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(1933-2022) et (1936-2006)
28 films
   
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histoire du cinéma : résistance des corps
1 - Mise en scène

La répétition du texte est une phase essentielle dans la préparation des films des Straub. C'est en Italie qu'elle atteint son point d'achèvement dont témoignent les carnets de Danièle Huillet à destination des acteurs amateurs, ouvriers et paysans de Buti. Le film est d'abord répété pour le théâtre. Pour les amateurs, le théâtre est un travail plus sérieux que le cinéma qui n'arrive qu'en bout de la course. Le texte, dont la musicalité est longuement travaillée par Danièle Huillet, fait l'objet de trois ou quatre représentations au théâtre de Buti. Deux semaines sont ensuite consacrées au tournage du film dans les bois qui entourent Buti et dans des lieux soigneusement repérés par les Straub.

Les choix de mise en scène sont aussi simples que rigoureux. Les personnages sont toujours filmés dans le même axe à partir d'une seule position de la caméra. Seule la longueur de la focale change pour varier l'échelle des plans.

Pour obtenir ce qu'ils souhaitent, les Straub peuvent réaliser dix à quinze prises d'un même plan. Celles-ci seront utilisées pour des versions italienne et française différentes : constituées des mêmes plans mais issus de prises différentes. Ces versions sont donc également de longueurs différentes. Les quatre versions de La Mort d'Empédocle varient ainsi de plus ou moins 15 minutes par rapport à la version de 132 minutes de la cinémathèque française.

Les Straub souhaitent d'abord filmer au présent et former une communauté pendant le temps du travail avec les habitants de Buti. Mais toute leur oeuvre porte surtout la volonté d'aller chercher davantage que la vie humaine par d'autres moyens que ceux de la religion.

Giordano Bruno dont on voit fugitivement la tombe dans Leçons d'histoire est sans doute le philosophe dont ils incarnent le mieux la pensée. "Hors la matière, rien mais la vie est aussi matière infinie" d'où le recours à la mythologie tout autant que l'attention portée au minéral et à l'animal, traités avec autant d'attention que l'humain quant à la présence au son, dans l'image, ou le hors champ. Les Dialogues avec Leucò, sur lesquels ils sont revenus cinq fois chantent l’homme, l’alliance de ténèbres et de lumière qui fonde son identité sans fond d’être mortel - l’homme est l’être destiné à la mort. Pavese écrit en effet ce livre entre 1945 et 1947, au sortir d’un conflit mondial qui laisse l’Italie sans âme, en un geste poétique qui, par un grand bond dans le passé immémorial des mythes, voudrait retrouver un sol commun pour les vivants. Quatre ans plus tard, Cesare Pavese se donnera la mort dans une chambre d’hôtel de Turin.

Chez les Straub, de toute façon, il n’est pas sûr que la conciliation existe ; il n’est pas sûr qu’il soit bon qu’elle existe. La violence est aussi quelque chose qui aide. Querelle entre les langues, querelle entre les images, querelle entre Moïse et Aaron, entre le ciel et la terre, les dieux et les hommes, entre les animaux et les hommes, entre ceux qui tuent les bêtes et ceux qui mangent les charognes, entre l’exil et la patrie. Querelle qui ne peut s’arrêter; querelle fondée sur un amour très secret pour l’ennemi telle est l'énergie de leur oeuvre des premiers films au début des années 60 à ceux, cinquante ans après, réalisés par Jean-Marie Straub seul.

1963 Machorka-Muff Heinrich Böll. Allemand
0h17
1965 Non réconciliés Heinrich Böll. Allemand
0h55
1968 Chronique d'Anna-Magdalena Bach A. M . Bach Allemand
1h33
1968 Le fiancé, la comédienne et le maquereau    
0h23
1960 Othon    
1972 Leçons d'histoire    
1973 Introduction à la "Musique d'accompagnement    
1974 Moise et Aaron    
1976 Fortini cani Franco Fortini Italien
1965 Toute révolution est un coup de dé Malalrmé Français
1979 De la nuée à la résistance Cesare Pavese Italien
1981 Trop tôt / trop tard Mamoud Hussein Français
1982 En rachachant Marguerite Duras Français
1984 Amerika - Rapports de classes Frannz Kafa Allemand
1989 La mort d'Empédocle Holderlin Allemand
1989 Noir péché Holderlin Allemand
1989 Cézanne   Français
1991 Antigone Sophocle Allemand
1994 Lothringen ! Maurice Barrès Français
1996 Du jour au lendemain Max Blonda Allemand
1999 Sicilia ! Elio Vitteroni Italien
2001 Ouvriers, paysans Elio Vitteroni Italien
2h03
2002 Le retour du fils prodigue Elio Vitteroni Italien
1h04
2002 Humiliés Elio Vitteroni Italien
2003 Une visite au Louvre Cézanne Français
2006 Ces rencontres avec eux Cesare Pavese Italien
2009 Le genou d'Artémide Cesare Pavese Italien
2009 Itinéraire de Jean Bricard Jean Bricard Français
2009 Femmes entre elles Cesare Pavese Italien
2009 Corneille-Brecht    
2010 O somma luce Dante Alighieri Italien
2011 Un héritier Maurice Barrès Français
2011 Le chacal et l’Arabe Frannz Kafa Allemand
2011 L’inconsolable Cesare Pavese Italien
2012 La madre Cesare Pavese Italien
2013 Un conte de Michel de Montaigne Michel de Montaigne Français
2014 Dialogue d'ombres Georges Bernanos Français
2014 À propos de Venise Maurice Barrès Français
2014 Kommunisten André Malraux et autres Fr, It, Al
1h10
2014 La guerre d'Algérie ! Jean Sandretto Français
2'

 

II - Biographies

Jean-Marie Straub est né le 8 janvier 1933 à Metz ; Danièle Huillet le 1er mai 1936 et décédée en octobre 2006.

Il s’intéresse au cinéma après la guerre, d’abord marqué par les films lyriques et fiévreux de Jean Grémillon, comme Remorques (1941), Lumière d’été (1942) ou Le ciel est à vous (1943), œuvres à la fois populaires et pétries d’audaces formelles, qu’il découvre présentées par l’influent critique Henri Agel au ciné-club « La chambre noire » de Metz. Il y voit également Partie de campagne (1946), de Jean Renoir, et Les Dames du bois de Boulogne (1945), de Robert Bresson, faisant preuve d’un tel engouement que la programmation et l’animation du ciné-club lui échoient. Le jeune Straub envisage alors d’écrire sur le cinéma, sans encore songer à tourner des films. Il poursuit des études de lettres (hypokhâgne) au lycée Fustel-de-Coulanges à Strasbourg, puis passe sa licence à l’université de Nancy.

Il s’installe à Paris en novembre 1954, au moment où éclate l’insurrection algérienne. C’est au lycée Voltaire, en classe préparatoire à l’Institut des hautes études cinématographiques (l’ancien nom de la Fémis), dont il sera renvoyé au bout de trois semaines, qu’il rencontre Danièle Huillet. Ils resteront unis en un compagnonnage indéfectible par leur pensée résolue, leur incessant questionnement, leur refus des modes et leur foi dans le regard et l'intelligence des spectateurs. Danièle Huillet avait refusé, lors du concours d'entrée l'IDHEC, d'analyser le film Manèges d'Yves Allégret, le qualifiant indigne d'un examen.

Il fréquente alors la bande des « jeunes Turcs » des Cahiers du cinéma, dont Jacques Rivette, François Truffaut et Jean-Luc Godard, futurs cinéastes de la Nouvelle Vague. Straub reçoit certains d’entre eux, comme Truffaut ou le critique André Bazin; dans son ciné-club, à Metz, pour présenter les films américains de Fritz Lang ou ceux d’Alfred Hitchcock, Charlie Chaplin, Roberto Rossellini, Kenji Mizoguchi – cinéastes qu’il défend ardemment, souvent à contre-courant de la Fédération des ciné-clubs.

Peu après, Straub pose un pied sur les plateaux de tournage et assiste Jean Renoir sur et Elena et les Hommes (1956), Abel Gance sur La Tour de Nesle (1955), son camarade Rivette sur son court-métrage Le Coup du berger (où il prétend n’avoir fait que « porter des cartons »), une adaptation de Maupassant, et enfin Robert Bresson pour Un condamné à mort s’est échappé (1956).

Jean-Marie Straub écrit quelques articles pour Radio-Cinéma-Télévision et travaille comme assistant-stagiaire sur plusieurs films dont French Cancan (Jean Renoir, 1954) La Tour de Nesle (Abel Gance, 1955), Elena et les Hommes (Jean Renoir,1956), Un condamné à mort s'est échappé (Robert Bresson,1956) et Le coup du berger de Jacques Rivette, Une vie (Alexandre Astruc, 1958). C’est à Bresson que Straub et Huillet soumettent le projet de Chronique d’Anna Magdalena Bach, constitué à partir d’archives et des lettres de la seconde épouse du compositeur. Mais Bresson décline la proposition et leur conseille de tourner le film eux-mêmes.

En 1958, par solidarité avec les indépendantistes, Straub refuse d’aller faire son service militaire en Algérie et s’exile à Amsterdam puis en Allemagne, où il sera rejoint quelques mois plus tard par Danièle Huillet. Le tribunal militaire de Metz le condamne par contumace à un an de prison pour "insoumission". Les poursuites contre lui ne sont abandonnées qu'en 1971.Les premières années à l’étranger du couple, qui se marie et s’installe à Munich à la fin de 1959, se passent à sillonner le pays d’est en ouest, afin de lever les fonds nécessaires au « Bachfilm ».

En attendant, ils se rabattent sur deux projets de courts-métrages, d’après les écrits de Heinrich Böll, qui vont marquer comme des coups de tonnerre leurs débuts derrière la caméra. Machorka-Muff (1963) dénonce la remilitarisation de l’Allemagne, derrière laquelle se déguisent les mêmes structures de pouvoir qui avaient fait le lit du nazisme. Le film sera rejeté par le comité de sélection du Festival d’Oberhausen, où se réunit chaque année la jeune garde du cinéma allemand. En 1965, Non réconciliés ou Seule la violence aide ou la violence règne, qui retrace en moins d’une heure une certaine trajectoire brisée du XXe siècle allemand, à travers trois générations d’une même famille d’architectes, provoque un tollé lors de sa projection à la Berlinale. Les deux films frappent par leur précision et leur tranchant

En 1967, après en avoir porté le projet pendant dix ans, ils peuvent enfin tourner leur Chronique d'Anna-Magdalena Bach, sans doute leur film le plus emblématique, faisant date dans l’histoire de la musique filmée. Avec le claveciniste et organiste Gustav Leonhardt dans le rôle de Bach, les Straub filment les pièces musicales en une prise (sans coupe) et en son direct (sans playback), en utilisant les instruments d’époque, et court-circuitent les pesanteurs de la reconstitution par un strict respect des documents historiques. La musique n’est plus considérée comme un simple accompagnement, mais constitue le corps même du film. Le couple y impose déjà un système de production particulier. Ils réalisent, écrivent, montent et produisent eux-mêmes tous leurs films afin de maintenir leur indépendance créative. En 1967, les impose comme les principaux représentants d'un nouveau cinéma remettant en cause les schémas narratifs et esthétiques traditionnels. Ils filment en plans fixes ou longs travellings des textes adaptés d'oeuvres littéraires ou d'opéras.

L’année suivante, le court-métrage La Fiancée, la Comédienne et le Maquereau (1968), retentit comme une lettre d’adieu explosive à l’Allemagne et scelle la rencontre passagère des Straub avec l’Anti Theater de Rainer Werner Fassbinder, qui y tient un rôle aux côtés de Hannah Schygulla.

En 1969, le couple part s’installer à Rome. S’ouvre alors dans leur œuvre une période d’examen dialectique des rapports entre l’histoire européenne et le temps présent. Dans Othon (1970), ils transposent la pièce de Corneille sur le mont Palatin, confrontant les vers de l’écrivain, récités à un train d’enfer et selon les accents variés d’acteurs en costumes antiques, à la circulation automobile qui retentit en contrebas. La perte momentanée du sens, occasionnée par ce traitement abrasif, fait paradoxalement éprouver la scansion et la portée politique du texte, rendu à toute son étrangeté.

Dans Leçons d'histoire (1972), tiré d’un roman inachevé de Bertolt Brecht (Les Affaires de monsieur Jules César), un enquêteur sillonne les rues de Rome en voiture et s’entretient avec des personnages issus de l’Antiquité. Moise et Aaron (1974), leur seule « superproduction », est l’adaptation dans les Abruzzes de l’opéra inachevé d’Arnold Schönberg et désigne, par sa réflexion sur les rapports entre le peuple et ses « leaders » politiques et spirituels, une possible origine du destin catastrophique de l’Occident.

De la nuée à la résistance, tourné en 1979, leur permet d'engager une nouvelle fois une réflexion critique sur le capitalisme, un de leur sujet de prédilection. Trop tôt, trop tard (1980) et Amerika, rapports de classes (1984), leurs deux longs métrages suivants, questionnent également la lutte des classes.

A la fin des années 1980, Straub et Huillet reviennent à la mythologie en tournant La Mort d'Empedocle ou Quand le vert de la terre brillera à nouveau pour vous (1989) puis en mettant en scène Antigone au théâtre avant d'en tirer un film homonyme (1994). A la même période, les cinéastes tournent également plusieurs moyens métrages parmi lesquels Lothringen! (1994) qui sort en France en complément de Du jour au lendemain (1996).

En 1998, ils s'installent définitivement en Italie à Buti et adaptent Elio Vittorini avec Sicilia ! puis Ouvriers, paysans, tiré des Femmes de Messine. Ils préléveront à nouveaux deux fragments de ce dernier texte pour Humiliés et Le retour du fils prodigue qui lui sert de complément de programme pour sa diffusion en salles.

Ils reviennent ensuite à Pavese. Ces rencontres avec eux (2006) sont la suite de De la Nuée à la résistance, réalisé 27 ans plus tôt en 1979, et dont la première partie était composée de sept des Dialogues avec Leucò (1947) écrit par l'écrivain piémontais.

En octobre 2006, Danièle Huillet meurt et Jean-Marie Straub poursuit vaillamment leur oeuvre commune dans une série de courts-métrages. Itinéraire de Jean Bricard (2009) est signé par les deux cinéastes car préparé en amont par Danielle Huillet. Aux Dialogues avec Leucò adaptés dans les deux films de 1979 et 2006 vont s'ajouter Le genou d'Artémide et Femmes entre elles en 2009 puis L'inconsolable en 2011.

En 2010, Jean-Marie Straub adopte le format numérique. O somma luce réalisé avec une grosse caméra HD et au format 16/9 ne lui donne pas satisfaction. Il utilise alors une caméra plus petite et revient au format 4/3 en 2011.

En février 2012, Indenpendecia distribue en salles un programme de quatre films comprenant un diptyque constitué de Lothringen ! (1994) et Un héritier (2011) adaptés de Maurice Barrés, une virgule visuelle avec le très courts métrage Le dernier Soupir (2011, 2’) de Jean-Claude Rousseau puis un second diptyque, italo-allemand, les deux autres pays chers aux Straub constitué de L'inconsolable (2011) et de Le chacal et l'Arabe (2011) adaptés de Pavese et Kafka.

En 2014, Kommunisten remonte bon nombre d’images extraites de films antérieurs du couple et résonne comme un grand ouvrage récapitulatif. En 2017, le Festival de Locarno lui remettait un Léopard d’honneur pour l’ensemble de son œuvre.

Jean-Marie Straub est mort dans la nuit du 19 au 20 novembre 2022, à l’âge de 89 ans.

Jean-Luc Lacuve, le 2 juin 2012, puis le 20 novembre 2022.

III - Filmographie :

1963 Machorka-Muff
 

Avec : Erich Kuby (Le général Erich von Machorka-Muff), Renate Lang (Inniga von Zaster-Pehnunz), Guenther Strupp, Rolf Thiede. 0h17.

Un rêve symboliquement abstrait, pas une histoire. D'après Le journal du général Erich von Machorka-Muff dans la capitale fédérale de Heinrich Böll.

   
1965 Non réconciliés
  ou Seule la violence aide là où la violence règne (Nicht versöhnt oder es hilft nur Gewalt wo Gewalt herrscht). Avec : Heinrich Hargesheimer, Martha Standner, Carlheinz Hargesheimer. 0h55.

Les retrouvailles de deux hommes, vingt ans après la guerre, qui se demandent ce que sont devenus leurs amis communs et qu'est devenu le monde depuis leur séparation.

   
1968 Chronique d'Anna-Magdalena Bach
(Chronik der Anna Magdalena Bach). Avec : Christiane Lang-Drewanz, Gustave Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt, Andreas Pangritz, Bob Van Asperen. 1h33.

Quelques mois après la mort de sa première femme en 1720, Jean-Sébastien Bach épousa la chanteuse Anna-Magdalena Wülken. Prenant pour point de départ la date de son mariage, Anna-Magdalena Bach évoque les différentes étapes de la vie du compositeur allemand ; de ses démêlés avec ses nombreux protecteurs, princes et mécènes, jusqu'à sa mort, le 28 juillet 1750, jour où il "succomba doucement et saintement".

   
1968 Le fiancé, la comédienne et le maquereau
 

(Der bräutigam, die komödiantin und der zuhälter). Avec : Irm Hermann (Désirée), Hanna Schygulla (Lucy). 0h23.

Des prostituées exercent leur métier dans les rues. James et Lilith se marient avec pour conséquence l'exécution du souteneur de cette dernière.

   
1970 Othon
 

(Les yeux ne veulent pas en tout temps se fermer ou Peut-être qu'un jour Rome se permettra de choisir à son tour). Avec : Adriano Aprà (Othon), Anne Brumagne (Plautine), Ennio Lauricella (Galba), Olimpia Carlisi (Camille), Anthony Pensabene (Vinius), Jean-Marie Straub (Lucus), Jean-Claude Biette (Martian), Leo Mingrone (Albin), Gianna Mingrone (Albiane), Marilù Parolini (Flavie). 1h24.

En haut du Palatin, des acteurs portant des costumes romains, donnent une représentation de la pièce de Corneille. A partir de cet évènement théâtral, les auteurs du film tentent de donner à réfléchir sur les fonctions idéologiques de la culture de classe, en utilisant différents procédés (sons en particulier).

   
1972 Leçons d'histoire
 

(Geschischtsunterricht). Avec : Benedikt Zulauf, Gottfried Bold, Johann Unterpertinger, Hanri Ludwigg, Carl Vaillant. 1h25.

Un jeune homme poursuit une quête : la relation historique du destin politique de César et des mécanismes du pouvoir faite ici à travers le filtre de quatre individus susceptibles de témoignage et vêtus à l'antique qu'il rencontrera au fil de ses recherches.

   
1973 Introduction à la "Musique d'accompagnement pour une scène de film" de Arnold Schoenberg
 

(Einleitung zu Arnold Schoenbergs Begleitmusik zu einer Lichtspielscene). 0h16.

Textes d'Arnold Schoenberg (lettres à Wassily Kandinsky, 20 avril et 4 mai 1923) et de Bertold Brecht (discours au congrès international des intellectuels contre le fascisme. Paris 1935). Sur la musique d'accompagnement pour une scène de film de Arnold Schoenberg, opus 34 (1929-1930).

   
1974 Moise et Aaron
(Moses und Aron). Avec : Gunther Reich, Louis Devos, Werner Mann, Eva Csapo, Roger Lucas. 1h45.

Moise, conscient de sa difficulté à communiquer, demande à Aaron d'être son porte-parole lorsque Dieu lui ordonne de libérer le peuple. Un dialogue s'établit entre les deux hommes dont les conceptions et les mentalités diffèrent.

   
1976 Fortini cani
  (Fortini / Cani). Avec : Franco Lattes, Luciana Nissim, Adriano Apra 1h23.

Les chiens du Sinaï est un poème écrit en 1967, après la guerre d'Israël. Son auteur, Franco Fortini, écrivain italien juif, en lit quelques extraits qui s'insèrent dans les paysages italiens, entre les lignes. De ces rapports texte/images se dégage une forme de portrait politique du poète.

   
1977 Toute révolution est un coup de dé
  Avec : Danièle Huillet, Michel Delahaye, Helmut Faber, Georges Goldfayn, Marilu Parolini. 11mn.

D'après le poème de Stéphane Mallarmé : "Un coup de dé jamais n'abolira le hasard".

   
1979 De la nuée à la résistance
  (Dalla Nube alla Resistenza). Avec : Olimpia Carlisi, Guido Lombardi, Lori Pelosini, Ennio Lauricella, Gino Felici. 1h44.

Les rapports des hommes aux dieux de l'Italie antique et résistance et capitalisme de l'Italie moderne. Une interprétation de l'histoire à travers des textes de Cesar Pavese divisés en deux segments.

   
1981 Trop tôt / trop tard
 

(Zu früh / Zu spät). Avec : Danièle Huillet, Baghat El Nadi. 1h40.

Film en deux parties dont la première est consacrée à la France, la seconde à l'Egypte. Sur les images de la campagne bretonne est lu un texte de Hengels décrivant la misère des paysans en 1789. Pour l'Egypte, c'est un texte de l'historien Mahmoud Hussein sur la lutte des classes dans ce pays depuis Bonaparte jusqu'au règne de Sadate.

   
1982 En rachachant
  Avec : Nadette Thinus, Olivier Straub, Raymond Gerard. 0h07.

Un petit garçon, têtu et sérieux comme un pape, réalise le rêve de tous les enfants en âge d'aller à l'école primaire : celui de dire une bonne fois pour toutes "merde au professeur" et à ce qu'il représente.

   
1984 Amerika - Rapports de classes
 

(Klassenverhaltnisse). Avec : Christian Heinisch, Mario Adorf, Laura Betti, Reinald Schnell, Anna Schnell. 2h01.

A bord du navire qui l'emmène à New York, Karl Rossmann, adolescent de seize ans, prend la défense du soutier qui se plaint d'être victime d'injustices. Devant le capitaine, il plaide sa cause, mais ne parvient pas à faire valoir le bon droit...

   
1987 La mort d'Empédocle
ou Quand le vert de la terre brillera à nouveau pour vous (Der Tod des Empedokles). Avec : Andreas von Rauch, Howard Vernon, Vladimir Baratta, Martina Baratta, Ute Cremer. 2h12

Evocation d'après le poète Holderlin de la vie du Grec Empédocle qui se jeta dans l'Etna. Le volcan renvoya aux vivants une des sandales du philosophe.

   
1989 Noir péché

 

(Schwarze Sünde). Avec : Howard Vernon, Vladimir Baratta, Andreas von Rauch, Sandro Zanon. 0h40.

Empédocle, philosophe grec, annonce aux deux personnes qui ont compté dans sa vie, Manes et Pausanias, sa décision d'en finir avec la vie en se précipitant dans l'Etna.

   
1989 Cézanne

 

Avec : Joachim Gasquet. 51 mn.

Conversation avec Joachim Gasquet. Jean-Marie Straub et Daniele Huillet ont tenté de filmer la peinture du maitre, mais également Cézanne en train de peindre. Le film contient aussi un extrait de Madame Bovary de Jean Renoir. Ce film est présenté dans les salles en première partie de Noir Péché.

   
1991 Antigone

Avec : Astrid Ofner, Ursula Ofner, Hans Diehl, Kurt Radeke, Werner Rehm. 1h40.

A l'aide de Sophocle, Brecht et Holderlin, Danièle Huillet et Jean-Marie Straub s'attaquent au mythe d'Antigone, la farouche soeur de Polynice, qui opposa les raisons du coeur à la raison d'Etat.

   
1994 Lothringen !

 

Avec : Emmanuelle Straub, Dominique Desdat, Andre Warynski. 0h21.

L'histoire d'une jeune fille de Metz.

   
1996 Du jour au lendemain

(Von Heute auf Morgen). Avec : Christine Whittlesey, Richard Salter, Claudia Barainsky, Richard Karcykowski, Annabelle Hahn. 1h02.

Opéra en un acte d'Arnold Schoenberg, livret Max Blonda. 1929. Eloge de la raison à travers l'histoire d'un couple qui rentre d'une soirée. Il a rencontré une amie de sa femme qu'il trouve magnifique et songe à la tromper. Elle va tenter de détourner ce projet à l'aide de diverses tactiques.

   
1999 Sicilia !

Avec : Gianni Buscarino, Vittorio Vigneri, Angela Nugara, Carmelo Maddio, Angela Durantini. 1h06.

Voyage initiatique d'un homme qui part à la recherche de son enfance, "non seulement pour retrouver les lieux et les morts, les personnages, les sensations, les bruits, les odeurs, les interrogations de ses sept ans mais pour se comprendre lui-même".

   
2001 Ouvriers, paysans

(Operai, contadini). Avec : Angela Nugara, Giampaolo Cassarino, Martina Gionfriddo, Angela Durantini, Rosalba Curatola. 2h03.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en Italie, des hommes et des femmes de tous âges et de toutes origines sociales sont réunis au hasard de leurs pérégrinations. Dans un village en ruines entre Modène et Bologne ils entreprennent de restaurer ces décombres...

   
2002 Le retour du fils prodigue

Avec : Enrico Achilli, Andrea Balducci, Dolando Bernardini, Giampaolo Cassarino. 1h04.

Le village en ruines entre Modène et Bologne a été relevé par les ouvriers et paysans qui avaient formé une communauté. Spine, après être parti au cours de l'hiver, revient au printemps...

   
2002 Humiliés

Avec : Enrico Achilli, Andrea Balducci, Dolando Bernardini, Giampaolo Cassarino. 1h04.

Le village en ruines entre Modène et Bologne a été relevé par les ouvriers et paysans qui avaient formé une communauté. Les grands propriétaires leur contestent la propriété de la terre.

   
2003 Une visite au Louvre

Une promenade de 1h35 dans les allées du Louvre avec en guise de commentaires des phrases du peintre Cézanne

15 ans après Cézanne, déjà inspiré par les conversations imaginaires de Joaquim Gasquet avec le peintre, une visite des oeuvres d'autres artistes, commentées en voix off par les exigences et les questionnements passionnés du maître sur son art.

   
2006 Ces rencontres avec eux

Avec : Angela Nugara (Demeter), Vittorio Vigneri (Poséidon), Grazia Orsi (Deo), Romano Guelfi (Iacchos). 1h08.

Les dieux se désolent. Zeus est parti parmi les hommes. Pourquoi donc n'est-il pas resté sur l'Olympe à se contenter de recevoir leurs prières ? Les dieux jeunes aiment le changement et les désirs des hommes. Certes Zeus est un jouisseur. Mais tout chez les hommes est imprévu et découvertes. Ils se dressent contre le destin. A vivre parmi eux, on connaît la saveur du monde...

   
2009 Le genou d'Artémide
 

(Il Ginocchio di Artemide). Film de Jean-Marie Straub. Avec : Dario Marconcini, Andrea Bacci. 0h26.

Un homme évoque sa rencontre avec la déesse Artemis et comment à son écoute il s’est rendu humblement à l’évidence de sa solitude, à la mesure de ce qui naît et meurt au-delà de lui ...

   
2009 Itinéraire de Jean Bricard

D’après Itinéraire de Jean Bricard enregistré par Jean-Yves Petiteau. 0h40.

Une enfance dans île Coton, près d'Ancenis pauvre, heureuse et ternie par l'exécution du père par les Allemands à la fin de la guerre.

   
2009 Femmes entre elles
 

(Le Streghe). Film de Jean-Marie Straub. Avec : Giovanna Daddi, Giovanna Giuliani. 0h20.

Circée et Leuco discutent de ce que les hommes, avec leur pauvre intelligence mais aussi leurs illusions et leur aveuglement, peuvent leur apporter de joies.

   
2009 Corneille-Brecht ou Rome l'unique objet de mon ressentiment
 

D'après Bertolt Brecht et Pierre Corneille. Avec : Cornelia Geiser. 29'.

   
2010 O somma luce
 

D'après un poème de Dante Alighieri. Avec : Giorgio Passerone. 18'.

   
2011 Un héritier

Film de Jean-Marie Straub. Texte tiré du roman Au service de l’Allemagne de Maurice Barrès. Avec : Joseph Rottner, Jean-Marie Straub, Barbara Ulrich. 22'.

1903. Un jeune médecin de campagne en promenade au Mont Sainte-Odile raconte à un ami plus âgé pourquoi il est resté en Loraine occupée par les Allemands et comment il a sauvé une femme atteinte d'une grave hémorragie.

   
2011 Le chacal et l’Arabe

Film de Jean-Marie Straub. Texte tiré de Schakale und Araber, nouvelle de Franz Kafka. Avec : Barbara Ulrich, Giorgio Passerone, Jubarite Semaran. 11'.

Une femme, se tient à genoux dans un appartement. "Je suis, dit-elle, le plus vieux chacal alentour". La femme salue quelqu’un dans ce désert, un homme du Nord, auquel elle demande d’intervenir dans le conflit qui oppose les chacals aux Arabes.

   
2011 L’inconsolable

Film de Jean-Marie Straub. Texte tiré des Dialogues avec Leuco de Cesare Pavese. Avec : Giovanna Daddi (Bacca), Andrea Bacci (Orphée). 15'.

Orphée dialogue avec Bacca au sujet de son séjour dans l’Hadès. Qu’est-il allé chercher aux Enfers ? Eurydice ou lui-même ?

   
2012 La madre
 

Avec : Giovanna Daddi, Dario Marconcini. 20'. D'après Cesare Pavese

   
2013 Un conte de Michel de Montaigne
 

Avec : Barbara Ulrich. 33'

   
2014 Dialogue d'ombres
 

Avec : Bertrand Brouder (Jacques), Cornelia Geiser (Françoise). 28'. D'après la nouvelle de Georges Bernanos.

   
2014 À propos de Venise
 

Avec : la voix de Barbara Ulrich. 24'. D'après La mort de Venise de Maurice Barrès.

   
2014 Kommunisten

Avec Franco Fortini (segment: "Les Apuanes"), Danièle Huillet (segment: ""Le nouveau monde"), Jean-Marie Straub (segment: "Le temps du mépris"). 1h10.

Kommunisten se compose de six parties dont cinq extraites de ses oeuvres précédentes. Il ne s’agit pas ici pour Jean-Marie Straub de s’auto-citer mais bien au contraire de faire s’entrechoquer différents blocs (de textes, de temps et de langues) pour mettre en lumière l’invisible des sentiments et du politique. C’est un film d’aventures dont il s’agit là, de l’aventure Humaine, du siècle passé et de celui qui vient. Ou comment vivre ensemble un jour peut-être…

   
2014 La guerre d'Algérie !
  Avec: Christophe Clavert, Dimitri Haulet. 2'
   
   
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