La princesse de Montpensier

2010

Genre : Aventures

Avec : Avec : Mélanie Thierry (Marie de Montpensier), Lambert Wilson (François de Chabannes), Grégoire Leprince-Ringuet (Philippe de Montpensier), Gaspard Ulliel (Henri de Guise), Raphaël Personnaz (le Duc d’Anjou), Michel Vuillermoz ( Duc de Montpensier), Philippe Magnan (Marquis de Mézières), Evelina Meghnagi (Catherine de Médicis), Judith Chemla (Catherine de Guise), César Domboy (Mayenne), Jean-Pol Dubois (Cardinal de Lorraine), Charles Petit (Nicolas). 2h19.

Automne 1567 - la paix entre catholiques et huguenots durait depuis près d'un an lorsque la guerre reprit avec la soudaineté d'un feu de broussailles mal éteint.

Un mouvement de grue en plongée sur l'herbe découvre par un traveling latéral un, puis plusieurs cadavres : des hommes les entassent dans une charrette. La grue s'élève et saisit des cavaliers au galop qui tuent ces soldats en déroute et poursuivent d'autres cavaliers. Il s'agit du comte de Chabannes et de ses hommes qui poursuivent des fuyards. Le comte pénètre alors dans une maison isolée. Emporté par sa folie meurtrière, il transperce une femme enceinte avec son épée, puis sort de la maison pour nettoyer son arme souillée par le sang.

Suite à une grande chevauchée dans la campagne (générique), Chabannes déclare à son compagnon d'arme, Nicolas, qu'il renonce au combat pour rentrer chez lui à Montcombe. Quelques temps plus tard, des cloches sonnent la trêve et la fin des combats. Chabannes apprend toutefois qu'il est banni par les deux camps : par ceux du roi pour avoir choisi la reforme et par la Reforme pour les avoir quittés. Dés lors, il donne congé à Nicolas qu'il ne peut plus payer et part seul à travers la campagne. Il s'endort, épuisé, au pied d'un arbre. Il est réveillé brutalement par des brigands qui veulent le détrousser et le pendre. Chabannes ne doit la vie qu'à l'intervention subite de Philippe de Montpensier, prince de sang, qui fut, autrefois, son élève d'armes. Le comte de Chabannes lui avoue qu'il est ruiné, proscrit et déserteur. Il attend la protection du duc, son père. Philippe lui demande alors de l'accompagner pour justement rejoindre son père qui a pris la décision de le marier.

Au château des Mézières, le duc de Montpensier tente de convaincre son ami, le marquis, de marier sa fille, Marie, à son fils, Philippe. Celui-ci a du rompre son engagement auprès d'une femme dont la vertu s'est avérée trop légère. Le duc sait Marie être un miracle d'honnêteté et de grâce. Le marquis de Mézières est embarrassé car il a promis sa fille à un membre de la Maison de Guise, famille cadette de Lorraine, affiliée encore il y a peu aux Habsbourg.

Dans les jardins du château, Mayenne, à qui est destiné Marie, sait qu'elle aime son frère, Henri. Sous le regard un peu contrit de sa sœur, Catherine, il les laisse badiner tendrement. Marie se laisse embrasser par Henri qui la surnomme affectueusement Mariette.

Le duc affirme que les Guise ne convoitent que la richesse de Marie et n'ont que leur fils cadet à offrir. Pour convaincre le marquis, le duc lui promet les terres pour lesquelles ils se querellent depuis dix ans. Elles lui permettront une grande chasse d'un seul tenant. En contrepartie, il exige un accord immédiat pour ce mariage. Dès leur sortie de la pièce, le cardinal de Lorraine comprend qu'on s'est joué de lui et promet que les Guise se vengeront de cette humiliation.

Pendant ce temps là, Henri de Guise s'amuse à se battre à l'épée avec son jeune frère sous le regard de Catherine et Marie lorsque Philippe et le comte de Chabannes parviennent à l'entrée du château. Un nouveau duel s'ensuit entre Henri et Philippe qui se confrontent régulièrement. Très rapidement le combat est interrompu par les aînés qui doivent les informer de leurs décisions. Marie, qui reste éloignée des conciliabules, s'inquiète. Henri de Guise, soutenu par son oncle le Cardinal de Lorraine, est outré de la décision de Mézières de préférer un Montpensier pour sa fille plutôt qu'un Guise. Il veut s'en prendre à Philippe mais Chabannes s'interpose et reçoit les foudres d'Henri. Le duc de Montpensier demande à son fils de garder le comte près de lui.

Marie proteste contre ce mariage et subit les violences de son père afin qu'elle accepte de se marier avec Philippe de Montpensier. Sa mère la convainc du bien fondé de ce choix : elle aurait fini par succomber à Henri. Pour elle, "l'amour est la chose la plus incommode du monde et je remercie le ciel tous les jours qu'il nous ait épargné cet embarras à votre père et moi". A la nuit tombée, Marie va embrasser Henri dans son lit et lui avoue qu'elle a accepté le mariage voulu par ses parents.

Le mariage entre Marie et Philippe se déroule au château, suivi d'un repas où le marquis de Mézières parle du gavage de ses anguilles et de la façon, lorsqu'elles pèsent 9 kilos, de les accommoder. Marie est préparée pour sa "nuit de noces" pendant que les pères respectifs attendent en jouant aux échecs. Une duègne apporte ensuite les couches de Marie pour prouver que l'acte de défloraison a bien été effectué. Les deux hommes se félicitent.

Le lendemain, accompagnés par le comte de Chabannes, Marie et son nouvel époux quittent le château de Mézières pour celui de la famille de Montpensier pour un voyage de dix jours. Lors d'une halte, Chabannes, répond à la question de Marie qui s'inquiète de sa trahison du camp huguenot : son père l'avait confié avant sa mort à deux hommes : le prince de Condé qui était de la reforme et le duc de Montpensier, un seigneur catholique. Le prince ayant répondu le premier, il entra à son service durant toute la campagne militaire. Son retournement, il y a quelques semaines, fut aussi soudain que celui de saint Paul de Tarse sur le chemin de Damas. Son crime d'avoir tué « au nom du Christ » une femme enceinte l'obligea, par dégoût, d'abandonner la guerre et non le seul camp Huguenot. "Pourquoi s'entretuer entre hommes issus de la même foi au nom de Dieu ?", conclut-il.

(partie 2 de la nouvelle)

Marie découvre avec inquiétude Montsurbrac, son nouveau château. Philippe reconnait qu'il est rustique mais il est le plus éloigné de la guerre. Marie choisit pour elle, une chambre où entre le soleil. "J'aime le soleil" "M'aimerez-vous aussi madame ?" "Quand vous me le commanderez".

Au château, le duc de Montpensier retrouve sa femme malade qui n'a pu assister au mariage monté en toute hâte par son mari. Elle s'inquiète de la dote reçue, mécontente que son mari ait échangé les poules qui lui plaisent contre des faucons. Bien qu'elle soit encore faible et surtout hypocondriaque, son époux l'oblige à rentrer à Paris avec lui dès le lendemain. Ce jour là, Philippe reçoit un ordre du roi qui lui ordonne aussi de rentrer. Il quitte donc Marie à regret. Avant de quitter le château, le comte de Chabannes lui demande de protéger sa vie et Philippe parle de plaider sa cause à la cour. Il lui demande d'assurer l'instruction de Marie, devenue la princesse de Montpensier et qui le jour venu devra assurer son rang à la cour. A Marie qui s'inquiète de la lourde tache qui lui est confiée, il répond : " Je suis sans crainte madame. Vous avez déjà tout l'esprit qu'il faut pour apprendre"

Cours de latin, d'écriture et d'astronomie s'enchainent. "La cour croit à l'influence des astres. Laissez dire, écoutez. A la cour, tout le monde imite. Imitez. Sommé de donner son avis, le comte répond "...les astres nous donne un prodigieux exemple sur lequel régler nos sociétés, asservis à des routes immuables, respectueux de la hiérarchie universelle qui maintient le faible dans l’orbite du fort sans jamais l’écraser, ils nous enseignent (la résignation ?), non pas la résignation mais l'obéissance aux lois d'équilibre sans lesquelles d'effroyables collisions se produisent entrainant d'effroyables malheurs. Profitant d'une sortie où ils cueillent ensemble du céleri sauvage (asche), Marie questionne Chabannes sur l'amour et lui avoue sa propre souffrance dont elle se dit guérie, le prince a été le remède.

Pendant ce temps-là, la guerre fait rage. Henri de Guise et Philippe de Montpensier se battent vaillamment dans le sang et la poussière. S'emparant de la bannière des Condé, ils clament leur victoire sur les hérétiques. Henri profite de la fin des combats pour évoquer Marie à Philippe, celui-ci s'éloigne sans répondre.

Au château de Montsurbrac, après avoir assisté de façon furtive aux ébats de sa servante, Jeanne, Marie évoque le péché avec Chabannes (l'idée du péché est-ce déjà pécher ?", "-L'idée sans l'envie non", "- et avec ?") Celui-ci lui déclare ne pas être son confesseur et finit par lui avouer son amour, Marie le remet à sa place (l'équilibre du monde est garanti par la modestie des petits astres) mais lui pardonne aussitôt ses mots. Dés lors, la conversation se déplace sur la poésie.

Quelque temps après, un colporteur arrive au domaine des Montpensier et donne des nouvelles de la guerre aux gens du château, annonçant la victoire du duc d'Anjou et la déroute de Gaspard II de Coligny et de ses troupes réformées à Moncontour (5 octobre 1569). Henri de Guise s'y est vaillamment illustré ; le sourire de Marie rend jaloux le comte mais elle lui répond vertueusement sur son amitié fidèle.

On assiste ensuite à la découpe d'un sanglier par les paysans du domaine et Marie est conviée à y participer. (Indulgence, le pape les saint, croire la présence réelle, le corps et le sang du Christ, saint jean Chrysostome : "Ce qui est dans la coupe est de même nature que ce qui s'écoula de la plaie du Christ". Ne sait rien de ses devoirs de princesse. Tout ce sang entraîne une conversation avec son précepteur sur le sang du Christ, la religion et la Foi (« il ne faut pas comprendre, il faut croire »). Saint Paul épitre aux hébreux la foi est le moyen de posséder déjà ce que l'on espère et de connaitre des réalités que l'on ne voit pas... au fond c'est un peu ce que l'on pourrait dire de l'amour.

Réclamé par Philippe, le comte de Chabannes doit quitter le château. Avant de partir, Chabannes demande à Marie de continuer d'écrire régulièrement à son époux. Comme il n'est plus là pour la guider : il lui conseille de parler d'elle.

Philippe se plaint à Chabannes de n'avoir aucun ami cultivé à ses cotés mais craint d'avoir agi égoïstement : Marie va s'ennuyer sans son précepteur. Ils arrivent sous l'orage au campement du prince Henri, duc d'Anjou, frère du roi de France. Philippe de Montpensier découvre le prince royal, en train de suivre des cours de polonais avec un précepteur car celui-ci est pressenti par sa famille pour prétendre au trône de Pologne. Le Valois fait aussitôt suspendre la leçon et se réjouit à Philippe de sa venue tout en se plaignant de sa condition, du risque de subir un mariage arrangé. À son tour, Henri de Guise, défraîchi, fait son apparition dans la tente du prince royal pour annoncer la trêve. Henri de Valois s'enquiert de sa mauvaise mine et celui-ci se plaint d'avoir assisté à l'agonie de son compagnon d'armes, puis quitte la tente du prince. Le duc d'Anjou demande alors à Philippe de présenter l'homme qu'il l'accompagne. François de Chabannes s'exécute. Le prince royal semble douter quelque peu de la sincérité du revirement du comte, mais décide tout de même de lui donner sa confiance. D'ailleurs Chabannes n'aura pas à combattre puisque la trêve est prononcée.

Philippe, accompagné de Chabannes, rentre au château et retrouve Marie qu'il complimente. "Mon absence n’a pas nui à votre beauté", "- C’est votre retour qui me donne un peu d’éclat". Ils se retrouvent seuls dans leur chambre et Marie semble se défier de ses caresses. Philippe déclare que "La guerre nous a trop longtemps séparés. Il faudra du temps pour devenir moins étrangers que nous le sommes ce soir". Il part retrouver Chabannes et devisent tous les deux sur Marie. Philippe, se rendant compte que Chabannes lui a appris la poésie et l'écriture et l'appelle Marie exige qu'il la nomme dorénavant par son titre de princesse et uniquement sous son titre. Philippe a peur de la venue d'Henri à la cour maintenant qu'il est reconnu comme grand soldat avec une nouvelle balafre qui a effacé l'ancienne. Il part retrouver Marie dans leur chambre.

Un matin, un courrier du père de Philippe, le réclamant à Paris, arrive au château de Montsurbrac. Chabannes l'apporte dans la chambre des époux alors qu'ils sont tous les deux nus et enlacés dans leur lit. Chabannes semble gêné et Marie semble ravie. Philippe lit la lettre et évoque son retour à la cour.

(partie 3 de la nouvelle)

Sous la conduite d'Henri de Guise, le duc d'Anjou et sa garde chevauchent dans la campagne du domaine des Montpensier. Passant près d'une petite rivière, ils découvrent Marie sur une barque. Le prince royal se rend compte que son cousin Henri la connait et ne semble pas indifférent à son charme. Il lui demande, dés lors, son nom. Anjou demande à être présenté à Marie et la barque s'approche. Le prince se hisse dans l'embarcation, trébuche et reconnait avoir été troublé par la beauté de la jeune femme. Celle-ci l'invite au château. Marie explique qu'il termine la chasse, nécessaire, mais pour laquelle, elle n'a aucun gout. Anjou fait reproche à Montpensier de ne pas avoir emmené sa femme à la cour.

Le comte de Chabannes, le duc d'Anjou, le duc de Guise, Philippe et Marie de Montpensier se retrouvent autour d'un repas. Henri de Guise en profite pour interpeller Chabannes sur son revirement et de « son expérience avec les hérétiques ». Le comte répond qu'il a vu autant de grandeur et de cruauté chez les catholiques et les hérétiques et qu'il a donc pris la décision de se retirer des combats. Henri D'Anjou annonce que Chabannes est « homme de sentiment », alors que Guise est « homme d'impulsion ». Le duc de Guise rétorque qu'il reste toujours fidèle à ses sentiments et à son « cœur qui ne l'a jamais trompé ». Marie, interrogée à son tour par le frère du Roi se dit trop incertaine pour se prononcer. Celui-ci lui avoue alors ses sentiments pour elle durant le repas. J'aurais le plus grand plaisir à vous convertir à mes passions ... la musique, les livres. Il se montre plus explicite lorsque Philippe déclare dormir chez sa femme et qu'il accepterait volontiers l'échange.

Alors que les hommes tiennent des propos grivois sur Marie et Philippe, celui-ci entraine sa femme dans la chambre et la réprimande. Ella a refusé la chasse. Était-ce pour se montrer ? Pour profiter du bourdonnement d'admiration autour d'elle ? Il considère son attitude comme suspecte, notamment vis-à-vis de Guise qui a sciemment rapproché les hommes d'Anjou de son domaine. Marie lui reproche son injustice envers elle, et évoque le hasard d'une rencontre. Philippe argumente sur le fait que Marie ne lui a pas souri durant le repas alors qu'elle l'a fait sous le regard de Guise. "J'aurais aimé, moi aussi, avoir un sourire de vous; fol espoir." En sortant, il confie son dépit à Chabannes, puis il rencontre Henri d'Anjou qui veut lui parler.

Le lendemain matin, Philippe passe devant la chambre de son épouse, pose son oreille à la porte puis descend l'escalier de son château et part à cheval. Marie le voit partir sans lui dire bonjour. Elle se plaint auprès de Chabannes de la jalousie injustifiée de son époux. Sa crainte de reproches renouvelés ne lui a pas permis de lui ouvrir sa porte. Elle s'assure auprès de Chabannes qu'il ne lui a pas parlé de ses confidences. Comme elle s'en offusque, elle reconnait qu'après avoir été heureuse de les accueillir tous, elle serait désormais heureuse de les voir tous repartir.

Chevauchant dans la forêt, Henri d'Anjou explique à Guise qu'il a compris son sentiment envers la princesse de Montpensier. Henri de Guise le nie mais le prince royal ne change pas d'avis et s'en va en le menaçant. Il a éloigné Philippe auprès de Catherine de Médicis pour être l'émissaire non plus d'une trêve mais d'une paix avec les huguenots.

Pendant ce temps là, à Paris, le duc de Montpensier, qui vient de perdre son épouse mais songe à se remarier très vite ("Et puis c'est assez d'être triste. Au moins, soyons beau".) exige la venue de son fils Philippe et surtout de sa bru, Marie, auprès de lui à Paris sous un mois. La princesse de Montpensier est obligée d'obéir et craint de retrouver le duc de Guise à la cour du Roi. Chabannes la rassure et elle se réjouit d'y être dans la semaine.

(partie 4 de la nouvelle)

À peine arrivée au Louvre, Philippe et Marie reçoivent la visite du comte d'Anjou et d'Henri de Guise qui vient leur apprendre le mariage du duc de Montpensier avec Catherine, la propre sœur d'Henri de Guise. Le Duc arrive dés lors, mais un peu tard, pour apprendre la nouvelle à sa famille. Philippe est plutôt contrarié du rapprochement des deux familles. Catherine en est encore bien plus contrariée ("Ils décident sans nous, comme pour les chevaux et les chiens de meute.") et se confie, en larmes, à Marie qui, se souvenant sans doute des recommandations de sa mère, lui explique que c'est le métier d'une femme de son rang que d'obéir. Les pleurs de Catherine se transforment alors vite en rires, à l'idée que Marie va désormais être obligée de l'appeler « ma mère ».

Henri d'Anjou interdit à ses hommes de prononcer le moindre mot fâcheux sur Marie. Il lui parle des nombreux mariages en vue (Coligny, Henri de Navarre) et en profite pour lui glisser adroitement qu'il l'épouserait bien si elle n'était déjà conquise. Il est jaloux de son époux... et de l'autre. Il annonce à Marie que sa mère, Catherine de Médicis, la recevra en audience le lendemain.

Une nouvelle journée commence. Dans l'attente d'être reçue par la reine-mère, Marie rencontre dans l'antichambre, le duc de Guise qui lui parle avec tendresse mais qui ne peut pas en dire plus car il est surpris par Philippe qui le provoque en duel. Quelques échanges s'ensuivent, mais ils sont très vite interrompus par Henri d'Anjou, alerté par Marie. Il les menace du pire châtiment s'ils ressortaient l'épée l'un contre l'autre. Il leur propose à chacun un poste pour les éloigner, l'un en Pologne l'autre à Poitiers. Enfin reçue en audience par la reine, Marie apprend de la bouche même de Catherine de Médicis, qu'elle sait tout d'elle, puis devise sur l'astrologie et le thème astral de la princesse en ces termes : « Il y a deux puissances contraires sur vous : Saturne et Vénus. Droiture, la tête, la loi d'un côté. Désir, sensualité, le corps de l'autre. Qui va gagner ? » Elle lui parle du roi, Charles IX qui tousse derrière un paravent. Marie ne doit pas écouter Guise qui fait déjà la cour à Marguerite, sa fille et sœur du roi et d'Henri d'Anjou, qui veut épouser le duc de Guise. Une fois l'audience terminée Henri de Guise attend Marie et l'entraine à l'écart. Marie lui reproche de lui faire la cour ainsi qu'à Marguerite, ce qu'il récuse. Alertés par un bruit dans l'escalier, Tous deux se cachent dans une petite niche et s'embrassent, mais Marie prend la fuite. Peu de temps après, elle fait la rencontre Chabannes et lui recommande, par plaisanterie, de se faire prêtre, voire confesseur. Elle lui confesse que M. de Guise a repris feu pour elle mais ne pas vouloir lui céder : "Rassurez-vous ce n'est qu'un bonheur qui passe comme l'hirondelle, très vite il est passé. Il me reste la honte de m'être si aisément reprendre. Il m'a nommé par l'ancien nom de nos rencontres, Mariette. Mais ne craignez rien : je ne céderai ni à monsieur de Guise ni à aucun autre". Chabannes la met aussitôt en garde et lui recommande d'oublier Henri de Guise. Elle le lui promet mais craint pour le grand bal du roi, le lendemain, où de Guise sera présent.

Lors du grand bal à la cour du Roi, Philippe surgit à l'improviste. Marie craint que Guise, encouragé par le baiser de la veille se montre trop entreprenant. Elle envoie Catherine retenir son mari pour avertir le duc de Guise de se montrer prudent. Elle lui donne rendez-vous là où ils se sont embrassés la veille. Mais Marie s'est trompée. Couvert d'un masque couvrant la moitié du visage, il est difficile de reconnaître certains membres du bal et sa méprise l'entraîne à confondre Henri d'Anjou avec Henri de Guise qui, mécontent, reçoit le message et comprend le quiproquo sans rien dire à Marie. Courroucé, le frère du roi prend Guise à partie et lui déclare se sentir outragé de le savoir entreprenant avec sa sœur Marguerite et Marie. Philippe se plaint à Chabannes qui tente vainement de le rassurer : "Vous ne pouvez partager mes sentiments qui sont ceux d’un mari, d’un amant et d’un jaloux. Toutes ces choses vous sont étrangères. Je n'aime pas souffrir".

Anjou envoie ensuite sa garde chercher Marie qui attendait vainement Guise dans leur cachette. Il s'adresse ensuite à Marie en empêchant, par sa garde, à Philippe de s'approcher d'elle. Il lui déclare la fourberie de Guise qui lui préfère Marguerite. Il rend ensuite Marie à son mari lui disant perfidement de veiller sur elle car elle était sur le point de se perdre. Fou de jalousie et se sentant humilié (mais ne sachant pas exactement pourquoi), Philippe veut frapper Marie. Chabannes l'en empêche.

(partie 5 de la nouvelle)

Furieux, Philippe décide de renvoyer Marie à leur château de Montsurbrac dès le lendemain et demande à Chabannes de positionner des gardes et un chien pour surveiller la grille d'entrée de leur hôtel particulier parisien où loge Marie, Philippe et leurs gens pour cette nuit. Le comte sort dans les jardins pour faire exécuter ses ordres et tombe sur Henri de Guise qui le menace de sa dague car il veut absolument parler à Marie : "Ce que je veux, elle le veut. Ce que j'éprouve, elle l'éprouve. Si je meure, elle mourra". Chabannes l'informe que si la princesse veut lui parler, elle posera une lumière à sa fenêtre. Il exige sa parole que, si elle refuse de lui parler, il acceptera sa défaite. Il quitte alors le duc et court en informer Marie qui décide d'allumer des bougies. Elle hésite cependant à laisser ces lumières devant sa fenêtre.

Henri de Guise s'introduit, dés lors, dans le bâtiment, tue le chien de garde, qui en hurlant réveille Philippe, puis monte dans la chambre de Marie et lui avoue son amour en dénonçant la duplicité d'Anjou qui a profité de la méprise de Marie pour la déstabiliser. Soudain, Chabannes fait irruption dans la chambre et demande alors à Guise de sortir car Philippe de Montpensier arrive. Guise s'exécute et disparaît. Philippe après avoir forcé la porte de son épouse découvre celle-ci en compagnie de Chabannes. Il se méprend sur l'attitude de son ami et le chasse. Philippe retourne ensuite dans sa chambre.

Le calme revenu, Guise retourne voir Marie et ils font l'amour.

Marie décide de rentrer à cheval, au château de Montsurbrac, et à la demande de Philippe lui promet de lui envoyer une lettre chaque semaine.

(partie 6 de la nouvelle)

Pendant ce temps là, Chabannes trouve refuge dans une auberge. Il y écrit une lettre pleine de compassion et de conseils à Marie alors que dans Paris on se prépare à un massacre, celui de la nuit du 24 août 1572, jour de la Saint-Barthélemy. Des hommes en armes, commandés par le Duc de Guise, s'introduisent dans des maisons repérées comme étant celles de protestants et y tuent les habitants. Alors que François de Chabannes tente de quitter Paris, il empêche des hommes de Guise de tuer une femme enceinte et meurt à son tour. Au matin, Philippe retrouve son cadavre dans la rue et la lettre qu'il adressait à Marie.

Philippe prend la décision de rentrer en son château à bride abattue. Il retrouve Marie et lui annonce le départ d'Henri d'Anjou pour la Pologne et la mort de Chabannes. Il lui donne la lettre qui lui était destinée. Il l'informe également du mariage d'Henri avec la princesse de Clèves. Le contrat de mariage doit être signé le lendemain à Blois. Marie décide de se rendre au mariage. Philippe sort de la chambre de son épouse et pleure devant sa porte et Marie l'écoute : si celle-ci décide de se rendre à Blois pour revoir le duc de Guise, c'est un motif de rupture entre eux.

Le lendemain, Marie est au château de Blois. Elle y rencontre Henri de Guise pour lui annoncer qu'elle est prête à rompre les liens du mariage avec Philippe de Montpensier, pour le rejoindre. Mais Henri se dérobe "Vous étiez au milieu de nous comme une biche au temps du brame" et lui explique qu'il a renoncé à la sœur du roi ; que c'était déjà un sacrifice. "Je vous ai payé d'une nuit dont je n'ai pas regret". "La partie est jouée Mariette. Rien n'y fera. Je suis engagé auprès de Madame De Clèves et ce mariage me sauve". "Dans ce cas là, tout est dit n'allez pas plus loin dans l'abaissement." Marie comprend la lettre de Chabannes qui lui annonçait la traîtrise de Guise et le lui fait remarquer.

Marie quitte Blois. Dans sa chevauchée, elle repense à la lettre de son précepteur : "Le bonheur est une éventualité peu probable dans cette aventure pour une âme aussi fière que la votre... Ayant perdu l'estime de votre mari et le cœur de votre amant, au moins vous restera la parfaite amitié de François, comte de Chabannes. "

Au cœur de l'hiver, dans un paysage enneigé, sous un soleil éclatant d'hiver, la princesse Marie de Montpensier, seule, habillée de noir, s'incline sur la tombe du comte François de Chabannes où vient aussi se recueillir Nicolas. Elle s'avoue : "Comme François de Chabannes s'était retiré de la guerre, je me retirais de l'amour. La vie ne serait plus pour moi que la succession des jours et je souhaitais qu'elle fût brève puisque que les secrètes folies de la passion m'étaient devenues étrangères."

La nouvelle de Madame de La Fayette est une histoire d'amour fou où la princesse de Montpensier comme Madame de Tourvel dans Les liaisons dangereuses meurt de consomption lorsqu'elle est trahie par l'homme qu'elle aime. Bertrand Tavernier choisit de filmer tout autre chose que les tortures de l'âme et du corps. A partir de la situation politique et des sentiments exposés dans la nouvelle, Tavernier invente la presque totalité des séquences qu'il rend cinématographiques par la séduction des dialogues ou des actions. Parfois, il transforme la nouvelle pour moderniser les sentiments. Parfois, il rend plus romanesque les situations en augmentant les interactions entre les personnages. Parfois enfin, il inclut ses propres recherches historiques, et s'attarde sur la violence des combats, l'élégance des mots, des robes et des décors.

Une adaptation plus pittoresque en actions que dévorée par la passion

La Princesse de Montpensier est une courte nouvelle de Madame de La Fayette, 34 pages de l'édition Folio (libre accès sur Wikisource) soit 5 fois moins que son roman, La princesse de Clèves. Les développements les plus longs de la nouvelle, la moitié de celle-ci, concernent la reprise des amours de Marie et d'Henri, à Paris d'abord (Partie 4) à Champigny ensuite (Partie 5). Les descriptions les plus longues concernent la visite d'Anjou et Henri à Champigny (5 pages, partie 3) et la rencontre de Guise et de Marie à Champigny (7 pages, partie 5). Bertrand Tavernier accorde beaucoup plus d'importance aux deux premières parties qui occupent la moitié du film et beaucoup moins aux amours de Marie et Henri.

Une nouvelle "modernisée"

Les premières parties du livre et du film racontent les mêmes événements : La guerre civile ; l'amour de jeunesse entre Henri de Guise et  Mlle de Mézières, le mariage prévu entre le frère cadet d'Henri de Guise et Mlle de Mézières, cassé au profit de celui avec Philippe de Montpensier ;  la haine des Guise qui en résulte ; La pression des parents et  le renoncement de Marie à Henri qu'elle engage à faire de même ; le mariage ; le départ pour Champigny et la menace de l’imminence de la 2e guerre civile. Le changement de parti de Chabannes.

Dans l'exposition du récit, Mme de la Fayette exprime avec concision des raisons politiques et sentiments puissants. Mlle de Mézières a eu des amours adolescentes auxquels elle renonce. Henri de Guise qui a partagé ces amours adolescentes, est en colère. Le comte est fidèle  jusqu'à l'excès en amitié. Le Prince est fidèle à son ancien compagnon d'arme.

Tavernier "modernise" les situations tout en les rendant plus cinématographiques. Il change ainsi les raisons du mariage voulu avec le prince. Pour Mme de la Fayette,  il s'agit d'une raison politique. La rivalité entre les Bourbons (Montpensier) et la maison de Loraine (Guise) pour s'approprier les richesses de Mlle de Mézières. Pour Tavernier, c'est le fait d'obtenir une femme honnête pour son fils alors qu'il a du rompre un mariage avec une femme à la vertu insuffisante. Pour cela, le duc est prêt à laisser une partie de ses terres au père de Marie. Le dialogue entre le marquis et le Duc est très cinématographique; l'un excentrique,  l'autre égoïste pensant à obtenir une terre d'un seul tenant pour la chasse. L'intérêt de Tavernier pour cet épisode inventé est renforcé par l'utilisation d'un plan-séquence de 1'20.

La rencontre entre Henri de Guise et Marie au château de Champigny par l'entremise du comte où celui-ci est compromis n'aboutit qu'à une déclaration d'amour. Tavernier, qui situe l'action à Paris, va jusqu'à faire coucher ensemble pour la nuit, Marie et Henri De Guise.

Enfin, à la fin de la nouvelle, Marie meurt de consomption. Tavernier recule devant cette terrible maladie d'amour et préfère faire émettre par Marie un souhait de mort prochaine.

Les valeurs de la raison assassinées

Tavernier change également les raisons du retournement du comte. Ce n'est plus par amitié pure qu'il se détourne du camp Huguenot mais par dégoût des horreurs de la guerre. Le réalisateur à jugé impossible à admettre aujourd'hui cette amitié extrême. Il lui préfère un motif politique exprimé par Chabannes devant Philippe et Marie : pourquoi s'entretuer au sein d'une même religion ? Ce motif trouve une illustration visuelle forte avec l'assassinat initial d'une femme enceinte. Certes l'acte est involontaire mais Tavernier lui accorde une place primordiale puisqu'il boucle le parcours du comte par un rachat. Lors de la saint Barthelemy, le comte risque et perd sa vie pour protéger une femme enceinte.

Le premier personnage cité de la nouvelle est  "la fille unique du marquis de Mézières " alors que le film commence par la chevauchée du comte et son terrible coup d'épée. On a ainsi une belle séquence d'ouverture pleine d'action mais la focalisation du récit sur la Princesse de Montpensier se déplace sur le comte de Chabannes. Cette focalisation est d'autant plus assumée qu'il s'agit d'un épisode inventé par le scénariste.

Le comte de Chabannes, témoin impuissant dans la nouvelle, devient ici un personnage beaucoup plus présent et bien plus actif. Tous les longs développements de la seconde partie, les séquences éducatives sur l'écriture, les leçons données par les astres, la poésie, font du comte un précurseur de la philosophie des lumières et c'est bien davantage cette philosophie qu'il revendique pour notre époque qui traverse le film que celle du XVIe.

La passion diluée dans le romanesque

Bertrand Tavernier a pourtant déclaré : "En discutant avec Didier Le Fur, le grand spécialiste du XVIe, nous avons trouvé des résonances très contemporaines au récit de Mme de La Fayette. Comme, par exemple, le droit d'une jeune fille à avoir son propre destin, la manière dont elle vit entre le code de l'honneur, son éducation et son désir. Par ailleurs, Mme de La Fayette, issue du XVIIe, écrit sur le XVIe. Sachant que le XVIIe était devenu un siècle très puritain, alors que le XVIe ne l'était pas, on a supprimé certains filtres, mais sans jamais tordre les sentiments dépeints. On retrouve alors une vérité, une nudité très excitante."

Certes, prolongeant ses recherches historiques de Que la fête commence (1975) ou du Juge et l'assassin (1976), Tavernier nous délivre la recette des anguilles durant le repas de noces, la cérémonie de la préparation de la nuit de noces et de la défloration, la superstition de Catherine de Médicis, la description de la terrible saint Barthélemy. Mais tous ces épisodes sont moins véridiques que vraisemblables ou pittoresques. Tavernier peine à faire ressentir la violence baroque du XVIe à la différence de Patrice Chéreau dans La reine Margot (1994).

Tavernier s'attache bien davantage à rendre le récit plus romanesque en privilégiant les relations entre les personnages, ainsi l'épisode des brigands qui met en scène la rencontre entre Philippe et le comte. Le mariage arrangé avec Mayenne alors qu'elle aime le Duc est illustré par la scène dans le jardin avec l'apparition  aussi de Catherine. Marie subit les violences du père et écoute le discours de sa mère. C'est avec Nicolas (personnage inventé) que Chabannes fuit les combats. Nicolas viendra, à la fin, se recueillir avec Marie sur la tombe de Chabannes. C'est devant Marie que Chabannes expose son retrait de la guerre.

Bertrand Tavernier flanque le duo amoureux enflammé de la princesse et du duc de Guise de trois prétendants, le comte, le mari et le duc d'Anjou qui ont bien moins de place dans la nouvelle. Si le film dure ainsi autant et se révèle souvent ennuyeux, c'est bien parce que de deux personnages principaux, Bertrand Tavernier passe à cinq. Le prince est un jaloux et un amant bien sage. Le duc d'Anjou, futur Henri III, plus brillant que Chabannes éclipse celui-ci en vivacité d'esprit. Et le pauvre duc de Guise n'est montré que comme un va-t-en guerre opportuniste.

Caractéristique de cette dégradation de scène d'amour en scène aimable, la traversée de la rivière sur la barque. Chez Madame de la Fayette, Guise et Anjou prennent ensemble la barque avec la princesse qui n'a d'yeux et de sentiment que pour le premier qui partage sa passion. Tavernier en fait une scène de séduction où Anjou fait preuve de décision et d'esprit en se joignant seul à la princesse qui lui répond par d'aimables coquetteries. Jamais la féerie évoquée par de Guise à la vue de la princesse sur l'eau n'est crédible, condamné qu'il a été par Tavernier à contourner la rivière à cheval.

Le film devient ainsi un aimable film d'aventures avec mouvements d'appareil (le premier plan du film notamment), musique haletante et actes ou décors symboliques (femmes enceintes embrochées au début et à la fin ou neige finale du renoncement) qui donnent du rythme à cette histoire. On regrette pourtant que Tavernier, qui n'a quand même plus rien à prouver en matière de savoir-faire, ait renoncé à s'emparer pleinement de la nouvelle pour se contenter de l'illustrer avec les valeurs d'aujourd'hui et une grammaire cinématographique et sentimentale aussi classique.

Jean-Luc Lacuve, le 9 novembre 2010, revu le 15 octobre 2017