuf un peu perdu dans son rôle de père. Elle retrouve aussi Anne pour faire le point. Elle rencontre Michel Descombes qui va entrer dans sa vie. Cette semaine de vacances se termine. Laurence et son amie Anne chuchotent leurs doutes. Rien n'aura été résolu. Laurence aura tout juste fait un petit pas en avant. |
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1981 | Coup de torchon |
Avec : Philippe Noiret (Lucien Cordier), Isabelle Huppert (Rose), Jean-Pierre
Marielle (Le Peron et son frère). 2h08.
1938 - En Afrique Occidentale Française. Lucien Cordier est l'unique représentant de l'ordre du petit village de Bourkassa Ourbangui. On lui reproche son inefficacité qui semble être l'effet de sa lâcheté. Une nuit, à la suite d'une visite à Chavasson militaire raciste, qui lui donne une leçon, Cordier tue Le Péron et son compère, les patrons du bordel. Avec une intelligence calculée et un cynisme insoupçonné, Cordier parvient à rejeter la responsabilité de son acte sur Chavasson.... |
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1984 | Un dimanche à la campagne |
Avec : Louis Ducreux (Monsieur Ladmiral), Michel Aumont (Gonzague-Edouard),
Sabine Azéma (Irène). 1h30.
Un dimanche, vers la fin de l'été 1912. M. Ladmiral est seul dans sa grande maison de campagne. Seul avec sa fidèle domestique Mercédès. Seul avec le souvenir de sa femme disparue il y a déjà quelques années. Seul avec ses tableaux, qui ont fait de lui un peintre connu . Mais au seuil de cette belle journée de fin de saison, M. Ladmiral s'apprête à accueillir comme d'habitude son fils qu'il appelle Gonzague (mais que sa belle-fille préfère appeler Édouard)Mais ne voilà-t-il pas que, dans ce calme dominical et routinier, survient à l'improviste la fille de M. Ladmiral : Irène, une jeune femme moderne qui conduit déjà les voitures les plus rapides de l'époque et mène une vie indépendante dans la capitale... |
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1984 | Mississippi blues |
Coréalisé par Robert Parrish C'est près du cimetière d'Oxford, où est enterré William Faulkner, dans le Comté de La Fayette, que Bertrand Tavernier et Robert Parrish sont partis à la découverte du Sud des États-Unis et du Mississippi. La ville d'Oxford, avec ses dernières grandes bâtisses, sorties d'un décor d'AUTANT EN EMPORTE LE VENT. Ces lieux et ces personnages mythiques, tels ce marché aux bestiaux où le commissaire arbitre des enchères incompréhensibles, ou, le pasteur noir "Gate Mouth Moore", ancien chanteur de blues devenu révérend, voilà qui relève de la véritable expédition aux moments cocasses : long chemin sur les traces d'une culture et de ses traditions qui a bien du mal à résister à la civilisation du Coca-Cola et du MacDonald. Les dernières églises noires où Martin Luther King et Malcom X apprirent, dans les années 50, à devenir les leaders politiques qu'ils sont devenus par la suite, et peu à peu remplacées par la messe télévisée; la route 61 reliant la Nouvelle-Orléans à Chicago, jadis empruntée par des milliers de noirs à la recherche d'un travail, et aujourd'hui, en sens inverse, par Bertrand Tavernier et Robert Parrish; les fermes misérables et leurs ouvriers agricoles au chômage, dont la misère fut souvent à l'origine du blues, l'un des nombreux Paris, Texas... un coiffeur "bluesman" et sa boutique... Valeurs immuables d'une culture dont "les forces d'argent du Nord ont malgré tout, et peu à peu, détruit racines et traditions". Mais le Mississippi, ce Sud légendaire, est-il si mal en point... William Faulkner n'écrivait-il pas : "Le passé n'est pas mort, il n'est même pas encore passé." |
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1986 | Autour de minuit |
(Round Midnight). Avec : Dexter Gordon (Dale Turner), François
Cluzet (Francis Borler), Gabrielle Haker (Berangere). 2h13.
New York, 1959. Dans une chambre sordide, Dale Turner, l'un des plus grands saxo-ténors de sa génération, miné par la pauvreté et l'alcool, se souvient de la gloire qui fut la sienne à Paris, quinze ans plus tôt. En compagnie de Buttercup, une amie qui lui sert d'imprésario, il s'installe à l'Hôtel de La Louisiane, dans le quartier de Saint-Germain ! Dans une cave, le " Blue Note ", il rêve à un nouveau départ. Dehors, par le soupirail, Francis, à qui la découverte de Dale Turner a donné à l'âge de 13 ans une raison de vivre, écoute la musique de son idole... |
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1987 | La passion Béatrice |
Avec : Bernard-Pierre Donnadieu (François), Julie Delpy (Béatrice),
Nils Tavernier (Arnaud). 2h10.
Au Moyen-Age, en Occitanie, une malédiction pèse sur la famille des Cortemart. François a dix ans lors du départ de son père pour les Croisades. Le jour même, il découvre sa mère dans les bras d'un autre homme. L'enfant poignarde l'amant et, jour après jour, guette l'horizon. Mais le père ne revient pas. Plus tard, François se marie, puis devient veuf. Laissant son château à la garde de sa fille Béatrice, il part pour la guerre avec son fils Arnaud.... |
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1988 | Lyon, le regard interieur |
Téléfilm avec Bertrand Tavernier et Pierre Mérindol. 0h57. |
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1989 | La vie et rien d'autre |
Avec : Philippe Noiret (Dellaplane), Sabine Azéma (Irène
de Courtil), Pascale Vignal (Alice), Maurice Barrier (Mercadot). 2h15.
1920, dans le nord de la France. En voiture particulière avec chauffeur, Irène parcourt ce qui fut le théâtre des opérations, maintenant celui du désastre et des ruines. Elle cherche son mari, porté disparu. Son chemin croise celui du commandant Dellaplane, qui dirige un bureau de recherche des morts et disparus, grande gueule obsédée par sa tâche... |
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1990 | Daddy nostalgie |
Avec : Dirk Bogarde (Daddy), Jane Birkin (Caroline), Odette Laure (Miche),
Emmanuelle Bataille (Juliette), Charlotte Kady (Barbara). 1h45.
A Paris, Caroline, écrivain, divorcée, mère d'un garçonnet, apprend que son père a subi une grave opération. Elle se rend dans le midi de la France où vivent Daddy et Miche. ses parents, lui anglais, elle française. Beaucoup d'arrièrespensées président à ces retrouvailles dans la maison encore ensoleillée, par une belle arrièresaison. Miche est émue mais ne donne pas toujours l'impression de bien comprendre et se perd parfois en un bavardage futile. Le père, dans sa convalescence, est présent-absent, souffre ou supporte. Caroline tente difficilement de maintenir un équilibre, alors qu'elle serait prête à se laisser aller, à bousculer sa mère engourdie dans ses mondanités et ses idées toutes faites, à passer les caprices de son père puisqu'elle sent bien que le temps lui est compté, à revenir à son enfance. fillette perdue dans une ambiance cosmopolite au hasard des déplacements de ses parents. La vie, en apparence, suit son cours; même si les petites disputes font mal davantage. même si les instants heureux sont encore plus vivement vécus, il s'agit d'abord de briser la solitude, la pudeur, la peur de se parler. Daddy et Caroline font quelques escapades, voyagent sur la Côte au gré des lieux où le père retrouve des souvenirs. Une jeune infirmière ne cache rien à Caroline : le terme est proche pour Daddy. Caroline est obligée de rentrer à Paris. Un message l'attend sur son répondeur : c'est son père, heureux malgré tout. Quelques jours plus tard, Miche lui annonce la mort de Daddy. Caroline sort, marche dans la rue, Les yeux largement ouverts. Il s'agit maintenant de faire semblant de vivre en attendant que l'envie lui en revienne. |
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1992 | La guerre sans nom |
Entre 1954 et 1962, près de 3 millions de jeunes Français, appelés ou rappelés, ont fait une guerre qui ne voulait pas dire son nom. Trente ans après, ceux qui n'ont jamais parlé racontent. ( L'enquête part de Grenoble, théâtre en mai 1956 de manifestations contre l'envoi de soldats en Algérie.... |
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1992 | L. 627 |
Avec : Didier Bezace (Lucien 'Lulu' Marguet), Jean-Paul Comart (Dodo),
Charlotte Kady (Marie), Jean-Roger Milo (Manuel). 2h25.
Bien que n'ayant aucune perspective de promotion, Lucien Marguet, enquêteur de deuxième classe de la police judiciaire, croit en son travail. Ce qui l'irrite le plus est l'inertie d'un système routinier et le manque de moyens pour mener à terme des opérations pourtant simples. Pour avoir exprimé haut et fort son mécontentement, il est muté dans un autre service... |
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1994 | La fille de d'Artagnan |
Avec : Sophie Marceau (Eloïse), Philippe Noiret (D'Artagnan), Sami
Frey (Aramis), Jean-Luc Bideau (Athos). 2h09
Pensionnaire d'un couvent en Périgord où elle fut jadis placée par son père, le fameux d'Artagnan, Éloïse assiste impuissante au meurtre de la mère supérieure, qui protégeait l'évasion d'un des esclaves noirs dont l'odieux duc de Crassac assure le trafic via l'Amérique. Décidée à venger ce crime, à travers lequel elle décèle la trace d'un complot contre le futur roi Louis XIV, elle se rend à Paris pour en alerter son père... |
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1995 | L'appât |
Avec : Marie Gillain (Nathalie), Olivier Sitruk (Eric), Bruno Putzulu
(Bruno), Richard Berry (Alain), Philippe Duclos (Antoine). 1h55.
Une jeune fille d'aujourd'hui, Nathalie, «vendeuse-mannequin» chez un commerçant du Sentier, comme elle dit, vit avec Éric, parasite et beau parleur. Ils hébergent un copain un peu fruste, Bruno, et rêvent tous trois à une réussite facile, comme dans les revues et les films dont ils se gavent. Avoir de l'argent, dix millions, partir aux States et, avec les relations qu'Éric prétend avoir, monter une affaire de mode pour jeunes... |
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1996 | Capitaine Conan |
Avec : Philippe Torreton (Capitaine Conan), Samuel Le Bihan (Norbert),
Bernard Le Coq (Lieutenant De Scève). 2h09.
Les Balkans, septembre 1918. L'armée française d'Orient livre sur le front bulgare ses derniers assauts victorieux, au cours desquels se distinguent les hommes de Conan, des guerriers recrutés dans les prisons militaires, adeptes de la fronde, du couteau ou du corps-à-corps pour nettoyer les tranchées ennemies. Conan assume la barbarie efficace de ses hommes et méprise l'armée régulière et ses chefs fantoches, comme le général Pitard de Lauzier.. |
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1999 | Ça commence aujourd'hui |
Avec : Philippe Torreton (Daniel Lefebvre), Maria Pitarresi (Valeria),
Nadia Kaci (Samia Damouni), Véronique Ataly (Mme Lienard), Nathalie
Bécue (Cathy).1h57.
Directeur d'école maternelle dans une ville du Nord, sa région d'origine et celle de ses parents, Daniel Lefebvre vit avec Valeria, qui fait de la sculpture sur métaux. Son travail, qu'il prolonge par l'écriture, le passionne et le comblerait encore plus sans les ravages du chômage, de la précarité et de la détresse, leurs répercussions sur la tâche des enseignants, sur l'équilibre et la santé des enfants. |
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2001 | Laissez-passer |
Avec : Jacques Gamblin (Jean Devaivre), Denis Podalydès (Jean Aurenche),
Marie Gillain (Olga), Charlotte Kady (Suzanne Raymond), Marie Desgranges
(Simone Devaivre). 2h50.
En 1942, dans Paris occupée, malgré rafles, restrictions et bombes alliées, le cinéma continue. La Continental, qui produit la majorité des films français avec des capitaux allemands, est dirigée par Alfred Greven, un connaisseur en culture française nommé par Berlin ; il est secondé par des cadres nazis contrôlant budgets et tournages. Parmi ceux qui, alors, aiment le cinéma et en vivent, Jean Aurenche et Jean Devaivre se côtoient sans se connaître mais se posent les mêmes questions : comment rester digne et résister ? |
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2001 | Histoires de vies brisées : les "doubles peines" de Lyon |
(documentaire, en collaboration
avec Nils Tavernier).
Toute personne ayant commis un délit est passible d'une condamnation. Si elle est étrangère, une seconde mesure peut être prise : l'expulsion. C'est la double peine. En 1997, un groupe de sans-papiers lyonnais fait la grève de la faim pour la dénoncer. Bertrand Tavernier les soutient. Un accord est trouvé, mais faute de réelle solution, la grève reprend trois mois plus tard et durera 51 jours. En plein tournage de ÇA COMMENCE AUJOURD'HUI, le cinéaste décide alors de prendre sa caméra pour donner la parole à ces hommes et ces femmes qui se battent pour un des principes du droit : nul ne peut être puni deux fois pour la même faute. Le film raconte ces rencontres durant près de trois ans. Des témoignages qui, d'après Bertrand Tavernier, "mettent en lumière un tissu d'injustices et de préjugés." |
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2004 | Holy Lola |
Avec : Jacques Gamblin (Pierre), Isabelle Carré (Géraldine), Bruno
Putzulu (Marco), Lara Guirao (Annie), Frédéric Pierrot (Xavier). 2h08.
Pierre et Géraldine ne peuvent pas avoir d'enfant. Ils décident donc de quitter l'Auvergne où ils résident pour partir adopter au Cambodge. Sur place, ils s'installent dans un hôtel occupé uniquement d'adoptants français comme eux. Ils sympathisent avec quelques-uns. Si tous ces Français sont venus adopter un orphelin, tous ne sont pas de la même origine. Des affinités se créent entre Pierre et Géraldine et certains de leurs voisins de chambre comme Marco et Annie, ouvriers venus du Nord de la France. Rapidement, le couple commence ses démarches. D'orphelinat en orphelinat, de paperasses administratives en entretien avec des fonctionnaires dépassés ou corrompus, leur motivation s'en ressent et le couple vit des moments difficiles. |
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2009 | Dans la brume électrique |
(In the electric mist). Avec : Tommy Lee Jones (Dave Robicheaux),
John Goodman ('Baby Feet'), Peter Sarsgaard (Elrod T. Sykes). 1h57.
New Iberia, Louisiane. L'inspecteur Dave Robicheaux est sur les traces d'un tueur en série qui s'attaque à de très jeunes femmes. Alors qu'il vient de découvrir une nouvelle victime, Dave fait la rencontre d'Elrod Sykes. La grande star hollywoodienne est en Louisiane pour le tournage d'un film sur la guerre de Sécession... |
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2010 | La princesse de Montpensier |
Avec : Mélanie Thierry (Marie de Montpensier), Lambert Wilson
(François de Chabannes). 2h19.
1567, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage. Marie de Mézières, une des plus riches héritières du royaume, aime le jeune Duc de Guise, celui que l'histoire prénommera plus tard "le Balafré". Elle pense être aimée de lui en retour. Son père, le Marquis de Mézières, guidé par le souci d'élévation de sa famille, la pousse à épouser le Prince de Montpensier qu'elle ne connaît pas.... |
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2013 | Quai d'Orsay |
Avec : Thierry Lhermitte (Alexandre Taillard de Worms), Raphaël Personnaz (Arthur Vlaminck), Niels Arestrup (Claude Maupas), Bruno Raffaelli (Stéphane Cahut). 1h53.
Alexandre Taillard de Worms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates. |
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2016 | Voyage à travers le cinéma français |
Avec : Bertrand Tavernier, Thierry Frémaux. Textes lus par André Marcon. 3h15. Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de l’Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy. A Max Ophuls et aussi à Bresson. Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Je voudrais que ce film soit un acte de gratitude envers tous ceux, cinéastes, scénaristes, acteurs et musiciens qui ont surgi dans ma vie. La mémoire réchauffe : ce film, c’est un peu de charbon pour les nuits d’hiver. |