Les Bertaux, Juillet 1839. Charles Bovary a fait la connaissance d'Emma Rouault qui lui dit rêver de vivre au temps de Mary Stuart. Rentré chez lui, Bovary assiste à la dispute entre sa mère, autoritaire, et sa femme qui se plaint qu'il passe tant de temps chez les Rouault. Charles prend la défense de sa femme, malade du cœur, et lui jure même ne plus revenir aux Bertaux. Mais madame Bovary meurt soudainement et Charles ne tarde pas à revenir aux Bertaux, rappelé par le père Rouault qui a pris prétexte de nouveaux soins à donner à sa jambe cassée. Alors que tout lui laisse voir le désir d'Emma d'une demande en mariage, Charles n'ose pas. C'est le père Rouault, devant l'air dépité de sa fille, qui l'obtient du timide et taiseux Charles.
Charles et Emma sont heureux. Le mari offre à sa femme une écharpe qu'elle n'osait pas acheter en plus de toutes les dépenses pour la maison qu'elle avait déjà faites auprès de Lheureux. Charles offre même une voiture à cheval à son épouse qui la conduit gaiement. Le couple rencontre Guillaumin, le notaire et son clerc, Léon Dupuis qui ramène à Emma son abonnement de musique pris à Rouen. Emma déclare qu'elle n'en a plus besoin tant sa maison l'occupe. La mère de Charles, venimeuse, reproche à Emma son train de vie et sous-entend que sa relation avec Léon, qui vient souvent aux soirées du couple, est ambigüe. Emma se fâche mais Charles l'oblige à faire la paix avec sa mère.
Léon est parti à Paris; Homais est invité chez les Bovary. Emma s'ennuie, s'irrite des vieilles bottes de son mari et de leur habituelle promenade en cheval. Au cours de l'une d'elles, ils croisent le marquis de Vaubyessard que Charles a soigné pour un abcès à la joue. Devant la beauté d'Emma, le marquis invite le couple au bal du prochain samedi en huit. Emma se voit déjà introduite dans le monde et son mari obtenir une clientèle aristocratique. Au bal, Emma danse et refuse de reconnaître son mari quand son cavalier lui demande qui est cet être en pénitence sur un fauteuil. Le curé du village ne lui est d'aucun secours.
Les comices agricoles, juillet 1841. Même son enfant, Berthe, ne peut distraire Emma. Homais incite Charles à opérer le pied-bot d'Hippolyte et lui présente Rodolphe Boulanger, propriétaire du château de la Huchette. Pendant qu'une vieille servante reçoit une médaille d'argent pour 54 ans de services dans la même ferme, Rodolphe propose à Emma des promenades à cheval.
Charles opère Hippolyte et croit l'opération réussie tout comme Homais qui écrit un article élogieux pour le fanal de Rouen. Rodolphe lors d'une promenade à cheval ce même dimanche se montre pressant vis-à-vis d'Emma qui résiste un peu avant de devenir sa maîtresse. Le soir, Charles rentre, inquiet. Hippolyte va mal. Le lendemain, il constate que l'opération est un échec. Le docteur Canivet d'Yvetot vient couper la jambe d'Hyppolite à la scie. Emma fuit son mari pour retrouver Rodolphe et lui demande de l'enlever le vendredi suivant. Elle prendra L'hirondelle pour Rouen et il l'attendra à l'hôtel de Provence. Confiante, Emma commande un manteau et des articles de voyages à Lheureux qui exige pour paiement qu'elle obtienne une procuration de la part de Charles. Le papier préparé par maître Guillaumin est prêt. Pendant ce temps, Rodolphe écrit une lettre de rupture à Emma. Quand son valet la lui porte, Emma manque de s'évanouir. Elle se jetterait par la fenêtre si Félicité ne la retenait pas. Elle voit Rodolphe partir en voyage et s'évanouit
Emma, dépressive et convalescente, est entourée du curé et Homais qui conseille à Charles de l'emmener à Rouen pour la distraire. A l'opéra, Léon repère Charles et Emma et vient donner de ses nouvelles. Il a terminé ses études et est à Rouen depuis quelques mois. Il lui déclare immédiatement son amour pendant que Charles est allé chercher des rafraîchissements. Emma est prise de vapeurs et veut partir mais Charles insiste pour qu'elle reste le lendemain accompagnée de Léon pendant que lui rentrera à Yonville. Le matin, Emma écrit à Léon qu'il faut finir avant de commencer mais Léon dans la cathédrale de Rouen ne s'en laisse pas compter. Il emmène Emma en calèche qui déchire alors joyeusement sa lettre avant de tomber dans les bras de Léon.
Rouen, novembre 1842. Comme toutes les semaines, Emma rejoint Léon à Rouen où ils passent la journée dans leur chambre à se dire des mots d'amour. Au retour à Yonville, Lheureux l'attend avec un billet à ordre émis par Vincart auquel il a vendu les traites d’Emma. Il refuse de se laisser attendrir. Félicité conseille à Emma d'aller voir maître Guillaumin. Celui-ci se montre trop impudent et empressé "Je suis à plaindre mais pas à vendre" réplique Emma quand il l'enlace sans ménagement pour 8000 francs. Emma tente de convaincre Léon de voler à son étude puis attend avec lui en vain le retour de son ami Morel qui aurait pu lui donner l'argent. Elle le quitte fâchée par son manque d'esprit de sacrifice.
Au retour, elle s'effondre sur le chemin avant de convaincre Justin de lui confier la clé du capharnaüm de Homais où devant le commis, elle s'empoisonne à l'arsenic. Elle rentre écrire une lettre pour Charles. Celui-ci découvre alors qu’elle s’est empoisonnée. Les médecins n’y peuvent rien. Elle meurt dans ses bras alors que, dehors, l’aveugle chante "Par un beau jour d'été, fillette j'ai rêvé à l'amour"
La première version française de Madame Bovary suit d'assez près la première, américaine, Unholy love, sortie en 1932 qui n'entretient qu’un simple rapport d'analogie avec le roman de Flaubert.
La première adaptation-condensation
Renoir réalise la première adaptation-condensation de l'œuvre du romancier pour l'écran. Renoir condense Toste et Yonville d'une part et, d’autre part, le chemin en pente vers le manoir de la Huchette avec le sentier qui conduit chez la nourrice le long de la Rieule. En effet Les Bertaux, la ferme des Rouault, est ici à proximité immédiate de Yonville où Charles revient, après avoir salué Homais, voir sa mère et sa première femme qui se disputent avant que cette dernière ne meure. C'est le marché couvert de Lyons-la-Forêt, dans l’Eure, qui est l'emblème de Yonville, tout comme il sera celui de Chabrol à la fin de son adaptation (1991).
Emma n'emploie pas de nourrice pour Berthe et n'emprunte donc pas le sentier le long de la Rieule. La rivière trouve cependant sa place lorsqu'Emma se rend chez Rodolphe, dont on ne voit jamais les extérieurs du manoir. Elle s'y rend d'abord dans l'espoir de partir après l'opération ratée d'Hyppolite et en revient quand Rodolphe lui a refusé le prêt des 8000 francs.
Un film mutilé
Le film est très mal accueilli et rapidement raccourci d’une heure par les distributeurs pour des raisons économiques. Le résultat est un film déséquilibré où sont présents des épisodes qui seront ensuite peu représentés (le premier chapitre) mais où manquent des épisodes marquants (le mariage). De plus, Emma est heureuse avec Charles pendant toutes les premières séquences du film avant le bal catastrophique. Ainsi mutilé, le film déplut à Renoir lui-même.
Le choix d’une actrice mûre dans le rôle d’Emma a également été imposé à Renoir. Valentine Tessier, qui avait 42 ans au moment du tournage, était la maîtresse du producteur, Gaston Gallimard. Renoir défend toutefois son film et son actrice en 1962 dans un document de l'INA regrettant toujours toutefois qu’il soit réduit de moitié. Il dit aussi : "Le texte n'est pas naturel. Ce n’est pas de la conversation de tous les jours ; c’est beau et très stylisé". Renoir veut alors un réalisme absolu du fond avec au premier plan une composition stylisée des acteurs. Ceux-ci sont devant des décors naturels, de vraies fermes avec des toits en chaume, de vraies vaches, de vraies oies, de vraies poules.
La mise en scène de Renoir fait un large usage de la profondeur de champ, comme une échappée joyeuse lorsque Emma abandonne sa peinture au premier plan pour suivre Charles dans la calèche qu'il a achetée. C'est aussi une fuite impossible dans l'appartement familial.